Le Gros-bec errant (Hesperiphona vespertina) mesure de 18,5 à 20 centimètres de longueur et se reconnaît à sa grosse tête, à son bec massif, à ses ailes blanches et noires et à sa courte queue noire. Le mâle adulte a le corps, le front et les sourcils jaunes et la tête sombre. La femelle adulte est gris-olivâtre, et le jeune ressemble à cette dernière. Il se reproduit dans les forêts et dans les bois mixtes et de conifères en montagne et en plaine. En automne et en hiver, il visite aussi les zones cultivées, les vergers, les parcs et les jardins, où il se nourrit volontiers dans les mangeoires, surtout quand la neige l’empêche de trouver des graines dans la nature. 

Gros-bec errant (Hesperiphona vespertina)

Gros-bec errant (Hesperiphona vespertina) mâle au plumage normal dans la réserve nationale de faune du cap Tourmente au Québec (Canada) en mars 2011 (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Cephas / Wikimedia Commons

Il se nourrit surtout de graines d’arbres feuillus (trembles, frênes, érables, hêtres et ormes) et de conifères (pignons de pins), de bourgeons, de baies, de fruits et de grains. Il récolte aussi de la sève d’érable et capture des insectes et leurs larves, surtout durant la période de reproduction. Il apprécie les graines de tournesol en hiver.  

Son aire de nidification s’étend des montagnes Rocheuses et des reliefs de l’Arizona et de l’ouest du Mexique au Québec. Son aire de répartition s’est étendue vers l’Est au cours du XXe siècle, probablement à cause de la généralisation des plantations d’érables negundos près des fermes et de la généralisation du nourrissage hivernal dans les jardins, mais il est en déclin depuis les années 1980 à cause de l’agriculture intensive, de la dégradation des forêts nordiques, liée notamment aux parasites et aux maladies, de l’urbanisation et probablement du réchauffement climatique.

La population qui niche dans la taïga canadienne hiverne normalement dans le sud du pays et dans le nord-est des États-Unis, mais certaines années, des groupes d’oiseaux s’aventurent beaucoup plus loin : des irruptions massives ont par exemple eu lieu durant les hivers 1958-1959 et 1960-1961, quand des oiseaux avaient atteint l’Alabama, la Géorgie et le nord du Mexique.  Ces mouvements automnaux et hivernaux ne relèvent pas de la migration régulière, mais plutôt d’un erratisme exploratoire lié à la quantité de nourriture disponible (baies, samares et pignons). Des irruptions vers le Sud ont lieu tous les deux à cinq ans, en fonction du niveau de fructification de certains arbres et arbustes, la dernière remontant à l’automne 2022 (lire L’irruption prévue de Gros-becs errants en Amérique du Nord durant l’automne 2022 a bien eu lieu).

Le 13 novembre 2023, Fabrice Simon (site web : www.fabricesimon.com)  a observé et photographié dans son jardin à Sainte-Monique de Honfleur, au Québec (Canada), un Gros-bec errant au spectaculaire plumage aberrant jaune et blanc, sans trace de marron ni de noir, rappelant la la forme lipochrome jaune du Serin des Canaries (Serinus canaria), chez laquelle aucun pigment de mélanine n’est synthétisé du fait de la mutation du gène E+ (appelé facteur enzyme).

Gros-bec errant (Hesperiphona vespertina) au plumage aberrant

Gros-bec errant (Hesperiphona vespertina) au plumage aberrant, atteint de xanthisme ou de leucisme, à Sainte-Monique de Honfleur, au Québec (Canada) le 13 novembre 2023 (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie :  Fabrice Simon

Ce type de plumage anormal est très rare chez le Gros-bec errant, mais plusieurs cas similaires ont déjà été signalés, comme celui d’un individu qui a visité en novembre 2022 les mangeoires de Tiny, dans la province canadienne de l’Ontario (voir une photo). Selon Ron Tozer, ornithologue pour le parc provincial Algonquin, il s’agissait d’un cas de xanthisme (ou xanthochromie), qui se manifeste par une coloration jaune inhabituellement intense résultant d’une mutation liée au sexe, récessive chez les mâles mais dominante chez les femelles : chez ces dernières, l’eumélanine est totalement éliminée, aussi bien dans les plumes que dans les yeux, les pattes et le bec, donnant des spécimens jaunes avec pattes roses et des yeux rouges. L’oiseau photographié par Fabrice Simon serait donc un mâle. 

D’autres photos de spécimens au plumage similaire sont visibles sur Internet : en mars 2015 à Woodland dans le Maine (États-Unis) (voir un cliché), à Jefferson dans le New Hampshire (États-Unis) le 30 décembre 2020 (voir un cliché), ou à Midland dans l’Ontario (Canada) le 11 décembre 2022 (voir un cliché). Chez certains d’entre eux, des plumes sombres étaient encore visibles, contrairement à l’oiseau de Sainte-Monique de Honfleur, et il pourrait plutôt s’agir alors de cas de schizochroïsme, une anomalie provoquant l’absence totale ou partielle de l’une des deux types de mélanines (eumélanine ou phéomélanine). 

Réagir à notre article

Réagissez à cet article en publiant un commentaire