Pratique | Conseils
Que faire pour aider un oisillon avant de le relâcher ?
Introduction
Cet article, basé sur des conseils de Ron Billingsley, membre de la Royal Society for the Prevention of Cruelty to Animals (RSPCA), vous donne des conseils lorsque vous êtes confronté à une situation classique : vous avez trouvé un oisillon en détresse. Ils sont basés sur l’observation et le bon sens et abordent les différentes étapes de la sauvegarde d’un oisillon : où l’installer, comment l’hydrater et le nourrir et comment l’émanciper progressivement pour le relâcher. Ces conseils s’appliquent aux cas d’oisillons qui ne peuvent pas être remis sans risque dans la nature, qui sont réellement abandonnés par leurs parents (il faut toujours s’assurer que c’est bien la cas avant d’intervenir) et/ou que l’on ne peut pas confier à un centre de soins (car situé trop loin ou débordé). Mais il est toujours préférable de ne pas intervenir.
Abstract
Based on advice published by Ron Billingsley, volunteer at the Royal Society for the Prevention of Cruelty to Animals (RSPCA), this article explains you what to do when you found a chick in distress. These tips and tricks are based on observations and common sense. This article deals with the different steps to help a baby bird: where to install it, how to hydrate and feed it and how to emancipate it gradually before releasing it. It is written in case of chicks that can not be delivered safely in nature, that are really abandoned by their parents (you must always ensure that this is really the case) and/or that one can not be helped by a wildlife rescue center (because too far away or overwhelmed).
Un principe de base : intervenir le moins possible
Oisillon de Moineau domestique (Passer domesticus) recueilli : vous pouvez le placer dans un bol. |
Avant de décider de vous occuper d’un oisillon, ce qui est très contraignant, essayez dans la mesure du possible de le replacer dans son nid ou à proximité s’il est encore nu ou faiblement emplumé. S »il a des plumes, vérifiez bien qu’il est vraiment abandonné : les parents continuent en effet de nourrir leurs petits même s’ils ont quitté le nid. Sachez aussi qu’en France, le transport et la détention d’un oiseau sauvage est très réglementée et nécessite en théorie des autorisations légales. Si vous devez finalement recueillir un ou des oisillons, limitez au minimum vos contacts afin d’éviter le phénomène d’imprégnation. N’hésitez-pas à contacter un centre de soins pour avoir des conseils et des avis (pour connaître la liste des soins en France et dans les pays francophones, lire Oiseau blessé ou oisillon tombé du nid : que faire ?).
Un nid de remplacement
Si vous avez trouvé le nid d’origine de l’oisillon, ne le récupérez pas même s’il est tombé sur le sol car il pourrait contenir des parasites. Par contre, vous pourrez ainsi avoir une idée de la forme que pourra avoir son nid de remplacement. Il aura souvent une allure de coupole car beaucoup d’espèces nichant dans les buissons comme le Merle noir (Turdus merula) construisent des nids de cette forme (lire Identifier les nids et les oeufs des oiseaux des villes et des jardins) : un grand bol, un saladier ou une gamelle pour chien peuvent convenir par exemple. Un bonnet en laine ou un nid tricoté auront l’avantage de maintenir le petit au chaud.
Les jeunes pigeons et tourterelles apprécient les récipients en terre cuite, en particulier les soucoupes ou autres bols plats. Les oisillons des espèces cavernicoles comme les mésanges devraient être élevés dans un endroit relativement sombre, en plaçant par exemple un carton au-dessus tout en maintenant une aération suffisante et une luminosité minimum.
Il est préférable d’éviter d’élever les oisillons sur le support plat d’une cage car ce petit pourrait présenter par la suite des défauts de développement (pattes écartées).
Tapissez-le faux nid de vieux tissus, de papier toilette ou de feuilles d’essuie-tout car il sera ainsi au chaud. Placez un mouchoir en papier ou une feuille d’essuie-tout par-dessus le rembourrage, que vous changerez facilement.
