Une progression spectaculaire du nombre de Nettes rousses en Suisse depuis les années 1990

Situation du lac de Neuchâtel (Suisse)

Situation du lac de Neuchâtel (Suisse).
Carte : Ornithomedia.com

La Nette rousse (Netta rufina) est un grand canard mesurant de 53 à 57 cm de long. Le mâle en plumage nuptial a une grosse tête ronde orange vif, un dessus gris-brun, un plastron, une bande ventrale et l’arrière-train noirs, les flancs blancs, le bec rouge et les pattes orange. La femelle, le mâle en plumage internuptial et le juvénile ont le dessus brun, les joues et le dessous plus clair, la calotte, la nuque et l’arrière du cou brun chocolat, le bec brun-noir marqué de rose et les pattes rosâtres. En vol, une large bande alaire blanche est visible. 
L’espèce se porte globalement bien au niveau européen, même si on note un déclin marqué des populations dans les pays du bassin de la mer Noire (Roumanie, Turquie, Hongrie et Bulgarie), à cause principalement d’une forte pression de chasse et d’une dégradation des habitats. Par ailleurs, suite notamment à plusieurs épisodes de sécheresse en Asie centrale et dans la péninsule ibérique (d’autres facteurs sont possibles), certaines populations se seraient déplacées vers le centre et l’ouest de l’Europe, incluant la France. Dans l’hexagone, le nombre de couples dépasse ainsi désormais les 1 500, contre de 270 à 310 en 1989.
En Suisse, la Nette rousse n’est régulière que depuis le début des années 1990, avec une augmentation progressive des effectifs hivernants et reproducteurs (la population nicheuse actuelle évolue entre 100 et 300 couples selon les années). Comme en France, cela résulte probablement d’arrivées d’oiseaux orientaux et méridionaux, mais aussi d’une amélioration de la qualité des eaux grâce à une meilleure épuration et à l’interdiction des phosphates dans les lessives, qui a entraîné un retour des Characées, des algues vertes qui constituent l’aliment principal de l’espèce.
La majorité des effectifs helvétiques hivernants de Nettes rousses est concentrée le long de la rive sud du lac de Neuchâtel, sur le lac de Constance (lire Observer les oiseaux du lac de Constance ou Bodensee) et sur le lac des Quatre-Cantons.
Durant le recensement des oiseaux d’eau de janvier 2019, près de 20 000 individus ont ainsi été comptés sur les lacs helvétiques, dont la majorité sur le seul lac de Neuchâtel. La population totale d’Europe centrale et du Sud-ouest étant estimée à près de 60 000 individus, la Suisse accueillerait ainsi en hiver une partie significative des nicheurs venus de l’Est (notamment d’Allemagne et de Tchéquie) et du Sud-ouest.

Les bilans des comptages d’oiseaux aquatiques de novembre 2024 et de janvier 2025 sur les lacs de Neuchâtel et de Morat

Nettes rousses (Netta rufina) sur le lac de Neuchâtel (Suisse)

Nettes rousses (Netta rufina) mangeant des Characées sur le lac de Neuchâtel (Suisse) le 24 septembre 2024 (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Marc Fasol

