Un site ornithologique réputé

Situation de Zeebruges (Belgique)

Situation de Zeebruges (Belgique).
Carte : Ornithomedia.com

Avec ses longues digues et ses vastes zones non encore aménagées, le port de Zeebruges rappelle le Nouvel Avant Port de Dunkerque dans le nord de la France (lire Arrivées de passereaux nordiques en France et réchauffement climatique) : c’est en effet également un très bon site pour observer les oiseaux nordiques (canards marins, grèbes, plongeons, etc.) en hiver et les passereaux migrateurs, principalement entre la fin du mois d’août et le mois de novembre, dans les zones buissonneuses et arborées. Le nombre de raretés déjà notées est assez remarquable : par exemple, en dix ans, la Locustelle de Pallas (Locustella lanceolata) y a été signalée 14 fois !
Cette attractivité serait liée à la configuration du port de Zeebruges : les passereaux migrateurs égarés qui longent la côte de la mer du Nord finiraient par se « heurter » aux digues et à se réfugier 
dans les buissons du site. L’éclairage puissant et permanent des zones de chargement et de déchargement des marchandises aurait aussi un effet « d’aimant » pour ces oiseaux.

Accès

Pour atteindre Zeebruges depuis Bruges au sud, il faut prendre la N31 jusqu’à Lissewege, puis la N34 vers Knokke-Heist. Les terrains et les docks de l’avant-port, délimités par les deux longues digues, sont globalement interdits d’accès (une autorisation est nécessaire), notamment pour empêcher les vols de marchandises, les trafics et protéger les colonies de goélands et de sternes. Il l existe toutefois quelques points de vue où l’on peut installer sa longue-vue.

Voici ci-dessous quelques bons secteurs à visiter indiqués sur notre carte  (les numéros sont ceux reportés sur notre carte) :

  1. Carte de Zeebruges et bons secteurs ornithologiques

    Carte de Zeebruges (Belgique) et bons secteurs ornithologiques (cliquez sur la carte pour l’agrandir).
    Carte : Ornithomedia.com

    les haies de Driefonteintjes.

  2. Les saulaies et la plage à l’ouest de la jetée occidentale (Westdam).
  3. Les enrochements de la digue occidentale.
  4. Les arbres proches de la Visserskruis dédiée aux pêcheurs disparus en mer et le bois à l’entrée de la base navale, ainsi que les bassins visibles depuis ces deux sites.
  5. La réserve naturelle De Sashul.
  6. La plage de Heist à la base de la jetée orientale (Ooostdam).
  7. La baie de Heist.
  8. Le Willemspark.
  9. Les friches à l’ouest de la Jozef Verschaveweg.
  10. Le « Connexion dock ».
  11. Les champs et les friches autour de Dudzele et de Lissewege.
  12. Les environs de l’écluse De Pierre Vandammesluis.

La petite réserve de Ter Doest, située au sud de Lissewege, ne figure pas sur notre carte.

« Sterneneiland » et les terrains non aménagés de l’avant-port

Goéland brun (Larus fuscus graellsii/intermedius) nicheur

Goéland brun (Larus fuscus graellsii/intermedius) nicheur dans l’avant-port de Zeebruges (Belgique).
Source : Uva Bird Tracking System

L’avant-port de Zeebruges a été créé entre 1974 et 1986 en gagnant des terres sur la mer du Nord : certains secteurs ont été aménagés (quais, zones de stockage de containers et d’hydrocarbures, terminaux pour ferries), mais il reste encore de grandes zones sablonneuses où poussent quelques buissons et des graminées et qui ont été colonisés par les oiseaux marins : le Goéland argenté (Larus argentatus argenteus) y a niché pour la première fois en 1987 (deux couples), et ses effectifs ont fortement augmenté depuis, atteignant 1 409 couples en 2001 et de 1 300 à 1 400 couples en 2003. Le Goéland brun (Larus fuscus graellsii/intermedius) s’est reproduit pour la première fois en 1991 (deux couples), et il est désormais bien établi avec 2 800 couples en 2001 et 3 500 en 2003.
Depuis 1996, quelques Goélands leucophées (Larus michahellis) ont aussi colonisé ces espaces, formant dans un premier temps des couples mixtes avec les Goélands argentés et bruns. Les deux premiers couples « purs » ont été trouvés en 2002. Près de  7 000 couples de goélands nichaient au total dans l’avant-port de Zeebruges en 2010. Ces oiseaux sont étudiés et suivis par l’Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique et l’Institute of Nature Conservation

