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Magazine | Analyses

Deux projets de réintroduction du Pygargue à queue blanche en Espagne et en France

Un projet est en cours dans les Asturies (Espagne), et un autre, sur la rive française du lac Léman, a été déposé récemment auprès du préfet de Haute-Savoie.
01/09/2021 | Validé par le comité de lecture

Introduction

Le Pygargue à queue blanche (Haliaeetus albicilla) est un grand rapace (jusqu’à 90 cm de long et 2,6 mètres d’envergure) aux longues et larges ailes et à la courte queue cunéiforme. L’adulte se reconnaît à sa queue blanche, à sa tête beige, à son corps brun plus ou moins sombre et à son bec jaune, tandis que le juvénile est plus sombre avec le bec noirâtre. Il niche sur des falaises côtières et sur des arbres en bordure des cours d’eau, des lacs et des étangs. Son régime est essentiellement piscivore, mais il peut aussi chasser les oiseaux aquatiques et manger des charognes.
Son aire de répartition est vaste, allant du Groenland à la Sibérie orientale et au Japon. En Europe, il a beaucoup décliné au cours des XIXe et XXe siècles, mais grâce à différentes mesures de protection, à l’interdiction de certains produits chimiques et à la dépollution des lacs et cours d’eau, ses effectifs sont en augmentation depuis les années 1970. On compterait actuellement environ 6 000 couples sur le continent, dont plus de la moitié en Norvège et en Russie d’Europe, et des réintroductions ont été menés avec succès en Grande-Bretagne, en Irlande et au Danemark.
En Espagne, où l’espèce avait disparu en tant que nicheuse au XIXe siècle, un projet porté par l’association GREFA est en cours dans la commune de Ribadedeva, dans la communauté autonome des Asturies, dans le nord-ouest du pays : le 2 août 2021, neuf jeunes nés dans la nature en Norvège (où l’espèce est florissante) y ont été placés dans une volière.
En France, la dernière nidification remontait aux années 1950 en Corse, mais le Pygargue à queue blanche se reproduit à nouveau depuis 2011 sur l’étang du Lindre en Moselle. Quatre couples nichaient au XIXe siècle sur les rives du lac Léman : Jacques-Olivier Travers, directeur du parc Les Ailes du Léman, a décidé il y a une quinzaine d’années de réintroduire l’espèce dans le bassin lémanique. Il a récemment déposé son projet à la préfecture de Haute-Savoie, qui devrait donner sa réponse au cours de l’automne 2021.
Dans cet article, nous apportons des précisions sur ces projets espagnol et français, et nous évoquons leurs éventuelles limites et faiblesses.

Abstract

The White-tailed Eagle (Haliaeetus albicilla) is a large raptor with long and broad wings and a short wedge-shaped tail. The adult can be recognized by its white tail, beige head, more or less dark brown bodies and yellow beak, while the juvenile is dark brown with blackish beak. It breeds on coastal cliffs and trees along streams, lakes and ponds. Its diet is mainly piscivorous, but it can also hunt water birds and eat carrion. Its range is wide, stretching from Greenland to eastern Siberia and Japan. In Europe, it declined a lot during the 19th and 20th centuries, but thanks to various conservation measures, the banning of certain chemicals and the depollution of several lakes and rivers, its numbers have been increasing since. the 1970s.
There are currently around 6,000 pairs on our continent, more than half of them in Norway and European Russia, and reintroductions have been successfully carried out in Great Britain, Ireland and Denmark. In Spain, where the species disappeared as a breeder in the 19th century, a project managed by the GREFA association is underway in the municipality of Ribadedeva, in the autonomous community of Asturias, in the north-west of the country: on the 2nd of August 2021, nine young born in Norway (where the species is flourishing) were placed in an aviary.
In France, the last breeding pair was recorded in the 1950s in Corsica, but the White-tailed Eagle breeds again since 2011 on the Lindre pond in Moselle, in the Eastern part of the country. Four couples bred in the 19th century on the shores of Lake Geneva: Jacques-Olivier Travers, the director of Les Ailes du Léman park, decided fifteen years ago to reintroduce the species into the Lake Geneva basin: he recently submitted his project to the prefecture of Haute-Savoie, which should give its answer during the fall of 2021.
In this article, we provide details on these Spanish and French projects, and we discuss their possible limitations and weaknesses.

