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Parc national des forêts de Champagne-Bourgogne : M.Delcamp et H. Parmentier nous répondent

Le 11e parc national français est né le 7/11/2019 : nous avons interrogé le directeur et le chargé de mission biodiversité.
10/11/2019 | Validé par le comité de lecture

Introduction

Aucun des dix parcs nationaux de France n’était jusqu’à présent dédié à la conservation des forêts de feuillus de plaine : c’est le cas du parc national des forêts de Champagne et de Bourgogne, dont le décret de création a été publié le 7 novembre 2019. Il est situé sur le plateau de Langres, à cheval sur les départements de la Haute-Marne et de la Côte-d’Or, et couvre 241 781 hectares, dont un cœur de 56 000 hectares et une réserve intégrale de 3 100 hectares. Il a principalement pour objectif de préserver les forêts domaniales de Châtillon, d’Arc-en-Barrois et d’Auberive et les boisements voisins, qui forment un vaste ensemble dominé par les hêtres et les chênes très représentatifs du couvert forestier des plateaux calcaires du nord-est du Bassin parisien. Ce parc protège aussi des marais tufeux, des pelouses sèches, des éboulis rocheux et des prairies de fond de vallées, ainsi qu’un riche patrimoine archéologique et historique.
La flore compte plusieurs espèces remarquables, et l’avifaune forestière est bien représentée, avec en particulier plusieurs couples de Cigognes noires. Par ailleurs, les grands mammifères (cerfs, chevreuils et sangliers) sont nombreux, et le Chat sauvage est assez commun, bien que discret. Le parc national des forêts de Champagne et de Bourgogne devra réussir à concilier le maintien de l’exploitation forestière, la pratique de la chasse et la conservation de la nature.
Après une présentation générale de ce vaste espace, nous vous proposons une interview d’Hervé Parmentier (directeur) et de Matthieu Delcamp (chargé de mission biodiversité), qui ont répondu à nos questions concernant l’historique du projet, la gestion des espaces naturels, les conditions du maintien de la chasse et de la production de bois, les habitats et l’avifaune du parc.

Abstract

Historique et présentation générale du parc national

Les limites du parc national des forêts de Champagne et de Bourgogne

Les limites du parc national des forêts de Champagne et de Bourgogne (Haute-Marne/Côte-d’Or) : en vert, l’aire optimale d’adhésion, en orange, la zone d’étude de cœur, et en rouge, la réserve intégrale.
Carte : Ornithomedia.com d’après le parc national des forêts de Champagne et Bourgogne

Lors du « Grenelle de l’Environnement », un ensemble de rencontres organisées en France en 2007 visant à prendre des décisions à long terme en matière d’environnement et de développement durable, le Gouvernement français s’était engagé à créer de nouvelles aires protégées. Cela s’est notamment traduit par l’annonce de la désignation de trois nouveaux parcs nationaux, dont un consacré aux forêts de feuillus en plaine. Le 27 juillet 2009, le Premier ministre avait dévoilé son nom : le parc national des forêts de Champagne et de Bourgogne. Un Groupement d’Intérêt Public (GIP) avait alors été créé pour travailler sur les propositions préalables au décret de création et à la charte et mener de nombreuses discussions entre les différents acteurs concernés (propriétaires, sylviculteurs, chasseurs, associations de protection de la nature…). 
Le décret de création du parc national des forêts de Champagne et de Bourgogne est paru le 7 novembre 2019 au Journal officiel. Sur un plan opérationnel, la montée en puissance de l’établissement public, qui sera créé en même temps, se fera à compter du second trimestre 2020.
Le parc s’étend sur le plateau calcaire de Langres, à cheval sur les départements de la Haute-Marne et de la Côte-d’Or. Sa superficie est de 241 781 hectares, dont un cœur de 76 622 hectares et une réserve intégrale de 3 100 hectares.
Le parc protège le patrimoine naturel (biotopes, flore et faune) et historique (vestiges archéologiques, bâtiments du Moyen Âge, témoignages de l’exploitation agricole, forestière, hydraulique et métallurgique…). Il a pour ambition de concilier la préservation de ces richesses et le développement économique, social et culturel : en particulier, l’exploitation forestière et la chasse seront maintenues, sous certaines conditions.
Pour en savoir plus, vous pouvez visiter le site web du parc : www.forets-champagne-bourgogne.fr.

