Le Pays inondé de Saeftinghe, une ancienne terre occupée par l’Homme

Situation du parc transfrontalier de Groot Saeftinghe (Pays-Bas/Belgique)

Situation du parc transfrontalier de Groot Saeftinghe (Pays-Bas/Belgique).
Carte : Ornithomedia.com

L’appellation néerlandaise de Verdronken Land van Saeftinghe, qui signifie en français le « Pays inondé de Saeftinghe », rappelle la lutte incessante et acharnée menée par les Flamands contre la mer du Nord depuis près d’une dizaine de siècles. Cette vaste (près de 3 500 hectares) étendue de prés salés (ou schorres) et de vasières parcourus par un réseau dense de chenaux soumis à la marée, située aujourd’hui dans la province néerlandaise de Zélande, était en effet autrefois habitée, les premières digues, alors rudimentaires et artisanales, destinées à assécher ces marais saumâtres pour y pratiquer l’agriculture et l’élevage remontant au XIe siècle.
Le polder de Saeftinghe a été jusqu’au XVIe siècle un polder fertile et peuplé, qui comptait quatre villages : Namen, Sint-Laureins, Casuwele et Saeftinghe. Ce dernier en particulier était un gros bourg de plusieurs centaines d’habitants, où deux églises et un imposant château-fort s’y dressaient selon certaines sources. 
Le jour de la Toussaint 1570, le polder a été presque entièrement englouti, mais le village demeura au-dessus des eaux jusqu’à 1584, quand des soldats hollandais ouvrirent des brèches dans les dernières digues encore intactes. Il ne reste aujourd’hui que quelques rares documents historiques et vestiges archéologiques de cette occupation humaine. 
De nouvelles tentatives de poldérisation de la zone située en bordure de l’Escaut furent à nouveau menées à partir du XVIIe siècle, et des polders (Hedwigepolder et Prosperpolder principalement) ont été créés au XIXe et au début du XXe siècle. Toutefois, le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale a stoppé les ambitieux plans de développement, et c’est ce sursis qui a permis de préserver les marais côtiers actuels. Sous la pression d’une opinion publique de plus en plus concernée par la conservation des espaces naturels, les projets d’endiguement ont été mis de côté et la réserve naturelle du Verdronken Land van Saeftinghe a finalement été créée.

Ouverture des digues des polders et création du parc transfrontalier de Groot Saeftinghe

Vue du Doelpolder (Belgique)

Vue du Doelpolder (Belgique), avec à l’arrière-plan les tours de refroidissement de la centrale nucléaire de Doel et les grues du port d’Anvers (Belgique) (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Bernard de Wetter

En compensation aux travaux d’agrandissement du port belge d’Anvers, en particulier à l’approfondissement du cours de l’Escaut, le plan Sigma, un programme belge de gestion des inondations et de l’écosystème, a décidé au début des années 2000 de dépoldériser les zones endiguées le long du fleuve en abaissant la hauteur des digues qui les isolaient du phénomène des marées. Après plusieurs années de négociations et de procédures, dues à de fortes résistances du côté néerlandais, les eaux de la mer du Nord ont commencé à pénétrer dans le Hedwigepolder (Pays-Bas) et le Prosperpolder (Belgique) en octobre 2022. Pour le moment, ils offrent un paysage dénudé et essentiellement composé de vasières, la formation de prés salés nécessitant au minimum une cinquantaine d’années : toutefois, ils attirent déjà les oiseaux en grand nombre à marée basse.
Cette ouverture des digues faisait suite à d’impressionnants travaux de remodelage du sol destinés à recréer d’anciens chenaux et à aménager des îlots devant accueillir à terme des colonies d’oiseaux nicheurs. 
Deux autres zones naturelles (Sieperdaschor et Doelpolder) ont également été recréées, également en compensation à l’extension du port d’Anvers sur l’autre rive de l’Escaut. Au total, ce sont ainsi près de 1 000 hectares de secteurs dépoldérisés qui ont été ajoutés aux 3 500 hectares du Verdronken Land van Saeftinghe, formant le plus vaste ensemble contigu de zones humides intertidales fluviales d’Europe occidentale. 
Par ailleurs, le polder voisin de Doel (Doelpolder), qui s’étend à l’arrière de la centrale nucléaire de Doel, est actuellement géré pour favoriser la nidification des oiseaux inféodés aux mares d’eau douce et aux prairies, des moutons maintenant un couvert herbacé bas : il est prévu à terme qu’ils soient aussi reconnectés au fleuve afin d’y restaurer le cycle des marées.