Le lac de Neuchâtel fait partie des plus importants sites d’accueil des oiseaux aquatiques en hiver en Suisse, avec celui de Constance et le Léman (partagé avec la France) (lire Observer les oiseaux en hiver dans la partie ouest du Lac Léman). 
Les résultats des comptages du 17 novembre 2024 et du 11 janvier 2025 sur les lacs voisins de Neuchâtel ( (218 km²) et de Morat (23 km²) ont été publiés sur le site web de l’Association de la Grande Cariçaie
Le soleil a été au rendez-vous du comptage du 17 novembre 2024, mais il était accompagné d’une bise s’intensifiant dès la fin de matinée. Les totaux de ce recensement ont été très proches de ceux de novembre 2023, avec un peu plus de 60 000 oiseaux dénombrés (et plus de 3 800 sur le lac de Morat). Les Fuligules milouins (Aythya ferina) et les Nettes rousses figuraient en tête des effectifs et représentaient à eux deux plus de la moitié des oiseaux comptés sur les deux lacs, avec respectivement environ 21 000 et 12 850 individus. Il étaient très concentrés à l’est d’Estavayer-Le-Lac, où plus de 28 000 oiseaux ont été
observés. En raison du beau temps et du vent, les nombreux promeneurs et les adeptes de sports nautiques (kitesurf et wingfoil) ont peut-être contribué à ce regroupement dans ce secteur plus calme. 
Par contre, le nombre de Fuligules morillons (A. fuligula), une espèce qui était très abondant dans les années 1990, a atteint son minimum depuis 1991, avec seulement environ 5 300 individus dénombrés. Cette diminution s’explique d’une part par la diminution des populations de Moules zébrées (Dreissena polymorpha), un mollusque bivalve originaire de la mer Caspienne introduit par l’homme et qui a constitué une importante source de nourriture pour les canards plongeurs jusqu’au début des années 2000, et d’autre part, par un déplacement global de la zone d’hivernage de l’espèce vers le nord-est de l’Europe en relation du réchauffement climatique.
Plusieurs canards de surface, principalement pilets (Anas acuta), souchets (Spatula clypeata) et siffleurs (Mareca penelope), ont été observés en nombre. Par ailleurs, le niveau d’eau élevé du lac de Constance durant l’automne 2024 a probablement participé au déplacement de plusieurs groupes vers le secteur des Trois-Lacs, dont les hauts fonds sont particulièrement favorables au nourrissage de ces espèces.
Un grand soleil et des conditions de luminosité parfaites ont accompagné les bénévoles du comptage du 11 janvier 2025 sur les lacs de Neuchâtel et de Morat, dont les résultats se situent dans la moyenne inférieure des dernières années, avec un peu plus de 61 600 oiseaux dénombrés, un total très proche du bilan de novembre 2024. Les oiseaux étaient majoritairement concentrés dans le secteur compris entre Estavayer-le-Lac et Chevroux (plus de 26 000 oiseaux). Le Fuligule milouin a été encore une fois l’espèce la plus abondante, avec 16 258 individus, dont 11 600 dans le secteur d’Estavayer-Le-Lac et de Chevroux. Comme au mois de novembre 2024, la Nette rousse a été la seconde espèce la plus abondante, avec 12 587 individus, tandis que le Fuligule morillon a devancé la Foulque macroule, avec respectivement 10 486 et 8 667 : il s’agit pourtant de la troisième valeur la plus faible pour le Fuligule morillon depuis 1990. Les effectifs de Canards pilets et souchets ont atteint de nouveaux  records (598 individus pour le premier et 60 pour le second).  

Une sélection de bons sites d’observation des oiseaux le long des rives du lac de Neuchâtel

Carte du lac de Neuchâtel (Suisse) et sélection de bons sites d'observation

Carte du lac de Neuchâtel (Suisse) et sélection de bons sites d’observation. Les numéros des sites placés sont ceux de notre article (cliquez sur la carte pour l’agrandir).
Carte : Ornithomedia.com

Le lac de Neuchâtel est le plus vaste plan du pays des Trois-Lacs, avec une superficie de 218 km², loin devant ceux de Bienne (39 km²) et de Morat (23 km²), qui sont situés à proximité. Ses rives sont en partie urbanisées, mais certaines portions sont restées naturelles, notamment dans sa partie sud. Nous vous présentons ci-dessous plusieurs bons sites pour observer les oiseaux (les numéros sont ceux reportés sur notre carte).