Une flore et une faune représentatives 

Hêtraie poussant sur un lapiaz (formation calcaire)

Hêtraie du parc national poussant sur un lapiaz (formation calcaire fissurée).
Source : GIP-CN

Le parc national des forêts de Champagne et de Bourgogne protège des paysages typiques des plateaux calcaires du nord-est de la France. Il est composé de vastes forêts de feuillus (hêtres, chênes, érables, merisiers, tilleuls…) couvrant plus de 120 000 hectares, de marais tufeux, de pelouses sèches, d’éboulis rocheux, de prairies et de cultures.
Les forêts de feuillus, souvent anciennes, sont majoritairement domaniales (publiques). Elles sont dominées par le Hêtre commun (Fagus sylvatica), suivi des Chênes pédonculé (Quercus robur) et sessile (Q. petraea). Parmi les oiseaux forestiers nicheurs remarquables, citons la Cigogne noire (Ciconia nigra) (plus de quatre couples), l’Autour des palombes (Accipiter gentilis) (bien présent mais discret), la Chouette de Tengmalm (Aegolius funereus) (devenue très rare) et six espèces de pics. Les populations de Cerfs élaphes (Cervus elaphus), de Chevreuils d’Europe (Capreolus capreolus) et de Sangliers d’Europe (Sus scrofa) sont importantes, et le Chat sauvage (Felis silvestris) est bien présent.
Les marais tufeux du plateau de Langres, qui sont parmi les plus importants de France, constituent l’autre habitat caractéristique du parc national. Ils sont alimentés par une eau fortement chargée en calcaire dissous qui se précipite au contact de l’air pour former du tuf autour de la végétation, une roche plus ou moins friable. La flore présente un caractère montagnard ou boréal marqué et comprend entre autres le Choin ferrugineux (Schoenus ferrugineus), la Swertie pérenne (Swertia perennis), la Linaigrette (Eriophorum angustifolium) et la Ligulaire de Sibérie (Ligularia sibirica). On y trouve aussi plusieurs espèces de libellules rares en Bourgogne, le Sonneur à ventre jaune (Bombina variegata) et la rare Écrevisse à pieds blancs (Austropotamobius pallipes).
Les éboulis, comme le spectaculaire cirque de la Coquille, sont le domaine d’une flore intéressante et adaptée à des conditions difficiles, comme le Gaillet de Fleurot (Galium fleurotii), une plante endémique de Bourgogne et du Bassin Parisien.
Les pelouses sèches, qui poussent sur certaines pentes ensoleillées au sol pauvre, accueillent plusieurs plantes à affinités méditerranéennes et des orchidées, l’Alouette lulu (Lullula arborea), le Lézard vert (Lacerta chloronota) ou l’Ascalaphe soufré (Libelloides coccajus). Le sentier de la butte de Taloison à Bay-sur-Aube permet par exemple de découvrir cet habitat.
Le parc national est parcouru par 694 kilomètres de cours d’eau. Les vallées qui entaillent le plateau calcaire de Langres, comme celles de l’Aube et de l’Aujon, contribuent à la diversité du parc. Les prairies de fauche à Narcisses des poètes (Narcissus poeticus), normalement plus présentes en montagne, sont remarquables. La qualité des habitats prairiaux a permis le maintien d’insectes patrimoniaux comme l’Azuré des mouillères (Phengaris alcon), et l’avifaune compte des oiseaux nicheurs menacés ou intéressants dont le Tarier des prés (Saxicola rubetra), la Pie-grièche écorcheur (Lanius collurio), le Milan royal (Milvus milvus) et la Chevêche d’Athéna (Athene noctua).

Vue des éboulis du cirque de la Coquille (Côte-d'Or)

Vue des éboulis du cirque de la Coquille (Côte-d’Or).
Source : GIP-CN

Vue du marais tufeux du vallon d'Amorey (Haute-Marne)

Vue du marais tufeux du vallon d’Amorey (Haute-Marne).
Photographie : Jean-François Feutriez

L’interview d’Hervé Parmentier et de Matthieu Delcamp

Situation du parc national des forêts de Champagne et de Bourgogne

Situation du parc national des forêts de Champagne et Bourgogne.
Carte : Ornithomedia.com

1. La mise en place de ce parc a-t-elle été particulièrement longue et difficile ? Si oui, pourquoi ?

Hervé Parmentier et Matthieu Delcamp :  il se sera écoulé un peu plus de dix ans entre la première annonce de la création du parc national par le Premier Ministre François Fillon en 2009 et sa création en 2019. C’est un délai raisonnable pour un parc national, et c’est tout à fait comparable à ce que l’on constate pour les parcs naturels régionaux. Le parc national de la Réunion a ainsi mis sept ans à être finalisé, et douze ans pour celui des Calanques (Bouches-du-Rhône). C’est le délai nécessaire pour bâtir un projet co-construit et permettre la concertation indispensable.
La création du parc national des forêts de Champagne et de Bourgogne n’a pas rencontré beaucoup plus d’obstacles que ceux que l’on rencontre « classiquement » lors de l’établissement d’un nouvel espace protégé. C’est en effet un changement de trajectoire qui est proposé aux habitants et à tous les acteurs concernés du territoire, et la résistance au changement est normale, même si elle complique les choses. Pendant ces années, nous avons mené un important travail pour monter un projet qui conjugue l’ambition de préservation des patrimoines et le maintien des activités économiques existantes. L’échelle du projet (127 communes, cinq intercommunalités, deux départements et deux régions) ajoute également de la complexité. Enfin, la délimitation des limites du cœur du parc national, qui implique l’encadrement de certaines activités pour préserver les patrimoines remarquables, est source de tensions. Le cœur du parc national est l’outil le plus fort de protection du patrimoine, et il a fallu adapter sa réglementation à sa grande surface (plus de 56 000 hectares) pour respecter les principales filières locales (forêt et agriculture) et les engager si nécessaire dans l’évolution de leurs pratiques.