Vue aérienne de la digue bordant les prés salés de la réserve naturelle Verdronken Land van Saeftinghe (Pays-Bas)

Vue aérienne de la digue bordant les prés salés de la réserve naturelle Verdronken Land van Saeftinghe (Pays-Bas) (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Bernard de Wetter

Ces travaux, qui vont se poursuivre dans les années à venir, sont réalisés dans le cadre de l’ambitieux programme de restauration de la dynamique naturelle de l’Escaut du parc transfrontalier Groot Saeftinghe (Grenspark Groot Saeftinghe), une initiative rassemblant une quinzaine de partenaires publics et privés des deux côtés de la frontière et qui a pour but de promouvoir un développement écologique et touristique sur la rive gauche de l’Escaut.  
Avec le surplus des terres provenant du creusement de chenaux et des digues, ils ont décidé d’ériger une colline en forme de dôme aplati (le Panoramaheuvel) dans le Hedwigepolder, sur laquelle une tour monumentale d’observation et d’autres bâtiments ont été construits. 

Accès et points d’observation des oiseaux dans le parc transfrontalier Groot Saeftinghe

Les Pays-Bas pratiquent généralement une politique assez généreuse d’ouverture des espaces naturels au public, mais dans la réserve naturelle du Verdronken Land van Saeftinghe, la situation est assez particulière : en effet, l’accès aux prés salés et aux vasières est fortement limité pour des raisons de sécurité (risques d’enlisement et de noyade) et pour éviter le dérangement de la faune. La grande digue qui la borde au sud, ainsi que plusieurs observatoires, offrent malgré tout de bonnes possibilités d’observation des oiseaux. Il est également possible d’emprunter les digues pour observer les oiseaux dans le Hedwigepolder et le Prosperpolder en cours de renaturation, tandis que de petites voies pavées traversent le polder de Doel.
La réserve naturelle du Verdronken Land van Saeftinghe est située à 20 kilomètres à l’est de la ville de Terneuzen et à 25 kilomètres au nord d’Anvers. Du fait de la distance d’observation, une longue-vue est souvent nécessaire, et il est utile de se renseigner sur les horaires des marées (la marée montante est en effet le moment le plus favorable car elle rapproche les groupes de limicoles et d’anatidés). 

Voici ci-dessous quelques bons points d’observation (leurs numéros sont ceux reportés sur notre carte) :

  1. Carte du parc transfrontalier de Groot Saeftinghe (Pays-Bas/Belgique) et bons points d'observation

    Carte du parc transfrontalier de Groot Saeftinghe (Pays-Bas/Belgique) et bons points d’observation. Remarque : le point 1 a été signalé mais non positionné sur notre carte du fait de sa situation excentrée (cliquez sur la carte pour l’agrandir).
    Carte : Ornithomedia.com

    Il faut d’abord rejoindre au nord le village de Baalhoek où un observatoire a été installé (signalé mais non positionné sur notre carte), puis suivre la route (Emmaweg) qui longe la digue.