1- Le site de la Ramée

Le site de la Ramée comprend une roselière bordant un forêt alluviale où une station de baguage était active dans les années 1980-1990.
Accès : depuis le village de Marin, un sentier descend vers le lac et longe la roselière.
Les oiseaux : au printemps, le Gobemouche gris (Muscicapa striata) et le Loriot d’Europe (Oriolus oriolus), et le Pic cendré (Picus canus) il y a quelques années encore, nichent dans la forêt alluviale, tandis que la Râle d’eau (Rallus aquaticus), les Grèbes huppé (Podiceps cristatus) et castagneux (Tachybaptus ruficollis), la Foulque macroule, le Harle bièvre (Mergus merganser), la Nette rousse, les Rousserolles effarvatte (Acrocephalus scirpaceus) et turdoïde (A. arundinaceus) et le Bruant des roseaux (Emberiza schoeniclus) nichent dans la roselière. Aux passages, des limicoles font une halte le long des berges, et la Guifette noire (Chlidonis niger) chasse souvent au-dessus du lac. En septembre-octobre, la Rémiz penduline (Remiz pendulinus) est régulière. En hiver, de grands groupes de Grands Cormorans (Phalacrcorax carbo) de Mouettes rieuses (Chroicocephalus ridibundus), de Goélands cendrés (Larus canus) et de canards de surface et plongeurs, dont le Garrot à œil d’or (Bucephala clangula) se rassemblent. La Grande Aigrette (Ardea alba) est régulière à cette saison.

2- Les quatre ports de Neuchâtel

La ville de Neuchâtel compte quatre ports, dont le plus grand est celui du Nid-du-Crô. Ils sont particulièrement attractifs en hiver.
Accès : depuis le centre-ville de Neuchâtel, il faut rejoindre la rive du lac, et notamment le port de Nid-du-Crô.
Les oiseaux : de nombreux canards se rassemblent dans les ports de Neuchâtel en hiver, dont les Fuligules morillon et milouin, le Harle bièvre, la Nette rousse et parfois le Fuligule nyroca (Aythya nyroca). La Mouette rieuse et le Goéland leucophée (Larus michahellis) sont rejoints en hiver par le Goéland cendré et plus rarement argenté (L. argentatus) et brun (L. fuscus) et la Mouette mélanocéphale (Ichthyaetus melanocephalus). La Mouette tridactyle (Rissa tridactyla) a été notée à plusieurs reprises.

3- L’embouchure de l’Areuse et le port d’Auvernier

Nettes rousses (Netta rufina)

Nettes rousses (Netta rufina) sur le lac de Neuchâtel (Suisse) le 24 septembre 2024 (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Marc Fasol

L’Areuse est le principal cours d’eau du canton de Neuchâtel. Elle se jette dans le lac de Neuchâtel à la limite des communes de Boudry et de Cortaillod. Actuellement, son embouchure est canalisée par des enrochements, mais des travaux sont en cours afin de la renaturer (création d’une île réservée aux oiseaux et amélioration de l’habitat piscicole). Une plateforme d’observation en bois sera créée. Non loin de là, le petit port de plaisance d’Auvernier et ses deux îles boisées forment un paysage pittoresque.
Accès : depuis Neuchâtel à l’est, rejoindre Auvernier et son port. Un sentier longe ensuite le lac jusqu’à l’embouchure de l’Areuse.
Les oiseaux : au printemps, le Pic mar (Dendrocoptes medius) et le Loriot d’Europe nichent dans la zone boisée entre le port et le camping de Paradis-Plage. Des passereaux font une halte durant les migrations dans les Prés d’Areuse, situés juste avant l’embouchure. C’est surtout en hiver que ce secteur est intéressant, avec de beaux rassemblements de Grands Cormorans, de grèbes, de laridés (dont le Goéland cendré) et de canards plongeurs et de surface. Parmi les espèces communes, comme la Nette rousse et les Fuligules morillon et milouin, le Harle bièvre (Mergus merganser) et le Canard chipeau, d’autres plus rares ont déjà été notées, comme le Fuligule nyroca (Aythya nyroca), le Grèbe esclavon (Podiceps auritus), les Plongeons catmarin (Gavia stellata) et arctique (G. arctica), la Harelde boréale (Clangula hyemalis), les Macreuses noire (Melanitta nigra) et brune (M. fusca) et l’Eider à duvet (Somateria mollissima). Le Cincle plongeur (Cinclus cinclus) hiverne le long de l’Areuse.