2. La charte du parc national des forêts de Champagne et Bourgogne aura une durée d’application de quinze années : est-ce une durée plus courte que dans les autres parcs nationaux ?

Marais tufeux et forêt ancienne

Marais tufeux et forêt ancienne dans le parc national des forêts de Champagne et Bourgogne.
Photographie : Franck Fouquet

Hervé Parmentier et Matthieu Delcamp : la durée de la charte d’un parc national est fixée à 15 ans par le Code de l’Environnement, comme pour tous les parcs nationaux.

3. Certaines forêts du parc ont un couvert continu depuis plus de deux siècles : leur composition est-elle proche de celle de forêts primaires ?

Hervé Parmentier et Matthieu Delcamp : environ 80 % des forêts du parc national existaient déjà il y a deux siècles. La France a connu son dernier minimum forestier au milieu du XIXe siècle, sous l’effet de la croissance démographique. Les besoins croissants de la population en terres agricoles et en bois de chauffage et d’œuvre ont abouti à de nombreux défrichements, et la surface forestière française était alors réduite à 14 % du territoire, contre plus de 28 % aujourd’hui, grâce aux réductions de la demande en bois et aux évolutions agricoles. Il est donc très probable que la plupart des forêts du parc étaient déjà là au Moyen-Âge.
En termes de composition, ces forêts ne sont pas primaires car elles ont déjà été exploitées. Il s’agit donc de forêts anciennes, mais pas de vieilles forêts dans lesquelles on trouverait de nombreux gros arbres et beaucoup de bois mort. Pour autant, par rapport à des forêts récentes, les boisements anciens accueillent une biodiversité particulière car l’absence de travail du sol ou d’amendement lié à d’anciennes pratiques agricoles a permis de préserver des espèces sensibles ayant un faible pouvoir de colonisation, comme le Muguet de mai (Convallaria majalis), que l’on trouve abondamment dans certains secteurs.

4. Il est prévu de placer 20 % de la surface des forêts publiques en « zones de sénescence » et en arbres à haute valeur biologique : pourquoi pas davantage et pourquoi pas aussi des forêts privées ?

Arbre mort

Les arbres morts seront conservés dans le parc national des forêts de Champagne et Bourgogne.
Source : GIP-CN

Hervé Parmentier et Matthieu Delcamp : ce seuil de 20 % est une ambition préconisée par le Conseil national de protection de la nature. Ce pourcentage n’a pas été repris sous cette forme dans le projet de charte du parc national car il aurait pu conduire à la création d’un cœur plus petit, or l’objectif était que sa superficie soit conséquente, qu’il soit cohérent et qu’il constitue une vitrine des principaux patrimoines du territoire.
Le développement de la surface des forêts naturelles est l’enjeu prioritaire du parc : pour cela, la première action menée a été la création d’une réserve intégrale forestière de plus de 3 000 hectares sans gestion sylvicole. Une « trame de naturalité », composée d’îlots de vieux bois, sera aussi mise en place dans les forêts domaniales et représentera plus de 12 % de leur surface. Elle sera complétée par la désignation d’un réseau « d’arbres isolés à forte valeur biologique », appelés « arbres bio » (huit arbres par hectare de forêt domaniale).
Dans les forêts communales et privées, ces objectifs seront aussi poursuivis, mais sur la base du volontariat, pour respecter les propriétaires. Ils seront sensibilisés et invités à participer à cette trame biologique, sans obligation. En effet, le projet ne réussira que s’il remporte l’adhésion des acteurs du territoire et les discussions menées ont démontré qu’imposer la naturalité dans le cœur du parc aurait pu aboutir à des effets contre-productifs, notamment un rejet de la part des acteurs, ce qui aurait fait peser un risque pour le projet et peut-être aussi sur le patrimoine naturel.
Le parc créera enfin un observatoire des forêts pour atteindre le seuil de naturalité nécessaire au bon fonctionnement des écosystèmes forestiers, tout en veillant à maintenir un approvisionnement durable de la filière bois.

5. Est-il prévu de fermer des routes et de supprimer des clôtures dans le cœur du parc ? Allez-vous créer des corridors écologiques (haies ou autres) pour relier certaines zones naturelles ?

Hervé Parmentier et Matthieu Delcamp : la charte du parc national prévoit de mener un travail sur le plan de circulation, mais celui-ci doit se faire de façon concertée, sur la base d’un bilan des enjeux écologiques et des usages socio-économiques des accès. Dans les cas où cela serait pertinent du fait des enjeux écologiques et qu’il existerait des alternatives crédibles, des routes pourraient être fermées. Cela sera également le cas de certaines pistes dans la réserve intégrale.

