La plus vaste étendue continue de prés salés du bassin d’Arcachon et même d’Aquitaine

Situation de la réserve naturelle des prés salés d'Arès et de Lège Cap-Ferret (Gironde)

Situation de la réserve naturelle des prés salés d’Arès et de Lège Cap-Ferret (Gironde).
Carte : Ornithomedia.com

Située à cheval sur les communes de Lège-Cap Ferret et d’Arès (Gironde), la réserve naturelle des prés salés a été créée le 7 septembre 1983. Elle occupe une surface de 496 hectares, dont 350 sur le Domaine Public Maritime. Elle protège la plus grande étendue continue de prés salés (ou schorres) du bassin d’Arcachon et même d’Aquitaine, un habitat naturel dont la surface a été fortement réduite au cours du XXe siècle suite aux travaux d’endiguement. L’île aux Oiseaux constitue l’autre principale étendue de prés salés naturels du bassin d’Arcachon, mais on retrouve également des étendues plus réduites dans le domaine de Certes et Graveyron, (lire Observer les oiseaux dans le domaine de Certes), dans la réserve ornithologique du Teich (lire Observer les oiseaux dans la réserve ornithologique du Teich) ou le long du littoral de Gujan-Mestras. 
La réserve est également remarquable par la continuité et la variété de ses milieux naturels qui se succèdent de l’océan Atlantique à la pinède mixte : vasières (totalisant près de 20 hectares à marée basse), prés salés, ourlet dunaire, dune boisée, anciens réservoirs à poissons, prairies, roselières et ripisylve de long du canal des Étangs, qui relie le bassin d’Arcachon au lac d’Hourtin et de Carcans, qui apporte de l’eau douce et qui permet la présence remarquable de petites roselières dans les prés salés, une mosaïque qui rappelle les paysages du bassin d’Arcachon au XIXe et au début du XXe siècle, avant les grands travaux d’endiguement. 

Pinède et prés salés

Pinède et prés salé sur les dunes de Jane de Boy, au sud de la réserve naturelle des prés salés d’Arès et de Lège-Cap Ferret (Gironde) (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Alexandre Bert

Le Conservatoire du Littoral est propriétaire de 85 % de la superficie de la réserve, le reste appartenant à la commune de Lège-Cap-Ferret. Elle est incluse dans les Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF) des Prés salés et réservoirs à poissons d’Arès, du Bassin d’Arcachon et des Marais et étangs d’arrière dune du littoral Girondin, et une partie est comprise dans le périmètre du Parc naturel marin du Bassin d’Arcachon créé en 2014.
La réserve fait l’objet d’une cogestion entre l’Office Français de la Biodiversité et l’association ARPEGE, qui contribuent à l’élaboration et la mise en œuvre du plan de gestion, à la réalisation de programmes de recherche (suivi de la fonction de nourricerie des prés salés, suivi des limicoles côtiers, etc.) et, de manière plus ou moins autonome, à des missions d’accueil du public et de police de l’environnement.
La chasse est autorisée (présence de 27 tonnes qui existaient déjà lors de la création de la réserve), mais les co-gestionnaires tentent (de manière contractuelle.) de rendre cette activité  la moins impactante possible, notamment sur le fonctionnement des prés salés. 

Accès et points d’observation

Depuis Bordeaux à l’est ou Arcachon au sud, rejoindre Arès ou Lège Cap-Ferret.

Carte de la réserve naturelle des prés salés d'Arès et de Lège Cap-Ferret (Gironde)

Carte de la réserve naturelle des prés salés d’Arès et de Lège Cap-Ferret (Gironde), points d’accès et d’observation (points rouges) : les numéros sont ceux repris dans notre texte ci-contre. 
Carte : Ornithomedia.com

On peut accéder à la réserve naturelle des prés salés d’Arès et de Lège Cap-Ferret depuis l’aire de stationnement au niveau du premier rond-point sur la D106 au sud de Lège Cap-Ferret (point 1 sur notre carte), depuis la cabane du Résinier, également le long de la D106 (point 2 sur notre carte) ou depuis l’aire de stationnement à la sortie nord du port ostréicole d’Arès (point 3 sur notre carte).
Il n’y a pas d’observatoires dans la réserve, mais des sentiers balisés, formant un circuit d’environ 9 km, la parcourent. Pour éviter les dérangements, des règles strictes s’appliquent, incluant l’interdiction de la repasse (lire La repasse et les oiseaux : utilisation, avantages, risques et conseils), des chiens, même tenus en laisse, et de la cueillette. De nombreuses visites guidées sont organisées toute l’année par l’office de tourisme d’Arès (téléphone : 05 56 60 18 07) et l’association Cap Termer (téléphone : 06 28 41 03 98).
Pour avoir un bon point de vue sur les oiseaux se nourrissant sur les vasières de la réserve sans risquer de les perturber, on peut continuer le long de la D106 vers le hameau de Jane de Boy et rejoindre la plage des Pastourelles (point4 sur notre carte). La cabane du Bout, au sud du port ostréicole d’Arès, constitue également un excellent point d’observation. Dans les deux cas, l’usage d’une longue-vue est très fortement conseillé.

