La Sarcelle (ou Marmaronette) marbrée (Marmaronetta angustirostris) est un petit canard de la taille de la Sarcelle d’été (Spatula querquedula). Son corps est gris brun clair avec des taches crèmes bien visibles, son bec est long, étroit et noir, et elle possède une « virgule » sombre sur l’œil et une petite huppe qui se prolonge sur la nuque. Elle niche sur les plans d’eau d’eau douce ou saumâtre à la végétation dense.

Son aire de distribution est fragmentée, allant de l’Espagne et du Maroc à la Chine. En Europe, elle ne niche plus qu’en Espagne essentiellement, où elle est en déclin : alors qu’elle était autrefois commune dans le sud du pays (c’était par exemple le canard le plus commun à la fin du XIXe siècle dans les marais de Doñana en Andalousie), elle a subi au cours du XXe siècle une baisse spectaculaire au point de devenir très rare, voire d’être au bord de l’extinction. En 2007, il restait une centaine de couples répartis dans les communautés autonomes d’Andalousie, valencienne, des Baléares et de Murcie, alors qu’en 2019, la population nicheuse ne comptait plus que 45 couples, contre près de 70 en 2018 (lire La Sarcelle marbrée en Espagne en 2018 : entre 68 et 71 couples).

Ce déclin continu serait dû principalement à la dégradation des zones humides saumâtres où elle niche à cause de la succession des épisodes de sécheresse.

Afin de tenter d’enrayer cette tendance, le projet européen LIFE « Cerceta Pardilla » a été lancé en 2021 et doit s’achever en 2025. Il est coordonné par le Ministerio para la Transición Ecológica y el Reto Demográfico par le biais de la Fundación Biodiversidad, en partenariat avec les communautés autonomes d’Andalousie, de Valence et de Murcie, et les associations SEO/BirdLife et ANSE (Asociación de Naturalistas del Sureste). Les chasseurs et les groupements d’irrigants seront aussi impliqués.

Au cours de ces cinq années, plusieurs actions ont déjà ou vont encore être menées : amélioration de la qualité écologique de près de 3 000 hectares de zones humides, notamment dans les parcs naturels de l’Albufera (province de Valence), de Brazo del Este (province de Séville) et d’El Hondo (province d’Alicante), dans les marais du Guadalquivir (provinces de Cadix, de Huelva et de Séville) et dans la lagune de Las Moreras (province de Murcie), acquisition de 141 hectares importants pour la conservation de l’espèce, sensibilisation du grand public, observations sur le terrain, études génétiques, programme d’élevage en captivité et renforcement des populations sauvages : 740 Sarcelles marbrées nées en captivité ont ainsi été lâchées au printemps 2021 dans plusieurs zones humides de la Communauté valencienne et d’Andalousie (lire 740 Sarcelles marbrées ont été lâchées au printemps 2021 en Andalousie et dans la Communauté valencienne). L’objectif est d’atteindre un minimum de 125 couples reproducteurs en Espagne d’ici à la fin 2025.

Emplacements de trois zones humides en Espagne

Situations (1) de la lagune de las Moreras, à Mazarrón (Murcie), (2) de la réserve ornithologique de Tancat de la Pipa (Valence) et (3) du parc naturel du fleuve Guadalhorce (Málaga).
Carte : Ornithomedia.com  

Sur le site web du projet LIFE « Cerceta Pardilla », on apprend que les résultats déjà obtenus sont encourageants : la population est remontée à 73 couples en 2023 (source : David Zingfa), et la première reproduction de l’espèce dans la nature depuis 15 ans dans la province de Murcie a été découverte en 2024 sur la lagune de las Moreras, à Mazarrón, avec une femelle adulte a été observée avec huit poussins en juin. Cette observation a été faite à quelques centaines de mètres d’un site où des travaux d’amélioration de l’habitat avaient été menés, et où 47 spécimens élevés en captivité avaient été relâchés.

En 2024 également, deux couvées de cinq et huit poussins ont été trouvées dans la réserve ornithologique de Tancat de la Pipa, située dans le parc naturel de l’Albufera de Valencia, et qui bénéficie d’une gestion adaptée de son niveau d’eau grâce à un accord entre l’association SEO/BirdLife et la Confederación Hidrográfica del Júcar. Vingt adultes avaient été relâchés au printemps.

En Andalousie, une croissance exponentielle du nombre de couples nicheurs (13) et de poussins (102) a été enregistrée en 2024 dans le parc naturel du fleuve Guadalhorce (province de Málaga) et dans les environs. Cinq des femelles reproductrices ont été identifiées : trois sont  nées en captivité en 2023 dans le  centre de récupération de la faune sauvage de Cañada de los Pájaros, situé près du parc national de Doñana (Andalousie), et ont été relâchées au printemps 2024. Les deux autres ont été élevées dans leZoobotánico de Jerez (Andalousie) à partir d’œufs sauvés en 2022, puis ont été relâchées en novembre 2022. Aucun cas de nidification n’avait été noté dans le parc naturel du fleuve Guadalhorce depuis 2004. Depuis la fin 2022, 63 individus issus du programme d’élevage en captivité ont été relâchés dans cette zone humide protégée.

Présentation du projet LIFE « Cerceta Pardilla ».
Source: SEOBirdLife – Sociedad Española de Ornitología

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