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Un séjour riche en observations en Estonie en mars 2024, de l’Eider de Steller aux Chouettes épervière et de l’Oural
Introduction
L’Estonie est le plus petit et le moins peuplé des trois États baltes. Malgré sa superficie réduite, c’est une destination ornithologique de plus en plus populaire parmi les observateurs européens, car on y trouve des milliers d’étangs et de lacs, près de mille îles et îlots et de vastes étendues de tourbières, de prairies et de forêts. Environ 10 % de la surface du pays sont protégés. Grâce au bon état général de conservation de ses habitats et à sa position sur la voie de migration Est-atlantique, l’une des plus actives du monde, près de 400 espèces d’oiseaux y ont été observées et plus de 200 y nichent chaque année. Le mois de mars est particulièrement intéressant car les hivernants ne sont pas encore tous partis, les sédentaires sont alors plus faciles à repérer, étant donné que la végétation n’est pas encore dense, et le passage prénuptial des migrateurs a débuté le long des côtes. C’est pour cette raison que Nathaniel Dargue organisé un séjour dans ce pays du 1er au 4 mars 2024, en compagnie de Miles Cluff, d’Owen Beaumont, de Liam Andrews, de Josh Fusiara et d’Alex Masterman. Ils ont visité plusieurs secteurs principalement concentrés dans le nord-ouest du pays, observant toutes les espèces qu’ils désiraient voir, de l’Eider de Steller à la Chouette épervière (ou Épervière boréale) en passant par les Pics tridactyle et à dos blanc et la Chouette de l’Oural. Nous vous proposons une version française de leur rapport.
Abstract
Estonia is the smallest and least populated of the three Baltic states. Despite its small size, it is an increasingly popular birdwatching destination among European birdwatchers, with thousands of ponds and lakes, nearly a thousand islands and islets, and vast expanses of peat bogs, meadows, and forests. About 10% of the country is protected. Thanks to the generally good state of conservation of its habitats and its position on the East Atlantic Flyway, one of the most active in the world, nearly 400 bird species have been observed here, and over 200 nest there each year. March is particularly interesting because the wintering birds have not yet all left, the sedentary birds are easier to spot, since the vegetation is not yet dense, and the pre-nuptial passage of the migrants has begun along the coasts. That is why Nathaniel Dargue organized a trip to the country from March 1 to 4, 2024, with Miles Cluff, Owen Beaumont, Liam Andrews, Josh Fusiara and Alex Masterman. They visited several areas mainly concentrated in the northwest of the country, observing all the species they wanted to see, from the Steller’s Eider to the Northern Hawk Owl, including the Three-toed and White-backed Woodpeckers and the Ural Owl. We offer you a French version of their report.
Informations générales sur notre séjour en Estonie du 1er au 6 mars 2024
Eider de Steller (Polysticta stelleri) mâle dans le port de Saaremaa, sur l’île de Saaremaa (Estonie), le 2 mars 2024. |
Après avoir décidé collectivement d’organiser un court voyage ornithologique hivernal, nous avons choisi l’Estonie en raison des espèces que l’on peut y observer à cette saison. C’était une première visite pour nous. Le séjour avait pour principal objectif d’observer l’Eider de Steller (Polysticta stelleri), ainsi que des rapaces nocturnes, des pics et les deux tétras. Nous avons réussi à voir 79 espèces, et nous avons saisi toutes nos données sur eBird (certaines considérées comme sensibles ne sont toutefois pas visibles).
Pour plusieurs espèces forestières, l’utilisation de la technique de la repasse (lire La repasse et les oiseaux : utilisation, avantages, risques et conseils) a été nécessaire pour nous aider à les voir. Les vols entre les aéroports de Luton (Grande-Bretagne) et de Tallinn ont été effectués avec WizzAir, et nous avons loué notre voiture chez Europcar.
Comme nous étions six, nous avons choisi de louer un minivan plutôt que deux véhicules 4×4. Dans l’ensemble, nous avons trouvé que les sentiers de randonnée et les routes étaient de bonne qualité.