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Pygargue à queue blanche (Haliaeetus albicilla)

Sources

8 commentaire(s) sur ce sujet

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(suite et fin du précédent commentaire, interrompu :
-enfin la presque totalité des remarques de fond que j’avais formulées ont été totalement ignorées par les porteurs du projet parce qu’elles remettaient en cause un certain nombre de leurs affirmations erronées.
Autrement dit, un projet où subsistent bien des zones d’ombre…
Christian RIOLS, membre du Comité de pilotage du projet.

merci, en effet c’est un projet qui présente beaucoup d’incertitudes pratiques, mais qui est passionnant 🙂 David

bonjour, merci pour ces importantes précisions !

Bonjour,

La présence de 4 couples au bord du Léman au XIXème siècle est-elle vraiment prouvée ? Je pose cette question car elle n’est pas mentionnée dans les ouvrages que j’ai a disposition (« Les oiseaux de Suisse » et « Inventaire des oiseaux de France »). Dans l’ « Evolution holocène de la faune de Vertébrés en France », il n’est fait mention que d’une probable présence ancienne en France continentale, sans que Léman ne soit mentionné.

Cordialement

Bonsoir, c’est une information donnée par le porteur du projet, je n’ai pas vérifié cette information. Je vais rajouter dans le texte « selon le porteur du projet ».

Bonjour
Je reste toujours étonné par l’attitude de certains naturalistes ayant la fâcheuse tendance à systématiquement commencer par critiquer les tentatives de réintroductions. Vous commencez votre article en évoquant les limites et les faiblesses du projet français et vous insistez sur les critiques d’associations espagnoles.
On n’arrête pas de se plaindre de l’érosion de la biodiversité et des citoyens, des associations reconnues comme le GREFA se dépensent sans compter pour la reconstituer. Je rappelle :
-Que la protection de la nature Espagnole ne serait pas celle qu’elle est aujourd’hui si le GREFA n’existait pas
– que le projet de réintroduction du pygargue en France est totalement pris en charge techniquement et financièrement
– qu’il est soutenu par une trentaine d’associations (LPO, FNE, Nature et Humanisme, Pic vert, Lo Parvi, ASTER, etc) et par des personnalités compétentes ( C. Riols, M Terrasse, G Cochet, J. Blondel, Y. Thonnérieux, B. Meyburg, C. Pacteau R. Faure, H. Tournier etc.)
– qu’il respecte scrupuleusement les règles de l’UICN pour les réintroductions et le bien être des oiseaux
Alors nous aurions aimé des remerciements, des soutiens, voire des félicitations pour ce projet dont nous nous occupons sans compter notre énergie et notre temps.
Bien évidemment toutes les personnes intéressées par ce projet peuvent nous contacter et venir visiter les installations déjà réalisées. Elles recevront le dossier complet et nous serons heureux de partager ce projet enthousiasmant avec eux. Cordialement
Jean François Noblet 04 76 55 39 80 http://www.ecologienoblet.fr
Jacques Olivier Travers 06 18 49 88 87

Bonjour, vous avez raison, mais comme nous essayons d’être les plus précis possibles, nous abordons tous les aspects de ces projets. Cordialement David

Bonjour,
étant cité parmi les soutiens au projet du lac Léman, après avoir été sollicité en tant que spécialiste de l’espèce pour sa relecture exhaustive, je tiens à apporter les précisions suivantes :
– les 4 couples nicheurs au XIX° siècle sur les rives du Léman n’existent pas et proviennent d’une manipulation volontaire d’une carte dressée par V. Fatio, célèbre ornithologue suisse de l’époque, laquelle présentait les localisations d’occurrence du Pygargue mais en aucun cas des sites de nidification, cette dernière n’ayant jamais été observée en Suisse jusqu’à une reproduction totalement isolée, hors contexte en 1892 (et non 1882 ), évènement d’ailleurs mis en doute dans la mesure où Fatio, à qui on l’avait relatée, ne l’avait pas lui-même observée.
– la commission scientifique nationale (de la LPO France) ayant donné à l’unanimité son feu vert au projet ne l’a fait qu’assorti de réserves importantes.
– le projet, contrairement à ce qui est avancé, n’est pas totalement pris en charge financièrement : ainsi le suivi des oiseaux après relâcher n’est pas assuré.
– enfin la presque totalité des rema

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