Le Monte Renoso est un « concentré » de la montagne corse

Situation du Monte Renoso (Haute-Corse/Corse-du-Sud)

Situation du Monte Renoso (Haute-Corse/Corse-du-Sud).
Carte : Ornithomedia.com

Situé à cheval sur les départements de Haute-Corse et de la Corse-du-Sud, au centre-sud de l’île, le massif du Monte Renoso atteint une altitude de 2 352 mètres et compte plusieurs sommets d’au moins 2000 mètres. C’est un « concentré » de la montagne corse sur une surface relativement modeste. Son accès est en outre relativement aisé : depuis la station de ski de Capannelle-Ghisoni, il ne faut en effet que 4 h 30 pour atteindre le sommet et revenir, même s’il ne faut pas sous-estimer cette randonnée qui doit être entreprise uniquement dans de bonnes conditions météorologiques et avec l’équipement approprié.
Grâce à son important gradient altitudinal (entre 700 et 2 352 mètres d’altitude) et  à ses différentes expositions (versants à l’ombre ou exposés), on y trouve plusieurs biotopes. 
Sur le versant nord (ubac), les habitats se succèdent ainsi :

  • forêts  de Pins maritimes (Pinus pinaster) jusqu’à 900 mètres.
  • Hêtraie avec quelques Chênes verts (Quercus ilex) et pubescents (Q. pubescens) avec un sous-bois composé d’Alisiers blancs (Sorbus aria), de Houx commun (Ilex aquifolium) et de Sorbiers des oiseleurs (Sorbus aucuparia) jusqu’à 1 700 mètres.
  • Peuplements dispersés de Pins laricios de Corse (Pinus nigra corsicana), surtout entre 1 100 et 1 300 mètres.
  • Fourrés d’Aulnes odorants (Aulnus alnobetula suaveolens) et de Genévriers communs (Juniperus communis) et prairies alpines et subalpines entre 1 700 et 2 000 mètres.
  • Escarpements et éboulis rocheux au-delà de 2 000 mètres.

Sur le versant sud (adret), la succession est la suivante : 

Lac de Vitalaca

Le petit lac alpin de Vitalaca, sur le versant sud du Monte Renoso,  est bordé de pozzines et de fourrés d’Aulnes odorants (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Jacques Artieda

  • Forêt de Chênes verts jusqu’à 1 000 mètres.
  • Forêt dense de Pins laricios de Corse, galeries d’Aulnes odorants dans les parties humides et maquis bas et dense à Éricacées avec quelques bosquets de pins ou de chênes entre 1 000 et 1 500 mètres.
  • Landes à Genêt de Lobel (Genista lobelii), pozzines (pelouses rases spongieuses parsemées de trous d’eau formées par le comblement d’anciens lacs glaciaires) dans les parties planes et humides et peuplements de Rues de Corse (Ruta corsica), un arbrisseau endémique, aux abords des torrents entre 1 500 et 1 800 mètres.
  • Fourrés d’Aulnes odorants et de Genévriers communs et prairies alpines et subalpines au-delà de 1 800 mètres.

On y trouve aussi des lacs alpins naturels, dont le plus haut est situé à 2 000 mètres d’altitude, et de nombreux torrents alimentés par une pluviométrie et un enneigement généreux.
L’été, les prairies sont pâturées (transhumance), ce qui attire les grands rapaces.
L’ensemble du massif du Monte Renoso fait partie du réseau européen Natura 2000 et du parc naturel régional de Corse.

Des fleurs, des reptiles et des poissons endémiques

La flore du massif du Monte Renoso est d’un grand intérêt : en été, plusieurs plantes endémiques y fleurissent, dont le rare Myosotis de Corse (Myosotis corsicana) qui pousse sur les crêtes les plus hautes, l’Adénostyle de Briquet (Adenostyles alpina briquetii), la Marguerite tomenteuse (Leucanthemopsis alpina tomentosa) en bordure des ruisseaux et des suintements (étages subalpin et alpin), la Grassette de Corse (Pinguicula corsica), le Narthèce de Reverchon (Narthecium reverchonii) et la Doronic de Corse (Doronicum corsicum) au bord des torrents.

