Les principes de base de l’élagage des arbres

Elagage d'un arbre

L’élagage des arbres au printemps ou en été, comme c’est le cas sur cette photo prise en avril 2008 en Caroline du Nord (États-Unis), devrait être évité au maximum.
Photographie : Ildar Sagdejev / Wikimedia Commons

L’élagage consiste à orienter ou limiter le développement d’un arbre en coupant ses branches de taille moyenne ou grande. Cette opération n’est pas indispensable à la bonne santé des végétaux et répond avant tout à nos besoins : créer une forme particulière, dégager une vue, un bâtiment ou des fils électriques, empêcher les chutes de bois morts sur la voie publique, etc. Mais ces travaux ne sont pas anodins pour la santé et la durée de vie des végétaux.
Les coupes ne doivent pas être trop sévères et trop répétées sous peine de fragiliser les arbres. Les coupes drastiques les traumatisent en effet et en réaction, les branches peuvent ne pas s’ancrer avec suffisamment de profondeur, fragilisant ainsi la ramure. Couper une grosse branche (d’un diamètre supérieur à 10 cm) peut  conduire à terme à un affaiblissement mécanique de l’arbre, et il faut toujours s’interroger sur l’utilité d’une coupe. Certaines essences sont particulièrement sensibles aux plaies et pourrissent vite comme les peupliers, les tilleuls, les bouleaux, les érables, les cerisiers, voire les marronniers. D’autres comme les platanes et les chênes cicatrisent également très mal mais leur résistance mécanique est beaucoup plus élevée.
La coupe des branches ne devrait concerner que des sections de faible diamètre, inférieures à cinq centimètres, qui cicatrisent rapidement, et elle devrait être la plus limitée possible.
Il faut éviter d’élaguer durant la période de montée de la sève, c’est-à-dire généralement au début du printemps, car les écoulements sont alors très importants (surtout pour les essences feuillues).
Il ne faut pas tailler durant le débourrement ou le débourrage (= moment de l’année où les écailles protectrices qui recouvrent les bourgeons s’écartent, laissant apparaître la bourre) car l’arbre doit alors mobiliser toutes ses réserves pour mettre en place sa masse foliaire ou fleurir.

Avril à juillet, une période critique pour les arbres et les arbustes

Épervier d'Europe (Accipiter nisus) femelle couvant ses oeufs

Épervier d’Europe (Accipiter nisus) femelle couvant ses œufs à Montmartre (Paris) en avril 2012 : l’élagage a été fait durant l’hiver, et ce rapace a pu nicher tout de même.
Photographie : Jérémie Rone / Aya Murata

L’élagage des arbres et la taille des arbustes sont à éviter entre avril et juillet pour plusieurs raisons :

  • les températures peuvent alors être élevées et le risque de stress hydrique (manque d’eau) important (accru en cas de plaies) ;
  • l’exposition subite du tronc aux rayons du soleil peut induire des brûlures sur les écorces minces (tilleul, marronnier, merisier, érable, etc.) ;
  • la photosynthèse est perturbée et l’arbre est obligé de puiser dans ses réserves pour créer de nouveaux rejets et de nouvelles feuilles ;
  • la présence de feuilles décuple le volume de végétation à évacuer après l’élagage ;
  • la libération de spores de champignons nocifs est alors maximale.

Pourtant, de plus en plus de professionnels élaguent à la fin du printemps et en été car la vitesse de compartimentation (de recouvrement des plaies) est alors plus rapide.

Une période surtout critique pour les oiseaux

Beaucoup d’oiseaux arboricoles (mésanges, grimpereaux, sittelles, grives, éperviers, etc.) sont en pleine période de reproduction (ponte puis élevage des jeunes) entre mars et juillet (certains comme les corvidés ou les chouettes nichant même plus tôt, dès la fin de l’hiver) et donc toute opération d’élagage ou de taille pourra avoir de graves conséquences :

  • abandon du site à cause du dérangement durant la coupe des branches ;
  • chute ou destruction du nid ;
  • exposition des œufs et des oisillons aux intempéries (pluie, vent, etc.) et à la chaleur ;
  • exposition des œufs et des oisillons aux prédateurs (corvidés, chats, etc.).

Des contraintes légales

La Directive européenne « Oiseaux » du 30 novembre 2009 impose une protection stricte de tous les oiseaux sauvages pendant leur période de reproduction, et le code de l’environnement français précise (article L411-1) qu’il est interdit de détruire, d’enlever ou d’endommager intentionnellement les nids et les œufs, des actes qui deviennent même délictuels quand ils concernent des espèces protégées : même la destruction de nids actifs de Corbeaux freux (Corvus frugilegus) est illégale. Il n’existe pas sur le territoire national d’interdiction légale de faire des travaux de taille des haies pendant la période de nidification, néanmoins l’article L411-15 du code de l’environnement donne aux préfets le pouvoir de prendre, dans leur département, les mesures nécessaire pour empêcher la destruction  ou l’altération des habitats d’espèces protégées, comme les  haies. 
Il existe par ailleurs une règlementation nationale en France qui interdit aux agriculteurs bénéficiant de primes de la Politique Agricole Commune (PAC), au titre des Bonnes Conduites Agricoles et Environnementales, la taille et l’élagage des arbres entre le 16 mars et le 15 août.
Il peut en outre exister une règlementation locale communale concernant les tailles des végétaux et il convient de s’informer sur ce sujet à la mairie de la commune concernée (codes civils et rural) : par exemple, un arrêté préfectoral interdit aux particuliers, aux collectivités et aux agriculteurs de tailler leurs haies dans le s Vosges, et il vous en coûtera 750 euros d’amende si vous y contrevenez.
La Ligue pour la Protection des Oiseaux recommande ainsi de ne pas tailler les haies ni d’élaguer les arbres du 16 mars au 31 août.

