Pratique | Équipement
Test du Canon RF 100-500 mm et choix d’un super téléobjectif pour photographier les oiseaux
Introduction
Pour photographier les oiseaux, on peut pratiquer la digiscopie, qui consiste à associer un smartphone (ou téléphone intelligent) ou un appareil photo compact avec une longue-vue, mais cette technique, qui permet notamment de prendre facilement des photos à grande distance grâce aux forts grossissements obtenus et à la longueur focale élevée de l’ensemble, le tout pour un prix relativement abordable, présente quelques inconvénients, notamment au niveau de la réactivité. Si l’on veut photographier un sujet se déplaçant beaucoup ou rapidement, il vaut mieux utiliser un reflex ou un hybride combiné avec un téléobjectif ou un super téléobjectif (= dont la focale est d’au moins 300 mm) performant. Toutefois, les modèles disponibles sont nombreux et leurs prix parfois élevés, et ils ne conviennent pas tous forcément à la photographie ornithologique.
Hervé Wallon est un naturaliste et un photographe amateur vivant dans le département du Pas-de-Calais : il possède un hybride Canon EOS R7, et afin de remplacer son Tamron G2 150-600 mm assez lourd, et ne plus avoir à utiliser une bague d’adaptation, il a décidé d’acheter en 2023 le super téléobjectif Canon RF 100-500 mm, très apprécié des naturalistes.
Après un rappel des critères importants du choix d’un super téléobjectif pour pratiquer la photographie ornithologique, nous vous présentons un bilan de l’utilisation sur le terrain du Canon RF 100-500 mm, et nous recensons d’autres modèles performants.
Abstract
To photograph birds, you can practice digiscoping, which consists of combining a smartphone or a compact camera with a spotting scope, but this technique, which notably allows you to easily take photos from a long distance thanks to the high magnifications obtained and to the high focal length of the unit, all for a relatively affordable price, presents some disadvantages, particularly in terms of responsiveness.
If you want to photograph a moving subject, it is better to use a DSLR or a mirroless combined with a high-performance telephoto or a super telephoto (= whose focal length is at least 300 mm). However, the models available are numerous and their prices sometimes high, and they are not all necessarily suitable for birding photography.
Hervé Wallon is a naturalist and amateur photographer living in the Pas-de-Calais department (France): he owns a Canon EOS R7, and in order to replace his fairly heavy Tamron G2 150-600 mm and no longer have to use a camera ring adaptation, he decided to purchase in 2023 the Canon RF 100-500 mm, very popular among naturalists.
After a reminder of the important criteria for choosing a super telephoto lens for birding photography, we present to you an overview of the use in the field of the Canon RF 100-500 mm, and we offer you a selection of other high-performance models.
Les critères importants pour choisir un super téléobjectif pour la photographie ornithologique
Hybride Canon EOS R7 + super téléobjectif Canon RF 100-500 mm (cliquez sur la photo pour l’agrandir). |
En dehors de la digiscopie (lire Qu’est-ce que la digiscopie ?), choisir un bon équipement pour pratiquer la photographie ornithologique n’est pas simple : il faut en effet à la fois disposer d’un boîtier reflex ou hybride possédant certaines qualités (une résolution, une sensibilité et une vitesse d’obturation élevées, un mode rafale rapide, un autofocus performant, une capacité de stockage suffisante, un poids et des dimensions raisonnables, une robustesse et une imperméabilité suffisantes et une gestion fine du diaphragme) (lire Une sélection de reflex, d’hybrides et de bridges performants pour photographier les oiseaux), et d’un zoom standard (distance focale ajustable de 18 à 200 mm), d’un téléobjectif (= dont la focale est supérieure à la diagonale du capteur) ou d’un super-téléobjectif (= dont la focale est d’au moins 300 mm) performant.
Les critères de choix d’un super-téléobjectif pour photographier les oiseaux sont globalement les mêmes que pour ceux destinés à photographier les mammifères, mais les premiers bougent souvent davantage et surtout volent (lire Conseils pour photographier les oiseaux en vol).
Il existe des téléobjectifs à longueur focale fixe ou variable (zoom). Ces derniers ont l’avantage d’être polyvalents et adaptés aux différentes conditions sur le terrain et aux mouvements variables du sujet, ce qui évite d’avoir à changer d’objectif sur le terrain, une manipulation qui pourrait éventuellement entraîner une prise de vue manquée, permettre à la poussière ou à la saleté de s’infiltrer dans votre appareil photo ou même d’effrayer votre sujet. Les téléobjectifs à distance focale variable sont toutefois souvent plus lourds et plus encombrants que ceux à focale fixe.
Voici quelques caractéristiques à prendre en compte pour choisir un super téléobjectif :
- la distance focale devra être élevée, d’au moins 400 mm (entre 400 et 600 mm), notamment pour les espèces farouches que l’on ne peut pas approcher, comme les rapaces ou les gallinacés de montagne. Cela vous permettra d’obtenir de gros plans détaillés sans déranger le sujet. Vous pourrez par ailleurs ajouter un convertisseur 1,4x ou 2x pour augmenter la distance focale, et ainsi si besoin aller au-delà de 600 mm et même atteindre 800 mm (il faut toutefois tenir compte de la taille du capteur de votre appareil photo pour calculer la longueur focale équivalente).
