Une réserve séparée en deux parties par le canal du Rhône à Sète

Situation de la réserve naturelle régionale de Mahistre et Musette (Gard)

Situation de la réserve naturelle régionale de Mahistre et Musette (Gard).
Carte : Ornithomedia.com

Située à quelques kilomètres de la fameuse Tour Carbonnière, construite à la fin du XIIIe siècle pour protéger la ville fortifiée d’Aigues-Mortes (Gard), la réserve naturelle régionale de Mahistre et Musette, créée en 2013 et d’une superficie de 262 hectares, appartient et est gérée par le Syndicat mixte pour la protection de la Camargue gardoise. Elle est composée de deux parties séparées par le canal du Rhône à Sète et réunies par les acquisitions successives du Conseil Départemental du Gard : le domaine de Mahistre, vestige des vastes marais de la Souteyranne, asséchés dans les années 1970 pour l’agriculture, et celui de la Musette, un ancien polder.

Des travaux de restauration menés depuis 1995

Si l’exploitation du domaine de Mahistre a été peu intensive, celui de Musette a été mis en culture pour la production de céréales durant quelques années. Des travaux de restauration y ont été menés, avec comme objectif de recréer un champ d’expansion des crues du Vieux Vistre, un cours d’eau qui borde le canal du Rhône à Sète sur une partie de son cours. Les digues ont été volontairement arasées entre 1995 et 2007 à une hauteur de 40 cm afin de laisser entrer les eaux.

Crue du Vieux Vistre dans la réserve naturelle régionale de Mahistre et Musette (Gard)

Crue du Vieux Vistre dans la réserve naturelle régionale de Mahistre et Musette (Gard).
Photographie : Rémi Tiné

De son passé agricole, il ne subsiste plus que des haies rectilignes de roseaux, qui délimitent des parcelles de marais ouverts riches en herbiers aquatiques. Toutefois, les épisodes de pluies automnales étant devenus rares depuis 2015, le canal du Rhône à Sète a tendance à se saliniser, et ses apports en eau sont donc responsables d’une régression des phragmitaies, également causée par une qualité médiocre de l’eau et par l’action des ragondins. Un troupeau de près de cent brebis pâture sur les digues de mai à août, et des arrachages de Sénéçons en arbre (Baccharis halimifolia), un arbuste originaire des marais intertidaux d’Amérique du Nord, sont effectués régulièrement.
Le domaine de Mahistre sert aussi à recevoir une partie des eaux lors de crues grâce à un arasement partiel des digues (côte de 90 cm), et sa mise en eau peut également se faire grâce à des ouvertures manuelles de martelières (ouvrages qui permettent la distribution des eaux). Un pâturage extensif des pelouses et des prés salés d’avril à novembre par cinq chevaux permet d’empêcher la fermeture de ces milieux et de maintenir la richesse en espèces végétales.

Différents habitats et une réserve complémentaire de celle du Scamandre

Éloignée du littoral et des circuits touristiques, la réserve naturelle régionale de Mahistre et Musette est entourée de secteurs peu anthropisés, à l’exception de quelques mas et d’activités traditionnelles d’exploitation des marais, et elle se trouve à l’écart des principales voies de communication.

Vue aérienne de la réserve naturelle régionale de Mahistre et Musette (Gard)

Vue aérienne de la réserve naturelle régionale de Mahistre et Musette (Gard).
Photographie : Rémi Tiné

Elle protège une mosaïque de milieux représentatifs de la Camargue gardoise : roselières, jonchaies, sansouïres (vastes), étangs, prés salés, bosquets de tamaris, marais à la végétation immergée, etc. Elle est parcourue par une multitude de fossés et de roubines.
On distingue deux grands ensembles paysagers : des roselières et quelques petits plans d’eau (lagunes), au nord, et des sansouires et des prés salés au sud. Des alignements d’arbres (tamaris, peupliers, frênes, etc.) bordent le canal du Rhône à Sète et les petits canaux.
La réserve est située à 8 km de la réserve naturelle régionale du Scamandre, avec laquelle elle présente des similitudes, mais aussi des différences. Il existe en effet un gradient de salinité du nord au sud dans le delta du Rhône, et les habitats de la réserve du Scamandre, qui bénéficient de l’apport de l’eau du Petit Rhône, sont plus doux que ceux de la réserve de Mahistre et Musette, qui est dépendante du canal du Rhône à Sète, dont les eaux sont plutôt saumâtres.
Les sansouires, les lagunes et les marais ouverts, aux riches herbiers aquatiques, forment une zone d’alimentation privilégiée pour de nombreux oiseaux, notamment pour les hérons arboricoles qui nichent dans la réserve du Scamandre.

