Deux plans d’eau issus de l’extraction de granulats

Situation des lacs de l'Ove Blanc (Drôme)

Situation des lacs de l’Ove blanc (Drôme).
Carte : Ornithomedia.com

Les deux lacs de l’Ove blanc, situés le long du Rhône, à l’ouest du village d’Étoile-sur-Rhône (Drôme), ont été créés suite à l’activité d’extraction de granulats par la compagnie CEMEX Granulats Rhône Méditerranée, qui possède toujours une unité de production au nord du site, approximativement entre les années 1980 et 2010. Le lac nord couvre 6,1 hectares, tandis que le lac sud est plus grand (9,5 hectares).
Le premier, qui appartient toujours au cimentier, est clôturé et est strictement interdit d’accès, tandis que le second est la propriété de la commune d’Étoile-sur-Rhône. Ils font partie d’une base de loisirs appelée Étoile Park 26, active entre mai et septembre, dans laquelle des activités nautiques (téléski, aquapark, paddle et pédalo), de pêche et de restauration (guinguette) sont proposées.
Ces deux lacs ne bénéficient d’aucune protection réglementaire, mais ils sont inclus dans la Zone Naturelle d’Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF) de type II (= qui intègre des ensembles naturels fonctionnels et paysagers, possédant une cohésion élevée et plus riches que les milieux alentours) intitulée « Ensemble fonctionnel forme par le Moyen-Rhône et ses annexes fluviales » , tandis que la moitié du lac sud est située dans l’emprise de la ZNIEFF de type I (= espace homogène écologiquement) appelée « Île du Chiez, gravière de la ferme d’Ambrosse ».
Aucune action de renaturation n’a a priori été réalisée depuis la fin de l’extraction des granulats, mais les deux lacs, et notamment le plus méridional, sont bordés de saules et de petites roselières discontinues et peu denses. 

Vue

Vue du lac nord de l’Ove blanc (Drôme) (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Adrien Charbonneau

Vue d'un des deux lacs (le lac sud) de l'Ove blanc (Drôme)

Vue du lac sud de l’Ove blanc (Drôme) (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Adrien Charbonneau

   

Accès et points d’observation

Carte des lacs de l'Ove blanc (Drôme)

Carte des deux lacs de l’Ove blanc (Drôme) et circuit et bons points d’observation (en rouge) : (1) remblai entre les deux lacs et (2) bras mort à l’ouest des lacs. La pointe du barrage de Charmes-sur-Rhône (point 3 sur notre carte) est également intéressante durant les migrations.
Carte : Ornithomedia.com

Depuis Valence au nord, prendre la N7 en direction de Charmes-Sur-Rhône jusqu’à Étoile-sur-Rhône, puis suivre la direction de la base de loisirs Étoile Park 26 en prenant la D111A. Se garer ensuite dans l’aire de stationnement située à l’entrée du lac sud (voir sa localisation sur Google Maps). Il n’y a aucun observatoire, mais un sentier, qui fait le tour du lac sud, est accessible au public tout au long de l’année.
Le bras mort du Rhône (lône) à l’ouest des lacs mérite aussi un coup d’œil (point 2 sur notre carte ci-contre).
Le lac nord est complètement clôturé et est interdit d’accès, sauf pour les personnes autorisées à participer aux activités nautiques estivales organisées par l’exploitant de la base de loisirs. Le point d’observation le plus pertinent est situé sur le remblai le séparant de l’autre plan d’eau (point 1 sur notre carte et voir sa localisation sur Google Maps). 
Non loin des deux lacs de l’Ove blanc, le barrage de Charmes-sur-Rhône est également intéressant pour l’observation des oiseaux durant les migrations : la Ligue pour la Protection des Oiseaux y organise d’ailleurs des sorties au printemps et en automne, le lieu de rendez-vous étant généralement fixé sur la pointe située entre le Rhône et le canal d’amenée, où il est possible de stationner (point 3 sur notre carte). 
Il est enfin également conseillé de longer le Rhône au sud du barrage.