Pour notre hébergement, nous avons réservé deux chalets, ce qui a réduit le coût par personne et par nuit. Tout au long du voyage, nous avons pu facilement téléphoner et avoir accès à internet via nos smartphones, même au milieu des forêts et des tourbières.
La plupart du temps, les habitants locaux parlaient un anglais compréhensible.
La consultation d’autres rapports de voyage a été essentielle à la préparation de notre séjour (lire Séjour ornithologique en Estonie du 20 au 24 mai 2004), ainsi que certaines listes eBird, tandis que pour obtenir des données locales et avoir des informations sur la répartition nationale des espèces, le site web PlutoF a été utile, après la création d’un compte : il nous a permis de repérer les bons coins pour observer certaines espèces, qui ont ensuite été placés sur Google Maps.
Chaque repère placé sur cette carte était étiqueté avec les espèces pertinentes que nous pourrions trouver dans le secteur. Nous vous recommandons cette même méthode si vous envisagez de faire le même voyage : elle est en effet efficace pour identifier les secteurs à visiter en priorité, et elle facilite la navigation avec un GPS. La plupart des lieux repérés étaient concentrés dans l’ouest de l’Estonie, en raison de l’emplacement de nos hébergements, à l’exception de quelques-uns situés dans le sud-est du pays, près de la ville de Tartu, dont les parcs urbains accueillent le Pic cendré (Picus canus). Nous aurions pu en sélectionner d’autres, mais nous devions tenir compte des distance que nous pouvions parcourir chaque jour.
Le guide de la compagnie Birding Haapsalu que nous avions réservé pour la journée du 6 mars nous a coûté au total 250 € (sans compter notre carburant et son déjeuner) : il nous a principalement des données des indications sur des sites connus et il a diffusé des chants et des cris de l’application Collins Bird Guide (lire Applications pour smartphones pour l’identification des oiseaux – Première partie) via une enceinte Bluetooth, mais sans lui, nous n’aurions pas vu le Pic tridactyle ni réalisé de belles observations de la Chouette de l’Oural (Strix uralensis).
Conditions météorologiques
Nous sommes arrivés à Tallinn le vendredi 1er mars 2024 sous un ciel couvert et sec, avec un léger vent de sud et une température de 1°C. Sur l’île de Saaremaa, les températures étaient un peu plus élevées (3°C), et le ciel était dégagé à Virtsu. Le samedi matin, le ciel était lumineux mais s’est couvert dans l’après-midi : les températures étaient comprises entre 1 et 5°C et nous avons dû faire face à de forts vents de Sud-est.
À partir de dimanche toutefois, nous n’avons pratiquement pas vu un nuage dans le ciel, les températures étaient négatives le matin et légèrement positives dans l’après-midi. Les vents sont classiquement faibles à cette époque de l’année, à l’exception de mardi où ils soufflaient plus fort. Le temps ensoleillé a grandement contribué au succès de notre voyage, en facilitant l’observation de certaines espèces.
L’itinéraire suivi et les hébergements choisis
Phoque annelé (Pusa hispida) sur la glace de la mer Baltique vu lors de la traversée en ferry entre l’île de Muhu (Estonie) et le continent 3 mars 2024. |
- 1er mars – Arrivée à Tallinn en milieu de matinée puis route vers Virtsu et embarquement sur le ferry
pour l’île de Muhu, avant de rejoindre notre hébergement (Soosaare Holiday House) à Kuressaare, situé au sud de l’île de Saaremaa. - 2 mars – Journée entière d’observation sur l’île de Saaremaa, à la recherche de l’Eider de Steller. Nuit dans la Soosaare Holiday House.
- 3 mars – Ferry tôt le matin pour rejoindre le continent, puis observation autour de Pärnu. Hébergement dans le SooRebase SaunaMaja à Risti.
- 4 mars – Journée d’observation dans les forêts et les tourbières de la réserve naturelle de Marimetsa. Nuit dans le SooRebase SaunaMaja à Risti.
- 5 mars – Journée avec un guide dans la réserve naturelle de Marimetsa et près d’Haapsalu. Nuit dans le SooRebase SaunaMaja à Risti.
- 6 mars – Retour à l’aéroport de Tallinn pour un vol en milieu de matinée.