Des nids tricotés en laine auront l’avantage de maintenir les oisillons au chaud. |
N’employez pas de coton qui est susceptible de s’accrocher dans les griffes du petit et ce dernier pourrait l’avaler ce qui peut provoquer des obstructions intestinales.
Placez le nid à l’intérieur d’une boîte de carton elle-même garnie de tissus pour pouvoir éliminer les excréments. En plaçant le nid dans une boîte, il vous sera aussi plus facile de le déplacer.
Le nid artificiel doit être de la même taille que le vrai, car les poussins voudront crotter en dehors : il faut donc que les rebords ne soient pas trop hauts.
L’oisillon, surtout s’il a peu de plumes, devra être placé dans un endroit suffisamment chaud mais aéré. Si nécessaire, placez le faux nid près d’une source de chaleur douce et couvrez l’oisillon d’un tissu souple (sans l’étouffer !) pour simuler un parent le couvant. La nuit, vous pouvez réchauffer le nid à l’aide d’une bouillotte placée sous le nid ou bien d’une ampoule à incandescence de 40 Watt.
Les oisillons doivent être généralement « gais » et énergiques : s’ils sont léthargiques, c’est qu’ils ont sûrement trop chaud ou trop froid.
Comment nourrir ou hydrater un oisillon ?
Pour en savoir plus, lire notre article Oiseau blessé ou oisillon tombé du nid : que faire ?
Les petits poussins doivent être alimentés en moyenne toutes les 30 minutes (sauf la nuit), et en tout cas à chaque fois qu’ils réclament de la nourriture. En dehors de la période de nourrissage, l’oisillon doit être maintenu au chaud.
L’utilisation d’une seringue pour le nourrissage nécessite une certaine expérience. |
Une petite paire de pince à épiler est un excellent ustensile pour le nourrissage. La plupart des oiseaux prennent aisément la nourriture avec cet outil, car il ressemble au bec de ses parents. Gardez le nid propre en éliminant régulièrement les crottes.
Nourrir des poussins très jeunes n’est pas un problème a priori parce qu’ils ouvrent leur bec en grand dès qu’ils sentent une présence au-dessus du nid. Un poussin plus âgé sera légèrement effrayé au début, mais avec une peu d’ingéniosité, il sera possible de lui faire croire que votre main représente son parent.
Evitez de donner de l’eau directement, fournissez plutôt une alimentation hydratée. Il est en effet risqué de lui donner à boire car au fond du bec, il y a deux orifices dont un seul correspond à l’œsophage : si jamais le liquide est rentré dans le mauvais trou, on entend une sorte de ronflement et des bulles peuvent même sortir des narines, et c’est alors très mauvais signe.
S’il ne veut pas se nourrir, vous pouvez être obligé de maintenir délicatement son bec ouvert avec votre ongle, tout en faisant pénétrer la nourriture doucement dans la gorge. Vous pouvez essayer le stratagème suivant : couvrez la boîte avec du tissu foncé pour le maintenir au calme, puis retirez-le et offrez la nourriture aux oisillons qui devraient alors ouvrir leur bec. Si ce n’est toujours pas le cas, touchez doucement les bases (commissures) du bec, cela déclenchera son ouverture.
Une fois qu’il sera plus autonome, mettez à sa disposition une coupe d’eau peu profonde pour qu’il puisse se baigner et nettoyer ses plumes. Attention toutefois, les oisillons se noient très facilement.
Les aliments à donner
Pour en savoir plus sur les aliments à donner à un oisillon, lire notre article Nourrir un oisillon recueilli.
La nourriture est un ingrédient crucial du succès de l’élevage d’un oisillon. Si vous n’êtes pas sûr de l’identification de l’oiseau, renseignez-vous, mais ne vous inquiétez pas, pratiquement tous les oisillons ont un régime insectivore car ils ont tous besoin de beaucoup de protéines. Des croquettes pour chats ou pour chien, de qualité et sans sel, ramollies dans de l’eau, peuvent être données durant quelques jours, mais est toujours préférable de se rapprocher dès que possible au maximum de la nourriture naturelle. Il ne faut par contre surtout pas donner de pain trempé dans le lait.