  2. Le village de Paal offre également une bonne vue sur les prés salés.
  3. Il est ensuite intéressant de visiter le centre d’information (Bezoekerscentrum) installé à Emmadorp (accès payant de 2 euros et exposition en néerlandais sur la zone naturelle), d’où partent deux sentiers de découverte, le Plankierpad (environ 1 km de long), composé de planches et de passerelles en bois permettant de parcourir les prés salés, et le Ruige Laarzenpad (environ 2,5 km de long), moins praticable par temps humide (des bottes en caoutchouc sont alors nécessaires). Ces deux itinéraires sont matérialisés par des poteaux (des panneaux « Geen toegang » signalent les endroits où il ne faut pas s’aventurer). Des excursions payantes (inscription obligatoire) sont proposées pour les groupes par des guides bénévoles de l’association Het Zeeuwse Landschap. Elles partent du centre d’information d’Emmadorp (des informations utiles sur les horaires du centre d’accueil sont disponibles sur le site web de l’association).
  4. Rejoindre le mirador d’observation (Vogelkijkhut) situé à environ 2 km à l’est du village d’Emmadorp.
  5. Il faut ensuite se garer près de l’église du village belge de Prosperpolder (voir sa localisation sur Google Maps), puis rejoindre la digue et le sentier de découverte vers la colline panoramique (Panoramaheuvel) en cours de création.
  6. Reprendre votre véhicule pour vous garer au niveau du point d’information du Zoetenberm 6a (voir sa localisation sur Google Maps), puis marcher sur la digue qui borde au sud le Prosperpolder.  
  7. Reprendre votre véhicule vers le village de Rapenburg, puis se garer sur l’aire de stationnement sur l’Oostlangeweg (voir sa localisation sur Google Maps), qui rejoint le polder de Doel. Deux observatoires ont été construits et offrent un bon point de vue sur les prairies, surtout le matin, lorsqu’on a le soleil dans le dos. Des voies pavées permettent d’effectuer une promenade circulaire d’environ 5 km de long dans le Doelpolder.

Des logements chez l’habitant sont disponibles dans les petits villages belges et néerlandais proches de la zone humide, mais leur nombre est limité. Les magasins d’alimentation sont également assez peu nombreux. Le village néerlandais de Hulst, situé au sud-ouest du nouveau parc transfrontalier, offre davantage de possibilités.

Les habitats du parc transfrontalier Groot Saeftinghe

Chenal à marée basse dans le parc transfrontalier Groot Saeftinghe (Pays-Bas/Belgique)

Chenal à marée basse dans le parc transfrontalier Groot Saeftinghe (Pays-Bas/Belgique) (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Bernard de Wetter

La réserve naturelle du Verdronken Land van Saeftinghe constitue le cœur du parc transfrontalier Groot Saeftinghe : elle protège 3 500 hectares de prés salés et de vasières parcourus par un réseau de chenaux qui se ramifient jusqu’au plus profond des terres et qui sont soumis à la marée. L’estuaire de l’Escaut affiche les plus forts indices des Pays-Bas : le niveau de l’eau y est en moyenne de 4,50 m plus élevé à marée haute qu’à marée basse, et atteint même de 4,80 à 5,20 m lors des marées de pleine lune ou sans lune, et même 7 m lors des plus grandes marées de l’année ou en cas de forte tempête. 
Le paysage y est changeant en fonction des saisons et des conditions météorologiques : des chenaux se créent ou s’obstruent, des bancs de sable se forment puis disparaissent, et les couleurs de la végétation halophile varient. Celle-ci est typique des marais salants et les espèces présentes dépendent du niveau de la salinité : à l’est et au sud, où l’influence de l’eau douce est la plus importante, les prairies et les roselières dominent, tandis que plus au nord, on trouve des plantes pionnières adaptées à l’immersion marine et aux embruns : Spartine anglaise (Spartina anglica), salicornes (Salicornia spp.), Obione faux-pourpier (Atriplex portulacoides) et Lavande de mer (Limonium vulgare). Toutefois, ces espèces spécialisées sont en déclin en raison de l’élévation générale des marais de Saeftinghe et de l’apport d’eau douce.