Le 1er mars 2024 : arrivée en Estonie et premières observations
La journée a commencé par une arrivée très matinale à l’aéroport de Luton, où nous nous sommes tous retrouvés à 3 h. En dehors de Miles , qui a eu un problème de passeport et qui a été obligé de prendre un autre vol, nous avons décollé à l’heure prévue (6 h10) et nous avons atterri à Tallinn à 11 h 05 (heure locale). Nous sommes ensuite allés chercher notre véhicule de location et nous avons quitté l’aéroport à 12 h 15.
Un Pygargue à queue blanche (Haliaeetus albicilla) posé sur la mer Baltique gelée lors de la traversée en ferry vers l’île de Muhu (Estonie) le 1er mars 2024. |
Nous avons fait un premier arrêt dans un parc à Harku, dans la banlieue de Tallinn, où nous avons observé le Pic épeiche (Dendrocopos major),le Grimpereau des bois (Certhia familiaris) et la Sittelle torchepot (Sitta europae). De là, nous avons roulé vers Virtsu, observant l’Autour des palombes (Astur gentilis), la Pie-grièche grise (Lanius excubitor) (quatre oiseaux) et le Pygargue à queue blanche (Haliaeetus albicilla) durant le trajet.
Nous avons facilement rejoint en 1 h 40 le terminal des ferries de Virtsu (voir sa localisation sur Google Maps) depuis Tallinn. Nous y sommes arrivés à 16 h 20 sans avoir préacheté de billet. Son achat au guichet a été rapide et simple, et son prix était très bon marché (environ 4 €). Le trajet en bateau pour rejoint l’île de Muhu a été court (30 minutes) : la mer Baltique était presque entièrement gelée, à l’exception d’un petit couloir dégagé utilisé par les ferries. Depuis le ferry, nous avons observé un Pygargue à queue blanche posé sur la glace et quelques Garrots à œil d’or (Bucephala clangula) et Harles bièvres (Mergus merganser) nageant dans les petites zones d’eau libre.
Sur le trajet en voiture à travers les îles de Muhu et de Saaremaa pour rejoindre notre hébergement, nous avons observé des Cygnes chanteurs (Cygnus cygnus), des Pygargues à queue blanche et des Grues cendrées (Grus grus). Lorsque nous sommes arrivés à notre premier hébergement, équipé d’un jacuzzi et d’un sauna, un couple de pygargues volait au-dessus de nous. Une fois nos bagages déballés, nous avons allumé le feu du sauna, nous avons mangé puis nous nous sommes détendus après une longue journée de voyage.
Le 2 mars 2024 : rencontre avec l’Eider de Steller
Eiders de Steller (Polysticta stelleri) dans le port de Saaremaa, sur l’île de Saaremaa (Estonie), le 2 mars 2024. |
Miles, qui avait été obligé de prendre un autre avion, est finalement arrivé à Tallinn à 1 h 40. Il a ensuite voyagé jusqu’à Virtsu et a embarqué sur le ferry à 6 h 40. Nous l’avons retrouvé à Kuivastu.
L’objectif principal de la journée était de voir l’Eider de Steller (Polysticta stelleri), l’une des principales raisons de notre voyage en Estonie. La côte nord de l’île de Saaremaa accueille en effet une importante population hivernante, et c’est généralement le seul endroit du pays où l’on peut les observer (lire L’île de Saaremaa, une destination ornithologique hivernale intéressante).
C’est aussi probablement la destination la plus proche de la Grande-Bretagne. En consultant des rapports de voyage et des listes sur eBird, nous avions repéré que le port de Saaremaa (voir la localisation sur Google Maps),situé juste au nord de Ninase, était le plus favorable pour faire des observations rapprochées, sa digue créant des zones abritées pour les canards marins. Sur le chemin, nous avons fait quelques arrêts pour observer des Grues cendrées dans les champs le long de la route et pour inspecter les vols de canards depuis le pont reliant les îles de Saaremaa et de Muhu : la plupart étaient des Canards colverts (Anas platyrhynchos), mais nous avons également repéré des Cygnes chanteurs.
