La Pie-grièche des steppes est actuellement considérée comme une sous-espèce de la Pie-grièche grise

Pie-grièche des steppes (Lanius excubitor pallidirostris) de premier hiver

Pie-grièche des steppes (Lanius excubitor pallidirostris) de premier hiver dans la région de l’East Lothian, en Écosse (Grande-Bretagne), le 14 septembre 2024. Notez (1) le bec en partie pâle (oiseau de premier hiver), (2) les lores gris, (3) le bandeau sombre s’étendant derrière l’œil et de forme rectangulaire, (4) le dessus gris clair, (5) les flancs chamois, (6) les rémiges tertiaires et secondaires largement bordées de blanc et teintées de brun (oiseau de premier hiver), (7) une grande tache alaire blanche, (8) la grande étendue de blanc sur les côtés de la queue et (9) la queue relativement courte et les ailes assez longues, qui atteignent la partie noire du dessus de la queue (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Mark Wilkinson

La Pie-grièche grise (Lanius excubitor) est la plus grande espèce du genre Lanius en Europe, avec une longueur de 22 à 26 cm. Son plumage adulte est blanc, gris et noir, sa queue est longue et son bec est crochu à son extrémité. Les deux sexes ont des plumages très proches, tandis que le juvénile a de fines vermiculations brunes sur la poitrine et sur les flancs, une à deux barres alaires blanches sur les couvertures, les rémiges secondaires largement bordées de blanc et un bec à base pâle. Le plumage adulte est acquis dès le premier printemps. 
Son régime alimentaire se compose principalement d’invertébrés (insectes), mais aussi de petits oiseaux, de mammifères, d’amphibiens et même de reptiles et de passereaux (lire La Pie-grièche grise chasserait davantage les Lézards vivipares mâles que les femelles), qu’elle empale sur des pointes (épines d’arbres et de buissons, barbelés, etc.) avant de les dépecer. Les sites où les proies sont rassemblées pour être mangées sont appelés des lardoirs (lire La Pie-grièche grise, le boucher de l’avifaune européenne).
La Pie-grièche grise vit dans des habitats ouverts plus ou moins arborés : landes, clairières, coupes forestières, bocage, tourbières, steppes, etc.
Son aire de répartition est très vaste, allant de la France au Kazakhstan et de la Scandinavie au Sahel et à l’Inde, en passant par le Proche et le Moyen-Orient.
Sa taxonomie est complexe : elle forme une super-espèce (= complexe formé d’au moins deux espèces différentes) avec les Pies-grièches méridionale (L. meridionalis), de Cabanis (L. sphenocercus), boréale (L. borealis) et migratrice (L. ludovicianus) (lire Des Pies-grièches migratrices tuent et mangent des Colins écaillés au Mexique).
Douze sous-espèces, dont l’identification repose sur une observation attentive de la nuance de gris sur la nuque et le dos, des motifs noirs et blancs de la tête, des ailes et de la queue et de la couleur des flancs et du ventre (lire Identifier deux sous-espèces de la Pie-grièche grise, les Pies-grièches méridionale et des steppes), sont actuellement reconnues : 

  • L. e. excubitor. La sous-espèce nominale niche en Europe de l’Ouest, dont dans le nord-est et le centre de la France.
  • L. e. homeyeri
  • L. e. koenigi 
  • L. e. algeriensis 
  • L. e. elegans 
  • L. e. leucopygos 
  • L. e. aucheri  
Aires de nidification de onze sous-espèces de la Pie-grièche grise (Lanius excubitor)

Aires de nidification de onze sous-espèces de la Pie-grièche grise (Lanius excubitor) : (A) L. e. excubitor, (B) L. e. homeyeri, (C) L. e. pallidirostris, (D) L. e. lahtora, (E) L. e. buryi, (F) L. e. uncinatus, (G) L. e. aucheri, (H) L. e. leucopygos, (I) L. e. elegans, (J) L. e. algeriensis et (K) L. e. koenigi.
Carte : Ornithomedia.com d’après E. N. Panov et al.

  • L. e. theresae (synonyme de L. meridionalis, qui est considérée comme une espèce distincte ?)
  • L. e. buryi  
  • L. e. uncinatus  
  • L. e. lahtora
  • L. e. pallidirostris.

La sous-espèce L. e. pallidirostris, appelée Pie-grièche des steppes, se reproduit du sud-ouest de la Russie et du nord-est de l’Iran au sud de la Mongolie, à l’ouest de la Chine, au sud-est de l’Afghanistan et au sud-ouest du Pakistan. Elle est partiellement migratrice, une partie des oiseaux hivernant dans le nord-est de l’Afrique, dans la péninsule arabique et dans le nord-ouest de l’Inde.
En fonction des auteurs et des résultats d’études, elle a été considérée comme une sous-espèce de la Pie-grièche méridionale, une espèce à part entière ou une sous-espèce de la Pie-grièche grise. Dans l’attente de nouveaux éléments, c’est ce dernier classement taxonomique qui est actuellement retenu par le Congrès Ornithologique International. 
C’est une sous-espèce accidentelle très rare en Europe de l’Ouest, peut-être en partie du fait de la difficulté à la différencier de la Pie-grièche grise nominale. En France par exemple, il n’y a semble-t-il qu’une donnée homologuée par le 27ème  Comité d’Homologation National (un oiseau sur la pointe du But, sur l’île d’Yeu (Vendée) le 30 septembre 2007), tandis qu’en Grande-Bretagne, plus de 25 données ont été recensées, dont trois en Écosse continentale (en dehors des îles) : une dans la réserve RSPB du Loch of Strathbeg en octobre 2010, une dans les Highlands en juin 2023 et une depuis le 9 septembre 2024 à Dunban, dans la région de l’East Lothian (l’oiseau était encore présent le 23 septembre au moins).

