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Un pot accroché, une idée simple pour aider les calaos à nicher dans les zones urbaines d’Asie du Sud

Calao de Ceylan (Ocyceros gingalensis) et nichoir formé par un pot attaché à un arbre dans un jardin de la banlieue de la ville d’Anuradhapura (Sri Lanka) en 2023 : notez l’entrée en partie fermée par une paroi construite par le couple.
Photographies : Lahiru Prabudda Fernando (Wikimedia Commons) et Damindu J.C. Wijewardana et al. (Hornbill Natural History & Conservation)
La famille des calaos (Bucérotidés) est composée de 62 espèces au long bec recourbé et à longue queue, de taille variable nichant en Afrique tropicale, dans la péninsule Arabique, et en Asie du Sud et du Sud-est. Ces oiseaux vivent dans des habitats arborés plus ou moins denses et nichent généralement, sauf pour quelques espèces, dans les cavités des arbres : après être rentrée dans celui-ci, la femelle s’enferme en construisant, avec l’aide de son partenaire, une paroi solide composée de boue, de déjections et de végétaux, ne laissant qu’un petit espace pour respirer et recevoir de la nourriture, lui assurant ainsi une protection contre les prédateurs. Durant la période de nidification, qui dure plusieurs semaines, elle effectue généralement une mue complète. Lorsque les oisillons sont âgés d’un mois environ, leur mère quitte le nid et referme partiellement l’entrée, et les parents continuent de les nourrir jusqu’à ce qu’ils puissent voler, et longtemps après.
Du fait de la chasse, des incendies et de la déforestation, beaucoup d’espèces sont en déclin ou en voie de disparition. Outre la création de zones protégées, l’un des moyens d’aider les populations de calaos à se reconstituer est de poser des nichoirs aux dimensions adaptées : ils ont souvent une forme cylindrique ou rectangulaire, peuvent être en bois ou en béton de bois, et sont munis d’un perchoir et d’une entrée, que les oiseaux pourront cimenter en partie, comme les sittelles (lire Les différents types de nichoirs pour oiseaux). Leur fond peut être recouvert de terre et de sciure de bois pour améliorer le confort de la femelle et des oisillons, puis ils sont généralement attachés à un tronc d’arbre, à une hauteur suffisante.
Le Sri Lanka est une île de 65 610 km² située dans l’océan Indien, à environ 31 km au sud-est de l’Inde. Malgré sa petite taille, ses paysages et ses habitats sont variés. La densité de population est forte, mais de nombreuses zones protégées, couvrant plus de 15 % de la superficie, ont permis de conserver une faune et une flore riches et variées. Plus de 430 espèces d’oiseaux ont été recensées, dont 34 sont endémiques (lire Voyage ornithologique au Sri Lanka du 6 au 18/02/2017).
C’est le cas du Calao de Ceylan (Ocyceros gingalensis), un oiseau mesurant environ 45 cm de long, vivant dans les forêts tropicales à feuilles persistantes ou caduques, mais aussi dans les plantations et les grands jardins, jusqu’à 1 200 mètres d’altitude. Il est principalement frugivore et joue donc un rôle crucial dans la dispersion des graines, contribuant ainsi à la régénération et à la croissance des écosystèmes forestiers. Son régime alimentaire change pendant la période de nidification, et se compose alors également d’insectes, de petits reptiles, d’oiseaux et d’escargots, pour répondre aux besoins en protéines des oisillons en croissance.
![]() Situation de la ville d’Anuradhapura (Sri Lanka). |
Pour nicher, il recherche de grands arbres, et comme ailleurs en Asie, les cavités adaptées ont tendance à devenir rares. Dans un article publié en 2024 dans la revue Hornbill Natural History & Conservation, des biologistes ont présenté un intéressant exemple de nichoir simple occupé en 2023 par un couple de Calaos de Ceylan dans un jardin de la banlieue de la ville d’Anuradhapura, dans la province de North Central. Il était constitué d’un grand pot en aluminium (largeur maximum de 40 cm et diamètre de l’entrée de 13 cm), autrefois utilisé par les propriétaires pour cultiver une plante ornementale. Il était attaché à un manguier, à seulement 1,8 mètre du sol.
Le couple avait été vu recherchant des sites de nidification dans le secteur au début du mois de mars 2023, et la femelle avait visité ce pot à plusieurs reprises. Après l’avoir examiné et avoir nettoyé l’intérieur, elle s’y est installée, s’est faite « enfermée » dedans et a pondu plusieurs œufs. Pendant la période de nidification, elle était nourrie plusieurs fois par jour par son partenaire. L’éclosion a eu lieu à la fin du mois d’avril, et la fréquence des apports de nourriture (insectes, graines et fruits) a alors progressivement augmenté. Des mèches de lampes à huile étaient aussi parfois apportées (lire Des Corbeaux familiers éteignent les mèches en coton de lampes à huile pour les consommer ensuite). Le 12 juin, la femelle a cassé la paroi fermant en partie l’entrée, et trois jeunes ont été repérés. Le 20 juin, elle a également commencé à les nourrir Le 1er juillet, le plus grand d’entre eux a quitté le nid, et le dernier est sorti le 9 juillet. La nidification a été suivie jusqu’au mois de juillet.
Ce suivi est intéressant à plus d’un titre : il montre que dans les zones urbaines du Sri Lanka, le régime alimentaire du Calao de Ceylan est probablement plus riche en insectes qu’en pleine forêt, que des mèches à huile sont aussi consommées par les jeunes, que le nombre de poussins élevés avec succès (trois) peut être plus élevé que ce qui est généralement constaté en pleine nature, et qu’un simple grand pot peut constituer un excellent site de nidification, ce qui pourrait être utile pour aider d’autres espèces de calaos de même taille en Asie du Sud et du Sud-est.
Vidéo sur la nidification du Calao de Ceylan (Ocyceros gingalensis) dans la cavité d’un arbre.
Source : Paradise Island Safari
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Compléments
Ouvrages recommandés
- Birds of Northern India de Richard Grimmett (Auteur) et Tim Inskipp (Auteur)
- Birds of India: Pakistan, Nepal, Bangladesh, Bhutan, Sri Lanka, and the Maldives de Richard Grimmett, Carol Inskipp et Tim Inskipp (2012)
- Birds of South Asia: The Ripley Guide de Pamela C. Rasmusen et John C. Anderton
- Birds of South-East Asia de Norman Arlott
Source
Damindu J.C. Wijewardana, Iresha I. Wijerathne et Sriyani Wickramasinghe (2024). Observation on an artificial nest of a Sri Lanka Grey Hornbill (Ocyceros gingalensis) in an urban setting. Hornbill Natural History & Conservation. Volume : 5. Pages : 54–60. www.researchgate.net
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