Des prés salés et des vasières riches en nourriture pour les oiseaux

Les prés salés et les vasières du Verdronken Land van Saeftinghe accueillent de grandes quantités de microorganismes, de mollusques, de vers et de crustacés. Les eaux riches en plancton et en algues des nombreux chenaux servent de zones de nourrissage aux poissons (alevins et adultes) pouvant s’adapter aux fortes fluctuations de salinité, comme la Plie commune (Pleuronectes platessa), le Flet commun (Platichthys flesus), le Bar commun (Dicentrarchus labrax) ou l’Anguille d’Europe (Anguilla anguilla). Du fait des modifications intervenues dans l’environnement, ou parfois à cause de la surpêche, des espèces jadis communes sont devenues moins fréquentes : c’est le cas notamment de l’Alose feinte (Alosa fallax), de l’Anchois commun (Engraulis encrasicolus), du Hareng atlantique (Clupea harengus) ou encore de l’Éperlan d’Europe (Osmerus eperlanus). En été, on peut parfois observer de spectaculaires concentrations de milliers de Mulets porcs (Chelon ramada) et de Mulets lippus (Chelon labrosus) adultes se nourrissant d’algues. Le Gobie tacheté (Pomatoschistus microps) n’est pas rare.

Des oiseaux nicheurs dans les prés salés, les roselières et les prairies  

Prés salés dans le parc transfrontalier Groot Saeftinghe (Pays-Bas/Belgique)

Prés salés dans le parc transfrontalier Groot Saeftinghe (Pays-Bas/Belgique) (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Bernard de Wetter

Les prés salés et les bancs de sable les plus proches de la côte sont régulièrement recouverts par la mer et ne sont donc pas favorables à la nidification des oiseaux, mais plus à l’arrière, ils permettent la nidification de plusieurs espèces d’oiseaux comme l’Huîtrier pie (Haematopus ostralegus), le Gravelot à collier interrompu (Anarhynchus alexandrinus), le Grand Gravelot (C. hiaticula) ou encore l’Avocette élégante (Avocetta recurvirostra), les Canards souchet (Spatula clypeata) et chipeau (Mareca strepera), le Fuligule morillon (Aythya fuligula) et la Sarcelle d’hiver (Anas crecca).
Le succès de reproduction de la Sterne pierregarin (Sterna hirundo) peut varier considérablement d’une année à l’autre, en fonction notamment de la présence d’une importante laisse de mer à proximité immédiate de leurs zones de pêche. Quand ces déchets végétaux sont moins nombreux, elles ont en effet tendance à pondre dans des endroits moins favorables. Le niveau de prédation par les corvidés et les laridés constitue aussi un facteur limitant.
Des milliers de couples de Goélands argentés (Larus argentatus) se reproduisent actuellement dans le Verdronken Land van Saeftinghe, et de petites colonies de Goélands bruns (L. fuscus) sont également installées.   
La population de Mouettes rieuses (Chroicocephalus ridibundus), qui était installée au pied d’une petite digue construite à travers les prés salés pour la pose d’une conduite de gaz souterraine (Gasdam), a été pendant de nombreuses années la plus importante des Pays-Bas, avec plus de 20 000 couples nicheurs, mais au cours des années 1980, elle s’est effondrée et ne compte plus que quelques centaines de couples. 
Les parties colonisées par le Chiendent du littoral (Elytrigia acuta) sont appréciées par le Pipit farlouse (Anthus praetensis), la Cisticole des joncs (Cisticola juncidis) et le Tadorne de Belon (Tadorna tadorna), ce dernier nichant également dans les terriers désertés par les Lapins de garenne (Oryctolagus cuniculus). Des nids de Pigeons ramiers (Columba palumbus) construits entre les pieds de chiendents ont même été trouvés !