Observation d’une Pie-grièche des steppes très confiante en Écosse en septembre 2024

Pie-grièche des steppes (Lanius excubitor pallidirostris) de premier hiver

Pie-grièche des steppes (Lanius excubitor pallidirostris) de premier hiver dans la région de l’East Lothian, en Écosse (Grande-Bretagne), le 14 septembre 2024. Notez (1) le bec en partie pâle (oiseau de premier hiver), (2) les lores gris, (3) le bandeau sombre s’étendant derrière l’œil et de forme rectangulaire, (4) le dessus gris clair, (5) la grande plage alaire blanche, (6) les flancs chamois, (7) la grande étendue de blanc sur les côtés de la queue et (8) la queue relativement courte et les ailes plus longues (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Mark Wilkinson

Une Pie-grièche des steppes a donc été découverte et signalée à Dunban, dans la région de l’East Lothian, en Écosse, où elle était encore présente le 23 septembre au moins. Cet individu de premier hiver (bec en partie pâle, barre alaire blanche sur les couvertures et rémiges secondaires et tertiaires encore teintées de brun et largement bordées de blanc) a été observé et photographié par de nombreux observateurs. Il est particulièrement confiant, s’approchant parfois de très près (voir une vidéo en bas de page), et il a été vu capturant et mangeant plusieurs types de proies, des hyménoptères et des micromammifères principalement.

Identification de la Pie-grièche des steppes

Le séjour prolongé et les excellentes conditions d’observation d’un jeune individu à Dunban en septembre 2024 permettent de recenser les critères permettant de distinguer cette sous-espèce de la Pie-grièche grise nominale, qui niche notamment en France.   

  • Un dos et une nuque d’un gris plus pâle.
  • Les flancs et la poitrine légèrement chamois rosé.
  • Un masque noir plus limité, débutant après l’œil et de forme rectangulaire, avec les lores gris et non pas noirs (= le noir n’atteint pas la base du bec).
  • Une plus large plage alaire blanche sur les rémiges primaires.
  • Une queue relativement plus courte et des ailes plus longues, qui atteignent la partie noire du dessus de la queue.
  • Davantage de blanc sur les côtés de la queue, notamment à sa base.

Comparaison en photos des Pies-grièches des steppes et grise

Pie-grièche des steppes (Lanius excubitor pallidirostris) de premier hiver

Pie-grièche des steppes (Lanius excubitor pallidirostris) de premier hiver dans la région de l’East Lothian, en Écosse (Grande-Bretagne), le 14 septembre 2024. Notez (1) le bec en partie pâle (oiseau de premier hiver), (2) les lores gris, (3) le bandeau sombre s’étendant derrière l’œil et de forme rectangulaire, (4) le dessus gris clair, (5) les flancs chamois, (6) la grande plage alaire blanche, (7) la grande étendue de blanc sur les côtés de la queue et (8) la queue assez courte (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Scottishspoony2

Pie-grièche grise (Lanius excubitor excubitor)

Pie-grièche grise (Lanius excubitor excubitor) à Chilham, dans le Kent (Grande-Bretagne), le 1er mars 2015. Notez (1) les lores noirs, (2) le bandeau noir plus étendu et à bout arrondi, (3) le dessus gris plus sombre, (4) les flancs blancs et (5) la queue assez longue et les ailes assez courtes (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Smudge 9000 / Wikimedia Commons

Pie-grièche des steppes (Lanius excubitor pallidirostris) de premier hiver

Pie-grièche des steppes (Lanius excubitor pallidirostris) de premier hiver dans la région de l’East Lothian, en Écosse (Grande-Bretagne), le 14 septembre 2024. Notez (1) le dessus gris clair, (2) la grande plage alaire blanche, (3) la bordure blanche des couvertures, (4) la bordure blanche des rémiges secondaires et tertiaires (oiseau de premier hiver) et (5) la grande étendue de blanc sur les côtés de la queue (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Scottishspoony2

Pie-grièche grise (Lanius excubitor excubitor)

Pie-grièche grise (Lanius excubitor excubitor) à Noordoosthoek, sur l’île de Vlieland (Pays-Bas), le 6 octobre 2016. Notez (1) la plage alaire blanche réduite et (2) les côtés blancs limités à la base de la queue (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie :  Wouter van der Ham / Wikimedia Commons

Une vidéo de la Pie-grièche des steppes en Écosse en septembre 2024

Pie-grièche des steppes (Lanius excubitor pallidirostris) de premier hiver dans la région de l’East Lothian, en Écosse (Grande-Bretagne), le 14 septembre 2024 : notez son caractère très confiant !
Source : John S. Nadin

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