Brèves
Premiers cas documentés de Vautours fauves se nourrissant durant la nuit
Le Vautour fauve (Gyps fulvus) mesure de 230 à 265 cm d’envergure. Son plumage est globalement brun-chamois et ses rémiges et ses rectrices (queue) sont brun foncé. Sa tête et son long cou sont recouverts d’un duvet blanc grisâtre. L’adulte a le bec jaunâtre et une collerette blanche, alors que chez le jeune, qui est globalement plus sombre, la collerette est brune et le bec grisâtre.
Il se nourrit de charognes, et une fois un cadavre repéré, les autres individus se joignent à lui pour la curée, parfois rejoints ou précédés par d’autres nécrophages comme le Grand Corbeau (Corvus corax), le Gypaète barbu (Gypaetus barbatus) et les Vautours moine (Aegypius monachus) et percnoptère (Neophron percnopterus) (lire Buseu : observer quatre espèces de vautours).
Les rapaces nécrophages se nourrissent durant la journée, car ils repèrent les charognes grâce à leur vue perçante, mais quelques cas d’alimentation nocturne ont déjà été signalés. Ce comportement rare a quelques avantages, comme la diminution de la compétition intra et interspécifique autours des cadavres, mais ces oiseaux sont alors davantage exposés aux attaques des mammifères carnivores.
Dans un article publié en 2024 dans la revue Ardeola, des ornithologues ont décrit le premier cas documenté d’alimentation nocturne par des Vautours fauves : pendant 84 heures, les animaux venus se nourrir d’une carcasse de cheval dans la chaîne centrale des Apennins (Italie) ont été filmés, et à douze reprises, des Vautours fauves ont notés. Ils étaient moins nombreux la nuit (n= 15) que pendant la journée (n = 34) près du cadavre, mais 60 % des tentatives d’alimentation ont réussi, contre seulement 14 % durant la journée et au crépuscule.
Pour les Vautours fauves, se nourrir la nuit leur permettrait d’éviter les fréquents dérangements (parfois involontaires) causés par les humains et leurs chiens, même si des recherches plus approfondies seraient nécessaires pour mieux comprendre les raisons de ce changement comportemental.
Pour tenter de limiter les dérangements d’origine anthropiques, il faudrait davantage limiter les divagations des chiens et placer/déplacer les cadavres loin des sentiers, dans la mesure du possible.
Sur sa page X, le biologiste Hem Sagar Baral a signalé que des Vautours de l’Himalaya (Gyps himalayensis) avaient été notés se nourrissant la nuit au Népal au début des années 2000, à cause probablement des dérangements et des prédateurs diurnes, et en septembre 2009 et en janvier 2010, un groupe de Urubus noirs (Coragyps atratus) avait été filmé au Mexique durant la nuit du 31 décembre 2009 au 1er janvier 2010 autour d’une charogne.
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Compléments
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Ouvrages recommandés
- Le guide Ornitho de L. Svensson et al
- Birds of the Middle East de Richard Porter (Auteur), Simon Aspinall (Auteur)
- Guide des rapaces diurnes du monde : 338 espèces décrites et illustrées de David-A Christie, James Ferguson-Lees, Collectif et Philip Burton (7 mars 2013)
Sources
- Gianluca Damiani Mario Posillico (2024). Nocturnal Feeding in the Eurasian Griffon Vulture Gyps fulvus: A Response to Human Disturbance and the Presence of Mammalian Predators. Ardeola. Volume : 71. Numéro : 2. Pages : 325-334. bioone.org
- Mathieu Raynald Charette, Fanie Pelletier et Sophie Calmé (201). Observation of Nocturnal Feeding in Black Vultures (Coragyps atratus). Journal of Raptor Research. Volume : 45. Numéro : 3. Pages : 279-280. www.researchgate.net
2 commentaire(s) sur ce sujet
Participer à la discussion !jean-marc.cugnasse
Brousse le Château
Posté le 02 mai 2024
Bonjour,
s’agit-il d’un « changement comportemental », comme vous le dites, ou simplement d’un défaut d’observation de la part des ornithologues ? il serait intéressant de connaître les résultats obtenus par le piégeage photo nocturne sur les sites où il est pratiqué pour pouvoir aborder certains facteurs: fréquence, quiétude du site, compétition, etc.
Il est à noter que l’activité nocturne chez les rapaces diurnes est davantage signalée sur les sites faisant l’objet d’études (Faucon pèlerin prédateur d’oiseaux marins, …) ou via des individus équipés de GPS (Faucon d’Eléonore, …).
Ornithomedia
sevran
Posté le 02 mai 2024
Bonjour, en effet peut-être que le phénomène n’avait pas été repéré avant 🙂