À l’arrivée au port de Saaremaa, un Autour des palombes a décollé de la plage et s’est envolé vers la forêt voisine. Il y avait beaucoup de places dans le port : nous avons pu nous garer sur le front de mer et rester dans le véhicule pour observer.
Hareldes boréales (Clangula hyemalis) devant le port de Saaremaa, sur l’île de Saaremaa (Estonie), le 2 mars 2024. |
Des dizaines de Harles bièvres, de Fuligules morillons (Aythya fuligula) et de Hareldes boréales (Clangula hyemalis), ainsi que quelques Fuligules milouinans (A. marila), Harles huppés (Mergus serrator) et Garrots à œil d’or, nageaient dans la zone abritée des forts vents de Sud-est. Mais surtout, il y avait trois Eiders de Steller (deux mâles et une femelle ! Nous sommes montés sur quelques palettes en bois et avons utilisé la digue comme protection pour observer les canards sans les déranger. Les eiders n’étaient éloignés que de 30 mètres, mais ils passaient la plupart de leur temps la tête rentrée dans le dos, alors que les autres canards se nourrissaient activement, plongeant constamment. De l’autre côté du brise-lames, dans les eaux agitées, des centaines de Hareldes boréales évoluaient en radeaux serrés, offrant un spectacle exceptionnel.
Après quelques heures exposés au vent froid, nous avons rejoint notre camionnette pour nous réchauffer et nous sommes dirigés vers la baie d’Uudepanga (voir la localisation sur Google Maps), située à l’extrémité nord-ouest de l’île de Saaremaa, où la plupart des Eiders de Steller sont généralement concentrés, bien qu’ils soient plus éloignés que dans le port de Saaremaa.
Nous avons longé la route côtière jusqu’à la rive est de la baie principale, au niveau de la pointe d’Undva. À notre arrivée, nous avons repéré des centaines de Cygnes tuberculés (Cygnus olor) et de Fuligules milouinans, ainsi que des dizaines de Garrots à œil d’or, de Fuligules morillons et cinq Pygargues à queue blanche. Un mâle de Harle huppé est passé en vol avec des Garrots à œil d’or avant de se poser dans une baie voisine. Owen a repéré un groupe éloigné de Macreuses brunes (Melanitta fusca) et Miles a localisé un rassemblement d’environ 80 Eiders de Steller dans la baie principale (voir la localisation sur Google Maps) : ils étaient encore plus éloignés que les Macreuses brunes et donc difficiles à photographier, d’autant plus que le vent soufflait fort. Au moins 300 canards étaient présents encore plus loin, mais il n’était tout simplement pas possible de les identifier avec certitude.
Carte de deux bons secteurs (repères rouges) pour observer l’Eider de Steller dans le nord-ouest de l’île de Saaremaa (Estonie) (cliquez sur la carte pour l’agrandir). |
Pour ceux qui souhaitent voir l’Eider de Steller dans de bonnes conditions, le port de Saaremaa est l’endroit idéal, bien que les effectifs présents soient généralement bien inférieurs à ceux de la baie d’Uudepenga.
Nous nous sommes ensuite dirigés vers les forêts de l’île pour essayer d’observer quelques oiseaux intéressants, mais tout était très calme. Après quelques heures, nous avons donc décidé de retourner dans le port de Saaremaa pour profiter encore un peu des eiders, qui étaient bien présents, mais toujours aussi peu actifs.
Le soleil se rapprochant de l’horizon ouest, il était plus facile d’observer vers le Sud les grands groupes de Hareldes boréales.
La nuit commençant à tomber, nous avons rejoint Kuressaare en nous arrêtant à plusieurs moments dans la réserve naturelle de Viidumäe pour essayer de voir la Chevêchette d’Europe (Glaucidium passerinum), malheureusement sans succès.
Sur le chemin du retour, nous nous sommes arrêtés dans un restaurant de la chaîne Hesburger pour manger, avant de nous diriger vers notre hébergement, d’allumer un feu de bois et d’aller dans notre sauna.
