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Juan Traba Díaz (Grupo de Ecología Terrestre) nous en dit plus sur les opérations de transferts de Sirlis de Dupont en Espagne

Juan Traba Díaz tenant un Sirli de Dupont (Chersophilus duponti) dans la main.
Source : Grupo de Ecología Terrestre
Introduction
Le Sirli (ou Alouette) de Dupont (Chersophilus duponti) est une alouette peu connue et discrète, au long bec long arqué et au chant mélancolique calme. En Europe, il ne niche qu’en Espagne, dans les steppes à graminées et buissons bas entrecoupées de zones dénudées, jusqu’à 1 400 mètres d’altitude.
Cette espèce est très exigeante dans le choix de ses sites de nidification et est en déclin en péninsule ibérique, ne comptant plus qu’environ 3 000 mâles chanteurs. Elle a disparu de plusieurs communautés autonomes, et la Castille-et-León et l’Aragon accueillent désormais la quasi-totalité des oiseaux. Elle est considérée comme étant en danger d’extinction dans le pays.
Pour tenter d’améliorer son statut dans la péninsule ibérique, des actions de conservation ont été financées par le programme européen LIFE : après LIFE « Ricotí » entre 2016 et 2021, le projet LIFE « Connect Ricotí » a été mis en œuvre depuis 2021 : il a pour objectifs principaux de renforcer des populations périphériques en relâchant des individus capturés dans des secteurs où l’espèce se porte relativement bien et d’améliorer la qualité ou de restaurer son habitat via le pâturage extensif et la plantation de végétaux.
Après une présentation de ce passereau peu connu, nous énumérons les objectifs du projet LIFE « Connect Ricotí », puis nous vous proposons une interview de Juan Traba Díaz, professeur à l’Université Autonome de Madrid et membre du Grupo de Ecología Terrestre (TEG-UAM), qui nous a notamment répondu sur le statut actuel de l’espèce en Espagne et sur les actions de renforcement des populations fragiles périphériques via des opérations de transferts d’individus.
Abstract
The Dupont’s Lark (Chersophilus duponti) is a little-known and secretive lark with a long, arched bill and a quiet, melancholic song. In Europe, it breeds only in Spain, in steppes with grasses and low shrubs interspersed with bare areas, up to 1,400 meters above sea level.
Highly selective in its choice of nesting sites, this bird species is in decline in the Iberian Peninsula, where only about 3,000 singing males are believed to remain. It has disappeared from several autonomous communities, and Castile and León and Aragon now host almost all of the birds. It is considered endangered in the country. In an attempt to improve its status in the Iberian Peninsula, conservation actions have been funded by the European LIFE program: following LIFE « Ricotí » between 2016 and 2021, the LIFE « Connect Ricotí » project has been implemented since 2021. Its main objectives are to strengthen peripheral populations by releasing individuals captured in areas where the species is doing relatively well and to improve the quality or restore its habitat through extensive grazing and plant planting.
After a presentation of this little-known passerine, we list the objectives of the LIFE « Connect Ricotí » project, then we offer an interview with Juan Traba Díaz, professor at the Autonomous University of Madrid and member of the Terrestrial Ecological Group (TEG-UAM), who spoke to us about the current status of the species in Spain and the actions to strengthen fragile peripheral populations through individual translocation operations.
Le Sirli ou Alouette de Dupont (Chersophilus duponti), une alouette atypique
![]() Sirli de Dupont (Chersophilus duponti) dans son habitat. |
Longueur : 16,5 à 18 cm.
Description : le Sirli de Dupont ou Alouette de Dupont (lire De nombreux changements taxonomiques dans la classification des alouettes suite aux résultats d’une étude récente) a un plumage typique d’alouette, beige-grisâtre avec de fines rayures noires. Sa caractéristique principale est son bec arqué et long, qui peut dépasser 2 cm chez les mâles.
C’est une espèce sédentaire et discrète, difficile à observer sur le terrain. Elle se cache généralement dans les buissons bas, se déplaçant furtivement au sol et s’envolant rarement.
Le Sirli de Dupont est surtout actif à l’aube et au crépuscule et au printemps, quand le mâle effectue son vol nuptial tout en lançant son chant mélancolique.
Voix : son chant est caractéristique. Il est doux, nasal et mélodique, émis surtout au crépuscule et à l’aube, principalement composé de sifflements et très différent de celui des autres espèces d’alouettes nichant en Europe (lire Le Sirli du Dupont doit parfois modifier son chant à cause du bruit des éoliennes). Le cri d’alarme (« dweej-dweej « ) est émis en cas d’intrusion territoriale.
