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Les oiseaux peuvent-ils prendre du plaisir et s’amuser ?

Lorsque l'on voit une corneille faire de la luge sur un toit enneigé, le fait-elle pour le plaisir ?
03/10/2016 | Validé par le comité de lecture

Introduction

Certaines vidéos disponibles sur Internet sont très amusantes, comme celle où l’on voit une Corneille mantelée se servir d’un couvercle pour faire de la luge sur un toit enneigé en Russie, ou celle où des Cygnes noirs surfent sur les vagues. Et quand un Merle noir chante longuement un soir d’été, le fait-il toujours dans un but précis ou simplement pour se faire plaisir ? Il est difficile d’interpréter les comportements des oiseaux sans faire de l’anthropomorphisme (= l’attribution de caractéristiques comportementales ou morphologiques humaines aux animaux). Dans un article publié en 2015 dans la revue Current Biology, Nathan J. Emery et Nicola S. Clayton ont essayé de répondre à la question suivante : le cerveau des oiseaux leur permet-il potentiellement de prendre du plaisir en jouant, en se nourrissant ou en chantant ?

Abstract

Some videos available on the Web are very funny, like the one showing a Hooded Crow carrying a lid on a snowy roof and using it repeatedly as a sledge, or the one where some Black Swans are filmed surfing a wave, etc. When a blackbird sings in a long summer evening, is there always a purpose or is it just to have fun? It is difficult to interpret the behavior of birds without falling into anthropomorphism. In an article published in 2015 in the Current Biology journal, Nathan J. Emery and Nicola S. Clayton tried to answer the following question: do the brain of birds allows them potentially to have fun when playing, feeding or singing?

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3 commentaire(s) sur ce sujet

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Le fait que l’on retrouve les mêmes types de structures anatomiques, de circuits neuro-biologiques et de neuro-transmetteurs chez les oiseaux et chez les mammifères (dont l’homme) est extrêmement puissant pour penser que les oiseaux peuvent ressentir ou expérimenter les situations de manière analogue à nous. Cependant, cela nous apprend peu de choses sur leur compétences cognitives, leurs capacités d’abstraction, leurs capacités de communication et leur degré de conscience, tous points qui font actuellement l’objet de travaux spécifiques, extrêmement complexes à élaborer et à interpréter objectivement. Si nous avons essayé d’apprendre à des oiseaux à parler humain (cf l’expérience de Boon Lay Ong), je ne crois pas que nous ayons vraiment essayé d’apprendre à parler « oiseau ». Et pourtant, ce serait une approche très intéressante.

Le thème de l’article est très intéressant. De même qu’il est noté qu’il existe une corrélation entre les comportements de jeu et les espèces d’oiseaux à grands cerveaux, une autre équipe canadienne a montré une corrélation entre le degré d’innovation technique et le volume du cerveau des oiseaux (travaux du Pr Lefebvre). En revanche, le fait que des comportements de jeux n’aient été à ce jour noté que chez 1% des 10000 espèces d’oiseaux ne signifient pas grand chose en soi, car cela peut être simplement dû au biais d’observation, soit que nous n’ayons pas encore eu l’occasion d’observer de tels comportements chez une grande majorité d’espèces, soit que nous n’ayons pas été en mesure de reconnaître ces comportements et de les qualifier correctement (et ce n’est pas exclusif).

La vidéo choisie de la corneille mantelée « faisant de la luge » sur le toit ne me semble pas la plus judicieuse pour illustrer le jeu des corvidés, sauf si c’est pour démontrer que nous pouvons facilement céder à des interprétations anthropomorphiques. En effet, la corneille semble plus intéressée à picorer cet objet d’origine humaine, qu’à glisser sur le toit lui-même, fait qu’elle semble en réalité plutôt subir. La visualisation de la vidéo originale montre d’ailleurs qu’elle finit par se lasser de ne pas parvenir à se stabiliser au faite de ce toit et qu’elle finit par s’envoler avec l’objet de sa convoitise, objet qu’elle picore probablement pour des raisons trophiques dans cet environnement hivernal où le froid demande de l’énergie et où la nourriture se fait plus rare.