Avocette élégante (Recurvirostra avosetta)

Avocette élégante (Recurvirostra avosetta) nicheuse dans la réserve naturelle régionale de Mahistre et Musette (Gard).
Photographie : Simon Baudouin

Avec ses roselières et ses alignements d’arbres, la réserve de Mahistre et Musette constitue également une zone de nidification importante pour l’avifaune, et certaines espèces qui s’y reproduisent régulièrement, comme le Tadorne de Belon (Tadorna tadorna), la Bergeronnette printanière (Motacilla flava) ou l’Avocette élégante (Recurvirostra avosetta), sont exceptionnelles dans la réserve du Scamandre.
En août-septembre, des opérations de captures-recaptures ont montré que ses roselières étaient visitées par des passereaux paludicoles en provenance de la réserve du Scamandre, et vice-versa.

Des plantes remarquables, mais aussi des invasives

La flore de la réserve est variée, avec 241 espèces recensées en 2024. On y trouve quelques espèces remarquables ou caractéristiques, comme la Nivéole d’été (Leucojum aestivum), qui pousse sur les bords des fossés et canaux, l’Euphorbe des marais (Euphorbia palustris), l’Iris maritime (Iris spuria maritima) ou la Lavande de mer (Limonium vulgare).
On peut également souligner la présence d’espèces végétales exotiques envahissantes comme le Sénéçon en arbre, un arbuste d’origine américaine qui colonise les fourrés à tamaris.

Des insectes et des araignées rares

L'araignée Singa lucina

L’araignée Singa lucina, classée vulnérable et présente dans la réserve naturelle régionale de Mahistre et Musette (Gard).
Photographie : T. Gonier

Du fait de la diversité de ses habitats, la réserve de Mahistre et Musette accueille une entomofaune variée. Les odonates et les libellules sont particulièrement bien représentés : citons par exemple la Diane ou Thaïs (Zerynthia polyxena), qui fréquente les bordures des roselières et les zones herbacées où se développe sa plante hôte, l’Aristoloche à feuilles rondes (Aristolochia rotunda).
Des prospections d’inventaires complémentaires réalisées en 2023 ont permis de découvrir une remarquable coccinelle du genre Nephus, les hyménoptères Ronisia marocana et Gasteruption phragmiticola, un papillon de nuit peu commun, le Liparis sale (Laelia coenosa), et l’araignée Singa lucina, classée vulnérable et inscrite sur la Liste rouge française des espèces menacées.

Une importante population de Cistudes d’Europe

La réserve accueille une importante population de près d’un millier de Cistudes d’Europe (Emys orbicularis), dont plus de 800 ont été marquées depuis 2000. Il n’est pas rare d’en trouver en pleine journée sur les pistes en juin en train de chercher des sites de ponte pour leurs œufs. Le canal du Rhône à Sète constitue toutefois une barrière empêchant des échanges entre les populations des deux parties de la réserve.

Des traces de présence de la Loutre d’Europe

La présence de la Loutre d’Europe (Lutra lutra) dans la réserve a été découverte grâce à des épreintes laissées sur une buse en 2018, puis sur piège photographique au même endroit en 2019 (lire Utiliser les pièges photographiques pour étudier et observer les oiseaux). Il n’y a pas eu de nouveaux indices depuis, mais le site est grand et les mœurs de ce mammifère sont nocturnes et discrètes. Le Renard roux (Vulpes vulpes), le Blaireau européen (Meles meles), la Genette commune (Genetta genetta) et le Sanglier d’Europe (Sus scrofa) sont bien présents.
Notons que des restes de Rats des moissons (Micromys minutus) ont été trouvés dans des pelotes de rejection d’une Effraie des clochers (Tyto alba) nicheuse dans le domaine de Mahistre.