Paysage agricole dans le parc national

Paysage agricole du parc national des forêts de Champagne et Bourgogne.
Photographie : Franck Fouquet

La politique du parc est de réduire le recours aux clôtures : elles ne seront autorisées que pour protéger des plantations forestières de moins de dix hectares, et il ne sera plus possible de poser de nouveaux grillages. Les clôtures des cultures agricoles ne seront pas réglementées car elles font partie du dispositif de limitation des dégâts des ongulés.
Une ambition forte du parc national est de consolider, et le cas échéant de restaurer, les continuités écologiques. Une étude sur la création d’une trame verte et bleue a été menée, et l’on prévoit également la mise en œuvre d’un « plan arbres » pour faciliter la plantation d’essences, de haies et de bosquets entre les zones forestières. Ce plan accompagnera techniquement et financièrement les propriétaires qui souhaitent s’engager dans ce programme, car l’une des fonctions du parc est la capacité à mobiliser des fonds pour les porteurs de projets.

6. Des observatoires seront-ils créés pour observer la faune ?

Hervé Parmentier et Matthieu Delcamp : c’est une possibilité, même si ce n’est pas une finalité spécifiquement identifiée. Le parc national prévoit de mener une réflexion globale concernant la présentation du patrimoine naturel et historique, et si un besoin était identifié, des observatoires pourraient être installés. Il faut noter que des initiatives ont déjà été prises, par exemple par l’Office National des Forêts qui a installé des observatoires pour assister au brame du cerf.

7. Dans le parc national, il y a des villages et des routes : finalement, quelles seront les différences, pour la faune et la flore, avec un parc naturel régional ?

Chevreuil d'Europe (Capreolus capreolus)

Chevreuil d’Europe (Capreolus capreolus) dans le parc national des forêts de Champagne et Bourgogne.
Photographie : Olivier Pellerin

Hervé Parmentier et Matthieu Delcamp : il y a en fait des villages et des routes dans tous les parcs nationaux. Dans le cœur même du parc national, il n’y a pas de village, contrairement à ce que l’on connaît par exemple dans ceux des Cévennes, de la Guyane ou de la Réunion. Ce n’est donc pas un critère discriminant entre parcs nationaux et naturels régionaux. La différence fondamentale entre ces deux types de protection réside dans l’existence d’un cœur dans lequel le niveau de protection de la faune et de la flore est optimum.
La réglementation du cœur de parc interdit par exemple la cueillette des espèces végétales dès que leur état de conservation est menacé, ou si elles sont rares ou très typiques. Dans les forêts du cœur du parc national, il n’est possible de chasser que les ongulés et la Bécasse des bois (Scolopax rusticola). La présence de nids d’oiseaux emblématiques comme la Cigogne noire (Ciconia nigra), a conduit aussi à limiter les possibilités d’exploitation forestière. Nous avons pris des mesures qui visent à préserver les habitats naturels, empêchant leur altération ou leur destruction, et même des dispositions pour augmenter la biodiversité, comme l’identification des arbres à haute valeur biologique, qui sont très importants pour les pics par exemple.

8. Dans le parc national, il y a un cœur, mais aussi une réserve intégrale : quelles seront les différences réglementaires ? La réserve est-elle comprise dans le cœur, et quelle sera sa surface ?

Hervé Parmentier et Matthieu Delcamp : la réserve intégrale est comprise dans la partie centrale du parc national. Elle a fait d’ailleurs l’objet d’un décret de création à part entière et dispose de son propre plan de gestion. Elle a une surface de 3 100 hectares et sera située dans la forêt domaniale de Châteauvillain-Arc-en-Barrois. Sa réglementation n’est pas encore complètement stabilisée, mais elle sera plus stricte que dans le cœur : les activités forestières et la cueillette y seront interdites (seulement encadrées dans le cœur), la circulation sera strictement encadrée, et les ongulés feront l’objet d’une régulation cynégétique (ils sont chassés dans le cœur).

9. Quelles mesures allez-vous prendre pour favoriser les espèces d’oiseaux nichant dans les zones agricoles ?

Hervé Parmentier et Matthieu Delcamp : la charte prévoit de faire du parc national un territoire pilote en matière d’agroécologie. L’application de ces pratiques devrait logiquement permettre d’endiguer l’érosion des populations d’oiseaux des milieux ouverts. Notre ambition de renforcer la place de l’arbre dans le paysage devrait aussi leur être favorable. Ponctuellement, des mesures seront appliquées en lien avec les agriculteurs et des associations comme la Ligue pour la Protection des Oiseaux pour préserver par exemple les nids des Busards cendré (Circus pygargus) et Saint-Martin (C. cyaneus).

