Le Busard pâle (Circus macrourus) ressemble étroitement aux Busards cendré (C. pygargus) et Saint-Martin (C. cyaneus) (lire Identifier le Busard pâle).

Busard pâle (Circus macrourus) mâle adulte

Busard pâle (Circus macrourus) mâle adulte au-dessus de Buzy (Pyrénées-Atlantiques) le 21 septembre 2024.
Photographie : Andréas Guyot

Il niche dans les plaines herbeuses et les steppes sèches, essentiellement de l’Ukraine et du sud de la Russie au nord-ouest de la Chine et à l’ouest de la Mongolie. Il hiverne dans le sous-continent indien et en Afrique subsaharienne, quelques individus passant toutefois la mauvaise saison au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Durant ses passages, il survole en nombre plusieurs « ‘goulets d’étranglement » dans le Caucase (lire W. Vansteelant et le suivi de la migration des rapaces à Batumi) et au Moyen-Orient, et pour les populations reproductrices plus occidentales, le détroit de Messine (Italie), entre le continent et la Sicile (lire Observer les oiseaux en Sicile).

En Europe de l’Ouest, il est très majoritairement observé lors de son passage prénuptial (de la fin février à la fin du mois de mai, avec un pic entre la dernière décade de mars et la première d’avril), mais aussi postnuptial (du début du mois d’août à fin du mois d’octobre, avec un pic en septembre et au début du mois d’octobre). Lors de la migration de printemps, on note deux périodes de passage suivant l’âge, les adultes et les subadultes étant notés en premier (avec un pic du 1er au 15 avril), les oiseaux de seconde année étant plutôt vus de la mi-avril à la mi-mai (lire À propos de la migration printanière du Busard pâle).

Il se reproduit désormais en petit nombre en Europe du Nord, notamment en Finlande, où ses effectifs varient toutefois beaucoup d’une année à l’autre (les cas ont été plus nombreux après les « invasions » des printemps 1933 et 1952). Une seule ponte a par exemple été notée en 2017, alors qu’en 2018, treize couples nicheurs avaient été trouvés, et 34 jeunes ont été bagués et se sont envolés.

Aire de répartition du Busard pâle et ses voies de migration

Aire de répartition du Busard pâle (Circus macrourus) (en rouge, nidification et en bleu, hivernage) et les voies de migration de ses populations occidentales.
Carte : Ornithomedia.com

Quelques nidifications isolées ont également été signalées en Allemagne et en Suède. Plus à l’ouest, un mâle avait tenté de s’apparier (sans succès) en 2014 à une femelle de Busard cendré près de Finsterwolde, dans la province de Groningue (Pays-Bas). Ces deux espèces peuvent en effet s’hybrider, et selon Dick Forsman, les mâles (et peut-être les femelles) issus de ces croisements seraient parfois fertiles. Au printemps 2017, dans la même province, un couple de Busards pâles a niché avec succès (quatre jeunes se sont envolés) dans une parcelle d’Orge d’hiver (lire Premier cas de nidification d’un couple de Busards pâles aux Pays-Bas en 2017). En 2018, la femelle du couple est revenue dans le même champ et s’est accouplée avec un Busard cendré mâle. Au printemps 2019, elle est revenue aux Pays-Bas, où elle a séjourné dans la province de Flevoland pendant deux semaines. Elle est repartie le 21 avril puis s’est dirigée vers la Scandinavie. Elle s’est appariée et s’est accouplée avec un Busard pâle et couve actuellement ses cinq œufs près de Tornio (Finlande), non loin de la frontière suédoise.

Un couple a niché pour la première fois en France en 2020 (lire Première nidification en 2020 d’un couple de Busards pâles en France). 

L’établissement récent de cette nouvelle petite population reproductrice en Europe explique l’augmentation du nombre d’observations en Europe de l’Ouest au printemps et en automne, particulièrement en France et en Espagne (lire Comment expliquer les afflux récents de Busards pâles au printemps en Espagne ?), et certains oiseaux y passant même désormais l’hiver (lire Un Busard pâle juvénile en Charente-Maritime : identification et réflexions). 

Situation de Buzy (Pyrénées-Atlantiques)

Situation de Buzy (Pyrénées-Atlantiques).
Carte : Ornithomedia.com

Le 21 septembre 2024, Andréas Guyot (blog : Oiseaux des Pyrénées  64) a ainsi observé un mâle adulte en vol actif depuis son point de suivi de la migration à Buzy, située dans le département des Pyrénées-Atlantiques, dans le piémont pyrénéen. Le même individu a probablement été signalé le 24 septembre dans le secteur d’Iraty sur le site web Trektellen. Les données pyrénéennes automnales de Busards pâles sont en nette progression depuis quelques années, comme nous le rappelle Andréas, avec par exemple récemment un individu au-dessus du col de Lizarrieta (Pyrénées -Atlantiques) le 15 septembre 2024 (Alex Barateau) ou un autre au- dessus du col d’Organbidexka (Pyrénées-Atlantiques) le 7 septembre (Nicolas Baraud). Des oiseaux sont également observés dans les  départements proches de la chaîne, comme cet oiseau vu au-dessus des dunes de Tarnos (Landes) le 27 octobre 2023 (Frédéric Cazaban). Vous pouvez voir une sélection de données de Busards pâles en France dans notre rubrique Observations.

Les profonds changements environnementaux que connaît l’Europe depuis un siècle, causés par différents facteurs (intensification et mécanisation des activités agricoles, urbanisation, réchauffement climatique, etc.), sont à l’origine de modifications dans les populations de nombreuses espèces d’oiseaux, qu’il s’agisse de déclin, par exemple pour beaucoup de celles qui vivent dans les plaines cultivées, ou d’expansion pour d’autres venues du Sud ou de l’Est, comme le Robin à flancs roux (Tarsiger cyanurus) (lire Le Robin à flancs roux pourrait-il devenir un futur hivernant régulier en Europe ?), la Bergeronnette citrine (Motacilla citreola) (lire La « Conquête de l’Ouest » de la Bergeronnette citrine). La progression de leur aire de nidification peut s’accompagner de la création de nouvelles voies migratoires : cela semble être le cas du Busard pâle, les oiseaux nichant en Europe migrant désormais en automne en survolant les Pyrénées et rejoignant l’Afrique en passant par le détroit de Gibraltar, où les données ont progressé.

Réagir à notre article

Réagissez à cet article en publiant un commentaire