Des odonates et le Castor d’Europe

Les berges des plans d’eau de l’Ove blanc, du Rhône et surtout du contre-canal (fossé) qui borde le fleuve sur sa rive occidentale (commune de Charmes-sur-Rhône) sont très intéressantes pour l’observation des odonates, avec la présence d’espèces remarquables, dont l’Agrion de Mercure (Coenagrion mercurial), l’Oxycordulie à corps fin (Oxygastra curtisii) et le Trithémis pourpré (Trithemis annulata).  
La diversité en papillons est aussi à signaler et comprend notamment le très beau Procris de l’oseille (Adscita statices).
Côté mammifères, le Castor d’Europe (Castor fiber) est bien présent dans le secteur, et il existe des mentions irrégulières de la Loutre d’Europe (Lutra lutra).

Les oiseaux nicheurs

Grèbes huppés (Podiceps cristatus) paradant

Grèbes huppés (Podiceps cristatus) paradant sur les lacs de l’Ove blanc (Drôme) (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Jean-Pierre Cassenx

139 espèces d’oiseaux ont été recensées sur les lacs de l’Ove blanc et à proximité immédiate, dont 22 sont des nicheuses probables ou certaines. Les boisements qui bordent le Rhône accueillent le Milan noir (Milvus migrans) et le Pic épeichette (Dryobates minor), et le Loriot d’Europe (Oriolus oriolus) et le Faucon hobereau (Falco subbuteo) s’y reproduisent aussi probablement. Aucune héronnière n’y est par contre installée. La Bouscarle de Cetti (Cettia cetti) est bien présente. 
Les roselières sont petites et discontinues et sont donc pauvres en passereaux paludicoles nicheurs : seules deux observations de Rousserolles turdoïdes (Acrocephalus arundinaceus) en période de reproduction ont été recensées, et quelques indices de nidification de la Rousserolle effarvatte (A. scirpaceus) sont connus. Le Grèbe huppé (Podiceps cristatus) construit également son nid dans les roseaux.   
La Sterne pierregarin (Sterna hirundo), l’Hirondelle de rivage (Riparia riparia) et le Guêpier d’Europe (Merops apiaster) nichent dans la partie de la gravière encore en activité, au nord des deux lacs.

Durant les passages, les migrateurs préfèrent le Rhône

Les berges des lacs de l’Ove blanc étant souvent abruptes, très peu de limicoles font une halte durant les migrations. Le Chevalier guignette (Actitis hypoleucos) peut toutefois être observé toute l’année, et le Chevalier culblanc (Tringa ochruros) est régulier en halte migratoire. Leurs rives sont également peu favorables au stationnement des marouettes.
Les guifettes, la Sterne caspienne (Hydroprogne caspia) et le Balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus) stationnent plutôt sur le Rhône, dont les rives accueillent la quasi-totalité des passereaux de passage. 

Un site particulièrement intéressant en hiver

Fuligules nyrocas (Aythya nyroca) et milouins (A. ferina)

Fuligules nyrocas (Aythya nyroca) et milouins (A. ferina) sur le lac nord de l’Ove blanc (Drôme) en janvier 2025 (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Jean-Pierre Cassenx