- L’ouverture maximale devra être la plus élevée possible pour laisser entrer davantage de lumière, ce qui est utile dans les conditions de faible luminosité (au crépuscule ou à l’aube par exemple). La valeur f (avec f = F/D, dans laquelle f est l’ouverture, F la focale et D le diamètre d’entrée de la lumière à travers le diaphragme) devra donc être la plus faible possible. Une grande ouverture contribuera par ailleurs à créer un effet artistique dit « Bokeh », c’est-à-dire un cliché avec une faible profondeur de champ présentant un sujet net sur un arrière-plan flou, qui crée une ambiance particulière et renforce l’intensité de l’image.
- Une autre fonctionnalité importante à rechercher est la stabilisation de l’image, car elle permet d’obtenir des images nettes, en particulier aux forts grossissements ou dans des conditions de faible luminosité.
- La vitesse d’obturation devra être élevée (1/125 seconde ou au-delà) pour réussir à figer les mouvements rapides des oiseaux.
- Disposer d’une mise au point automatique (autofocus) rapide, silencieuse et précise est très utile pour photographier des animaux en action effectuant des mouvements rapides, comme les oiseaux en vol.
- La distance minimum de mise au point doit être la plus faible possible, pour pouvoir également photographier les oiseaux peu éloignés.
- La solidité et l’étanchéité aux intempéries sont deux qualités importantes pour la photographie animalière en extérieur et dans des environnements potentiellement accidentés.
- Le poids devra être le plus réduit possible, surtout si vous devez parfois transporter votre matériel sur de longues distances.
Le test du Canon RF 100-500 mm par Hervé Wallon
Le super téléobjectif Canon RF 100-500 mm F4.5-7.1L IS USM a été lancé sur le marché en 2020, et il a acquis depuis une bonne réputation auprès des photographes naturalistes. Il possède en effet plusieurs caractéristiques techniques intéressantes :
- une large plage focale de 100 à 500 mm, mais qui peut aller bien au-delà grâce aux multiplicateurs 1,4x et 2x en option.
- Une ouverture (f) maximale de 4.5 pour la longueur focale de 100 mm.
- Une stabilisation d’image à cinq vitesses, ce qui permet de prendre des photos nettes même avec un temps d’exposition nettement plus long (par exemple, environ 1/2 s au lieu de 1/60 s).
- Une très bonne étanchéité.
- Une peinture blanche résistante à la chaleur qui le protège contre les températures extrêmes. Un double moteur Nano USM permettant un autofocus rapide, fluide et quasi silencieux.
- Une distance de mise au point minimale de 0,9 m à une longueur focale de 100 mm grâce à un groupe de lentilles « flottantes ».
- Un poids raisonnable de 1530 grammes sans le support pour trépied.
- Une certaine compacité avec sa longueur minimum de 207,6 mm, soit à peine davantage qu’un 100-400 mm.
Hervé Wallon est un naturaliste et photographe amateur vivant dans le département du Pas-de-Calais : il possède un hybride Canon EOS R7 (lire Test du Canon EOS R7 et sélection d’autres hybrides récents performants pour photographier les oiseaux), et afin de remplacer son Tamron G2 150-600 mm assez lourd et ne plus avoir à utiliser une bague d’adaptation, il a décidé d’acheter en 2023 le super téléobjectif Canon RF 100-500 mm. Il a préféré un zoom plutôt qu’un modèle à focale fixe, comme le Canon RF 600 mm F4 L IS USM, qui donne pourtant d’excellents résultats en photographie animalière, afin d’avoir plus de liberté d’action (pouvoir partir d’une petite focale et zoomer ensuite progressivement). Le prix était enfin un critère à prendre en compte : acheté au moment du Salon de la Photo de 2023, il a bénéficié de 10 % de remise Canon et d’une garantie de cinq ans (d’une valeur de 425 euros) offert par le magasin Camara de Saint-Omer (Pas-de-Calais) pour un prix de départ de 3 149 euros.
Depuis son acquisition, il a pu faire des essais dans différentes conditions, et il nous a transmis ses remarques :
- son autofocus est très efficace, avec une mise au point quasiment instantanée et silencieuse. En outre, combiné le rideau électronique du Canon EOS R7, on n’entend strictement rien lors de la prise de vue.
- Sa stabilisation, combinée à celle du Canon EOS R7, est très performante.
- Bien que la disposition des bagues de réglage, notamment celle de la noire de mise au point située à proximité du collier du trépied, puisse sembler perturbante au début, on s’y habitue très vite et il n’est finalement pas plus compliqué à utiliser qu’un autre objectif. La dernière bague de réglage, permettant de corriger l’ouverture, est également un peu trop proche du boîtier et donc difficilement accessible.