Des conseils pour un élagage et une taille respectueux des arbres, des arbustes et des oiseaux

Elagage d'un arbre en hiver

L’élagage des arbres se fera de préférence au automne ou en hiver.
Photographie : Wenflou / Wikimedia Commons

  • Pour respecter les arbres, l’élagage se fera de préférence en automne ou en hiver, avant le début du mois de mars (= période de montée de la sève). L’arbre est alors en repos végétatif, les écoulements de sève sont quasiment nuls, les spores de champignons inexistantes et l’on dispose aussi de plus de temps pour ce genre d’activité. L’absence de feuilles permet aussi d’apprécier facilement les opérations à effectuer et la quantité de végétaux à évacuer est moindre. Le gel est souvent considéré en France comme une période défavorable à la taille, mais ce n’est pas un facteur limitant, si ce n’est pour le confort de l’élagueur.
  • La taille de formation, qui est réalisée sur les jeunes arbres, est conseillée car elle permet de les adapter à certaines contraintes et de réduire les interventions sur les sujets adultes. C’est de loin la solution la moins traumatisante.
  • L’élagage de printemps ou d’été devrait être exceptionnel, justifié (risque de chute imminente) et d’ampleur limitée (en terme de nombre d’arbres et de branches concernés).
  • La fréquence d’élagage devra être la plus réduite possible, tout en évitant de devoir faire en une seule fois des coupes drastiques.
  • Les opérations d’élagage devront conserver autant que possible des parties mortes des arbres pour permettre la conservation des organismes xylophages, des oiseaux et des chauve-souris.
  • Si une commune décide de supprimer une corbeautière (colonie de  Corbeaux freux), les vieux nids (que les oiseaux réutilisent souvent d’année en année en les renforçant) devront être retirés avant février pour ne pas détruire les œufs et les poussins et pour limiter l’attractivité du site en diminuant le nombre de nids visibles.

Que faire si vous constatez que des travaux d’élagage sont ou vont être menés et qu’ils risquent de menacer des oiseaux nicheurs

Pie bavarde (Pica pica)

La Pie bavarde (Pica pica) construit son nid dès le mois de mars.
Tangopaso / Wikimedia Commons

  • Essayez avant toute opération d’élagage ou de taille (si vous obtenez l’information assez tôt) de repérer (et si possible de photographier) la présence éventuelle de nids, d’informer les agents  effectuant les travaux et de mettre en place avec eux des mesures de protection comme leur déplacement (lire Déplacer un nid occupé), la conservation de certaines branches ou la création de nids de remplacement (lire Oiseau blessé ou oisillon tombé du nid : que faire ?).
  • La sensibilisation des responsables des entreprises de jardinage et de leurs clients, des salariés et des particuliers est importante : chaque fois que vous assistez à un élagage au printemps ou en été, parlez aux intervenants et écrivez en même temps aux entreprises et aux communes concernées en leur expliquant les menaces qu’ils font peser sur les oiseaux.
  • Demandez par lettre recommandée avec accusé de réception au maître d’ouvrage le report de l’opération en présentant le problème.
  • Si la commune accepte de retarder les travaux, conseillez à la municipalité d’expliquer dans le journal ou sur le site internet de la commune pourquoi les services d’espaces verts taillent les arbres (et les haies) moins souvent et plus tard que d’habitude pour protéger les oiseaux nicheurs.
  • Quand des arbres ont été taillés sévèrement, proposez l’installation de nichoirs pour compenser la perte des sites de nidification (lire Installer un nichoir : les dix commandements à respecter).
  • Si possible, utilisez les branches coupées pour construire une haie sèche (lire Créer une haie sèche pour aider les oiseaux et les autres petits animaux).
  • Contactez si nécessaire une association de protection des oiseaux. En France, l’Association pour la Protection des Animaux sauvages et la Ligue pour la Protection des Oiseaux pourront vous conseiller juridiquement (si un dépôt de plainte pour destruction d’espèces protégées est à envisager).
  • Pour faire constater la destruction d’un nid, essayez de récolter des preuves et contactez l’Office Français de la Biodiversité ou un agent de police ou de gendarmerie. 
  • Informez éventuellement la presse locale si l’opération de destruction des nids a potentiellement des effets néfastes sur la faune. 

Une vidéo donnant des conseils pour faire de votre haie un refuge pour la biodiversité

L’ornithologue et naturaliste Gilles Leblais donne dans cette vidéo plusieurs conseils pour créer des haies denses et touffues dans votre jardin afin d’offrir le gîte et le couvert à une faune riche tout en protégeant efficacement des vents et  en produisant des fruits.
Source : Permaculture Design

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