Traquet isabelle (Oenanthe isabellina)

Traquet isabelle (Oenanthe isabellina) sur le site de la colonie de goélands à Zeebruges (Belgique) le 15 octobre 2023 (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographies :  Marc Fasol

Ces espaces inexploités où poussent quelques buissons et qui s’avancent dans la mer sont très attractifs pour les oiseaux migrateurs : la Rousserolle isabelle (Acrocephalus agricola), les Pipits à dos olive (Anthus hodgsoni) et de Godlewski (Anthus godlewskii), ou encore le Traquet isabelle (Oenanthe isabellina) (un en octobre 2023)  font partie des raretés déjà notées sur ces espaces ouverts et le long du dock Albert II. Attention l’accès est interdit dans certains secteurs et l’observation doit donc se faire depuis les routes publiques. 
En 1997, pour compenser la destruction de sites favorables à la nidification des sternes et des gravelots à l’ouest de l’avant-port, une île sablonneuse artificielle appelée « Sterneneiland » et couvrant aujourd’hui 22 hectares a été créée le long de la digue est. En 2011, on y comptait 1 350 couples de Sternes pierregarins (Sterna hirundo), 74  de Sternes naines (Sternula albifrons) et 36 de Sternes caugeks (Thalasseus sandvicensis). Une Sterne de Dougall (Sterna dougallii) a déjà été vue en juin. Le Gravelot à collier interrompu (Charadrius alexandrinus), le Grand Gravelot (Charadrius hiaticula) et le Tadorne de Belon (Tadorna tadorna) se reproduisent aussi sur cet îlot. Notons que l’édification au milieu des années 2000 d’une série d’éoliennes sur la digue est ne semble pas avoir perturbé la nidification de ces oiseaux.
Les extrémités des deux longues digues sont très favorables à l’observation du passage des oiseaux marins (labbes, fous, puffins, etc.) en automne (et dans une moindre mesure au printemps), mais là aussi il n’est pas possible d’en profiter. En France, la digue du Clipon, dans l’avant-port de Dunkerque (Nord), est également un site fameux d’observation du passage des oiseaux marins, mais l’accès à la digue est interdit.
Les grands étendues marines de l’avant-port accueillent en hiver des canards marins, des grèbes, des Alcidés et des plongeons, et parfois des Phoques gris (Halichoerus grypus).

Les haies de Driefonteintjes, les saulaies et la plage à l’ouest de la jetée occidentale (Westdam)

Harfang des neiges (Bubo scandiacus)

Un Harfang des neiges (Bubo scandiacus) a stationné en décembre 2013 sur les enrochements de la digue ouest de l’avant-port de Zeebruges (Belgique).
Photographie : Marc Fasol

Les haies et les buissons (argousiers, saules) entre la plage et la N 34 (la Kustlaan) sont aussi très attractifs en automne pour les passereaux (fauvettes, rousserolles, gobemouches, rougequeues, etc.), et de nombreux migrateurs comme le Torcol fourmilier (Jynx torquilla) ou même la Bécasse des bois (Scolopax rusticola). Parmi les espèces peu communes, citons entre autres la Fauvette épervière (Sylvia nisoria), le Gobemouche nain (Ficedula parva), le Pouillot à grands sourcils (Phylloscopus inornatus) et le Pouillot véloce sibérien (Phyloscopus collybita tristis).
Un Traquet isabelle (Oenanthe isabellina) a été découvert sur la Westdam le 12 octobre 2019 (source : Observations.be). 
La vaste plage qui s’étend à la base de la jetée ouest attire les limicoles et les Laridés. C’est sur les rochers qui bordent la digue qu’a séjourné en décembre 2013 un Harfang des neiges (Bubo scandiacus). Ces enrochements sont régulièrement fréquentés en hiver par le Tournepierre à collier (Arenaria interpres). Un Accenteur alpin (Prunellus collaris) a été trouvé en mai 2012 sur la digue (voir une vidéo) ! De façon moins exceptionnelle, un groupe de Bruants des neiges (Plectrophenax nivalis) peut être découvert en automne ou en hiver sur cette dernière. 