10. Les conditions du maintien et de pratique de la chasse semblent être l’un des sujets sensibles de la mise en place de ce parc : peut-on vraiment continuer à chasser dans le cœur du parc ? Si oui, en quoi cette zone servira-t-elle vraiment de refuge pour la faune ?

Cerf élaphe (Cervus elaphus)

Cerf élaphe (Cervus elaphus).
Photographie : Olivier Pellerin

Hervé Parmentier et Matthieu Delcamp : la chasse est une activité très importante pour ce territoire. Elle est à la fois l’un des principaux loisirs des habitants et un vecteur important pour l’économie locale, les revenus cynégétiques dépassant parfois ceux liés au bois. En outre, les populations de grands ongulés sont telles aujourd’hui qu’il serait impossible d’envisager de ne pas les chasser, sauf à mettre en péril l’économie déjà fragilisée des filières agricoles et forestières et le bon état des milieux naturels. Il n’a donc jamais été envisagé de la remettre en cause, y compris dans le cœur. En revanche, nous avons l’ambition de la rendre plus proche des dynamiques naturelles : ainsi, le recours aux pratiques artificielles visant à fixer le gibier sera interdit.
La question du rôle refuge de la partie centrale d’un parc national dépasse celle de la chasse : celle-ci n’interfère pas par exemple avec la présence de la Cigogne noire car cette espèce niche en dehors des périodes de chasse.
La charte prévoit en outre un encadrement des pratiques forestières et une limitation des dérangements par des promeneurs.
Pour d’autres espèces, le parc appliquera les Plans Nationaux d’Action. Si l’on se limite aux espèces potentiellement chassables (gibier) dans le cœur, il a été décidé de réduire la liste des espèces concernées, et particulièrement en forêt. Il faut aussi préciser que pour les ongulés, on cherche justement à éviter « l’effet de refuge » dans lequel les animaux viendraient s’abriter en période de chasse, car cela aurait des effets très négatifs sur les milieux. Il faut aussi prendre en compte le comportement des animaux et particulièrement des grands ongulés. La partie centrale du parc ne constitue pas un territoire homogène, et la gestion cynégétique doit donc être globale et dépasser ses limites.

11. Avez-vous prévu de supprimer certaines pratiques de chasse controversées comme la chasse à courre ?

Hervé Parmentier et Matthieu Delcamp : la seule pratique de chasse interdite dans le cœur de parc national est la vénerie sous terre. L’un des massifs forestiers de la partie centrale du parc accueille depuis plusieurs décennies deux équipages de chasse à courre, dont l’un est basé dans une ancienne abbaye qui a été transformée en musée. Cette importance culturelle, associée à l’absence d’arguments écologiques concernant la pratique de la chasse à courre (le sujet est plutôt éthique), a fait que le parc national n’a pas interdit cette pratique, mais elle sera restreinte au seul massif de Châtillon-sur-Seine.  

12. Est-il prévu de continuer à chasser dans le cœur du parc des espèces dont le rôle écologique est reconnu, comme le Renard roux ?

Jeunes Renards roux (Vulpes vulpes)

Jeunes Renards roux (Vulpes vulpes).
Photographie : Olivier Pellerin

Hervé Parmentier et Matthieu Delcamp : le Renard roux (Vulpes vulpes) a été retiré des espèces chassables, il ne peut donc être tiré à l’occasion de battue. De façon générale, la régulation des espèces « pouvant occasionner des dégâts » en forêt est soumise à l’autorisation du directeur du parc national, sur la base des recommandations du conseil scientifique. Une campagne de régulation des Renards roux ne pourrait ainsi être envisagée qu’en cas d’impacts ou de risques sanitaires ou économiques avérés et significatifs sur les activités humaines ou l’équilibre écologique. En outre, la destruction et la régulation de certaines espèces ne doivent revêtir qu’un caractère exceptionnel et ne doivent être proposées qu’en cas d’inefficacité démontrée de mesures alternatives non létales (animaux) ou non destructives (végétaux). Enfin la régulation des mustélidés (belette, martre, putois et fouine) est par exemple complètement interdite en forêt, et une campagne de sensibilisation sur l’utilité de ces mammifères dans la régulation des petits ravageurs sera lancée.

13. La chasse à la Bécasse des bois, une espèce plutôt en déclin, sera-t-elle poursuivie dans le territoire du parc ?

Hervé Parmentier et Matthieu Delcamp : la chasse à la Bécasse des bois, qui répond à une demande sociétale locale forte, restera autorisée. La charte prévoit cependant qu’une espèce en déclin avéré soit retirée des espèces chassables : c’est le cas par exemple de la Tourterelle des bois (Streptopelia turtur) et de l’Alouette des champs (Alauda arvensis). Concernant la bécasse, les données fournies par l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage ne montrent pas de baisse des effectifs, et le parc national n’accueille pratiquement que des individus en migration, et les observations d’oiseaux nicheurs sont toujours très rares. Pour autant, pour limiter le risque qu’un oiseau reproducteur ne soit tiré, la période de chasse a été retardée d’un mois pour coïncider avec l’arrivée des migrateurs. Par ailleurs, il est prévu de faciliter l’application du protocole pour empêcher la chasse en temps de « grand froid », et des suivis lors de la croule (parade nuptiale) (lire Photographier la croule de la Bécasse des bois) seront menés pour s’assurer du bon état de la population.