4- Le secteur de Cortaillod 

Nettes rousses (Netta rufina) sur le lac de Neuchâtel (Suisse)

Nettes rousses (Netta rufina) sur le lac de Neuchâtel (Suisse) le 24 septembre 2024 (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Marc Fasol

Près du village de Cortaillod, à l’ouest de a l’embouchure de l’Areyse, les rives du lac de Neuchâtel sont assez peu urbanisées et sont bordées de prés, de bois et de roselières. Plus en arrière, les coteaux sont recouverts de vignes et de bois.
Accès : depuis l’embouchure de l’Areuse, on peut longer les rives du lac. Le port du Petit Cortaillod constitue notamment un bon site d’observation. Rejoindre ensuite la pointe du Grain, qui est bordée d’une grande roselière.
Les oiseaux : la Rousserolle effarvatte, le Râle d’eau et le Bruant des roseaux nichent dans les roselières. Les bois de l’arrière-pays accueillent entre autres le Pic mar, le Gobemouche noir (Ficedula hypoleuca), le Harle bièvre et le Pouillot siffleur (Phylloscopus sibilatrix). En hiver, des rassemblements de grèbes, de Grands Cormorans et de canards (dont la Nette rousse) sont visibles sur le lac. Parmi les espèces communes, le Grèbe jougris (Podiceps grisegena), les Harles piette (Mergellus albellus) et huppé (Mergus serrator), et l’Eider à duvet ont déjà été observés.

5- Autour d’Yverdon-les-Bains

Ce secteur est l’un des plus intéressants du lac de Neuchâtel, même si les remblais et les aménagements ont fait disparaître des bancs de sable et des roselières qui étaient très attractives pour les migrateurs et les nicheurs. Les embouchures de la Thielle et du Mujon sont les points d’observation les plus intéressants.
Accès : il faut rejoindre Yverdon-les-Bains, puis longer la Thielle jusqu’à son embouchure et marcher sur le remblai jusqu’à celle du Mujon. De là, on a une belle vue sur la baie du bois des Vernes, parsemée de quelques petites îles rocheuses artificielles. Dans la ville elle-même, la promenade Hainard offre de belles possibilités d’observation.
Les oiseaux : le Gobemouche noir et la Rousserolle verderolle (Acrocephalus palustris) font partie des nicheurs remarquables du bois des Vernes, à l’ouest d’Yverdon-les-Bains. Les migrateurs sont variés, en particulier à la fin de l’été et en automne : les limicoles sont alors peu nombreux mais leur diversité est remarquable et comprend des espèces peu communes en Suisse, comme le Courlis corlieu (Numenius phaeopus), la Barge rousse (Limosa lapponica) ou le Tournepierre à collier (Arenaria interpres). La Sterne caspienne (Hydroprogne caspia), le Balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus), la Grue cendrée (Grus grus) et parfois des labbes (lire Où et comment observer les labbes sur le lac Léman ?) sont possibles.
En hiver, de grandes troupes de canards de surface et plongeurs, pouvant compter des centaines d’oiseaux, sont présentes, les plus communs étant les Canards colvert, chipeau et siffleur, la Nette rousse, la Sarcelle d’hiver (Anas crecca) et le Harle bièvre. Des espèces plus rares sont à rechercher, comme les Cygnes chanteur (Cygnus cygnus) et de Bewick (Cygnus columbianus bewickii) ou le Tadorne de Belon (Tadorna tadorna). Le Plongeon arctique est presque régulier, tandis que le Plongeon camarin est plus rare. Lors des années à invasion, des troupes de Jaseurs boréaux (Bombycilla garrulus) se nourrissent des boules de gui dans le bois des Vernes.