Les arbres près de la Visserskruis et à l’entrée de la base navale

Visserskruis

La Visserskruis dans le port de Zeebruges (Belgique) : les arbres alentours attirent les passereaux migrateurs en automne.
Photographie : VWAmFot / Wikimedia Commons

Les peupliers et les autres arbres proches de la Visserskruis (une grande croix érigée à la mémoire des pêcheurs disparus), et ceux plantés à l’entrée de la base navale, accueillent des passereaux migrateurs (pouillots, fauvettes, rousserolles, gobemouches, etc.), principalement en automne (septembre-novembre). Des espèces rares ou peu communes y sont parfois trouvées, comme par exemple un Pouillot verdâtre (Phylloscopus trochiloides) en septembre 2010, un Bec-croisé bifascié (Loxia bifasciata) le 10 octobre 2013, une Pie-grièche isabelle (Lanius arenarius/isabellinus/phoenicuroides) en novembre 2013 et une possible Fauvette babillarde orientale (Sylvia curruca  blythi) le 14 octobre 2019 (lire Identifier les mystérieuses Fauvettes babillardes orientales). Le Gobemouche nain (Ficedula parva) et le Pouillot à grands sourcils sont des raretés plus classiques. Un peu à l’est de la Visserskruis, une Locustelle de Pallas (Helopsaltes certhiola) a été découverte le 12 octobre 2019 (source : Observations.be).
Les bassins voisins au nord et à l’est sont visités en automne et en hiver par des canards marins, des plongeons et des grèbes, parfois aussi par des labbes et des Mouettes pygmées (Hydrocoloeus minutus) en automne.

La réserve naturelle De Sashul

La réserve naturelle De Sashul, entre Zeebruges et Knokke-Heist, est composée de prairies basses et humides et d’un ancien terrain remblayé et réaménagé. On y trouve une flore littorale très intéressante. Les parties humides plus basses, pâturées par des poneys Shetland, et les mares creusées, sont intéressantes pour les limicoles durant les migrations. Des chemins, des sentiers balisés et une grande hutte d’observation permettent une bonne découverte de ce site. Le Vanneau huppé (Vanellus vanellus) et le Petit Gravelot (Charadrius dubius) y nichent, et le Râle d’eau (Rallus aquaticus) est régulier en hiver. 

Pie-grièche isabelle (Lanius isabellinus/phoenicuroides)

Pie-grièche isabelle (Lanius isabellinus/phoenicuroides) sur la plage de Heist près de Zeebruges (Belgique) le 13 octobre 2019.
Photographie : Christan Vandeputte

Les buissons et les prairies attirent en automne de nombreux passereaux migrateurs dont certains assez rares comme le Gobemouche nain et la Fauvette épervière. Le 1er octobre 2024, une Rousserolle des buissons (Acrocephalus dumetorum) a été découverte par Filip de Ruwe dans une zone à l’accès restreint, avant d’être retrouvée par Kenny Hessel le 2 octobre dans la haie (Heist) de Stapelterrein, située dans la réserve De Sashul, où elle était encore présente le 8 octobre au moins (lire Comment distinguer la Rousserolle des buissons des Rousserolles effarvatte et verderolle ?).  

La plage et la baie de Heist

La plage de Heist, qui s’étend à la base de la Oostdam, est accessible par le sentier (caillebotis) traversant la réserve naturelle De Sashul. Les saules à l’arrière de la plage accueillent des passereaux migrateurs divers, dont parfois des raretés en automne : une Pie-grièche isabelle (Lanius isabellinus/phoenicuroides) (lire Identification d’une probable jeune Pie-grièche isabelle en Vendée en novembre 2017) et un Viréo à œil rouge (Vireo olivaceus) y ont par exemple été découverts en octobre 2019, .
La végétation halophile basse (= schorre) est fréquentée en automne et en hiver par des pipits, des traquets et parfois des oiseaux plus nordiques comme l’Alouette haussecol (Eremophila alpestris). Des limicoles comme le Courlis cendré (Numenius arquata) y font régulièrement des haltes.
La plage est visitée par des goélands, des mouettes, des sternes et des limicoles variés (pluviers, bécasseaux, courlis, Huîtriers pie, etc.).
Des canards marins (macreuses, eiders), des Grands Cormorans (Phalacrocorax carbo), des grèbes et des plongeons stationnent dans la baie de Heist. 