14. Le Loup d’Europe sera peut-être un jour de retour sur le territoire du parc, et contribuera à réguler naturellement les populations de cervidés : ce retour possible a-t-il été pris en compte lors de la création du parc ?

Hervé Parmentier et Matthieu Delcamp : le retour possible des grands prédateurs, comme le Loup d’Europe (Canis lupus) et le Lynx boréal (Lynx lynx), est prévu dans la charte, l’enjeu étant de faciliter la cohabitation avec les activités humaines, et notamment l’élevage. En particulier, des mesures d’accompagnement des éleveurs sont prévues pour éviter le recours aux tirs létaux. L’établissement public du parc national fait aussi partie de la cellule « loup » qui a été mise en place dans le département de la Côte-d’Or et qui vise à prévenir et à gérer les situations de crise éventuelles en associant toutes les parties prenantes. Il est difficile d’anticiper quelle pourrait être l’efficacité de grands prédateurs pour le contrôle du nombre d’ongulés, mais il est très improbable qu’ils puissent assurer une régulation satisfaisante des équilibres à l’échelle du territoire.

15. Quel est pour vous le site naturel le plus emblématique et le plus « unique » du parc national ?

Vue de la réserve naturelle nationale de Chalmessin (Haute-Marne)

Vue de la réserve naturelle nationale de Chalmessin (Haute-Marne).
Source : GIP-CN

Hervé Parmentier et Matthieu Delcamp : c’est une question difficile, car l’une des richesses du parc national est justement son patrimoine naturel très diversifié, composé de forêts bien sûr, mais aussi de prairies, de milieux humides, dont de très nombreux marais tufeux, de pelouses sèches et de milieux rocheux variés (lapiaz en sous-bois des chaos rocheux, falaises ou éboulis). La réponse dépendra de ses préférences personnelles et de la taille du site considéré.
Une personne cherchant des lieux impressionnants se tournera sans doute vers la grande cascade de la tufière de Rolampont ou le cirque de la Coquille, une grande reculée calcaire avec des éboulis et une source à ses pieds, alors que le naturaliste sera davantage intéressé par un grand marais tufeux comme celui de Vaucher, par des sites renommés comme le Val Clavin, une enclave agricole dans le massif forestier d’Auberive bordée de pelouses, de marais et de chaos rocheux, ou par le Val des Choues, situé en plein cœur de la forêt domaniale de Châtillon, et qui comprend un chapelet d’étangs et de marais.
Un amoureux des panoramas appréciera la Butte de Taloison, une très belle pelouse sèche qui offre un beau point de vue sur la vallée de l’Aube.
Si l’on devait se limiter à un site emblématique, citons l’actuelle réserve naturelle nationale de Chalmessin, même si elle n’est pas la plus spectaculaire. Ce vallon retiré, comprenant un marais tufeux bordé par la forêt, et qui va perdre son statut lors de la création du parc (une réserve naturelle ne peut exister dans la zone intégrale d’un parc), va devenir l’une des quatre portes d’entrée du cœur.  

16. Le marais tourbeux du plateau de Langres serait le plus beau de France : quelles espèces d’oiseaux typiques peut-on y voir, et comment y accéder ?

Vue du marais Vaucher à Germaines (Haute-Marne)

Vue du marais Vaucher à Germaines, l’un des plus beau marais tufeux de Haute-Marne.
Source : GIP-CN

Hervé Parmentier et Matthieu Delcamp : il n’y a pas un seul marais, mais un ensemble de zones humides (dont des marais de pente) éparpillées sur le plateau de Langres. Le caractère tourbeux est rare car les sols sont calcaires.
L’intérêt écologique des marais tufeux a été reconnu pour une cinquantaine d’entre eux : ils ont été inscrits dans le réseau européen Natura 2000, et font parfois l’objet d’arrêtés préfectoraux de protection du biotope. Le nombre de marais du parc national est de près de 200, et leur superficie peut dépasser une centaine d’hectares. Ces marais peuvent prendre des formes spectaculaires, comme les cascades tufeuses, mais ils sont fragiles : certains ne sont donc pas accessibles et des propriétaires ont explicitement exprimé leur souhait de ne pas accueillir de visiteurs. Les personnes souhaitant découvrir ces habitats se rendront plutôt dans des sites aménagés comme la réserve naturelle de Chalmessin, la tuffière de Rolampont, le marais du Conois à Bure-les-Templiers, ou encore le marais des Brosses à Recey-sur-Ource.
D’autres marais peuvent être parcourus avec l’accord de leur propriétaire lors de visites guidées organisées par les Conservatoires d’Espaces naturels de Champagne-Ardenne et de Bourgogne ou d’autres associations naturalistes locales.
L’avifaune de ces zones humides bordées par la forêt est comparable à celles des lisières et des clairières voisines. Une étude comparative des oiseaux nicheurs de la réserve naturelle de Chalmessin, qui comprend un marais, une forêt et une pelouse, a montré que seules cinq des 38 espèces ne se rencontraient que dans le marais : le Roitelet huppé (Regulus regulus), la Mésange boréale (Poecile montanus), la Locustelle tachetée (Locustella naevia), le Serin cini (Serinus serinus) et l’Hypolaïs polyglotte (Hippolais polyglotta), tandis que deux autres étaient présentes à la fois dans le marais et sur les pelouses sèches : le Pipit des arbres (Anthus pratensis) et la Fauvette des jardins (Sylvia borin). Ces sept espèces sont typiques des milieux ouverts et buissonnants, à part le Roitelet huppé dont la présence est liée aux Pins sylvestres (Pinus sylvestris) qui poussent en bordure du marais.