6- La réserve naturelle de Champ-Pittet

Observatoire dans la réserve naturelle de Champ-Pittet (Suisse)

Observatoire dans la réserve naturelle de Champ-Pittet, sur la rive sud du lac de Neuchâtel (Suisse) (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie :   Gen340 / Wikimedia Commons

La Grande Cariçaie, qui s’étend sur la rive sud du lac de Neuchâtel, est le plus grand marais de Suisse. Elle abrite le quart de la flore et de la faune suisse et appartient ainsi au réseau des sites Ramsar du fait de son importance internationale. Elle est protégée par huit réserves naturelles cantonales réparties sur les Cantons de Vaud, Fribourg et Neuchâtel et couvrant près de 3 000 hectares. La réserve naturelle de Champ-Pittet, d’une superficie de 40 hectares, est composée de roselières, de prairies humides et de forêts alluviales. Depuis le château (une maison de maître de 1792), qui accueille le Centre Pro Natura de Champ-Pittet, trois sentiers didactiques (des jardins, de la forêt et des marais) mènent à des observatoires. Son entrée est de 8 francs suisse et permet d’accéder à un observatoire à code (les membres Pro-Natura peuvent y accéder gratuitement).
Accès : depuis Yverdon-les-Bains, on peut longer à pied la rive du lac jusqu’au château de Champ-Pittet. Des sentiers parcourent la réserve. 
Les oiseaux : au printemps, les marais accueillent des nicheurs remarquables, comme le Faucon hobereau (Falco subbuteo), le Blongios nain (Ixobrychus minutus), la Nette rousse, le Râle d’eau, la Rousserolle turdoïde et les Locustelles luscinioïde (Locustella luscinioides) et tachetée (L. naevia) et la Panure à moustaches (Panurus biarmicus). Les Pics cendré (devenu rare) et noir (Dryocopus martius) et le Gobemouche noir se reproduisent dans la forêt alluviale. Durant les migrations, les oiseaux visibles sont variés : Rémiz penduline, Balbuzard pêcheur, Busard des roseaux (Circus aeruginosus), Gorgebleue à miroir (Luscinia svecica), Bihoreau gris (Nycticorax nycticorax), limicoles, etc. En hiver, le Butor étoilé (Botaurus stellaris) est régulier, et des troupes de Foulques macroules et de canards à surface et plongeurs se rassemblent sur le lac. Le Plongeon arctique est régulier. 

7- La réserve naturelle de la Baie d’Yvonand 

Canards chipeaux (Mareca strepera)

Canards chipeaux (Mareca strepera) sur le lac de Neuchâtel (Suisse) le 24 septembre 2024 (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Marc Fasol

La baie d’Yvonand est peu profonde et bordée de vastes roselières et d’une forêt alluviale. Elle est délimitée à l’ouest par l’embouchure de la Menthue. Bien abritée du vent, elle accueille de nombreux canards en hiver.
Accès : depuis le centre du village d’Yvonand, il faut rejoindre l’aire de stationnement de la plage. Un sentier longe le lac et atteint l’embouchure de la Menthue. Du côté de Cheyres, plus à l’est, un autre chemin longe le lac, en partie sur un ponton.
Les oiseaux : au printemps, le Rossignol philomèle (Luscinia philomelos), la Fauvette babillarde (Curruca curruca), le Loriot d’Europe et le Pic épeichette (Dryobates minor) nichent dans la forêt alluviale (le Pic cendré semble y avoir disparu depuis quelques années), tandis que le Blongios nain, la Locustelle tachetée, le Bruant des roseaux et le Grèbe castagneux se reproduisent dans la roselière. Durant les migrations de printemps et d’automne, des limicoles sont visibles sur les petits bancs de sable qui apparaissent quand le niveau de l’eau est bas. Des guifettes et des sternes chassent au-dessus de l’eau aux passages, et on observe occasionnellement des labbes. En hiver, de grands groupes de canards, comptant parfois plusieurs milliers d’individus, se rassemblent dans la baie, les Fuligules milouin et morillon et la Nette rousse étant les plus nombreux. Le Harle huppé a été noté à plusieurs reprises, et le Plongeon arctique est relativement régulier, surtout en mars.