Accès et bons sites d’observation

Carte de la réserve naturelle régionale de Mahistre et Musette (Gard) et bons sites d'observation

Carte de la réserve naturelle régionale de Mahistre et Musette (Gard) et bons sites d’observation dans les environs : (1) la Tour Carbonnière, (2) l’observatoire principal de la réserve de Mahistre et Musette (accessible lors de visites guidées), (3) la réserve naturelle régionale du Scamandre (en dehors de notre carte) et (4) le pont des Tourradons.
Carte : Ornithomedia.com

La réserve naturelle régionale de Mahistre et Musette est accessible uniquement avec un guide. Il faut se rendre sur le site web du syndicat mixte de la Camargue gardoise pour connaître l’agenda des visites. Elle est équipée de sentiers et de deux observatoires, dont le principal constitue une sorte de « tour de contrôle», qui offre une vue imprenable sur le domaine de Mahistre.
Deux structures sont par ailleurs conventionnées pour organiser des sorties, la Maison du guide de Camargue et Passion nature Camargue.
Voici plusieurs bons sites d’observation dans le secteur de la réserve (les numéros sont ceux qui figurent sur notre carte) :
1) Depuis Aigues-Mortes au sud, prendre la D46 vers Saint-Laurent-d’Aigouze et faire une première halte à la Tour Carbonnière, sur laquelle une plateforme d’observation offrant une bonne vue sur les marais alentours a été installée.
2) Repartir ensuite vers le relais des Tourades, traverser le canal du Rhône à Sète, puis prendre la D58 (route des Saintes-Maries-de-la-Mer). L’observatoire principal de la réserve naturelle de Mahistre et Musette est en théorie accessible par une petite route sur la gauche après le Mas des Tilleuls rejoignant le Mas de Mahistre, mais la réserve est interdite au public et ne peut être visitée qu’avec un guide (voir plus haut).
3) Prendre ensuite la D179 entre Le Quatret et le Mas des Iscles et rejoindre ensuite le centre de découverte et la réserve naturelle régionale du Scamandre, qui est équipée d’observatoires et de plateformes.
4) Reprendre la D 779 qui passe entre les étangs de Charnier et de Scamandre, traverser le canal du Rhône à Sète pour rejoindre Gallician, prendre ensuite la petite route qui passe devant le Mas de Notaire jusqu’aux panneaux vers le pont des Tourradons (6,3 km depuis Gallician), qui offre une vue panoramique sur les roselières et les étangs environnants.  

Les oiseaux nicheurs de la réserve de Mahistre et Musette

Lusciniole à moustaches (Acrocephalus melanopogon)

La Lusciniole à moustaches (Acrocephalus melanopogon) est bien présente dans la réserve naturelle régionale de Mahistre et Musette (Gard).
Photographie : Simon Baudouin

La réserve naturelle régionale de Mahistre et Musette, qui n’est accessible que lors de visites guidées, est naturellement beaucoup moins connue que celle du Scamandre, qui peut être parcourue librement du mardi au samedi et qui a accueilli plus de 20 000 visiteurs en 2023. Elle est pourtant d’une grande richesse ornithologique avec 218 espèces d’oiseaux recensées.
Les roselières accueillent plusieurs passereaux paludicoles nicheurs typiques, dont la Lusciniole à moustaches (Acrocephalus melanopogon), qui est assez bien représentée avec de dix à vingt mâles chanteurs chaque année.
Le Blongios nain (Ixobrychus minutus) se reproduit également dans cet habitat, mais il est en déclin. Un Butor étoilé (Botaurus stellaris) a été noté en 2024, ce qui est une bonne nouvelle étant donné la régression de cette espèce en Camargue gardoise (de 7 à 11 chanteurs en 2023, contre 58 en 2012). Le Héron pourpré (Ardea purpurea) et la Grande Aigrette (Ardea alba) sont des nicheurs récents.
Environ dix couples de Talèves sultanes (Porphyrio porphyrio) fréquentent les phragmitaies, une espèce facilement observable depuis l’observatoire de Mahistre, tout comme le Busard des roseaux (Circus aeruginosus). Le Milan noir (Mivus migrans) construit son aire dans les grands arbres, et l’Effraie des clochers se reproduit dans les rares bâtiments dans les environs proches.
Quelques couples de Nettes rousses (Netta rufina), de Canards chipeaux (Mareca strepera) et de Grèbes huppés (Podiceps cristatus) se reproduisent et s’alimentent dans les jonchaies et en bordure de roselières. Le Fuligule milouin (Aythya ferina) est un nicheur occasionnel.