17. Trouve-t-on dans le parc des plans d’eau intéressants pour l’observation des oiseaux ?

Hervé Parmentier et Matthieu Delcamp : le parc national est situé sur un plateau calcaire et les grands plans d’eau sont donc rares : l’un des plus importants est une ancienne gravière située à Marmesse, sur la commune de Châteauvillain. Il sera aménagé pour pouvoir observer la faune, en partenariat avec la commune et le Conservatoire d’Espaces Naturels de Champagne-Ardenne. Pour découvrir des plans d’eau plus vastes et plus riches, il faut aller plus au nord ou à l’est et visiter les grands réservoirs aubois (lire Observer les oiseaux sur les lacs d’Orient, d’Auzon-Temple et Amance), le lac du Der (Marne/Haute-Marne) (lire Où observer les oiseaux remarquables en hiver autour du lac du Der-Chantecoq ?) ou le lac de Marcenay (Côte-d’Or), géré par le Conservatoire d’Espaces Naturels de Bourgogne.

18. Disposez-vous d’une estimation des effectifs nicheurs de Cigognes noires, d’Aigles bottés et de Chouettes de Tengmalm sur le territoire du parc national ?

Cigognes noires (Ciconia nigra) adultes et poussins

Cigognes noires (Ciconia nigra) adultes et poussins sur le territoire du parc national des forêts de Champagne et Bourgogne.
Photographie : Fabrice Croset

Hervé Parmentier et Matthieu Delcamp : les effectifs nicheurs de Cigognes noires sont très bien connus grâce à l’investissement de la coordination nationale du réseau Cigogne noire ONF-LPO qui est très active sur le territoire. Chaque année, quatre ou cinq couples se reproduisent, soit environ 10 % des 40 à 70 couples de France. Les populations d’Aigles bottés (Aquila pennata) et de Chouettes de Tengmalm ne sont pas précisément connues car ce sont des oiseaux très discrets et leur habitat n’est pas très prospecté. En outre, ils sont très rares et leur nombre varie d’une année sur l’autre : par exemple, la Chouette de Tengmalm, qui avait été trouvée nicheuse lors de la mise en place de la Zone de Protection Spéciale (ZPS) des massifs forestiers et vallées du Châtillonnais, s’est fortement raréfiée depuis 2005 : en 2017, la LPO n’a repéré qu’un seul chanteur en Côte-d’Or, mais aucun dans le parc national. Or, selon cette même association, plusieurs dizaines de chanteurs, voire plus d’une centaine, étaient présents dans les années 1980-1990.
En 1998, on estimait que de un à trois couples d’Aigles bottés nichaient dans la ZPS, mais en 2017, la LPO n’a fait qu’une observation. L’une des priorités du parc national sera de recenser et de mieux suivre ces espèces.

19. Il serait prévu de créer une zone de quiétude pour la Cigogne noire dans la vallée de l’Aujon, de Chameroy à Arc-en-Barrois : quelles mesures seront prises pour cela ? Est-ce le meilleur secteur du parc pour observer cette espèce ?

Hervé Parmentier et Matthieu Delcamp : cette zone de quiétude concerne en fait un site Natura 2000 dédié à la préservation de la vallée de l’Aujon, et notamment de ses prairies. Toutefois, la Cigogne noire est aussi présente dans le parc, et elle s’alimente le long de cours d’eau en bon état écologique. Elle constitue donc un marqueur de la qualité des vallées humides et des forêts.