Écoutez ci-dessous un enregistrement du chant d’un Sirli de Dupont réalisé par Sean Ronayne près de Segrià, dans la commune de Lérida en Catalogne (Espagne) le 14 mars 2020 (source : Xeno-Canto). :
Habitat : le Sirli de Dupont se reproduit dans des steppes à graminées et à buissons bas (genêts, cistes, romarins, etc.) entrecoupées de zones dénudées (qui lui permettent de se déplacer à pied), jusqu’à 1 400 mètres d’altitude. Il est assez sélectif dans le choix de son habitat, évitant les secteurs accidentés ou dominés par les cultures et les pâtures.
Aire de répartition et taxonomie : son aire de répartition comprend la péninsule ibérique, le Maghreb (Maroc, Algérie et Tunisie) et la bande côtière de la Libye et de l’Égypte. Deux sous-espèces sont reconnues : C. d. duponti dans la péninsule ibérique, au Maroc, dans le nord de l’Algérie et dans le nord-ouest de la Tunisie, et C. d. margaritae dans le sud de l’Algérie et de la Tunisie, ainsi que dans le nord de la Libye et de l’Égypte.
Une espèce rare et en déclin en Espagne
![]() Aire de répartition du Sirli de Dupont (Chersophilus duponti) en Espagne en 2018 : notez sa grande fragmentation. |
En Europe, le Sirli de Dupont ne niche qu’en Espagne, où sa répartition est fragmentée, la plus grande partie des nicheurs étant concentrée en Castille-et-León et en Aragon (lire Découverte de huit populations de Sirlis de Dupont dans le centre de l’Espagne). Sa population est composée de noyaux dispersés dans des zones généralement de petite superficie et réparties dans cinq grandes régions naturelles : le Système ibérique (ou monts Ibériques) (lire Le Parc de las Hoces del Río Duratón, un bon secteur pour le Sirli de Dupont), la vallée de l’Èbre, les plateaux septentrional et méridional et le sud-est de la péninsule.
Selon les estimations les plus récentes et les plus fiables, il y aurait actuellement entre 3 100 à 4 500 mâles chanteurs en Espagne, un chiffre qui a subi un déclin significatif depuis 2004. Compte tenu du sex-ratio connu chez les adultes de cette espèce (femelles/mâles : 0,61), il y aurait donc entre 2 200 et 2 800 couples dans le pays, un chiffre extrêmement faible pour un passereau, et qui continue de décliner dans une grande partie de son aire de répartition ibérique (lire Le Sirli de Dupont est en danger critique d’extinction en Espagne).
La principale cause de son déclin est la destruction ou la dégradation de son habitat, à cause de sa mise en culture, du surpâturage et/ou de la construction d’infrastructures diverses. Cela a pour conséquence non seulement de réduire son aire de répartition, mais aussi d’accroître la fragmentation spatiale et l’isolement des populations, encore accentués par la faible capacité de dispersion de l’espèce.
Les objectifs du projet européen LIFE « Connect Ricotí »
![]() Habitat steppique restauré dans la municipalité d’Embid, dans la province de Guadalajara (Espagne). |
Afin de tenter d’enrayer le déclin de la population espagnole du Sirli du Dupont avant un possible effondrement, des actions de conservation ont été menées et financées depuis 2016 par le programme européen LIFE : après LIFE « Ricotí » entre 2016 et 2021, le projet LIFE « Connect Ricotí » a débuté en 2021 et doit s’achever en 2025. Ses principaux objectifs sont d’améliorer la connectivité entre les populations des régions autonomes de Castille-La Manche, de Castille-et-León et de Catalogne (lire Le Sirli de Dupont niche à nouveau en Catalogne !), notamment par une meilleure gestion et une restauration de leur habitat dans plusieurs Zones de Protection Spéciale (par des plantations de végétaux caractéristiques du biotope de l’espèce et par la mise en place d’un pâturage extensif).
Il vise également à améliorer la sensibilisation et la valorisation sociale de cet oiseau auprès des acteurs locaux.
L’amélioration de la qualité de l’habitat dans plusieurs secteurs cibles doit permettre d’étendre la superficie de l’aire de répartition du Sirli de Dupont, ce qui devrait profiter aux autres espèces qui partagent son biotope, comme le Traquet oreillard (Oenanthe hispanica).
Augmenter la connectivité entre les populations a pour but de retarder, voire d’empêcher l’extinction de sous-populations marginales, sans affecter l’état des sous-populations sources et de la métapopulation dans son ensemble.