La seule station connue du Troscart de Barrelier sur le littoral atlantique français

La protection d’une flore remarquable était l’un des principaux objectifs de la création de la réserve en 1983. On y trouve de nombreuses espèces rares, protégées et ou patrimoniales. Elle constitue ainsi 
la seule station connue du Troscart de Barrelier (Triglochin barrelieri) sur le littoral atlantique français. D’autres espèces très intéressantes ont été recensées, comme la Romulée de Provence (Romulea bulbocodium), la Statice à feuille de Lychnis (Limonium auriculiursifolium) et la Silène des ports (Silene portensis). Des plantes typiques des prés salés déchlorurées sont par ailleurs présentes, comme le Jonc de Gérard (Juncus gerardi), l’Oenanthe de Lachenal (Oenanthe lachenalii), le Glaux maritime (Lysimachia maritima) ou le Petit héléocharis (Eleocharis parvula).

Des papillons et des odonates remarquables

Fadet des laîches (Coenonympha oedippus)

Fadet des laîches (Coenonympha oedippus) mâle (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Alpsdake / Wikimedia Commons

Aucune espèce rare de poisson n’est présente dans la réserve, mais elle joue un rôle écologique essentiel pour la reproduction et l’alimentation de l’ichtyofaune : en effet, les prés salés constituent une importante  zone de production de nourriture, permettant par exemple la croissance des jeunes Bars communs (Dicentrarchus labrax) et Mulets lippus (Chelon labrosus).
La réserve est traversée par le canal d’eau douce des Étangs, qui relie les lacs médocains et le bassin d’Arcachon, et qui permet la migration de l’Anguille d’Europe (Anguilla anguilla) : les civelles (jeunes individus) sont en effet nombreuses à l’emprunter car il constitue le seul axe pour rejoindre leurs zones de croissance en amont : elles sont alors pêchées sur leur parcours. 

Un rôle essentiel pour les poissons du bassin d’Arcachon

Aucune espèce rare de poisson n’est présente dans la réserve, mais elle joue un rôle écologique essentiel pour la reproduction et l’alimentation de l’ichtyofaune : en effet, les prés salés constituent une importante  zone de production de nourriture, permettant par exemple la croissance des jeunes Bars communs (Dicentrarchus labrax) et Mulets lippus (Chelon labrosus).
La réserve est traversée par le canal d’eau douce des Étangs, qui relie les lacs médocains et le bassin d’Arcachon, et qui permet la migration de l’Anguille d’Europe (Anguilla anguilla) : les civelles (jeunes individus) sont en effet nombreuses à l’emprunter car il constitue le seul axe pour rejoindre leurs zones de croissance en amont : elles sont alors pêchées sur leur parcours. 

Cistude d’Europe et Loutre d’Europe

Cistude d’Europe (Emys orbicularis)

Cistude d’Europe (Emys orbicularis) (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Jac. Janssen / Wikimedia Commons

La réserve accueille le Crapaud épineux (Bufo spinosus), la Rainette méridionale (Hyla meridonalis), la Grenouille agile (Rana dalmatina) et les Tritons palmé (Lissotriton helveticus) et marbré (Triturus marmoratus). 
Parmi les reptiles, la Cistude d’Europe (Emys orbicularis) est bien présente, avec plus de 250 individus adultes recensés. On trouve également une très forte densité de Lézards à deux raies (Lacerta bilineata), qui affectionnent la zone de transition entre les prés salés et le haut de plage. Les Couleuvres verte et jaune (Hierophis viridiflavus) et helvétique (Natrix helvetica) et la Vipère aspic (Vipera aspis) sont les principales espèces de serpents recensées.
La reproduction ponctuelle de la Loutre d’Europe (Lutra lutra) a été avérée par les suivis réalisés. La réserve accueille les espèces classiques de mammifères d’Europe, en dehors du Cerf élaphe (Cervus elaphus) : on note en particulier la présence discrète mais avérée de la Belette d’Europe (Mustela nivalis).

Les oiseaux nicheurs, de l’Engoulevent d’Europe à la Gorgebleue à miroir de Nantes

Près de 170 espèces d’oiseaux ont déjà été recensées dans la réserve naturelle des prés salés d’Arès et de Lège Cap-Ferret. Les zones boisées ou arbustives accueillent la nidification de l’Engoulevent d’Europe (Caprimulgus europaeus) (petites clairières), du Milan noir (Milvus migrans) (commun), de l’Épervier d’Europe (Accipiter nisus) et probablement du Faucon hobereau (Falco subbuteo). Le Faucon crécerelle (F. tinnunculus) se reproduit sur certains bâtiments du secteur.
La forêt dunaire et arrière-littoral est aussi le domaine de la Huppe fasciée (Upupa epops), du Loriot d’Europe (Oriolus oriolus) et des Pics épeiche (Dendrocopos major), épeichette (Dryobates minor), vert (Picus viridis) et noir (Dryocopus major).