Les lacs de l’Ove blanc sont particulièrement intéressants à la fin de l’automne et en hiver. Des troupes de canards plongeurs sont alors visibles, l’espèce la plus nombreuse étant le Fuligule milouin (Aythya ferina), dont l’effectif peut atteindre une centaine d’individus. Le Fuligule morillon (Aythya fuligula) et la Nette rousse (Netta rufina) sont aussi réguliers en plus petit nombre, tout comme le Fuligule nyroca (Aythya nyroca), avec de trois à cinq oiseaux comptés chaque hiver (trois sur le lac nord en janvier 2025).
Un Fuligule milouinan (Aythya marila) du type femelle a été noté pour la première fois en 2024 (encore présent en janvier 2025) et un mâle hybride Fuligule milouin x nyroca est visible en janvier 2025. Précisons également qu’un Harle huppé (Mergus serrator) a été vu en 2021 et un Grèbe jougris (Podiceps grisegena) en 2017.
Les canards de surface sont moins nombreux, mais les Canards colvert (Anas platyrhynchos) et chipeau (Mareca strepera) sont observés chaque année, tandis que les Canards pilet (Anas acuta),  siffleur (Mareca penelope) et souchet (Spatula clypeata) et la Sarcelle d’hiver (Anas acuta) sont vus occasionnellement. 
Des petits groupes de Grands Cormorans (Phalacrocorax carbo) se rassemblent sur les lacs, et en janvier 2025, un Cormoran pygmée (Microcarbo pygmaeus) a été noté parmi eux, donnant, avec les Fuligules nyrocas, un petit air « oriental » au site (lire Le Cormoran pygmée en France : vers une installation future ?). Il se pose souvent sur les structures blanches qui flottent au milieu du lac nord et qui sont visibles depuis le remblai (point 1 sur notre carte).
Pour observer les canards et autres oiseaux aquatiques, il est également conseillé d’inspecter le bras mort (lône) situé au sud des lacs d’Ove Blanc (voir le point 2 sur notre carte).

Cormoran pygmée (Microcarbo pygmaeus) et Grands Cormorans (Phalacrocoarx carbo)

Cormoran pygmée (Microcarbo pygmaeus) et Grands Cormorans (Phalacrocoarx carbo) sur le lac nord de l’Ove blanc (Drôme) en janvier 2025 (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Adrien Charbonneau

Cormoran pygmée (Microcarbo pygmaeus)

Cormoran pygmée (Microcarbo pygmaeus) sur le lac nord de l’Ove blanc (Drôme) en janvier 2025 (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Adrien Charbonneau

Fuligules milouinan, morillon, hybride et milouin

Fuligules milouinan (A. marila) du type femelle (à gauche) et morillon (A. fuligula) femelle (de dos), mâle hybride Fuligule nyroca (A. nyroca) x milouin (A. ferina) et Fuligules milouins femelles sur le lac nord de l’Ove blanc (Drôme) en janvier 2025 (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Jean-Pierre Cassenx

Fuligule milouinan (Aythya marila) du type femelle

Fuligule milouinan (Aythya marila) du type femelle sur le lac nord de l’Ove blanc (Drôme) en janvier 2025 (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Marius Louvet

D’autres bons sites pour observer les oiseaux dans les environs

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Ruines sur la montagne de Crussol (Drôme) : ce massif calcaire accueille une flore et une faune riches (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Yves Tennevin / Wikimedia Commons

Non loin des lacs de l’Ove blanc, d’autres sites sont intéressants pour l’observation des oiseaux :

  • le barrage de Charmes-sur-Rhône est très attractif durant les migrations au printemps et en automne.
  • Plus au sud, les plans d’eau, les forêts alluviales et les roselières du site naturel de Printegarde (Drôme-Ardèche) forment un ensemble d’un grand intérêt pour les oiseaux, mais aussi pour le Castor d’Europe (lire Le site naturel de Printegarde : des oiseaux et des castors).
  • Les massifs calcaires de Châteaubourg, de Crussol et de Soyons, situés à l’ouest de Valence, de l’autre côté du Rhône, sont d’une grande richesse botanique. En particulier, les pelouses sèches constituent un habitat idéal pour plus de quarante espèces d’orchidées, dont certaines sont protégées, comme l’Ophrys de la Drôme (Ophrys drumana) et les Orchis à odeur de vanille (Anacamptis fragrans) et à trois dents (Neotinea tridentata). Les zones rocheuses accueillent notamment le Lézard ocellé (Timon lepidus) et plusieurs oiseaux nicheurs rupestres comme le Grand-duc d’Europe (Bubo bubo) et le Monticole bleu (Monticola solitarius). La diversité en chiroptères est enfin remarquable et comprend le Molosse de Cestoni (Tadarida teniotis).

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