Cigogne noire (Ciconia nigra)

Cigogne noire (Ciconia nigra) en halte migratoire sur l’un des grands lacs de Champagne, au nord du parc national.
Photographie : Fabrice Croset

Les suivis réalisés sur la Cigogne noire, que ce soit via les observateurs du réseau ONF-LPO ou grâce aux suivis satellitaires menés grâce aux balises Argos posées sur les individus, tendent à montrer que les cigognes étaient assez fidèles à leurs zones de gagnage (sauf les années d’inondation ou de sécheresse) proches du nid. Elle choisit essentiellement les petits cours d’eau situés dans des vallons relativement étroits composés de prairies et d’un boisement rivulaire limité. Il faut éviter de s’approcher si vous apercevez une Cigogne noire pour ne pas la déranger, et cette recommandation est bien évidemment démultipliée si vous apercevez un nid car vous pouvez menacer la reproduction de l’espèce. Vous pouvez transmettre vos données au réseau Cigogne noire.
Le parc national souhaiterait mettre en œuvre, en lien avec la LPO, l’ONF et les régions Grand Est et Bourgogne-Franche-Comté, un plan d’action en faveur de la Cigogne noire, qui supposerait la poursuite des suivis et notamment la pratique des baguages au nid, ainsi que des expérimentations pour conserver les zones d’alimentation favorables.

20. Pouvez-vous nous indiquer un bon site pour écouter la Chouette de Tengmalm ?

Hervé Parmentier et Matthieu Delcamp : comme indiqué précédemment, les dernières données avérées de présence de la Chouette dans le périmètre du parc remontent à quelques années. Toutefois, on peut espérer que l’espèce soit encore présente et qu’elle revienne. Pour avoir une chance de l’entendre, il faut suivre au crépuscule et à la fin de l’hiver les sentiers de randonnée des massifs forestiers du Châtillonnais. Elle apprécie principalement les hêtraies poussant dans les combes et sur les pentes très fortes exposées au nord, au microclimat froid.

21. Pouvez-vous nous indiquer de bons sites pour observer les deux rapaces diurnes forestiers les plus remarquables du parc, l’Aigle botté et l’Autour des palombes ?

Hervé Parmentier et Matthieu Delcamp : comme indiqué plus haut, l’Aigle botté est très rare. L’Autour des palombes est plus commun mais il est discret, notamment en période de reproduction, et ses effectifs sont difficiles à estimer. Il a besoin de grands arbres pour nicher. La LPO a édité un petit guide proposant des circuits ornithologiques en Côte-d’Or, dont deux concernent le parc national. Vous pouvez aussi consulter les données des sites web participatifs Oiseaux-cote-dor.org et Faune-champagne-ardenne.org du réseau Visionature.

22. Le Pic cendré est-il encore nicheur dans le parc national ? Quels sont les bons secteurs pour l’observer ?  La Pie-grièche grise est-elle nicheuse dans le parc national ? Si oui, quels sont les bons secteurs pour l’observer ?

Hervé Parmentier et Matthieu Delcamp : le Pic cendré (Picus canus) est présent dans les forêts du Châtillonnais, mais il est discret. La Pie-grièche grise (Lanius excubitor) ne niche plus depuis 2009 dans le département de la Côte-d’Or, voire en Bourgogne, selon les résultats d’une enquête nationale déclinée au niveau régional (Grand et al., 2009) : durant le printemps 2009, tous les sites favorables du Châtillonnais anciennement occupés par l’espèce, dont trois au sein de la Zone de Protection Spéciale du Châtillonais, avaient été prospectés, sans succès. La Pie-grièche grise fréquente toutefois encore la Bourgogne en hiver : quelques individus (de 10 à 15 individus) sont  répartis dans les grandes cultures, le bocage, les peupleraies ou dans les jeunes plantations de l’Auxois, de la plaine de la Saône et du Châtillonnais.

 Cincle plongeur (Cinclus cinclus)

 Cincle plongeur (Cinclus cinclus).
Photographie : Ludovic Jouve

23. Quelles espèces d’oiseaux remarquables nichent dans la vallée alluviale de l’Aube, d’Auberive à Dancevoir ?

Hervé Parmentier et Matthieu Delcamp : c’est en fait un site Natura 2000 identifié pour ses prairies humides, mais plus globalement, les vallées de l’Aube, de l’Aujon et de l’Ource, accueillent une avifaune liée aux prairies et aux cours d’eau, comme la Cigogne noire (séances de nourrissage), la Pie-grièche écorcheur, le Martin pêcheur d’Europe (Alcedo atthis), le Cincle plongeur (Cinclus cinclus) (en amont) et les Milans noir (Milvus migrans) et royal (M. milvus). La vallée de l’Aube compte aussi un nombre important de pelouses sèches où niche l’Alouette lulu (Lullula arborea).

24. Quelles espèces d’oiseaux rupestres peuvent être observées dans les gorges de la Vingeanne ?

Hervé Parmentier et Matthieu Delcamp : les gorges de la Vingeanne ne sont pas celles du Verdon, et ses falaises sont trop modestes pour accueillir des oiseaux spécifiquement rupestres. Toutefois, le parc national est progressivement recolonisé par le Grand-duc d’Europe (Bubo bubo), qui apprécie les petites falaises naturelles et les fronts de carrières abandonnées de pierre de Bourgogne.

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