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Les lacs de l’Ove blanc (Drôme), une halte hivernale régulière pour le Fuligule nyroca
Introduction
Le Rhône longe entièrement le département de la Drôme, de Saint-Rambert-d’Albon à Pierrelate. Il est dominé à l’ouest par les contreforts du Massif Central, tandis qu’à l’est, plusieurs villes moyennes ou petites se succèdent et sont traversées par d’importantes voies de communication routières, autoroutières et ferroviaires. Le fleuve a été aménagé pour la navigation et la production hydroélectrique, avec une succession de barrages et la création de canaux de dérivation, tandis que l’extraction de sédiments (sable et graviers) a entraîné la création de plusieurs plans d’eau. C’est le cas dans la commune d’Étoile-sur-Rhône, où deux lacs accolés sont situés au niveau du lieu-dit de L’Ove blanc. Il s’agit d’anciennes gravières exploitées par la compagnie CEMEX Granulats Rhône Méditerranée jusque dans les années 2010 et qui font désormais partie d’une base de loisirs appelée Étoile Park 26 active entre mai et septembre. Du fait de leur position le long d’une importante voie de migration et de leur proximité avec le Rhône, ces plans d’eau, dont un seul est entièrement accessible au public, sont intéressants pour l’observation des oiseaux : 139 espèces y ont été recensées, dont 22 sont des nicheuses probables ou certaines. Le Fuligule nyroca y est notamment régulier en petit nombre chaque hiver, et la présence en janvier 2025 d’un Cormoran pygmée contribue à créer une atmosphère « orientale » à cette zone humide rhodanienne.
Nous vous proposons de découvrir l’intérêt ornithologique de ce site grâce à Adrien Charbonneau, qui le visite régulièrement. Nous remercions aussi Jean-Pierre Cassenx et Marius Louvet pour avoir contribué à l’illustration de cet article.
Abstract
The Rhône River runs along the entire length of the Drôme department, from Saint-Rambert-d’Albon to Pierrelate. The river is dominated to the west by the foothills of the Massif Central, while to the east, several medium-sized or small towns follow one another and are crossed by major road, motorway and railway communication routes. It has been developed for navigation and hydroelectric production, with a succession of dams and the creation of a diversion canal, while the extraction of sediments (sand and gravel) has led to the creation of several bodies of water. This is the case in the commune of Étoile-sur-Rhône, where two adjoining lakes are located at the place called L’Ove blanc. These are former gravel pits operated by the company CEMEX Granulats Rhône Méditerranée until the 2010s and which are now part of a leisure base called Étoile Park 26 active between May and September. Due to their position along a major migration route and their proximity to the Rhône, these lakes, only one of which is entirely accessible to the public, are interesting for birdwatching: 139 species have been recorded there, of which 22 are probable or certain breeding species. The Ferruginous Duck is particularly regular there in small numbers each winter, and the presence in January 2025 of a Pygmy Cormorant contributes to creating an « oriental » atmosphere.
We invite you to discover the ornithological interest of this site thanks to Adrien Charbonneau, who visits it regularly. We also thank Jean-Pierre Cassenx and Marius Louvet for helping to illustrate this article.
Deux plans d’eau issus de l’extraction de granulats
Situation des lacs de l’Ove blanc (Drôme). |
Les deux lacs de l’Ove blanc, situés le long du Rhône, à l’ouest du village d’Étoile-sur-Rhône (Drôme), ont été créés suite à l’activité d’extraction de granulats par la compagnie CEMEX Granulats Rhône Méditerranée, qui possède toujours une unité de production au nord du site, approximativement entre les années 1980 et 2010. Le lac nord couvre 6,1 hectares, tandis que le lac sud est plus grand (9,5 hectares).
Le premier, qui appartient toujours au cimentier, est clôturé et est strictement interdit d’accès, tandis que le second est la propriété de la commune d’Étoile-sur-Rhône. Ils font partie d’une base de loisirs appelée Étoile Park 26, active entre mai et septembre, dans laquelle des activités nautiques (téléski, aquapark, paddle et pédalo), de pêche et de restauration (guinguette) sont proposées.
Ces deux lacs ne bénéficient d’aucune protection réglementaire, mais ils sont inclus dans la Zone Naturelle d’Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF) de type II (= qui intègre des ensembles naturels fonctionnels et paysagers, possédant une cohésion élevée et plus riches que les milieux alentours) intitulée « Ensemble fonctionnel forme par le Moyen-Rhône et ses annexes fluviales » , tandis que la moitié du lac sud est située dans l’emprise de la ZNIEFF de type I (= espace homogène écologiquement) appelée « Île du Chiez, gravière de la ferme d’Ambrosse ».