Plusieurs actions ont déjà été menées ou doivent être menées dans le cadre du projet LIFE « Connect Ricotí »:
- collecter des informations sur les populations connues de Sirlis de Dupont (abondance, répartition, structure génétique et régime alimentaire) et sur leur habitat.
- Identifier et sélectionner les zones où l’habitat doit être restauré ou amélioré, puis suivre l’efficacité des opérations effectuées.
- Capturer, transférer, relâcher et suivre (par GPS) des individus.
L’interview de Juan Traba Díaz, professeur à l’Université Autonome de Madrid et membre du Grupo de Ecología Terrestre
1- Quelle est l’estimation la plus récente du nombre de mâles chanteurs de Sirlis de Dupont en Espagne ? Quelle est la tendance de l’évolution de la population au cours des dix dernières années ?
![]() Sirli de Dupont (Chersophilus duponti) chanteur. |
Juan Traba Díaz : selon les estimations les plus récentes, il y aurait actuellement 3 116 mâles chanteurs en Espagne, dont seulement 45 % vivent dans des zones protégées. Par rapport au second recensement national mené de 2004 à 2007, la baisse est de -4,62 % (soit – 0,31 % par an). Ce déclin est moins sévère qu’on ne le pensait auparavant, principalement parce que l’effort et la qualité des recensements actuels sont bien meilleurs que dans le passé (lire Les bons résultats du comptage des Sirlis de Dupont en 2017 dans la province de Soria). Toutefois, la baisse du taux d’occupation des zones connues a atteint 17 % sur la période, et elle est particulièrement prononcée dans les secteurs périphériques, qui ont perdu 79 % de leur population depuis 2007.
2- Quelles provinces espagnoles sont les plus importantes pour la conservation de cette espèce ? Le Sirli de Dupont se reproduit-il également au Portugal ?
Juan Traba Díaz : les provinces qui accueillent le plus grand nombre de Sirlis de Dupont en Espagne sont celles de Soria (Castille-et-León) et de Saragosse et de Teruel (Aragon). Il n’existe aucune donnée, ni historique ni actuelle, concernant une éventuelle reproduction de l’espèce au Portugal (ni en France).
3 – Dans le cadre du projet LIFE « Connect Ricotí », plusieurs Sirlis de Dupont ont été capturés en Castille-La Manche depuis 2023, puis déplacés pour créer de nouvelles populations ou renforcer celles existantes. Combien d’oiseaux ont-ils été transférés jusqu’à présent et combien doivent-ils l’être au total ?
Juan Traba Díaz : jusqu’en janvier 2025, 30 mâles et 12 femelles ont été transférés, ce qui a permis la reconquête de douze territoires et la détection de cas de reproduction dans des secteurs où aucun n’avait été détecté auparavant.
4- Tous les Sirlis de Dupont transférés ont-ils été capturés dans les municipalités d’Atienza et de Torrubia, dans la province de Guadalajara ? Comment ces municipalités ont-elles été choisies ?
![]() Emplacements des municipalités sources (en vert) et cibles (en orange) lors des transferts de Sirlis de Dupont (Chersophilus duponti) depuis 2023. |
Juan Traba Díaz : oui. Il s’agit de localités où les populations de Sirlis de Dupont sont dans un état « raisonnablement bon ». La sélection a été effectuée après des comptages et grâce au développement d’un modèle statistique complexe qui a évalué l’impact démographique d’un prélèvement d’individus sur la survie des populations concernées.
5- Pourquoi les captures de Sirlis de Dupont ont-elles lieu la nuit ?
Juan Traba Díaz : les captures n’ont pas uniquement été faites de nuit. Des mâles ont aussi été capturés pendant la journée, mais il devient alors beaucoup plus compliqué de capturer les femelles en raison des impacts de ces interventions diurnes (pose de pièges et de leurres). Les captures nocturnes n’ont pas cet inconvénient, car elles sont réalisées avec une caméra thermique, mais elles sont extrêmement exigeantes en termes d’effort humain (très longues journées de travail sur le terrain, dans des conditions météorologiques parfois très difficiles).
6- Tous les Sirlis de Dupont capturés ont-ils été transportés vers les municipalités de Valeria et de Pedro Izquierdo, dans la province de Cuenca (Castille-La Manche) ? Pourquoi ces lieux d’accueil ont-ils été choisis ?