- Il est assez léger (2 kg avec le Canon EOS R7, contre 4 kg pour l’ensemble Canon 7D Mark II + Tamron G2 150-600 mm) et il ne nécessite donc pas obligatoirement de trépied.
- Il n’est pas trop encombrant, avec une longueur combinée (quand il est replié) de 280 mm avec le Canon EOS R7, atteignant 340 mm avec le pare-soleil déployé.
- L’ouverture minimale, égale à f 7.1 au zoom maximum, est un peu limite, mais elle ne pose pas vraiment de problème sur le terrain, car il reste toujours la possibilité de recadrer l’image et de la retoucher avec un logiciel, et les nouveaux boîtiers peuvent monter un peu plus dans les ISO.
Une sélection d’autres modèles de super téléobjectifs performants pour pratiquer la photographie ornithologique
En nous basant sur plusieurs articles publiés sur des sites web et sur les commentaires dans des forums spécialisés, nous vous proposons ci-dessous une sélection d’autres super téléobjectifs appréciés des photographes naturalistes.
Modèle | Année de lancement | Ouvertures maximale et minimale | Stabilisation | Autofocus | Distance minimale de mise au point (m) | Dimensions (D x L) (mm) | Poids (grammes) | Prix indicatifs en euros (TTC) |
Sigma 150-600 mm f/5-6.3 DG OS HSM Sports |
2021 | f/5 – f/29 | oui | oui | 0,58 | 93 x 209,6 | 2 100 | De 1 150 à 1 849 |
Sigma 100-400 mm f/5-6.3 DG DN OS | 2020 | f/5 – f/22 | oui | oui | 1,6 | 86,4 x 182,3 | 1 160 | De 769 à 999 |
Tamron 150-600 mm SP f/5-6.3 Di VC USD | 2014 | f/5 – f/40 | oui | oui | 2,2 | 108,4 x 260,2 | 635 | De 574 à 1 199 |
Tamron 50-400 mm f/4.5-6.3 Di III VC VXD | 2022 | f/4.5 – f/32 | oui | oui | 0,25 (mode macro) | 88,5 x 183,5 | 1 115 | De 1 000 à 1 499 |
Tamron 18-400 mm f/3.5-6.3 Di II VC HLD | 2017 | f/3.5 – f/40 | oui | oui | 0,45 | 79 x 123,9 | 710 | De 643 à 1 369 |
Nikon AF-S Nikkor 200-500 mm f/5.6E E VR |
2015 | f/5.6 – f/32 | oui | oui | 2,2 | 108 x 267,5 | 2 310 | De 988 à 1 599 |
Canon EF 100-400 mm f/4.5-5.6L IS II USM | 2015 | f/4.5 – f/40 | oui | oui | 0,98 | 94 x 193 | 1640 | De 1 419 à 3 199 |
Panasonic Lumix G Vario 100-300 mm f/4-5.6 II Power OIS | 2010 | f/4- f/22 | oui | oui | 1,5 | 73,6 x 126 | 520 | De 507 à 649 |
Fujinon XF 100-400 mm f/4.5-5.6 R LM OIS WR | 2011 | f/4.5 – f/22 | oui | oui | 1,75 | 94,8 x 210,5 | 1 375 | De 1 202 à 1 799 |
Olympus M. Zuiko 40-150 mm F/2.8 PRO | 2014 | f/2.8 – f/22 | oui | oui | 0,7 | 79,4 x 160 | 760 | De 1 028 à 1 458 |
Sony FE 200-600 mm f/5.6-6.3 G OSS | 2019 | f/5.6 – f/32 | oui | oui | 2,4 | 111,5 x 318 | 2 115 | De 1 544 à 2 398 |
Sony FE 100-400 mm f/4.5-5.6 GM OSS | 2018 | f/4.5 – f/22 | oui | oui | 0,98 | 93,9 x 205 | 1 395 | De 1 899 à 2 899 |
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Compléments
Produits recommandés
- Canon RF 100-500 mm
- Sigma 150-600mm f/5-6.3 DG OS HSM Sports
- Tamron 50-400mm f/4.5-6.3
- Sony FE 200-600mm f/5.6-6.3 G OSS
Sources
- Andy Westlake (2024). The best budget telephoto lenses for wildlife photography in 2024. Amateur photographer. Date : 08/01. amateurphotographer.com
- Conservation Academy (2024). Best Lenses for Bird Photography (2024). conservationvisuals.com
- Max’ Blog. Canon RF 100-500 mm. mxv.be
- Bobby Vogt (2020).Canon RF100-500 F4.5-7.1 L Lens Review: The Wildlife Photographer’s Pro Superzoom. Oxbow Photography. Date : 27/12. www.oxbowphoto.com
- Jean-Michel Nollevaux (2017). La digiscopie, ou comment faire de la photo autrement : partie 2. Emotions numériques. emotions-numeriques.com
- Bryan Carnathan. Canon RF 100-500mm F4.5-7.1 L IS USM Lens Review. The Digital-Picture. www.the-digital-picture.com
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