8- L’étang de la Grande Gouille et le secteur compris entre Estayer-le-Lac et Chevroux

L’étang de la Grande Gouille est composé de deux petits plans d’eau situés près d’un camping. Ils sont entourés de prés et de friches. Non loin de là, les deux ports (de pêcheurs et de plaisance) d’Estayer-le-Lac sont intéressants en hiver pour observer les troupes d’oiseaux aquatiques. La portion du lac comprise entre cette ville et Chevroux concentre une grande partie des canards hivernants sur le lac de Neuchâtel.
Accès : Estayer-le-Lac est facile d’accès depuis Yverdon-les-Bains. Prende ensuite la direction du port de plaisance. La Grande Gouille est située non loin du port des pêcheurs. S’y garer et suivre le sentier qui atteint un observatoire qui offre un bon point de vue sur les deux plans d’eau. Rejoindre enfin le camping pour observer sur le lac.
Les oiseaux : le Blongios nain et la Nette rousse nichent dans la roselière qui entoure les deux étangs. Le Bihoreau gris a déjà niché également. En automne, les friches accueillent des troupes de fringilles. En hiver, de grandes troupes de canards et de Foulques macroules se rassemblent sur le lac. Les trois harles ont déjà été observés, et le Plongeon arctique est parfois visible plus au large. Le Butor étoilé se tient parfois dans les roseaux bordant le canal reliant le port de pêcheurs et la Grande Gouille. Des Laridés se perchent enfin sur les pieux devant le camping.

9- La réserve naturelle du Chablais de Cudrefin

Vaste roselière dans la Grande Cariçaie, sur la rive sud du lac de Neuchâtel (Suisse)

Vaste roselière dans la Grande Cariçaie, sur la rive sud du lac de Neuchâtel (Suisse) (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : December Jewel / Wikimedia Commons

La réserve naturelle du Chablais de Coudrefin couvre 413 hectares et est composée de bancs de sable affleurants lors des basses eaux, de marais et de forêts alluviales. Elle est séparée de la réserve du Fanel par le canal de la Broye, les deux formant un complexe unique d’habitats humides et un haut-lieu de l’ornithologie en Suisse. Depuis 2001, des vaches d’Écosse ont été introduites pour limiter la fermeture du paysage.
Accès : la réserve peut être rejointe par la route reliant les villages de Cudrefin et de Champion (Gampelen). Une aire de stationnement est située juste avant le pont de la Sauge qui enjambe la Broye. Un sentier longe alors la rive gauche de la rivière et débouche sur une plateforme d’observation. Il se termine par un long môle (digue) qui offre un très bon point de vue sur les bancs de sable du lac et sur la réserve. Il est conseillé de visiter le centre-nature BirdLife de La Sauge, situé dans la partie nord de la réserve, au bord du canal de la Broye, qui propose plusieurs expositions et des informations sur la faune et la flore.
Les oiseaux : les Grèbes castagneux et huppé, le Blongios nain, le Râle d’eau, la Gallinule poule-d’eau (Gallinula chloropus), la Panure à moustaches (une petite population totalisant une vingtaine de couples est localisée le long de la rive sud du lac de Neuchâtel), la Rousserolle effarvatte, la Locustelle luscinioïde et le Bruant des roseaux nichent dans la roselière de la réserve. Le Milan noir, la Tourterelle des bois, le Coucou gris, le Pic cendré (devenu très rare), le Pouillot siffleur ou encore le Loriot d’Europe se reproduisent dans la forêt alluviale. Des colonies de Mouettes rieuses et de Sternes pierregarins (Sterna hirundo) s’installent sur les petites îles de sable qui émergent du lac, tandis que le Goéland cendré et la Mouette mélanocéphale sont des nicheurs occasionnels.
Durant les migrations de printemps et d’automne, la diversité ornithologique est très grande et comprend des limicoles en petits effectifs, mais avec une belle variété, les Guifettes noire, moustac (Chlidonias hybridus)  et parfois leucoptère (C. leucopterus), les marouettes (deux espèces), le Busard des roseaux, le Balbuzard pêcheur, la Gorgebleue à miroir, le Héron pourpré (Ardea purpurea), etc. Des raretés sont découvertes régulièrement.
En hiver, la réserve du Chablais de Cudrefin accueille de grandes troupes de Foulques macroules et de canards plongeurs et de surface, et parmi les espèces communes, des anatidés moins communs sont possibles : Fuligules nyroca et milouinan (Aythya marila), Eider à duvet, Harles piette et huppé, Macreuses brune et noire, Harelde boréale, etc. Des troupes d’oies stationnent alors sur les îles de sable, dominées par l’Oie cendrée (Anser anser). Des Cygnes chanteurs sont parfois présents. Les Grandes Aigrettes sont nombreuses, et le Butor étoilé est à chercher dans la roselière. Des dortoirs de Busards des roseaux et Saint-Martin (Circus cyaneus) et de Faucons émerillons (Falco columbarius) se forment dans les phragmitaies. Les Pipits spioncelle (Anthus spinoletta) et farlouse (A. pratensis) sont communs.