Porte-Queue de Corse (Papilio hospiton)

Porte-queue de Corse (Papilio hospiton) dans son habitat (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Tom Nygaard Kristensen / Wikimedia Commons

L’entomofaune est également remarquable : les vieilles hêtraies proches de la station de ski du Val d’Ese accueillent notamment la belle Rosalie des Alpes (Rosalia alpina), même si elle est très difficile à trouver. Parmi les papillons présents, citons le Nacré tyrrhénien (Fabriciana elisa), endémique de Corse et de Sardaigne et qui vit dans les landes sèches parsemées de buissons, et le Porte-queue de Corse (Papilio hospiton), présent notamment dans le maquis de la haute-vallée du Prunelli (au-delà de 1 400 mètres d’altitude), au sud du Monte Renoso. 
La rivière d’Ese, qui traverse la station de ski du Val d’Ese, ainsi que les pozzines du Monte Renoso, accueillent la sous-espèce endémique macrostigma de la Truite commune (Salmo trutta), qui fait l’objet de mesures spéciales de protection dans le cadre de la Directive européenne Habitats : ces deux sites sont d’ailleurs classés en réserves de pêche. Dans les lacs d’altitude de Bastani et de Nielluccio, notons la présence de l’Omble de fontaine (Salvelinus fontinalis), une espèce nord-américaine introduite dans les années 1970 et qui a perturbé l’écosystème de ces petits plans d’eau qui étaient autrefois uniquement peuplés d’invertébrés endémiques. 
On rencontre l’Euprocte de Corse (Euproctus montanus), un amphibien endémique, dans les torrents dépourvus de poissons et dans les petits lacs de Rina, tandis que la Salamandre de Corse (Salamandra corsica) fréquente les hêtraies et les aulnaies odorantes et peut être vue pendant ou juste après les pluies. 
Le Lézard tyrrhénien (Podarcis tiliguerta tiliguerta), endémique de Corse et de la Sardaigne, est visible dans différents habitats jusqu’à 2 000 mètres d’altitude. Le Lézard de Bedriaga (Archaeolacerta bedriagae), que l’on ne trouve que sur l’île, est assez facile à voir dans les zones rocheuses. La Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus) est à rechercher entre 1 300 et 1 700 mètres d’altitude.
Coté mammifères, le Sanglier d’Europe (Sus scrofa) est commun dans les zones boisées et le maquis. 

Accès et bons secteurs d’observation 

Carte du Monte Renoso (Haute-Corse/Corse-du-Sud)

Carte du Monte Renoso (Haute-Corse/Corse-du-Sud) et bons secteurs d’observation : les numéros correspondent à ceux du texte ci-contre (cliquez sur la carte pour l’agrandir).
Carte : Ornithomedia.com d’après Bernard Recorbet

Le massif du Monte Renoso est facile d’accès du printemps à l’automne. On peut le rejoindre au nord-est depuis la station de ski de Ghisoni-Capanelle (ou Capanella) (1 600 mètres d’altitude), qui peut être atteinte en voiture par la D69 puis par la D169 depuis le village de Ghisoni. L’accès peut aussi se faire depuis le sud (versant ajaccien) à partir de la station de ski du Val d’Ese (1 630 mètres d’altitude), qui est reliée à Bastelica par la D27A. Ce dernier village est facilement accessible depuis Ajaccio par la D27 (lire Où observer les oiseaux près d’Ajaccio ?).
L’itinéraire proposé ci-dessous peut être effectué en deux jours (en partant de la station de ski de  Ghisoni-Capanelle puis de celle du Val d’Ese, ou vice-versa) si l’on veut prendre son temps. Il est conseillé d’effectuer cette randonnée de la mi-juin (parfois au début du mois si l’enneigement est faible) à la mi-octobre. Il faut être bien équipé (bonnes chaussures, bâtons de randonnée conseillés, vêtements chauds et de pluie, gourde et chapeau). Les sentiers partant de la station Ghisoni-Capanelle sont plus difficiles que ceux partant de la station du Val d’Ese. 
Renseignez-vous avant sur les conditions météorologiques (sur Meteoblue.com ou Meteociel.fr par exemple), les orages étant notamment fréquents en été.  
Entre les stations de ski de Ghisoni-Capanelle et du Val d’Ese, plusieurs bons sites d’observation permettent de découvrir l’avifaune nicheuse et de passage (les numéros ci-dessous sont les mêmes que ceux placés sur la carte ci-contre) :
1- les anciens peuplements de Pins laricios de Corse entre la station de ski de Ghisoni-Capanelle et le col de Verde sont le domaine de la Sittelle corse (Sitta whiteheadi) et de plusieurs sous-espèces endémiques cyno-sardes d’oiseaux forestiers.
2- Le lac de Bastani (2 090 mètres d’altitude) est accessible en 1 heure 15 environ depuis la station de ski de Ghisoni-Capanelle. Il est situé dans un très beau cirque glaciaire, où des névés subsistent parfois jusqu’à la fin du mois d’août. C’est un secteur idéal pour observer les passereaux montagnards, l’Aigle royal (Aquila chrysaetos), le Gypaète barbu (Gypaetus barbatus) et le Faucon pèlerin (Falco peregrinus). C’est également un bon site pour observer la migration des rapaces à la fin de l’été. 