Talève sultane (Porphyrio porphyrio)

Talève sultane (Porphyrio porphyrio) dans la réserve naturelle régionale de Mahistre et Musette (Gard).
Photographie : Gilbert Lacassin

Une colonie mixte d’Ardéidés arboricoles est installée depuis 1997 dans un boisement dans le domaine de Musette, mais les arbres souffrent de la salinité des eaux et de l’érosion des berges, elle n’est désormais composée que de quelques dizaines de couples de Hérons cendrés (Ardea cinerea), de Bihoreaux gris (Nycticorax nycticorax), d’Aigrettes garzettes (Egretta garzetta) et de Hérons gardebœufs (Bubulcus ibis), une partie des oiseaux s’étant probablement installés dans la réserve du Scamandre ou sur les arbres du golf de La Grande Motte (Hérault).
L’Ibis falcinelle (Plegadis falcinellus), en provenance de la réserve naturelle du Scamandre, où il niche en grand nombre, est désormais visible toute l’année.
Les prés salés et les sansouires accueillent plusieurs laro-limicoles nicheurs, comme le Vanneau huppé (Vanellus vanellus), avec jusqu’à cinq couples comptés, l’Échasse blanche (Himantopus himantopus), avec des effectifs très variables (de trois à plus de 150 couples certaines années), l’Avocette élégante (Recurvirostra avosetta) (huit couples en moyenne), la Mouette rieuse (Chroicocephalus ridibundus) (dix couples en moyenne), la Sterne pierregarin (Sterna hirundo), qui est en déclin (jusqu’à huit couples) ou la Sterne naine (Sternula albifrons) (un couple occasionnel). Le Tadorne de Belon et la Bergeronnette printanière partagent le même habitat.
La Glaréole à collier (Glareola pratincola) est régulière en chasse durant la période de nidification en provenance de ses colonies gardoises et héraultaises (lire Où observer la Glaréole à collier en Camargue ?).

Glaréole à collier

Glaréole à collier (Glareola pratincola) dans la réserve naturelle régionale de Mahistre et Musette (Gard).
Photographie : Simon Baudouin

Le Flamant rose ((Phoenicopterus roseus) est visible quasiment toute l’année, avec parfois plusieurs milliers d’individus se nourrissant. Il y a eu quelques constructions de nids en 2023 et des comportements analogues en 2024, bien que le site ne semble pas répondre à leurs besoins en termes de salinité et de protection contre les prédateurs terrestres (Renard roux et Sanglier d’Europe).
Le Coucou geai (Clamator glandarius) et le Guêpier d’Europe (Merops apiaster) sont deux autres nicheurs remarquables.

Durant les migrations : limicoles et passereaux paludicoles

Au printemps et à la fin de l’été, quand le niveau de l’eau baisse, les vasières accueillent des centaines de limicoles, dont les Chevaliers sylvain (Tringa glareola), aboyeur (T. nebularia), stagnatile (T. stagnatilis) (un bon site pour cette espèce) et arlequin (T. erythrinus) et les Bécasseaux minute (Calidris minuta) et de Temminck (C. temminckii).
En août et en septembre, les roselières accueillent de nombreux passereaux : Hirondelles rustique (Hirundo rustica) et de rivage (Riparia riparia), Rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaceus), Lusciniole à moustaches, Bruant des roseaux (Emberiza schoeniclus), dont peut-être des individus de la sous-espèce whiterbyi à gros bec (lire Les mystérieux Bruants des roseaux “à gros bec” de l’ouest de la Méditerranée), Rémiz penduline (Remiz pendulinus), Panures à moustaches (Panurus biarmicus), etc.
Le Faucon d’Éléonore (Falco eleonorae) est relativement régulier à la fin l’été, chassant au-dessus des marais.
Des raretés ont déjà été notées durant les migrations, comme le Goéland d’Audouin (Ichthyaetus audouinii) et le Pipit à gorge rousse (Anthus cervinus) en avril-mai, le Bécasseau rousset (Calidris subruficollis) en août-septembre ou le Pouillot à grand sourcils (Phylloscopus inornatus) en octobre-novembre, etc.