Juan Traba Díaz: outre Valeria et Pedro Izquierdo, il y a aussi Embid (province de Guadalajara) en 2023 et en 2024. La sélection des sites cibles s’est basée sur le taux de déclin ou l’extinction de leurs populations au cours des dernières années, sur leur importance pour la persistance de la population nationale du fait de leur situation stratégique et enfin, point très important, après s’être assuré que les facteurs de déclin (NDLR : notamment l’état de leur habitat) y avaient été corrigés.
7- Tous les Sirlis de Dupont transférés ont-ils été équipés au préalable d’émetteurs GPS (d’environ un gramme et harnachés), ou certains ont-ils simplement été bagués ? La pose des émetteurs était-elle compliquée ? Est-ce que les oiseaux ont bien toléré cet équipement ?
![]() Sirli de Dupont (Chersophilus duponti) mâle capturé en 2024 dans la municipalité d’Atienza (Guadalajara). |
Juan Traba Díaz : tous les Sirlis de Dupont ont effectivement été équipés d’émetteurs GPS de la marque LOTEK, qui ne pèsent que 0,9 gramme. Nous n’avons eu aucun problème pour les poser ni pour garantir la survie des oiseaux équipés, grâce aux caractéristiques bien adaptées de l’équipement choisi, mais aussi grâce à l’expérience des bagueurs.
8- Cette opération de transfert de passereaux est-elle la première du genre en Europe ? Avez-vous été inspiré par d’autres exemples à travers le monde ? D’autres transferts de Sirlis de Dupont sont-ils prévus à l’avenir ?
Juan Traba Díaz : il s’agit en effet de la première opération de transfert de ce type en Europe continentale, la seule impliquant une espèce de la famille des Alaudidés (alouettes), et à notre connaissance, l’unique pour laquelle un suivi systématique est effectué. L’objectif est de poursuivre les transferts jusqu’à la fin de l’année 2025 et, idéalement, le processus de renforcement de la population devrait se poursuivre au-delà, dans le cadre d’un nouveau projet LIFE.
9- Pour l’instant, cette opération de transfert est-elle un succès, alors que plusieurs oiseaux (au moins deux) sont revenus dans leur secteur d’origine ?
![]() Sirli de Dupont (Chersophilus duponti) équipé de son émetteur et prêt à être transféré. |
Juan Traba Díaz : on peut dire que c’est un succès, puisque douze territoires ont déjà été réoccupés et que l’espèce a niché dans six nouveaux secteurs.
10- Des nids de Sirlis de Dupont ont-ils été détectés en avril 2024 grâce à l’utilisation de chiens dressés par la société Sniper Nose ?
Juan Traba Díaz : aucun nid n’a été trouvé à l’aide de ces chiens, principalement parce que cette technique est expérimentale et qu’avril n’est pas la meilleure période pour rechercher des nids. Nous sommes toutefois convaincus que cette méthode pourrait s’avérer très fructueuse à l’avenir (lire Deux colonies d’Océanites d’Elliot ont été découvertes grâce à l’odorat de chiens dressés).
11- En 2023 et en 2024, des opérations de restauration de l’habitat steppique du Sirli de Dupont (pâturage, abattage de chênes, brûlages contrôlés, clôtures, etc.) ont été lancées dans les provinces de Ségovie (sur 200 hectares), de Guadalajara (sur 80 hectares), de Cuenca (sur 55 hectares) et de Lérida (sur 280 hectares) : comment ces secteurs ont-ils été choisis ? D’autres opérations de ce type sont-elles prévues ? Les premiers résultats de cette opération se font-ils déjà sentir au niveau du nombre de mâles chanteurs ?
Juan Traba Díaz : les zones restaurées ont été choisies en fonction de leur emplacement géographique stratégique pour la population de Sirlis de Dupont, de leur proximité avec des zones occupées et des informations collectées sur leur utilisation historique par l’espèce. Une fois sélectionnées, les propriétaires devaient accepter de réaliser des travaux de restauration contre une compensation financière.
Les travaux de restauration prévus sont désormais pratiquement terminés, même s’il reste encore quelques hectares à traiter dans la province de Guadalajara (lire Plantation de champs de lavandin dans la province de Guadalajara pour aider le Sirli de Dupont). Au total, ils ont permis la récupération de plus de 550 hectares d’habitat, et les effets sur les populations devraient commencer à être détectés à partir du printemps 2025.
12- Plus de 51 000 végétaux appartenant à dix espèces, dont des graminées (Lygeum spartum et Stipa parviflora) et des buissons (Thymus vulgaris et Artemisia herba-alba), ont été plantés en 2024 en Catalogne pour restaurer des habitats favorables au Sirli de Dupont : où ces plantations ont-elles été réalisées ? Voyez-vous déjà les premiers résultats de cette restauration ? D’autres espèces d’oiseaux (et de mammifères et de reptiles) vont-elles en profiter ?