Le 3 mars 2024 : une Chouette épervière dans une ferme solaire
Chouette épervière ou Épervière boréale (Surnia ulula) hivernant dans une ferme solaire près de Kõpu (Estonie), le 3 mars 2024. |
Notre troisième journée en Estonie s’est déroulée sur le continent, où nous sommes d’ailleurs restés le reste du voyage. Nous avons quitté notre hébergement à Kuressaare et nous avons pris (de justesse) le ferry de 7 h 20. Pendant la traversée, nous n’avons rien vu de particulier, à l’exception notable d’un Phoque annelé (Pusa hispida) sur la glace.
Une fois à terre, nous nous sommes dirigés directement vers la réserve naturelle de Lindi, où le site web PlutoF signalait l’hivernage d’une Chouette épervière ou Épervière boréale (Surnia ulula) dans une ferme solaire près de Kõpu (voir la localisation sur Google Maps). Sur la route, nous avons fait un arrêt le long de la route (voir la localisation sur Google Maps) après avoir repéré un groupe de 19 Tétras lyres (Lyrurus tetrix), incluant plusieurs mâles paradant.
Lorsque nous sommes arrivés dans la réserve de Lindi, Miles m’a demandé de m’arrêter, car il avait repéré la Chouette épervière posée au sommet d’un arbre ! Pendant une heure et demie, nous avons profité d’une vue phénoménale de cet oiseau sous un soleil radieux : il s’est posé successivement sur des fils électriques, des poteaux télégraphiques et même sur un panneau solaire, avant de rejoindre la forêt. C’était un spectacle magique, d’autant plus que peu de Chouettes épervières ont été notés durant l’hiver 2023-2024 en Estonie (lire Plus de 10 000 Chouettes épervières dans le sud de la Norvège lors de l’invasion de l’automne 2016 !).
Pendant que nous observions la chouette, plusieurs groupes d’Oies de la toundra (Anser serrirostris), totalisant environ 150 oiseaux, ainsi que quelques Cygnes chanteurs, sont passés en vol. À peine 100 mètres plus loin, nous avons entendu un Pic noir (Dryocopus martius), et Liam l’a brièvement vu.
Pic à dos blanc (Dendrocopos leucotos) dans la réserve de Lindi (Estonie), le 3 mars 2024. |
Nous avons ensuite suivi la route pour explorer la forêt, qui était plus riche en oiseaux que celles de l’île de Saaremaa : elle était principalement composée de vieux Bouleaux verruqueux (Betula pendula) et était riche en bois mort, ce qui est idéal pour les pics. Nous avons d’ailleurs rapidement entendu des cris et repéré un couple de Pics à dos blanc (Dendrocopos leucotos) (voir la localisation sur Google Maps) : nous pensions que nous aurions plus de difficultés à observer cette espèce. Le mâle a longuement tambouriné sur une branche d’un bouleau tombé. Quel début de journée, et il n’était même pas 11 heures du matin.
Nous avons repris notre véhicule pour rejoindre le parc d’Audru Manor (voir la localisation sur Google Maps), situé tout près de Pärnu. Selon le site web eBird, c’est en effet un bon site pour voir le Pic mar (Dendrocoptes medius). Il est assez petit et principalement composé de chênes et de charmes, avec quelques conifères. Peu après être le début de notre balade, nous avons repéré une forte d’activité près de plusieurs mangeoires : trois Pics mars étaient présents et se nourrissaient de la sève des arbres. Liam a même vu sur le même arbre des Pics épeiches, mars et épeichettes (Dryobates minor) ! Nous avons également vu couple de Sittelles torchepots en train de creuser un nid, ce qui nous a permis de constater à quel point leur plumage est différent de celui des oiseaux britanniques.
Le parc d’Audru Manor est donc un endroit idéal pour voir le Pic mar car il est assez petit et facile d’accès. Selon les espèces de pics que vous désirez voir, il vous faudra donc parcourir certains types de forêts. Le livre « Birding Estonia » donne de bons conseils pour les chercher.
Nous avons roulé vers Pärnu pour visiter quelques secteurs où le Pic cendré avait été récemment été signalé : nous n’en avons pas vu, mais nous avons tout de même admiré un beau groupe de Moineaux friquets (Passer montanus) se nourrissant sur des mangeoires. Nous sommes allés à Pärnu pour manger, et pendant que nous commandions nos plats, un Pygargue à queue blanche est passé en vol.