En hiver : des centaines de canards

Ibis falcinelle (Plegadis falcinellus)

L’Ibis falcinelle (Plegadis falcinellus) est visible toute l’année dans la réserve naturelle régionale de Mahistre et Musette (Gard), en provenance de la colonie du Scamandre.
Photographie : Simon Baudouin

En hiver, la réserve accueille des centaines de canards, qui s’y reposent (remises) et s’y nourrissent, dont le plus abondant est la Sarcelle d’hiver (Anas crecca) (700 individus comptés au maximum en 2023). Le Canard colvert (A. platyrhynchos) est aussi bien présent (287 individus en 2023), ainsi que la Nette rousse (40 individus en 2023). Les Canards souchet (Spatula clypeata) et chipeau, le Fuligule milouin et le Tadorne de Belon sont réguliers. Des troupes de Foulques macroules (Fulica atra) s’y nourrissent également (245 en 2023).
La Bécassine des marais, le Vanneau huppé et le Chevalier culblanc (Tringa ochropus) font partie des limicoles notés chaque hiver.
Le Râle d’eau (Rallus aquaticus) et la Talève sultane sont communs dans les roselières, le Talève sultane ainsi que les Grèbes castagneux (Tachybaptus ruficollis) et huppé.
Les Grands Cormorans (Phalacocorax carbo) sont bien visibles, parmi lesquels il faut désormais chercher le Cormoran pygmée (Microcarbo pygmaeus) (un oiseau a déjà hiverné sur le site), qui fréquente de plus en plus la grande colonie mixte d’Ardéidés et d’Ibis falcinelles de la réserve du Scamandre depuis quelques années (lire Le Cormoran pygmée en France : vers une installation future ?).
Des dizaines de Grandes Aigrettes, d’Aigrettes garzettes et de Hérons cendrés se nourrissent dans la réserve. Les Busards Saint-Martin (Circus cyaneus) et des roseaux sont des hivernants réguliers, et des troupes de Grues cendrées survolent désormais fréquemment les lieux.
Les Pipits spioncelles (Anthus spinoletta) font alors entendre leurs cris dans les prés salés.

D’autres bons sites d’observation dans les environs  

Colonie mixte dans la réserve naturelle régional du Scamandre

Colonie mixte d’Ardéidés et d’Ibis falcinelles dans la réserve naturelle régionale du Scamandre (Gard).
Photographie : Simon Baudouin

La réserve naturelle de Mahistre et Musette ne peut être découverte que lors de visites guidées, mais d’autres très bons sites d’observation sont plus faciles d’accès :

  • la réserve naturelle régionale du Scamandre est bien sûr incontournable, notamment pour sa grande colonie mixte d’Ardéidés et d’Ibis falcinelles (lire L’impressionnante progression de l’Ibis falcinelle en Camargue gardoise depuis 2006). En 2023, elle a été rejointe par 54 couples de Hérons pourprés (Ardea purpurea), et 25 couples de Grandes Aigrettes ont été comptés cette même année, soit le second meilleur chiffre depuis son installation en 2004. Le Cormoran pygmée y est vu de plus en plus souvent. La Talève sultane est abondante : on estime qu’il y aurait entre 80 et 100 couples rien que dans la roselière du Bouvaù ! Les grandes phragmitaies accueillent un riche cortège d’espèces paludicoles nicheuses, dont le Butor étoilé, le Blongios nain, la Lusciniole à moustaches, la Bouscarle de Cetti (Cettia cetti), la Rousserolle turdoïde (Acrocephalus arundinaceus) et la Panure à moustaches. La liste des nicheurs de la réserve est longue et inclut également la Nette rousse et l’Échasse blanche. De nombreux limicoles sont de passage durant les migrations, dont des dizaines de Chevaliers stagnatiles. En avril-mai, des guifettes sont de passage, dont parfois la Guifette leucoptère (Chlidonias leucopterus). Des marouettes sont aussi possibles, en mars-avril surtout. En hiver, des rapaces visitent la réserve et les environs, comme le milan royal (Milvus milvus), l’Aigle botté (Aquila pennata) et parfois l’Aigle criard (Clanga clanga), pur ou hybride (lire Identification en photos des Aigles criard et pomarin).
  • Le Pont des Tourradons, qui traverse le canal de Rhône à Sète, est également un site d’observation reconnu et qui est accessible même en dehors des heures d’ouverture de la réserve du Scamandre. C’est un très bon site d’observation de la Talève sultane, des Ardéidés, de l’Ibis falcinelle, des passereaux paludicoles, des guifettes et de la Glaréole à collier au printemps, mais aussi des grands rapaces en hiver, dont l’Aigle criard.
  • La Tour Carbonnière enfin est conseillée pour observer les limicoles durant les migrations, et notamment au printemps. A cette période, il faut chercher également la Guifette leucoptère, la Sterne caspienne (Hydroprogne caspia), cette dernière étant aussi visible en août-septembre (lire Observer la Sterne caspienne en Camargue).

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