Lac de Bastani

Le secteur du lac de Bastani, sur les hauteurs du Monte Renoso,  est favorable à l’observation de l’Aigle royal (Aquila chrysaetos), du Gypaète barbu (Gypaetus barbatus) et de plusieurs passereaux montagnards (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Jacques Artieda

3- Le plateau et les crêtes sommitales à l’est du Monte Renoso, entre 2 250 et 2 350 mètres d’altitude, sont favorables aux passereaux montagnards et aux rapaces. Le Pluvier (ou Gravelot) guignard (Eudromias morinellus) y est régulier entre la mi-août et le début du mois d’octobre.
4- La Punta de Villa Longa est également un site de halte régulier du Pluvier guignard lors du passage postnuptial.
5- Le col de Pruno (1972 mètres) est intéressant pour l’observation des passereaux montagnards et surtout de l’Aigle royal et du Gypaète barbu. La vue sur les petits lacs de Rina est très belle. 
6- Les pozzines du Monte Renoso (1 750 mètres d’altitude) constituent un habitat fragile, original et unique, à découvrir tout en le respectant. Le Pipit spioncelle (Anthus spinoletta) et l’Alouette des champs (Alauda arvensis) y sont des nicheurs typiques. Passez ensuite devant les bergeries. Il faut compter moins de 1 h 30 pour rejoindre la station de ski du Val d’Ese en passant par une ligne de crête à 1 900 mètres d’altitude.  
7- La vieille hêtraie du versant sud accueille le Gobemouche méditerranéen (Muscicapa tyrrhenica) et d’autres sous-espèces endémiques cyno-sardes forestières, dont la sous-espèce arrigonii de l’Autour des palombes (Astur gentilis).
8- Le col de Scaldasole (1 936 mètres) est un bon site pour guetter le passage de l’Aigle royal. 
9- Les pozzines et les landes du versant sud, que l’on traverse en se dirigeant vers la station du Val d’Ese, sont notamment le domaine du Pipit rousseline (Anthus campestris) (peu commun) et du Venturon corse (Carduelis corsicana). Le Milan royal (Milvus milvus) est facile à voir dans ce secteur. 
10- Dans la station de ski du Val d’Ese, l’Hirondelle de rochers (Ptyonoprogne rupestris) niche sur plusieurs bâtiments. En aval, la rivière d’Eze accueille le Cincle plongeur (Cinclus cinclus).

Vue du lac de Bastani, sur les hauteurs du Monte Renoso (Haute-Corse/Corse-du-Sud)

Vue du lac de Bastani, sur les hauteurs du Monte Renoso (Haute-Corse/Corse-du-Sud) (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Jacques Artieda

Si vous en avez la possibilité ou assez de temps, la Punta dell’ Oriente, qui est accessible à pied depuis le col de Vizzavona ou même depuis notre l’itinéraire (voir notre carte), est également intéressante pour observer les oiseaux montagnards. La Niverolle alpine (Montifringilla nivalis) y a déjà niché à plusieurs reprises jusqu’en 2018 au moins. 

Conseils de restauration et d’hébergement

Il y a plusieurs restaurants à Ghisoni et à Bastelica (notamment le café-restaurant Chez Paul), mais pensez durant votre randonnée à faire une halte dans la bergerie des Pozzi tenue par Jean-François Battistelli, qui possède un troupeau d’environ 130 brebis de race corse : l’accueil est chaleureux et le fromage est excellent.
La camping sauvage est mal vu en Corse : Bernard Recorbet conseille en été le camping Minocchi situé à 4 km du village de Bastelica et à 30 minutes (15 km) de la station du Val d’Ese. Il y a aussi de très bons hôtels dans le village de Bastelica.
Près de la station de ski de Ghisoni-Capanelle, le camping U Valdu est situé à 22 km du départ des randonnées vers le lac de Bastani et le Monte Renoso. On peut dormir au refuge d’E Capanelle U Fugone, mais il est recommandé de réserver (possibilité aussi de planter sa tente).  Il y a aussi deux hôtels dans cette station.  
Au niveau du col de Vizzavona, on peut dormir dans l’hôtel Monte d’Oro, dans un décor très sympathique et chaleureux. 