Les vers de terre jouent un rôle important dans le régime des espèces insectivores comme les merles ou les grives, mais il faut les couper en morceaux. Attention, certains vers peuvent contenir un parasite dont les œufs se logent dans la gorge de l’oiseau, l’obstruant et pouvant causer la mort. Un signe précurseur de cette parasitose est l’halètement. Un vétérinaire peut vous donner un médicament, le Fenbendazole, contre cette maladie.
Les vers de farine (que l’on peut acheter dans un magasin d’attirail de pêche) sont préférables aux asticots, car selon certains soigneurs, ces derniers peuvent rester en vie longtemps dans l’estomac et l’intestin et y provoquer des dégâts : il est donc conseillé de les tuer par le froid auparavant en les congelant). Conservez une partie des pupes (= enveloppes) des larves : elles fourniront du calcium. Maintenez la boîte d’asticots dans un réfrigérateur et ne sortez que la ration quotidienne, les larves vivront beaucoup plus longtemps (Attention : ne donnez pas trop d’asticots à de très jeunes oiseaux car ils sont très riches en protéines et peuvent provoquer la diarrhée). Quand les oiseaux seront emplumés, ils les mangeront sans limites.
Certains fruits comme les bananes, les prunes et les raisins peuvent être donnés aux espèces partiellement frugivores comme les merles et les grives.
En grandissant, il faudra légèrement adapter leur régime, et d’ailleurs l’oisillon vous fera connaître quelle nourriture il préfère. Il détournera sa tête pour un produit qu’il n’apprécie pas.
Vérifiez les crottes
Vous pouvez vérifier à tout moment si la nourriture que vous donnez est adaptée : les crottes de l’oisillon seront fermes, habituellement noires ou brunes avec une partie blanche (l’urine), le tout contenu dans un petit « sac » (lire Les sacs fécaux, les « couches culottes » des oisillons).
Sifflements avant le repas
Oisillon recueilli. |
Bientôt l’oisillon s’emplumera. Mettez au point un signal (sifflement) que vous répéterez à chaque alimentation. Vous pouvez également émettre un mot, suivi d’un sifflement, puis du repas.
Le placer à l’extérieur
En grandissant, le nid de remplacement deviendra progressivement trop petit : il pourra rester dans une cage, que vous placerez à l’extérieur en hauteur dans un endroit calme et protégé des intempéries et des prédateurs. À l’intérieur de la cage, on peut placer plusieurs couches de papier journal ou de papier essuie-tout. Plus tard, on peut placer des branchages dans la cage et un peu de feuillage vert. Attention, les martinets ne devront pas être placés dans une cage mais dans un bac à parois lisses ou dans un carton.
Si vous pensez que le lieu est assez sûr, vous pourrez le laisser la nuit dans sa cage couverte par un tissu.
L’environnement choisi devra l’aider lors de sa phase d’envol, avec un arbuste à proximité ou un rebord où il pourra se reposer lors de ses essais.
Si vous devez l’attraper, évitez de le saisir trop fermement, il risquerait de méfier de vous : laissez-le d’abord monter sur votre main puis maintenez ses ailes.
Le lâcher et l’envol
Dès qu’il volera normalement, faîtes en sorte qu’il puisse se percher en sécurité. Vous pouvez progressivement espacer les phases de nourrissage pour l’encourager à chercher sa nourriture. Encouragez-le à s’alimenter, en plaçant son repas sur le sol ou en hauteur en cas de danger. Petit à petit, il prendra son indépendance. Les choses ne se dérouleront pas toujours très bien : un chat pourra par exemple tuer votre protégé, mais ne vous culpabilisez pas, c’est la vie…
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Compléments
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Source
Wildvogelife. Où et comment garder un oiseau juvénile ? www.wildvogelhilfe.org/aufzucht_fr/garder.html
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