10- La réserve naturelle du Fanel

Roselière et Grands Cormorans (Phalacrocorax carbo) dans la réserve naturelle du Fanel, sur le lac de Neuchâtel (Suisse)

Roselière et Grands Cormorans (Phalacrocorax carbo) dans la réserve naturelle du Fanel, sur le lac de Neuchâtel (Suisse), le 24 septembre 2024 (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Marc Fasol

La réserve naturelle du Fanel est séparée de celle du Chablais de Cudrefin par le canal de la Broye. Elle protège une mosaïque de hauts fonds lacustres, de forêts alluviales, de prairies, d’étangs, de roselières et de cariçaies. Deux îles artificielles ont été créées pour encourager la nidification des oiseaux. Ces deux réserves forment le plus grand vestige de la vaste zone humide qui s’étendait autrefois entre les lacs de Neuchâtel, de Morat (Morten) et de Bienne (Biel).
Accès : depuis l’aire de stationnement située juste avant le pont de la Sauge qui enjambe la Broye, suivre le sentier qui longe la rive droite de la rivière et qui conduit vers plusieurs observatoires.
Les oiseaux : les réserves du Chablais de Cudrefin et du Fanel formant un ensemble écologique, les oiseaux visibles sont globalement les mêmes, même si la richesse de la seconde est supérieure du fait d’une surface plus importante et d’habitats plus variés. La Sterne caspienne est en particulier possible en août-septembre. 

11- La réserve naturelle du Creux-de-Terre (non placée sur notre carte) 

Située au sud-ouest du lac de Neuchâtel, la réserve du Creux-de-Terre est le marais le plus important dans la plaine de l’Orbe. En automne, c’est l’un des meilleurs sites d’escales pour les limicoles en Suisse (lire Les oiseaux de la réserve naturelle du Creux-de-Terre). Des informations utiles sont disponibles sur le site web creuxdeterre.ch.

Les lacs de Bienne et de Morat

Situés au sud et à l’est du lac de Neuchâtel, les lacs de Morat et de Bienne sont plus petits et moins connus, mais ils méritent également une visite durant les migrations et en hiver. Parmi les meilleurs sites d’observation, citons l’embouchure de la Broye à Salavaux et les environs de Faoug pour le lac de Morat, et les rives de la ville de Bienne (notamment le Strandboden) et le delta de l’Aar à Hagneck pour le lac de Bienne.

Une vidéo sur les rassemblements hivernaux de canards sur le lac de Neuchâtel

Vidéo sur les rassemblements de  Fuligules morillons (Aythya fuligula) et milouins (A. ferina) et de Nettes rousses (Netta rufina) devant la Grande Cariçaie, au sud du lac de Neuchâtel (Suisse).
Source  : Benoît Renevey

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