Une avifaune montagnarde corse complète

Sittelle corse

La Sittelle corse (Sitta whiteheadi) est nicheuse dans les vieilles pinèdes et hêtraies sur les pentes du Monte Renoso (Haute-Corse/Corse-du-Sud) (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie (prise le 26 juin 2019 sur le col de Bavella) : Laurent Rouschmeyer / Sa galerie Flickr

Le massif de Monte Renoso est intéressant car il permet d’observer la plupart des espèces d’oiseaux montagnardes nicheuses de Corse dans un espace réduit et lors d’une randonnée d’une journée à la fin du printemps ou au début de l’été. En effet, traverse alors une grande variété d’habitats, des forêts de Pins maritimes et laricios de Corse et de Hêtres communs aux éboulis rocheux et lacs glaciaires en passant par les landes d’altitude et les pozzines.
Les vieux peuplements de Pins laricios sont le domaine d’un cortège intéressant de sous-espèces endémiques de Corse et/ou de Sardaigne (dont certaines ne sont pas reconnues par tous les auteurs) : le Grimpereau des bois (Certhia familiaris corsa), qui est assez commun, l’Épervier d’Europe (Accipiter nisus wolterstorffi), l’Autour des palombes (Accipiter gentilis arrigonii), le Pic épeiche (Dendrocopos major parroti), le Bec-croisé des sapins (Loxia curvirostra corsicana), assez commun mais dont l’abondance varie d’une année à l’autre suivant la fructification des résineux, la Mésange noire (Periparus ater sardus) (commune) et le Gobemouche méditerranéen (Muscicapa tyrrhenica) (lire Identifier le Gobemouche méditerranéen). Ce dernier niche également dans les pylônes et certains bâtiments des stations de ski de Val d’Ese et de Ghisoni-Capanelle. 
La vedette des pinèdes de Corse est la Sittelle corse, qu’il faut rechercher au sud de la station de Ghisoni-Capanelle ou près du col de Verde, qui constitue un site classique pour cette espèce (lire Où chercher la Sittelle corse ?).  
Les belles hêtraies accueillent également la plupart de ces espèces, y compris la Sittelle corse, par exemple près des stations de Val d’Ese et de Ghisoni-Capanelle.  
Les pozzines, ces formations végétales hygrophiles particulières localisées dans les dépressions et qui sont alimentées soit par les ruisseaux et les eaux de ruissellement, permettent la nidification de quelques passereaux, en particulier de l’Alouette des champs (qui ne niche que dans cet habitat), des Pipits spioncelle et rousseline (Anthus campestris) (rare) et du Traquet motteux. La Linotte mélodieuse (Linaria cannabina) et le Venturon corse les visitent aussi : on peut d’ailleurs observer ce passereau, qui assez commun sur le Monte Renoso, dans la plupart des milieux ouverts. Le Milan royal est fréquemment observé au-dessus des prairies et des estives du plateau d’Ese, où le Pipit rousseline est également présent mais peu commun.
La Fauvette sarde (Curruca sarda) est rare mais elle est à rechercher dans les formations buissonneuses de genêts et de genévriers entre 1 300 et 1 500 mètres d’altitude, près de la station de Val d’Ese par exemple. 
Le Cincle plongeur (Cinclus cinclus) et la Bergeronnette des ruisseaux (Motacilla cinerea) sont à rechercher le long de certains torrents en aval des stations de Val d’Ese et de Ghisoni-Capanelle, mais il faut s’armer de patience et observer depuis les ponts.

Accenteur alpin (Prunella collaris)

Accenteur alpin (Prunella collaris) sur les hauteur du Monte Renoso (Haute-Corse/Corse-du-Sud) (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Jacques Artieda

Les formations rocheuses (éboulis et pierriers) proches des sommets (au-delà de  2 200 mètres d’altitude), parsemées de quelques petits lacs d’altitude et parfois de névés, accueillent plusieurs passereaux nicheurs typiques, comme l’Accenteur alpin (assez commun, par exemple près du lac de Bastani), le Traquet motteux, le Rougequeue noir (Phoenicurus ochruros), le Chocard à bec jaune et l’Hirondelle de rochers. Le Grand Corbeau (Corvus corax) est omniprésent sur les hauteurs, mais il niche plus bas. La Faucon pèlerin peut être vu en vol.
Le Monticole de roche (Monticola saxatilis) est présent certaines années dans les formations rocheuses d’altitude : il a par exemple déjà été observé près du lac de Bracca (voir notre carte plus haut). La Niverolle alpine a niché à plusieurs reprises sur la Punta dell’ Oriente (voir notre carte plus haut), mais elle n’a pas été signalée dans le massif du Monte Renoso depuis 2018. 