Barge à queue noire (Limosa limosa)

La Barge à queue noire (Limosa limosa) niche dans les polders du parc transfrontalier Groot Saeftinghe (Pays-Bas/Belgique) (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie (prise dans la réserve de Blankaart) : Marc Fasol

La Gorgebleue à miroir (Luscinia svecica) se reproduit dans les secteurs des prés salés où pousse une végétation plus haute et plus dense.
Dans les polders à l’arrière des prés salés, les vastes roselières accueillent le Râle d’eau (Rallus aquaticus), la Locustelle luscinioïde (Locustella luscinioides), la Rousserolle effarvatte (Acrocephalus sciparceus), le Phragmite des joncs (A. schoenobaenus), la Cisticole des joncs, la Panure à moustaches (Panurus biarmicus), le Bruant des roseaux (Emberiza schoeniclus) et le Busard des roseaux (Circus aeruginosus). 
Les prairies pâturées permettent la nidification du Vanneau huppé (Vanellus vanellus), de la Barge à queue noire (Limosa limosa), du Chevalier gambette (Tringa totanus), de la Sarcelle d’été (Spatula querquedula), de l’Oie cendrée (Anser anser) (plusieurs centaines de couples), de l’Alouette des champs (Alauda arvensis) et de la Bergeronnette printanière (Motacilla flava).
Une aire artificielle destinée à favoriser la nidification du Pygargue à queue blanche (Haliaeetus albicilla) a été installée dans le Hedwigepolder.
En été, de nombreux anatidés (oies et canards) se rassemblent dans les prairies, sur les prés salés et sur les vasières pendant leur période de mue, durant laquelle ils sont particulièrement vulnérables, afin de profiter de la quiétude des lieux.
Précisons un fait amusant : au nord de la réserve du Verdronken Land van Saeftinghe, dans la zone protégée du Schor van Baalhoek, les prés salés sont pâturés par des Buffles domestiques (Bubalus bubalis), bien adaptés aux milieux inondés et qui contribuent à maintenir basse la couverture herbacée rase, favorisant la nidification de plusieurs espèces de limicoles.

Des milliers de limicoles et des centaines de spatules durant les migrations

Spatules blanches (Platalea leucorodia)

La Spatule blanche (Platalea leucorodia) stationne et hiverne dans les polders du parc transfrontalier Groot Saeftinghe (Pays-Bas/Belgique) (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie (prise aux Pays-Bas) : Marc Fasol

De très nombreux limicoles font halte sur les vasières du Verdronken Land van Saeftinghe durant leurs migrations d’automne et de printemps. Ils n’y restent en général pas très longtemps, mais leurs concentrations peuvent être spectaculaires (plusieurs dizaines de milliers d’individus). Quand la marée monte, ils se réfugient dans les secteurs les plus élevés (reposoirs), et ils sont alors plus facilement observables (avec une longue-vue) depuis les digues. Les espèces les plus nombreuses sont le Courlis cendré (Numenius arquata), le Pluvier argenté (Pluvialis squatarola), les Barges rousse (Limosa lapponica) et à queue noire, les Chevaliers aboyeur (Tringa nebularia), arlequin (T. erythrinus) et gambette et les Bécasseaux sanderling (Calidris alba) et variable (C. alpina).
La Spatule blanche (Platalea leucorodia) est également un migrateur emblématique : plusieurs centaines d’individus, provenant des colonies de Zélande (notamment celle du Markiezaat, près de Bergen-op-Zoom), stationnent désormais à fin de l’été et en automne dans le Hedwigepolder et le Prosperpolder.
La Grande Aigrette (Ardea alba) est désormais régulière aux passages et séjourne aussi en hiver.
D’autres oiseaux de passage plus rares sont parfois visibles, comme le Héron gardeboeufs (Bubulcus ibis), la Marouette ponctuée (Porzana porzana), la Rémiz penduline (Remiz pendulinus) ou le Phragmite aquatique (Acrocephalus paludicola).

Des milliers d’oies et de canards en hiver

Le parc transfrontalier Groot Saeftinghe est surtout réputé pour ses grands stationnements d’oies et de canards entre octobre et avril (lire Où observer les oiseaux dans la province de Zélande ?).