Aucune action de renaturation n’a a priori été réalisée depuis la fin de l’extraction des granulats, mais les deux lacs, et notamment le plus méridional, sont bordés de saules et de petites roselières discontinues et peu denses.
Accès et points d’observation
Carte des deux lacs de l’Ove blanc (Drôme) et circuit et bons points d’observation (en rouge) : (1) remblai entre les deux lacs et (2) bras mort à l’ouest des lacs. La pointe du barrage de Charmes-sur-Rhône (point 3 sur notre carte) est également intéressante durant les migrations. |
Depuis Valence au nord, prendre la N7 en direction de Charmes-Sur-Rhône jusqu’à Étoile-sur-Rhône, puis suivre la direction de la base de loisirs Étoile Park 26 en prenant la D111A. Se garer ensuite dans l’aire de stationnement située à l’entrée du lac sud (voir sa localisation sur Google Maps). Il n’y a aucun observatoire, mais un sentier, qui fait le tour du lac sud, est accessible au public tout au long de l’année.
Le bras mort du Rhône (lône) à l’ouest des lacs mérite aussi un coup d’œil (point 2 sur notre carte ci-contre).
Le lac nord est complètement clôturé et est interdit d’accès, sauf pour les personnes autorisées à participer aux activités nautiques estivales organisées par l’exploitant de la base de loisirs. Le point d’observation le plus pertinent est situé sur le remblai le séparant de l’autre plan d’eau (point 1 sur notre carte et voir sa localisation sur Google Maps).
Non loin des deux lacs de l’Ove blanc, le barrage de Charmes-sur-Rhône est également intéressant pour l’observation des oiseaux durant les migrations : la Ligue pour la Protection des Oiseaux y organise d’ailleurs des sorties au printemps et en automne, le lieu de rendez-vous étant généralement fixé sur la pointe située entre le Rhône et le canal d’amenée, où il est possible de stationner (point 3 sur notre carte).
Il est enfin également conseillé de longer le Rhône au sud du barrage.
Des odonates et le Castor d’Europe
Les berges des plans d’eau de l’Ove blanc, du Rhône et surtout du contre-canal (fossé) qui borde le fleuve sur sa rive occidentale (commune de Charmes-sur-Rhône) sont très intéressantes pour l’observation des odonates, avec la présence d’espèces remarquables, dont l’Agrion de Mercure (Coenagrion mercurial), l’Oxycordulie à corps fin (Oxygastra curtisii) et le Trithémis pourpré (Trithemis annulata).
La diversité en papillons est aussi à signaler et comprend notamment le très beau Procris de l’oseille (Adscita statices).
Côté mammifères, le Castor d’Europe (Castor fiber) est bien présent dans le secteur, et il existe des mentions irrégulières de la Loutre d’Europe (Lutra lutra).
Les oiseaux nicheurs
Grèbes huppés (Podiceps cristatus) paradant sur les lacs de l’Ove blanc (Drôme) (cliquez sur la photo pour l’agrandir). |
139 espèces d’oiseaux ont été recensées sur les lacs de l’Ove blanc et à proximité immédiate, dont 22 sont des nicheuses probables ou certaines. Les boisements qui bordent le Rhône accueillent le Milan noir (Milvus migrans) et le Pic épeichette (Dryobates minor), et le Loriot d’Europe (Oriolus oriolus) et le Faucon hobereau (Falco subbuteo) s’y reproduisent aussi probablement. Aucune héronnière n’y est par contre installée. La Bouscarle de Cetti (Cettia cetti) est bien présente.
Les roselières sont petites et discontinues et sont donc pauvres en passereaux paludicoles nicheurs : seules deux observations de Rousserolles turdoïdes (Acrocephalus arundinaceus) en période de reproduction ont été recensées, et quelques indices de nidification de la Rousserolle effarvatte (A. scirpaceus) sont connus. Le Grèbe huppé (Podiceps cristatus) construit également son nid dans les roseaux.
La Sterne pierregarin (Sterna hirundo), l’Hirondelle de rivage (Riparia riparia) et le Guêpier d’Europe (Merops apiaster) nichent dans la partie de la gravière encore en activité, au nord des deux lacs.
Durant les passages, les migrateurs préfèrent le Rhône
Les berges des lacs de l’Ove blanc étant souvent abruptes, très peu de limicoles font une halte durant les migrations. Le Chevalier guignette (Actitis hypoleucos) peut toutefois être observé toute l’année, et le Chevalier culblanc (Tringa ochruros) est régulier en halte migratoire. Leurs rives sont également peu favorables au stationnement des marouettes.