L’Aigle royal et le Gypaète barbu, deux grands rapaces à rechercher

L’Aigle royal (Aquila chrysaetos) est bien visible près du Monte Renoso en été : de un à deux couples y sont sédentaires, auxquels il faut ajouter des immatures. Ils sont toutefois très mobiles et il faut un peu de patience pour les observer longeant les crêtes ou planant au-dessus des ravins. Un conseil : si vous marchez avec des bâtons de randonnée, ils vous assureront des points d’appui supplémentaires qui vous permettront de marcher en regardant plus souvent vers le ciel, ce qui augmentera vos chances de repérer un aigle.
Les cols du Pruno et de Scaldasole (voir notre carte) ou les crêtes du Monte Renoso, comme la Punta Bacinello qui domine le lac de Bastani, constituent de bons points d’observation.  
Le Gypaète barbu (Gypaetus barbatus) est désormais un rapace très rare en Corse, avec seulement trois couples et deux adultes territoriaux solitaires. Il ne niche pas sur le massif du Monte Renoso car la géomorphologie des falaises ne lui convient pas, mais ses vastes landes et pelouses d’altitude lui sont très favorables dès lors que les troupeaux de brebis et chèvres arrivent en estive à partir de la fin juin. Les vaches, pourtant assez nombreuses, ne constituent pas des ressources alimentaires très utiles car leurs ossements sont trop gros, à part ceux des veaux. Durant l’été 2022, de trois à cinq Gypaètes barbus différents, dont quatre immatures, ont fréquenté le massif. Ils sont issus du programme de renforcement de la population corse initié en 2016 par lâchers de juvéniles élevés en captivité (programme européen LIFE GYPERESCUE).
La présence de ce rapace dépend donc de l’activité pastorale et de la mortalité des troupeaux. Comme l’Aigle royal, il est assez facile à voir, et tout rassemblement de Grands Corbeaux doit attirer votre attention. Vous pouvez communiquer vos photos au parc naturel régional de corse pour le suivi de la population restante mais évitez tout dérangement.

Gypaète barbu (Gypaetus barbatus) juvénile

Gypaète barbu (Gypaetus barbatus) juvénile sur le Monte Renoso le 6 septembre 2024 issu du programme renforcement de la population corse (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Jacques Artieda

Pastoralisme

Le maintien du pastoralisme sur le Monte Renoso est favorable à la présence du Gypaète barbu (Gypaetus barbatus) (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Jacques Artieda

Un site de halte régulier du Pluvier guignard et des passages de rapaces migrateurs

Pluviers guignards (Eudromias morinellus) de première année

Pluviers guignards (Eudromias morinellus) de première année en halte migratoire sur les hauteurs du Monte Renoso (Haute-Corse/Corse-du-Sud) en septembre 2022 (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Jacques Artieda

Le Monte Renoso est également intéressant en dehors de la période de nidification : en effet, il constitue un site de halte régulier pour le Pluvier guignard (Eudromias morinellus) entre le 15 août et le début du mois d’octobre, début septembre étant le meilleur moment : parmi les observations récentes remarquables, citons 21 oiseaux le 3 septembre 2020 (J.-F. Seguin), 6 le 14 septembre 2022 et au moins 26 le 6 septembre 2024, dont un groupe de sept attaqué par un Faucon d’Éléonore (Falco eleonorae) (lire L’étang del Sale, l’un des meilleurs sites pour voir le Faucon d’Eléonore en France).
Le plateau sommital, situé juste avant le sommet du Monte Renoso, et que l’on traverse en venant du lac de Bastani, est très favorable (lire Quelques conseils pour rechercher le Pluvier guignard en migration), ainsi que la Punta di Valle Longa (voir notre carte plus haut) et celle voisine d’Orlandino. Il peut également être chercher sur le petit plateau qui domine la station de Val d’Ese, que l’on traverse pour aller au pozzines ((lire Quelques conseils pour rechercher le Pluvier guignard en migration).
Si au printemps, le littoral est plus attractif pour l’observation du passage des rapaces (lire Les dunes de Prunete, un remarquable site de suivi de la migration prénuptiale), les hauteurs du Monte Renoso semblent intéressantes à la fin de l’été et en automne, même si ce passage a encore été peu étudié : dans son ouvrage « Connaître les oiseaux de Corse », Jean-Claude Thibault l’évoquait en tout cas.
Bernard Recorbet nous précise que le 14 septembre 2022, il avait compté 77 Busards des roseaux (Circus aeruginosus), au moins un Busard cendré (C. pygargus) et 19 Bondrées apivores (Pernis apivorus) en une heure, ce qui confirme l’existence d’un réel passage automnal. Le sentier qui passe près du lac de Bastani, juste en dessous du sommet du Monte Renoso, constitue un bon site d’observation : des surprises sont certainement possibles !

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