Bernaches nonnettes (Branta leucopsis)

Bernaches nonnettes (Branta leucopsis) dans le parc transfrontalier Groot Saeftinghe en janvier 2024 (Pays-Bas/Belgique) (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie :  Bernard de Wetter

Le Canard siffleur (Mareca penelope) est de loin l’espèce la plus nombreuse : de grandes troupes quittent la réserve du Verdronken Land van Saeftinghe en fin de journée pour aller brouter dans les pâturages et dans les champs des polders des environs. Pendant la journée, ils se reposent le long des chenaux. De nombreuses Sarcelles d’hiver se mêlent souvent à eux.
Des dizaines de milliers d’Oies cendrées et de Bernaches nonnettes (Branta leucopsis) pâturent également dans les polders, et d’autres espèces moins nombreuses sont aussi visibles : Bernache du Canada (B. canadensis) d’origine férale, Oies rieuse (Anser albifrons) (jusqu’à 18 000 comptées) et de la toundra (Anser serrirostris) (jusqu’à 5 200 comptées). Des espèces rares sont à rechercher, comme la Bernache à cou roux (Branta ruficollis) (encore deux vues en novembre 2024 dans le Doelpolder Nord) et l’Oie des neiges (Anser caerulescens).
La saison hivernale est également celle des concentrations de passereaux : des troupes de Bruants des roseaux, de Verdiers d’Europe (Chloris chloris), de Moineaux friquets (Passer montanus), de Pinsons des arbres (Fringilla fringilla), de Chardonnerets élégants (Carduelis carduelis) et de Linottes mélodieuses (Linaria cannabina) recherchent des graines dans les prés salés, auxquels se joignent parfois des Bruants ou Plectrophanes des neiges (Plectrophenax nivalis), et de grands vols d’Étourneaux sansonnets (Sturnus vulgaris) sont alors visibles.
Un peu partout le long des chenaux, des milliers de Pipits maritimes (Anthus petrosus) se nourrissent d’invertébrés, et notamment de petits escargots (Assiminea grayana).

Tadornes de Belon (Tadorna tadorna) et et Bernaches nonnettes (Branta leucopsis)

Tadornes de Belon (Tadorna tadorna) et Bernaches nonnettes (Branta leucopsis) dans le parc transfrontalier Groot Saeftinghe (Pays-Bas/Belgique) en janvier 2024 (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie :  Bernard de Wetter

Ces concentrations d’oiseaux attirent des rapaces : Busards des roseaux et Saint-Martin (Circus cyaneus) (les dortoirs de busards de Saeftinghe font partie des plus importants d’Europe), Faucons pèlerin (Falco peregrinus) et émerillon (F. columbarius), Épervier d’Europe (Accipiter nisus) et parfois le Pygargue à queue blanche (un dans le Doelpolder Noord en novembre 2024) 
La Buse variable (Buteo buteo), le Faucon crécerelle (Falco tinnunculus) et le Hibou des marais (Asio flammeus) chassent les rongeurs. La Buse pattue (Buteo lagopus) est plus rare. 

Des mammifères également

Les mammifères les plus communs sont le Campagnol terrestre (Arvicola amphibius), le Surmulot (Rattus norvegicus) et le Rat musqué (Ondatra zibethicus). Le Lapin de garenne se cantonne aux zones sablonneuses le long d’anciennes digues, comme le Gasdam ou le Zanddam. Le Lièvre d’Europe (Lepus europaeus) affectionne les prés salés pâturés.
Le Renard roux (Vulpes vulpes) chasse les rongeurs, mais aussi les Oies cendrées, dont il consomme avidement les œufs et les jeunes. La Belette d’Europe (Mustela nivalis), l’Hermine (Mustela erminea) et le Putois d’Europe (Mustela putorius) sont également présents.
Totalement absents pendant des dizaines d’années, des groupes de Phoques veaux-marins (Phoca vitulina) se rassemblent désormais sur des bancs de sable dans l’estuaire de l’Escaut. Le Phoque gris (Halichoerus grypus) ne fait par contre que des apparitions très occasionnelles.
Le Marsouin commun (Phocoena phocoena) se hasarde enfin à nouveau dans le fleuve, une conséquence heureuse du rétablissement progressif de ses populations en mer du Nord.

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