L’Aigle royal (Aquila chrysaetos) est un grand rapace (envergure comprise entre 190 et 225 cm) avec une queue allongée et de longues ailes avec un bord postérieur en “S”. Le plumage est globalement marron foncé, avec une nuque et une calotte brun-roux pâle. L’oiseau de première année présente une grande plage blanche sous l’aile, et la base de sa queue est également blanche, avec une barre terminale noire. Ces parties immaculées disparaissent progressivement, jusqu’à l’obtention du plumage adulte définitif.

Il vit dans des habitats variés, comprenant des zones rupestres pour nicher (il peut peut aussi construire son aire sur un arbre) et des secteurs ouverts (landes, alpages, clairières, marais, etc.) pour chasser. Son régime alimentaire varie en fonction des proies disponibles (lapins, lièvres, marmottes, renards, chevreuils, oiseaux, etc.). Les adultes sont sédentaires et restent sur leur territoire toute l’année, mais les populations nordiques (Scandinavie, Alaska, etc.) sont en partie migratrices, et les juvéniles et les immatures ont tendance à se disperser à la fin de la saison de reproduction et en hiver. 

Aigle royal (Aquila chrysaetos) près de son aire

Aigle royal (Aquila chrysaetos) près de son aire construite dans un Dattier des Canaries (Phoenix canariensis) à San José, en Californie (États-Unis).
Source : City of San Jose

L’Aigle royal a une très vaste aire de répartition, allant de l’Amérique du Nord à l’Asie de l’Est en passant par le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. Sa population mondiale serait comprise entre 50 000 et 100 000 couples. En Californie, l’espèce niche principalement dans les zones montagneuses, les canyons et les secteurs de plaine faiblement peuplés riches en rongeurs. Ce rapace était autrefois commun dans le Golden State, mais selon l’United States Fish and Wildlife Service, il y aurait actuellement moins de 500 individus et l’espèce serait en déclin, à cause notamment de la multiplication des incendies, de l’urbanisation et du développement des infrastructures énergétiques, comme les lignes à haute tension et les éoliennes : ces dernières tueraient 5 % de la population chaque année (lire L’énergie éolienne serait une menace pour la biodiversité).

L’Aigle royal semble plutôt fuir les zones urbaines : selon l’U.S. Geological Survey (2020), il ne s’approcherait pas à moins un kilomètre des agglomérations. Il est donc rare dans la région densément peuplée du sud de la baie de San Francisco : aucune nidification n’avait par exemple été signalée dans les limites de la ville de San José depuis 1892.

Dans un article publié en 2023 dans le Journal Of Raptor Research, nous apprenons qu’un couple a niché en 2020 dans un Dattier des Canaries (Phoenix canariensis) dans l’enceinte de la station d’épuration régionale de San José-Santa Clara (San José-Santa Clara Regional Wastewater Facility), une zone périurbaine par ailleurs connue pour la richesse de son avifaune nicheuse et migratrice, incluant par exemple la Chevêche des terriers (Athene cunicularia) (lire La Chevêche des terriers sait profiter des éclairages urbains pour chasser plus efficacement).

Dans le cadre du Capital Improvement Program, qui a pour objectif de maintenir et de moderniser les équipements, des techniciens ont découvert 
en juin 2020 un aiglon âgé de trois semaines dans une aire construite dans un palmier situé à moins de 300 mètres des installations. En étroite collaboration avec l’Environmental Science Associates, une structure dépendante de la ville de San José, une clôture de sécurité et une zone tampon ont été établies autour du nid. Un biologiste a en outre surveillé le jeune oiseau jusqu’à deux semaines après son envol pour s’assurer que la nidification se déroulait correctement.

Cette nidification atypique est intéressante, car elle montre que l’Aigle royal est capable, dans une certaine mesure, de s’adapter aux changements de son habitat. Elle constitue peut-être un premier pas vers une urbanisation de cette espèce, un phénomène noté chez plusieurs rapaces diurnes et nocturnes, comme l’Autour des palombes (Accipiter gentilis) (lire L’Autour des palombes devient urbain) ou le Grand-duc d’Europe (Bubo bubo) (lire Gil Rouvière nous en dit plus sur la nidification d’un couple de Grands-ducs d’Europe dans le lycée Joffre à Montpellier en 2023).

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