Gorgebleue à miroir de Nantes (Luscinia svecica namnetum)

Gorgebleue à miroir de Nantes (Luscinia svecica namnetum) réserve naturelle des prés salés d’Arès et de Lège-Cap Ferret (Gironde) (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Alexandre Bert

Le cortège typique des passereaux nicheurs des prés salés comprend la Cisticole des joncs (Cisticola juncidis), la Bergeronnette printanière (Motacilla flava), le Tarier pâtre (Saxicola rubicola), la Rousserolle effarvatte (Acrocephalus sciparceus), ainsi que quelques couples de Gorgebleues à miroir de Nantes (Luscinia svecica namnetum). La population de cette dernière espèce, localisée dans le haut schorre, est stable voire en légère baisse selon les points d’écoute réalisés sur la réserve depuis 2007. Une activité de baguage est organisée sur le haut schorre sablonneux pour mieux connaître le cortège des passereaux nicheurs. 
Aucun limicole ou laridé ne se reproduit dans la réserve, peut être à cause d’un manque de quiétude ou de zones favorables suffisamment vastes.

Des oiseaux variés durant les migrations

La réserve naturelle accueille des espèces variées durant les migrations de printemps et d’automne. De très nombreux passereaux (pouillots, rousserolles, phragmites, tariers, gobemouches, etc.) font ainsi une halte dans les buissons et les haies de tamaris : même si très peu d’espèces rares  ont déjà été observées, le Pouillot de Sibérie (Phylloscopus collybita tristis) semble toutefois être régulier. Notons également les passages réguliers du Bec-croisé des sapins (Loxia curvirostra) et du Merle à plastron (Turdus torquatus) au printemps et en automne.  
Les trois espèces de guifettes (Chlidonias sp.) ont été observées. La Spatule blanche (Platalea leucorodia) est régulière en petit nombre : des petits groupes sont vus avec des limicoles sur des reposoirs à marée haute, avec les limicoles, mais elle ne se nourrit pas dans la réserve. Le Héron pourpré (Ardea purpurea), les Cigognes blanche (Ciconia ciconia) et noire (C. nigra) et la Sterne caspienne (Hydroprogne caspia) ont déjà été vus à plusieurs reprises.  

De nombreux limicoles durant les passages

Courlis corlieux (Numenius phaeopus)

Courlis corlieux (Numenius phaeopus) (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Marc Le Moal

La réserve naturelle des prés salés d’Arès et de Lège Cap-Ferret constitue l’un des sites majeurs du bassin d’Arcachon pour l’accueil des limicoles durant les migrations et en hiver, malgré la pratique de la chasse. La fin de la marée montante (pour des coefficients faible à moyen) est le meilleur moment pour les observer en vol ou posés sur leurs reposoirs, depuis par exemple la plage des Pastourelles et la cabane du Bout, au sud du port ostréicole d’Arès (voir notre carte plus haut). En particulier, les rassemblements de Courlis cendré (Numenius arquata) et corlieu (N. phaeopus) sont remarquables : au mois de mars, jusqu’à 45 % des effectifs du second dans le bassin peuvent être comptés. 
De beaux effectifs de Bécasseaux variables (Calidris alpina) sont également à noter, ainsi que des groupes de Chevaliers aboyeurs (Tringa nebularia), une espèce plutôt peu fréquente localement. La réserve présente également une belle activité lors de la remontée prénuptiale des Chevaliers gambettes (Tringa totanus) et des Grands Gravelots (Charadrius hiaticula).

Bernaches cravants et Canards siffleurs en hiver

Bernaches cravants (Branta bernicla)

Bernaches cravants (Branta bernicla) dans le bassin d’Arcachon (Gironde) le 29 décembre 2014 (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Nathalie Santa Maria

Les limicoles sont également nombreux en hiver, mais l’espèce la plus visible est alors la Bernache cravant (Branta bernicla), avec quelques centaines d’individus recensés en moyenne, fréquemment accompagnés par des Canards siffleurs (Mareca penelope) : ces oiseaux se  nourrissent alors dans les prés salés et sur les vasières (peuplements de zostères). Comme pour l’ensemble du bassin d’Arcachon, le pic des effectifs est généralement atteint au cours du mois de décembre. Les groupes familiaux semblent être fidèles à des secteurs donnés. 
Le Butor étoilé (Botaurus stellaris) a déjà été observé mais il n’est pas régulier a priori. Des dortoirs d’Ardéidés, composés d’Aigrettes garzettes (Egretta garzetta), de Hérons cendrés (Ardea cinerea), de Grandes Aigrettes (Ardea alba) et du plus discret le Bihoreau gris (Nycticorax nycticorax) se forment alors parfois du côté du port ostréicole d’Arès.
De gros dortoirs de Laridés se forment sur l’eau ou dans les prés salés, surtout lors des coups de vents sur l’océan, la configuration abritée du site en faisant une zone de repli assez intéressante : le Goéland à bec cerclé (Larus delawarensis) n’a été observé qu’une seule fois (lire Comment identifier et où chercher le Goéland à bec cerclé en France ?), mais des effectifs parfois importants de Goélands cendrés (L. canus) peuvent se réunir principalement du côté du port d’Arès.

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