Carte du secteur de la forêt de Kildemaa (Estonie) parcouru le 3 mars 2024 (cliquez sur la carte pour l’agrandir). |
Un peu plus tard, nous avons pris la route vers la forêt de Kildemaa (voir la localisation sur Google Maps), située à seulement 25 minutes à l’est, et qui semblait riche en rapaces nocturnes d’après le site web PlutoF. Elle est principalement composée de conifères, avec quelques feuillus, et elle est facilement visitable grâce à un réseau dense de pistes. Il y avait de nombreuses et vastes coupes à blanc, dans lesquelles quelques grands arbres avaient été laissés sur pied, ce qui est idéal pour les pics. Nous avons donc roulé doucement en faisant régulièrement des arrêts. Nous avons rapidement observé les Mésanges huppée (Lophophanes cristatus) et boréale (Poecile montanus), le Bouvreuil pivoine (Pyrrhula pyrrhula) et le Bec-croisé des sapins (Loxia curvirostra). Un peu plus loin, un Chien viverrin (Nyctereutes procyonoides) a traversé une piste secondaire, puis nous avons entendu les cris d’un Pic noir (voir la localisation sur Google Maps), qui a survolé une clairière, s’est posé brièvement puis a rejoint un arbre lointain pour tambouriner.
Alors que nous parcourions lentement la forêt, une Grue cendrée nous a survolé, puis nous avons entendu une Chevêchette d’Europe lançant son chant dans une parcelle principalement composée de conifères (voir la localisation sur Google Maps). Peu après, nous avons également les cris d’un Pic cendré dans la clairière derrière nous : nous l’avons localisé dans un arbre isolé, où il a été rejoint par un autre individu.
Ils sont restés un bon moment, nous permettant de faire de belles observations, mais notre objectif éatit surtout de voir la chevêchette : après vingt minutes de recherches, nous l’avons localisée sur un bouleau près de la piste !
Une piste forestière typique dans la forêt de Kildemaa (Estonie) le 3 mars 2024. |
La forêt de Kildemaa est donc riche en oiseaux, et nous vous recommandons sa visite. Elle accueille aussi la Chouette de l’Oural (Strix uralensis), mais nous ne sommes pas restés assez longtemps en soirée pour essayer d’en voir une.
La lumière du jour déclinant, nous avons conduit pendant un peu plus d’une heure pour rejoindre notre deuxième hébergement situé à Risti (voir la localisation sur Google Maps). Nous avons déposé nos bagages avant de faire des courses et de préparer un repas rapide, avant de repartir à la recherche des rapaces nocturnes.
Nous avons roulé lentement sur une piste gelée dans la partie ouest de la réserve naturelle de Marimetsa : la Chouette de l’Oural préférant les clairières situées au milieu d’un peuplements denses de conifères, notre meilleure option était de parcourir la forêt et de nous arrêter au niveau de chaque coupe pour essayer de les entendre, et cela a fonctionné : après avoir écouté un chant pendant dix minutes, nous avons finalement vu un individu volant puissamment au-dessus de la clairière avant de se poser dans un arbre à sa lisière. C’était une espèce que je rêvais de voir depuis longtemps, et je n’ai pas été déçu. Un deuxième oiseau a rapidement rejoint le premier, nous offrant de belles vues.
La seule façon de terminer une si belle journée était de se détendre dans le sauna de notre hébergement.
Le 4 mars : à la recherche de la Gélinotte des bois
Gélinotte des bois (Tetrastes bonasia) dans la réserve naturelle de Marimetsa (Estonie) le 4 mars 2024. |
L’objectif principal de la journée était d’observer la Gélinotte des bois (Tetrastes bonasia), ce qui, nous le savions, nécessitait un départ très matinal. Nous sommes arrivés à l’aube dans le secteur de Rõuma Kula (voir la localisation sur Google Maps), dans la réserve naturelle de Marimetsa, dans un habitat favorable à la Gélinotte des bois et au Pic tridactyle (Picoides tridactyylus), ce dernier étant toutefois peu commun. La forêt était ici mixte, dense et humide. Il y avait beaucoup de place pour se garer mais la marche sur la passerelle en bois gelé parcourant la tourbière était périlleux, et plusieurs d’entre nous sont tombés.