Les guifettes, la Sterne caspienne (Hydroprogne caspia) et le Balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus) stationnent plutôt sur le Rhône, dont les rives accueillent la quasi-totalité des passereaux de passage.
Un site particulièrement intéressant en hiver
Fuligules nyrocas (Aythya nyroca) et milouins (A. ferina) sur le lac nord de l’Ove blanc (Drôme) en janvier 2025 (cliquez sur la photo pour l’agrandir). |
Les lacs de l’Ove blanc sont particulièrement intéressants à la fin de l’automne et en hiver. Des troupes de canards plongeurs sont alors visibles, l’espèce la plus nombreuse étant le Fuligule milouin (Aythya ferina), dont l’effectif peut atteindre une centaine d’individus. Le Fuligule morillon (Aythya fuligula) et la Nette rousse (Netta rufina) sont aussi réguliers en plus petit nombre, tout comme le Fuligule nyroca (Aythya nyroca), avec de trois à cinq oiseaux comptés chaque hiver (trois sur le lac nord en janvier 2025).
Un Fuligule milouinan (Aythya marila) du type femelle a été noté pour la première fois en 2024 (encore présent en janvier 2025) et un mâle hybride Fuligule milouin x nyroca est visible en janvier 2025. Précisons également qu’un Harle huppé (Mergus serrator) a été vu en 2021 et un Grèbe jougris (Podiceps grisegena) en 2017.
Les canards de surface sont moins nombreux, mais les Canards colvert (Anas platyrhynchos) et chipeau (Mareca strepera) sont observés chaque année, tandis que les Canards pilet (Anas acuta), siffleur (Mareca penelope) et souchet (Spatula clypeata) et la Sarcelle d’hiver (Anas acuta) sont vus occasionnellement.
Des petits groupes de Grands Cormorans (Phalacrocorax carbo) se rassemblent sur les lacs, et en janvier 2025, un Cormoran pygmée (Microcarbo pygmaeus) a été noté parmi eux, donnant, avec les Fuligules nyrocas, un petit air « oriental » au site (lire Le Cormoran pygmée en France : vers une installation future ?). Il se pose souvent sur les structures blanches qui flottent au milieu du lac nord et qui sont visibles depuis le remblai (point 1 sur notre carte).
Pour observer les canards et autres oiseaux aquatiques, il est également conseillé d’inspecter le bras mort (lône) situé au sud des lacs d’Ove Blanc (voir le point 2 sur notre carte).
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D’autres bons sites pour observer les oiseaux dans les environs
Ruines sur la montagne de Crussol (Drôme) : ce massif calcaire accueille une flore et une faune riches (cliquez sur la photo pour l’agrandir). |
Non loin des lacs de l’Ove blanc, d’autres sites sont intéressants pour l’observation des oiseaux :
- le barrage de Charmes-sur-Rhône est très attractif durant les migrations au printemps et en automne.
- Plus au sud, les plans d’eau, les forêts alluviales et les roselières du site naturel de Printegarde (Drôme-Ardèche) forment un ensemble d’un grand intérêt pour les oiseaux, mais aussi pour le Castor d’Europe (lire Le site naturel de Printegarde : des oiseaux et des castors).
- Les massifs calcaires de Châteaubourg, de Crussol et de Soyons, situés à l’ouest de Valence, de l’autre côté du Rhône, sont d’une grande richesse botanique. En particulier, les pelouses sèches constituent un habitat idéal pour plus de quarante espèces d’orchidées, dont certaines sont protégées, comme l’Ophrys de la Drôme (Ophrys drumana) et les Orchis à odeur de vanille (Anacamptis fragrans) et à trois dents (Neotinea tridentata). Les zones rocheuses accueillent notamment le Lézard ocellé (Timon lepidus) et plusieurs oiseaux nicheurs rupestres comme le Grand-duc d’Europe (Bubo bubo) et le Monticole bleu (Monticola solitarius). La diversité en chiroptères est enfin remarquable et comprend le Molosse de Cestoni (Tadarida teniotis).
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Compléments
Ouvrages recommandés
- Le guide Ornitho de L. Svensson et al
- Balades nature en Drôme-Ardèche de Guide Dakota
Sites web utiles
Le site web de la LPO Auvergne Rhône-Alpes : auvergne-rhone-alpes.lpo.fr
Source
Rhône Crussel Tourisme. Massifs naturels. www.rhone-crussol-tourisme.com
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