![]() Plantation de végétaux pour restaurer une zone steppique afin qu’elle redevienne favorable au Sirli de Dupont. Les graines ont été collectées localement et cultivées dans une pépinière. |
Juan Traba Díaz : ces plantations ont été réalisées sur le domaine du Mas de Melons à Lérida (ou Lleida), qui appartient à la Généralité de Catalogne (lire L’étang d’Ivars i Vila-Sana et les steppes de Lleida). Toutes les actions de restauration et d’amélioration de l’habitat vont profiter au Sirli de Dupont, mais aussi naturellement à d’autres espèces d’oiseaux des steppes.
13- Des travaux de restauration de l’habitat du Sirli de Dupont ont également été menés dans des communautés autonomes de Murcie et d’Andalousie, où l’espèce n’est plus que marginalement présente : ont-ils donné des résultats encourageants ?
Juan Traba Díaz : ces actions, qui ont aussi été menées dans d’autres communautés autonomes, sont des initiatives régionales. Les résultats obtenus, qu’ils soient positifs ou non, nécessitent un suivi plus approfondi, qui, je l’espère, va se poursuivre.
14- Est-il difficile de trouver et de convaincre des agriculteurs et des propriétaires fonciers de se porter volontaires pour mener des actions de conservation en faveur du Sirli de Dupont ?
Juan Traba Díaz : les zones sélectionnées pour les travaux de restauration de l’habitat sont souvent des propriétés publiques, appartenant aux municipalités ou aux communautés autonomes, qui sont généralement faciles à convaincre.
15- Est-il prévu d’élever des Sirlis de Dupont en captivité ?
Juan Traba Díaz : pas encore, mais si le déclin observé dans certaines parties de son aire de répartition se poursuivait, cette mesure mériterait d’être prise en considération.
16- La conservation du Sirli de Dupont passe aussi par une meilleure compréhension de sa biologie : des découvertes intéressantes ont-elles été faites ces dernières années, par exemple sur son comportement territorial ?
![]() Le pastoralisme n’est pas seulement une activité traditionnelle, il s’agit aussi d’un outil de conservation du Sirli de Dupont. Grâce à des accords avec des éleveurs, un plan de pâturage a été mis en place en 2024 dans la province de Ségovie. |
Juan Traba Díaz : en effet, parallèlement aux efforts de conservation, les connaissances sur la biologie et l’écologie du Sirli de Dupont continuent de progresser. Dans le cas du comportement territorial, on a découvert par exemple que les mâles non appariés semblaient se regrouper dans des zones de chant non optimales, ce qui pourrait entraîner une confusion entre les zones à forte densité de mâles chanteurs et celles les plus propices à la reproduction de l’espèce.
17- Les financements apportés par les projets européens LIFE « Ricotí » et « Connect Ricotí » sont-ils suffisants pour mener à bien toutes les actions de conservation prévues ?
Juan Traba Díaz : le financement a été et est suffisant pour la mise en œuvre des actions prévues, mais des investissements continus dans la conservation de l’espèce et dans son habitat seront nécessaires à l’avenir.
18- Selon vous, quelles sont les meilleures zones pour observer le Sirli de Dupont en Espagne ? Quel est le meilleur moment de la journée ?
Juan Traba Díaz : les secteurs de Barahona, de Layna et de Caracena (province de Soria), ainsi que la réserve ornithologique d’El Planerón à Belchite (lire Le delta de l’Èbre et les steppes près de Belchite en mai 2012) et le plateau de Teruel (province de Saragosse), sont les meilleurs pour entendre et observer le Sirli de Dupont en Espagne. Pour l’entendre, il faut être sur place pendant l’heure précédant l’aube, et pour le voir, il faut avoir de la chance et l’observer dans ces mêmes zones après l’aube.
Une vidéo de Sirli de Dupont dans son habitat
Sirli de Dupont (Chersophilus duponti) chanteur dans son habitat en Espagne en mai 2023.
Source : Pepe Guisado Pajarisiaco
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Compléments
À lire sur le web
- Le site web du projet LIFE « Connect Ricotí » : lifeconnectricoti.com
- Le site web du Grupo de Ecología Terrestre (TEG-UAM) : teguam.es
Ouvrages recommandés
- Le Guide Ornitho de L. Svensson et al
- Guide Vert Espagne côté Est : Valence, Costa Blanca, Aragon, Saragosse de Michelin
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