Limicoles et Laridés sur la baie de Heist

Limicoles et Laridés dans la baie de Heist, à l’est de Zeebruges (Belgique) (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Marc Fasol

Huîtriers pie (Haematopus ostralegus)

Huîtriers pie (Haematopus ostralegus) sur la plage de Heist, à Zeebruges (Belgique) (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Marc Fasol

Pouillot de Schwarz (Phylloscopus schwarzi)

Pouillot de Schwarz (Phylloscopus schwarzi) sur la plage de Heist à  Zeebruges (Belgique) le 15 octobre 2023 (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Marc Fasol

Pouillot de Schwarz (Phylloscopus schwarzi)

Pouillot de Schwarz (Phylloscopus schwarzi) sur la plage de Heist à  Zeebruges (Belgique) le 15 octobre 2023 (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Marc Fasol

Le Willemspark

Ce petit espace boisé littoral entre Heist et Duinbergen est également à visiter durant les migrations pour y chercher notamment les passereaux de passage.

Les bassins et les friches de l’arrière-port

Depuis le centre-ville de Zeebruges, vous pouvez rejoindre les docks, les bassins et les friches de l’arrière-port. Marc Fasol nous conseille à partir de la Kustlaan de tourner à droite au niveau de la station-service AS 24, de passer devant le « containerpark », de prendre la route Kaaien 445-499 puis la Jozef Verschaveweg jusqu’à son extrémité. Une friche assez vaste s’étend à l’ouest de cette dernière route (voir notre carte) : le Pipit de Richard (Anthus richardi), le Phragmite aquatique (Acrocephalus paludicola) y ont déjà été vus en septembre ou en octobre.
Il est possible de garer son véhicule sur les bords du « Connexion dock » (voir notre carte) pour y observer en automne et en hiver des grèbes dont le  Grèbe esclavon (Podiceps auritus), des plongeons dont le Plongeon imbrin (Gavia immer), des canards marins dont la Macreuse brune (Melanitta fusca) et des cormorans dont parfois le Cormoran huppé (Phalacrorax aristotelis) (très rare).

Plongeon imbrin (Gavia immer)

Plongeon imbrin (Gavia immer) dans l’arrière-port de Zeebruges (Belgique).
Photographie : Marc Fasol

Grèbe esclavon (Podiceps auritus)

Grèbe esclavon (Podiceps auritus) dans l’arrière-port de Zeebruges (Belgique).
Photographie : Marc Fasol

Les prairies, les friches et les cultures entre Dudzele et Lissewege

Les prairies, friches et cultures qui s’étendent entre Dudzele et Lissewege, au sud de Zeebruges, de part et d’autres du canal Baudouin, sont intéressantes en automne et en hiver pour observer des limicoles (vanneaux, courlis), des oies dont l’Oie à bec court (Anser brachyrhynchos) (450 ont été vues le 22/11/2013 dans les champs au sud de Dudzele) et la Bernache nonnette (Branta leucopsis), le Canard siffleur (Anas penelope), le Busard des roseaux (Circus aeruginosus), le Hibou des marais (Asio flammeus), etc.

La réserve Ter Doest

La réserve Te Doest, située au sud de Dudzele et non loin de Lissewege, long du canal Baudouin, est un site de baguage régulier du Phragmite aquatique en automne.

Autres sites à visiter dans les environs de Zeebruges

La réserve naturelle du Zwin, sur la commune de Knokke-Heist, à l’est de Zeebruges est l’une des plus riches de Belgique. À l’ouest de Zeebruges, les polders d’Uitkerke attirent en hiver des oies, des limicoles et des rapaces. La Barge à queue noire (Limosa limosa) y niche au printemps (lire Les oiseaux de l’Uitkerkse Polder).

Réagir à notre article

Réagissez à cet article en publiant un commentaire