Le Pygargue à tête blanche (Haliaeetus leucocephalus) mesure de 85 à 110 cm de long pour une envergure de 180 à 220 cm, la femelle étant plus grande que le mâle (lire Pourquoi les femelles de rapaces sont-elles généralement plus grandes que les mâles ?). L’adulte est brun sombre, avec la tête et la queue blanches et un bec et les serres jaunes, tandis que le juvénile est brun tacheté irrégulièrement de blanc avec le bec sombre. Jusqu’à l’âge de quatre ans, le plumage évolue progressivement (apparitions de zones blanches) vers celui d’adulte. Ses cris sont aigus et perçants.

Il se nourrit principalement de poissons, mais son régime alimentaire est varié et opportuniste, et il chasse volontiers des oiseaux et des petits mammifères, en privilégiant des individus affaiblis. Il mange aussi des charognes à l’occasion. C’est un chasseur et un pêcheur solitaire pendant la saison de reproduction, mais on assiste souvent à des rassemblements dans certains secteurs en dehors de cette période (lire Alaska : Homer, la ville aux Pygargues à tête blanche).

Il niche généralement dans un arbre le long du littoral et sur les berges des rivières et des lacs plans d’eau dans une grande partie du continent nord-américain, du centre de l’Alaska et du nord du Canada à la Floride, la Californie et la frontière mexicaine. Il niche également dans l’archipel français de Saint-Pierre-et-Miquelon (lire Observer les oiseaux dans l’archipel de Saint-Pierre et Miquelon). Deux sous-espèces sont reconnues. 

Il est sédentaire (partiel ou strict) dans une grande partie de son aire de répartition, mais les oiseaux les plus septentrionaux sont migrateurs. Après avoir chuté dramatiquement, sa population a remonté progressivement depuis la fin des années 1970, grâce à une protection légale, l’interdiction de certains pesticides, la protection des sites de reproduction et l’installation de plateformes de nidification : rien qu’aux États-Unis, on compterait actuellement 316 700 individus, dont 71 400 couples.  

En dehors de l’Amérique du Nord, des oiseaux isolés ont été notés jusque dans les Caraïbes, dans les Bermudes, à Belize, au Groenland et dans le nord-est de la Sibérie, et même en Suède (un individu collecté en 1850) et en Irlande. Dans ce dernier pays, un jeune a été abattu illégalement à Fermanagh le 11 janvier 1973, et un autre individu a été capturé à Kerry le 15 novembre 1987. 

Toutefois, l’espèce étant fréquemment détenu dans les parcs zoologiques et les spectacles vivants de rapaces, les observations en dehors de son aire de répartition normale concernent généralement des individus échappés de captivité.

Voici ci-dessous quelques exemples récents d’évasions de Pygargues à tête blanche qui ont été relayées dans la presse française :

  • En juin 2023, une femelle appelée « Cheyenne » âgée de 24 ans s’est « volatilisée » du zoo de La Flèche (Sarthe) pendant un entraînement, probablement « grisée » par le vent. Elle a perdu son émetteur, compliquant les recherches. Elle a été repérée (mais pas récupérée) dans le secteur de la réserve naturelle régionale des marais de Cré-sur-Loir (Sarthe) le 3 juillet 2023, et en juin 2024 (au moins), elle n’avait toujours pas été retrouvée. 
  • Le 23 août 2019, un mâle appelé « Roc », appartenant au parc animalier des Aigles de Valmy, à Argelès-sur-Mer (Pyrénées-Orientales)​, a été retrouvé le lendemain quelques kilomètres plus loin. Selon le responsable du parc, une bourrasque l’aurait emporté durant une démonstration.
  • Le 27 avril 2019, un oiseau appartenant à l’Aquashow d’Audierne (Finistère) qui avait fugué au cours d’une représentation, a été capturé le 10 mai dans le Loiret par un fauconnier de l’Yonne.
  • En juin 2014, un oiseau nommé « Ossuégo » a quitté le zoo de La Boissière-du-Doré (Loire-Atlantique) pendant un spectacle en vol libre. Il a été repéré plus tard par un habitant du lotissement des Chevrettes à Vassy (Calvados), où il s’était perché sur la cheminée de sa maison. Il a été récupéré par les animaliers du parc zoologique de Jurques, qui sont intervenus munis de gants de fauconnerie, précisant qu’il est assez rare qu’un pygargue captif parcourt une telle distance.   
Situation des herbus du Nouveau Conseil (Ille-et-Vilaine)

Situation des herbus du Nouveau Conseil à Saint-Boladre (Ille-et-Vilaine).
Carte : Ornithomedia.com

Les 2 et 3 janvier 2025, un adulte a été observé et photographié dans les herbus du Nouveau Conseil, dans les communes de Roz-sur-Couesnon et de Saint-Broladre (Ille-et-Vilaine), en baie du Mont-Saint-Michel (lire Observer les oiseaux en hiver dans les herbus de la baie du Mont-Saint-Michel). Selon Sébastien Provost, le responsable de la compagnie Birding Mont-Saint-Michel, qui organise des sorties ornithologiques guidées en Bretagne et en Normandie, il serait présent dans la baie depuis plusieurs mois.

Il n’est pas marqué et vole parfaitement, et son origine est inconnue, même si une arrivée naturelle est peu probable, même si elle n’est pas à exclure totalement, tant que son propriétaire ne s’est pas manifesté. En outre, dans la nature, les oiseaux élevés en captivité ont normalement peu de chances de survie car ils ne savent pas chasser, ce qui ne semble pas être le cas de cet individu.

Selon Barbara Roland, la soigneuse qui s’occupait de « Cheyenne », la femelle qui s’est échappée du zoo de la Flèche en juin 2023 et qui n’a pas encore été retrouvée , cet individu serait différent du fait de la présence de marques sombres sur la tête qui étaient absentes de l’oiseau évadé (voir des photos de ce dernier).

Sur notre page Facebook, Hugo Touzé nous suggère que cet oiseau pourrait être né en 2021 et appartenir au zoo de la Bourbansais, situé à Pleugueneuc (Ille-et-Vilaine) : il s’en est échappé en mars 2022 et depuis, il est observé en Mayenne, en Ille-et-Vilaine et dans la Manche. Il portait initialement une lanière sur chaque patte, mais elles se sont progressivement détériorées et ont désormais disparu.  

L’épopée de cet individu rappelle en tout cas un peu celui d’un Pygargue de Steller (Haliaeetus pelagicus) adulte présent en Amérique du Nord depuis 2020, bien qu’une origine sauvage probable soit évoquée dans ce cas (lire Le parcours étonnant d’un Pygargue de Steller en Amérique du Nord depuis 2020). 

Ces cas de Pygargues à queue blanche (et d’autres espèces) qui s’échappent des zoos et autres « fêtes médiévales » quand ils en ont l’occasion reposent peut-être le sujet de la pertinence des spectacles vivants de rapaces. 

Pygargue à tête blanche (Haliaeetus leucocephalus) adulte présenté dans le Donjon des Aigles à Beaucens (Pyrénées-Atlantiques) en 2017.
Source : And so my dreams came true – Blog voyage

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