Sur le chemin menant à une tourbière, nous avons vu notre premier Cassenoix moucheté (Nucifraga caryocatactes) du voyage, perché au sommet d’un conifère (voir la localisation sur Google Maps).
Plusieurs cris et chants d’autres oiseaux résonnaient dans la forêt, dont ceux du Bec-croisé des sapins (Loxia curvirostra), du Roitelet huppé (Regulus regulus), de la Linotte mélodieuse (Linaria cannabina) et de la Mésange huppée, et un Pic cendré criait au loin. Nous avons également entendu une Orite à longue queue (Aegithalos caudatus), mais sans réussir à la voir.
Nous avons ensuite repéré des empreintes de Lynx boréal (Lynx lynx), puis des indices de la présence du Pic tridactyle : des morceaux d’écorce arrachés et des séries de petits trous dans les troncs d’Épicéas communs (Picea abies).
Plus loin sur la piste, à l’extrémité est de la tourbière principale, nous avons entendu le sifflement aigu d’une Gélinotte des bois, puis un mâle a traversé la piste (voir la localisation sur Google Maps). Nous l’avons brièvement localisé au sol parmi les épicéas, avant de le perdre à nouveau : il est étonnant qu’un oiseau de cette taille puisse si bien se cacher ! Nous avons tout de même réalisé quelques belles digiscopies du mâle chantant dans un arbre. Juste avant de partir, un deuxième mâle a été entendu dans la direction opposée, mais nous avons préféré partir pour limiter le dérangement.
Carte du secteur de la réserve naturelle de Marimetsa (Estonie) parcouru le 4 mars 2024 (cliquez sur la carte pour l’agrandir). |
Nous avons poursuivi notre balade sur la passerelle traversant la tourbière : Alex a repéré dix Tétras lyres et une Pie-grièche grise, et lorsque nous l’avons rejoint, nous avons vu deux Pluviers dorés (Pluvialis apricaria) volant au-dessus de la tour d’observation (voir la localisation sur Google Maps).
Alors que nous nous amusions à glisser sur un lac gelé, des femelles et un mâle de Gélinotte des bois sont passés à quelques mètres d’Alex, dans le secteur où nous avions vu un mâle chanteur plus tôt. Sur le chemin de retour à travers la forêt, nous avons bien observé un Cassenoix moucheté perché au sommet d’un conifère. Nous avons finalement rejoint notre véhicule sur le sentier gelé, après quelques chutes supplémentaires, et nous avons rapidement mangé.
Nous avons passé l’après-midi à parcourir les pistes forestières de la partie ouest de la réserve de Marimetsa : malheureusement, la forêt était très calme, même si nous avons vu et/ou entendu la Mésange huppée, le Bec-croisé des sapins, le Cassenoix moucheté et la Chevêchette élégante. Nous avons rejoint Haapsalu pour prendre un thé, avant de nous retirer dans notre maison.
Le 5 mars 2024 : un Pic tridactyle et une Chouette de l’Oural trouvés avec l’aide de notre guide
Tronc à l’écorce retirée et percé de petits trous par le Pic tridactyle (Picoides tridactylus) dans la réserve naturelle de Marimetsa (Estonie) le 5 mars 2024. |
Nous avions réservé un guide auprès de la compagnie Birding Haapsalu pour la journée quelques semaines avant le voyage, pensant qu’il nous resterait de nombreuses espèces ciblées à essayer de voir, mais seul le Pic tridactyle nous manquait encore.
Notre guide nous a rejoint à 6 heures du matin et nous nous sommes dirigés vers la forêt à l’ouest de la tourbière de Marimetsa, la même zone que nous avions visitée la veille. Nous avons passé plusieurs heures à errer dans les bois, sur des pistes glacées difficiles à parcourir, mais nous avons seulement entendu les cris d’un Autour des palombes et d’un Pic noir, et nous avons observé un Cassenoix moucheté et une Mésange huppée.
