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Christophe Thébaud nous éclaire sur la remarquable variabilité du Zostérops gris de La Réunion

Quatre formes distinctes de ce passereau endémique ont été identifiées sur l'île de La Réunion, qui est pourtant d'une superficie relativement réduite : comment expliquer ce phénomène ?
24/06/2021 | Validé par le comité de lecture

Introduction

Les îles océaniques, qu’elles soient d’origine volcanique ou corallienne, constituent des laboratoires naturels de l’évolution : en effet, leur éloignement des côtes continentales en fait des lieux privilégiés pour la spéciation, c’est-à-dire pour la formation de nouvelles espèces. Ces animaux et végétaux uniques sont dits endémiques, et leur proportion dans la faune et la flore de ces îles est parfois élevée.
Située dans l’océan Indien, à 700 km à l’est de Madagascar, l’île française de La Réunion, qui fait partie de l’archipel des Mascareignes (qui comprend aussi Maurice, Rodrigues et quelques petites îles), est un cône volcanique posé sur une plaine abyssale. Sa faune et sa flore sont très variées, bien que fortement appauvries depuis l’établissement continu des êtres humains au XVIIe siècle : 18 espèces d’oiseaux endémiques se sont ainsi éteintes en un peu plus de 300 ans, comme l’Étourneau de Bourbon (Fregilupus varius) et l’Ibis de la Réunion (Threskiornis solitarius). En outre, 20 autres ont été introduites.
L’île compte aujourd’hui 17 oiseaux indigènes nicheurs, dont neuf sont endémiques. C’est le cas du Zostérops gris de La Réunion (Zosterops borbonicus), appelé aussi Zostérops de Bourbon. Chez ce petit passereau présent dans toute l’île, on note l’existence de quatre « formes » géographiques, qui diffèrent principalement les unes des autres par la couleur de leur plumage : les oiseaux du nord sont bruns avec la tête entièrement grise, ceux de l’ouest entièrement bruns, ceux du sud sont bruns avec la tête grise et la nuque brune, tandis que la quatrième, qui vit exclusivement au-dessus de 1 400 mètres d’altitude, est composée d’individus gris et bruns qui s’apparient parfois entre eux.
Plusieurs biologistes étudient depuis plusieurs années ce processus de diversification chez le Zostérops gris de La Réunion, afin d’essayer de comprendre les facteurs qui expliquent la formation de ces formes sur un territoire d’une superficie réduite (2 512 km²). C’est le cas de Christophe Thébaud, professeur au Laboratoire Évolution et Diversité Biologique de l’Université Toulouse III Paul Sabatier/CNRS/IRD (France) : il a répondu à nos questions sur ce système complexe et passionnant, mais aussi plus globalement sur l’avifaune de La Réunion.

Abstract

Oceanic islands, whether of volcanic or coral origin, constitute natural laboratories of evolution: in fact, their remoteness and their isolation from continental coasts make them privileged places for geographical speciation. The proportion of endemic species in the fauna and flora of these islands can sometimes be high. Located in the Indian Ocean, 700 km from Madagascar, the French island of Reunion, which is part of the Mascarene Archipelago (which also includes Mauritius, Rodrigues and other small islands) is a volcanic cone set on an abyssal plain. Its fauna and flora are very varied, although very impoverished since the continuous establishment of humans in the 17th century: 18 endemic bird species have thus become extinct in a little over 300 years, such as the Hoopoe Starling (Fregilupus varius) and the Reunion Sacred Ibis (Threskiornis solitarius). In addition, 20 more have been introduced.
The island has 17 native breeding birds, nine of which are endemic. This is the case of the Reunion grey White-eye (Zosterops borbonicus), for which four geographical « forms », which differ mainly from each other by the color of their plumage, have been identified: the birds of the north are brown with an entirely gray head, those in the west which are entirely brown, those in the south are brown with a gray head and a brown nape, while the fourth, which lives exclusively above 1,400 meters of elevation, is composed of gray and brown individuals.
A team of biologists has been studying for several years the process of diversification in the Réunion Grey White-eye, in order to try to understand the factors which explain the formation of these forms on a small island. One of these biologists, Christophe Thébaud, professor at the Laboratoire Evolution et Diversité Biologique of the Université Toulouse III Paul Sabatier/CNRS/IRD (France), has answered our questions on this complex and fascinating system, but also on the avifauna of La Reunion Island.

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Compléments

Contact

Christophe Thébaud – Courriel : christophe.thebaud@univ-tlse3.fr – Site web : Thebaud.weebly.com

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