Ne tondez pas votre pelouse entre la mi-juin et la mi-septembre

Herbe non tondue

Une herbe non tondue tout l’été conserve mieux l’humidité et abrite des invertébrés utiles qui pourront être mangés par les oiseaux. Vous pouvez toutefois dessiner des allées enherbées.
Photographie : Ornithomedia.com

Il est difficile de comprendre les choix des services des espaces verts de plusieurs communes ou des particuliers qui préfèrent une pelouse rase, jaune et dégarnie plutôt que de hautes graminées et des fleurs sauvages, etc. Or un gazon trop tondu perd une grande partie de ses réserves nutritives, souffre, s’affaiblit et devient plus sensible à la sécheresse, aux parasites et même à l’envahissement par les adventices. Des herbes suffisamment hautes protègent le pied du gazon des rayons du soleil et limitent l’évaporation. Les plantes peuvent développer leur système racinaire, ce qui les rend plus résistantes.
En outre, une pelouse non tondue en été continuera d’abriter une microfaune qui servira de nourriture aux oiseaux. Et les graines des graminées et des fleurs nourriront les granivores.
C’est en avril et en mai, quand l’herbe est en pleine croissance, que l’on peut tondre court son gazon, mais toujours en ne coupant qu’un tiers de la hauteur des pieds. Vous pouvez la couper à 5 à 7 cm de haut en mars, un peu plus haut (7 à 10 cm de haut) jusqu’au début du mois de juin, ne plus tondre entre juin et septembre, et couper à nouveau l’herbe en automne, après qu’il ait suffisamment plu et avant les premiers gels de l’hiver.
Si vous désirez que votre jardin conserve un aspect « ordonné », tondez seulement certains secteurs, par exemple le long des jardins, ou créez des chemins enherbés (tonte différenciée) qui seront très appréciés des enfants et qui seront empruntés par vos hôtes sauvages, par exemple, par le Merle noir (Turdus merula) durant la journée et par le Hérisson d’Europe (Erinaceus europaeus) durant la nuit. Laissez aussi les herbes hautes autour des pieds des arbres et des arbustes.
Voici d’autres conseils pour préserver la faune lorsque vous tondez : commencez par le milieu de votre terrain, afin que les petits animaux puissent s’enfuir vers les bordures, et laissez l’herbe coupée sur place en la dispersant (« mulching »), pour conserver l’humidité et enrichir le sol. Vous pouvez autrement conserver l’herbe coupée pour en faire de l’engrais vert, après l’avoir laissé sécher auparavant, ou pour recouvrir la terre nue de vos parterres (paillage).
En résumé, il est conseillé d’arrêter de tondre à partir de la mi-juin et de ne reprendre les coupes qu’à partir de la mi-septembre.
Si vous voulez créer une prairie fleurie d’été, tondez une fois à la fin du mois de mars ou au début du mois d’avril, puis une ou deux fois en automne (lire Semez ou laissez pousser des fleurs qui produisent des graines pour les oiseaux).

Ne taillez pas les arbres et arbustes en été

Rougegorges familiers (Erithacus rubecula)

Certains oiseaux comme le Rougegorge familier (Erithacus rubecula) peuvent encore élever leurs jeunes en juillet, et les petits ont toujours besoin du couvert des arbustes.
Photographie : Isabelle de Roover

Planter des arbres et des arbustes (lire notre article Aménager son jardin pour les oiseaux) dans son jardin est important pour les oiseaux : ils leur fournissent des sites de nidification et de la nourriture (insectes, baies, bourgeons), mais aussi des abris et de l’ombre en été. Les conifères les plus épais (cyprès, thuyas, ifs, etc.) sont particulièrement appréciés car la pénombre est quasiment totale entre leurs branches.
Conservez si possible les souches et les vieux arbres morts, que vous pourrez dissimuler en partie en laissant pousser du lierre (voir plus bas) ou une  clématite : ils abritent des insectes dont se nourrissent les oiseaux, comme le Grimpereau des jardins (Certhia brachydactyla), et ils leur servent d’abris pour nicher ou passer l’hiver.
Pour rafraîchir l’atmosphère de votre jardin, vous pouvez doubler votre haie d’une barrière ou d’une palissade légèrement ajourée qui réduira l’assèchement au pied des  arbustes et laissera passer l’air.
Ne taillez pas entre la mi-juin et la mi-septembre (lire L’élagage de printemps et d’été, une menace pour les oiseaux et les arbres) : non seulement cela est généralement déconseillé pour la croissance et la fructification des espèces ligneuses (la fin de l’hiver ou l’automne sont préférables, selon les espèces), mais surtout cela gêne/perturbe les oisillons qui sont encore dans leur nid ou qui dépendent toujours de leurs parents : cela réduit la protection du couvert végétal, diminue le nombre de perchoirs et les expose davantage aux prédateurs.
Plusieurs espèces d’oiseaux peuvent encore nicher et élever leurs jeunes au cours du mois de juillet, comme le Merle noir (Turdus merula), le Rougegorge familier (Erithacus rubecula), le Troglodyte mignon (Troglodytes troglodytes) ou le Pinson des arbres (Fringilla coelebs) (lire Des conseils pour identifier les passereaux juvéniles en été).
Si vous n’avez pas le temps ou la place de créer une haie vive, vous pouvez créer une haie sèche (lire Créer une haie sèche pour aider les oiseaux et les autres petits animaux).
En août, les oiseaux deviennent très discrets : certains sont déjà partis en migration, mais les sédentaires sont toujours là et dépendent de votre jardin. Par ailleurs, certains peuvent une brève apparition durant leur passage postnuptial, comme le Gobemouche noir (Ficedula hypoleuca) (lire Pourquoi les oiseaux semblent avoir déserté les jardins en août ?).