L’une des clairières que nous avons traversée était celle où nous avions vu deux Chouettes de l’Oural le 3 mars et une Chevêchette d’Europe le 4 mars. Comme nous y avions repéré des signes d’activité du Pic tridactyle, nous avons suggéré à notre guide d’y retourner, au lieu de rejoindre le secteur de Rõuma Kula. À notre arrivée, nous avons vu un pic s’envoler d’un épicéa dont l’écorce était dénudée et dont le tronc était percé de trous : une femelle de Pic tridactyle ! Nous étions alors dispersés et nous nous sommes précipités vers Owen pour essayer de l’observer. Nous l’avons vu brièvement avant qu’elle ne s’envole dans la forêt proche.
Après ce succès, nous sommes repartis pour tenter d’obtenir de meilleures vues des espèces que nous avions déjà vues. Entre midi et 14 heures, nous avons essayé de repérer quelques secteurs favorables aux pics, mais le vent froid avait atténué leur activité. Nous avons tout de même repéré un petit groupe de Sizerins flammés (Acanthis flammea).
Nous nous sommes dirigés vers Haapsalu pour y déjeuner, avant de rouler vers le nord jusqu’à un parc éolien situé près d’Aulepa (voir la localisation sur Google Maps) : une Chouette épervière hivernante y avait en effet été repérée, mais elle errait dans une grande zone et nous ne l’avons pas vue. Nous avons cependant observé cinq Pygargues à queue blanche en vol, qui évoluaient souvent « dangereusement » près des pales des éoliennes, 150 Alouettes des champs (Alauda arvensis), 25 Bruants jaunes (Emberiza citrinella) et 75 Cygnes chanteurs se nourrissant dans un champ.
Chouette de l’Oural (Strix uralensis) dans la réserve naturelle de Leidissoo, près de Vanaküla (Estonie), le 5 mars 2024. |
En fin d’après-midi, nous sommes partis visiter quelques clairières au sud-ouest de la réserve naturelle de Leidissoo, près de Vanaküla. Nous avons d’abord essayé (sans succès) d’observer la Chevêchette d’Europe, puis nous nous sommes dirigés vers une autre coupe forestière, que notre guide nous avait dit être propice à la Chouette de l’Oural. Effectivement, dès 17 h 20, nous avons entendu un appel, puis dix minutes plus tard, un oiseau est venu se percher au bord de la clairière en appelant ! Nous l’avons bien observé pendant une heure, et alors que le soleil commençait à se coucher, un deuxième individu appelait à proximité, dans la forêt.
Après ce spectacle incroyable, nous sommes retournés à notre hébergement à Risti et nous nous sommes reposés dans notre sauna pour une dernière fois.
Le 6 mars 2024 : dernières observations
Owen et Miles et moi sommes partis à 6 heures du matin pour tenter d’observer le Grand Tétras (Tetrao urogallus), car nous avions appris que des oiseaux se nourrissaient à l’aube de graviers sur une route voisine. Malheureusement, notre recherche a été vaine.
Nous sommes ensuite retournés à notre hébergement, où nous avons fini de faire nos bagages, et nous sommes partis vers l’aéroport. En traversant la périphérie de Tallinn, nous avons vu notre dernier oiseau du voyage, une Tourterelle turque (Streptopelia decaocto), de l’autre côté de la route. Après avoir rendu la voiture, notre enregistrement a été rapide et le vol s’est bien passé.
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Compléments
À lire sur le web
- Le site web Visit Estonia : visitestonia.com
- Le site web Estbirding : www.estbirding.ee
- La page Facebook Birding Estonia : www.facebook.com/birdingestonia/
Ouvrages recommandés
- Carte routière : Estonie – Estonia (en anglais) de Cartes ITM
- Estonie Guide de voyage 2025: Un voyage à travers les rues médiévales, la nature sauvage et les traditions intemporelles de Michael L. Hagerman (Auteur)
- Le guide Ornitho de L. Svensson et al
Source
Nathaniel Dargue, Miles Cluff, Owen Beaumont, Liam Andrews, Josh Fusiara et Alex Masterman (2024). Estonia 1-6th March 2024. Cloudbirders. www.cloudbirders.com
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