Laissez pousser le lierre sur les troncs et sur le sol

Le Lierre grimpant (Hedera helix) a une mauvaise réputation chez certains jardiniers car il est accusé d’être un parasite envahissant pouvant étouffer les arbres : certes, il peut s’agripper sur tous les types de supports (troncs, pierres, béton, etc.) grâce à de petits « crampons », mais il s’agit simplement d’une liane de la famille des Araliacées qui peut atteindre 30 mètres de long et qui n’absorbe ni la sève ni les substances nutritives de l’arbre ou de l’arbuste qui lui sert de support. Au contraire, il aurait même un rôle bénéfique pour son « hôte » : son feuillage persistant agirait en effet comme un régulateur thermique, protégeant le tronc par temps chaud ou froid, surtout quand l’arbre a été fragilisé par une coupe ou un élagage. En outre, il absorberait l’excès d’humidité du sol et aurait une action chimique inhibitrice sur les champignons, bactéries et parasites. Surtout, il accueille un grand nombre d’espèces animales qui l’utilisent comme refuge, site de nourrissage et de nidification (lire Laissez le lierre grimper sur les troncs pour favoriser les oiseaux).

Ne soufflez pas les feuilles mortes en été

Depuis plusieurs années, on subit l’utilisation croissante et bruyante des souffleuse dans les parcs et les jardins, y compris désormais en été, dès que quelques feuilles sont tombées à cause de la sécheresse. Non seulement cette pratique est bruyante et pénible, mais elle est néfaste pour la faune et la végétation. En effet, les feuilles tombées contribuent à conserver l’humidité du sol, servent de nourriture aux insectes qui eux-mêmes sont mangés par les oiseaux, et offrent un abri aux petits mammifères. Les souffleuses ne devraient être utilisées que lorsque que l’automne est bien avancé, et seulement pour dégager les chemins et les routes, voire certaines portions des pelouses des espaces verts (lire Les souffleurs de feuilles mortes sont néfastes pour les oiseaux des parcs et des jardins).

Installez un point d’eau

Bain pour oiseaux

Vous pouvez créer un bain idéal pour oiseaux avec un couvercle de poubelle renversé.
Source : RSPB

Nous avons déjà abordé l’importance d’offrir toute l’année aux oiseaux un accès à un point d’eau car ils en ont besoin pour boire, se rafraîchir et nettoyer leur plumage (lire Conseils pour fournir de l’eau aux oiseaux). Votre abreuvoir/bain pour oiseaux devra avoir une profondeur maximum de 10 cm environ, avoir si possible les bords inclinés et être assez large (idéalement au moins 30 cm). Un vieux couvercle de poubelle fera tout à fait l’affaire, mais placez dedans une pierre ou un autre poids pour qu’il ne se renverse pas.   
Placez le point d’eau dans un endroit approprié : les oiseaux sont en effet vulnérables quand ils boivent ou se baignent. Il est conseillé de l’installer à au moins deux mètres du buisson le plus proche, afin qu’un chat ne puisse pas les surprendre (lire Protéger les oiseaux des chats).
Si le fond est trop lisse/trop glissant, placez quelques cailloux sur le fond. L’eau devra être renouvelée très fréquemment.
Quand le printemps est très sec, les hirondelles peuvent avoir des difficultés à trouver de la boue pour confectionner leur nid : vous pouvez les aider en mettant à disposition un petit bac de terre humide (lire Comment fournir de la boue aux hirondelles pour les aider à construire ou à réparer leurs nids ?).
Si vous avez assez de place (deux à trois m² sont nécessaires au minimum) et/ou de temps, vous pouvez creuser un bassin ou un petit étang en pente douce qui attirera aussi plusieurs petits animaux aquatiques. Pour étanchéifier le fond, il est possible d’utiliser de l’argile naturelle (sur une épaisseur de 20 à 30 cm) ou une bâche en plastique épaisse en PVC. L’eau d’alimentation proviendra de la pluie et/ou d’un apport manuel (lire Créer une mare favorable aux oiseaux dans son jardin).
Vous pouvez aussi créer un ruisseau artificiel, qui rafraîchira l’ambiance de votre jardin (lire Créer un ruisseau artificiel dans son jardin pour les oiseaux : des conseils et un exemple remarquable).

Créez un abri pour insectes et oiseaux

Quand il faut chaud et sec, les insectes, les escargots et les vers de terre deviennent rares ou sont difficiles d’accès dans le sol durci. Vous pouvez créer une sorte « d’hôtel » où ils pourront se réfugier durant la journée et sortir durant les heures plus fraîches, fournissant ainsi de la nourriture aux oiseaux insectivores et aux hérissons : il suffit d’accumuler des branchages (issus par exemple de la taille de vos arbres et arbustes) dans un coin. Vous pouvez creuser un trou en dessous pour augmenter encore sa capacité d’accueil et planter des plantes grimpantes (lierre) qui contribueront à conserver l’humidité et qui pourront servir de sites de nidification au Troglodyte mignon et à l’Accenteur mouchet (Prunella modularis) par exemple.

Créez une mosaïque d’habitats

En conclusion, créer une mosaïque d’habitats (pelouse, prairie haute, haies, point d’eau, etc.) dans votre jardin favorisera la biodiversité et aidera la faune à mieux supporter les périodes de sécheresse et de canicule.

Une vidéo sur les avantages écologiques de la tonte différenciée des pelouses

Vidéo présentant les avantages écologiques de tondre sa pelouse de façon différenciée.
Source : Faire De La Terre Un Jardin

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