La Tourterelle orientale (Streptopelia orientalis) ressemble étroitement à la Tourterelle des bois (S. turtur) mais il en diffère par sa taille légèrement plus grande (+ 15 % environ), ses couvertures et ses scapulaires ocre-brun et non pas orange-roux et dont le centre sombre est plus large et plus diffus, la présence de deux étroites barres alaires pâles le long des grandes et moyennes couvertures alaires, une zone gris-bleuté des ailes plus sombre, une poitrine gris-rose plus sombre, un croupion d’un gris-bleu plus sombre et une zone de peau nue autour des yeux plus étroite. Les juvéniles et les oiseaux de premier hiver sont plus ternes et sont encore plus difficiles à différencier, d’autant plus que les variations individuelles sont nombreuses. Son vol est plus lent et plus direct que celui de la Tourterelle des bois, et son chant est également différent : c’est un roucoulement qui rappelle un peu celui du Pigeon ramier (Columba palumbus), étouffé et irrégulier, que l’on pourrait retranscrire par « kruuu, ku-kruuu, Ooh ».  

Tourterelle orientale (Streptopelia orientalis)

Tourterelle orientale (Streptopelia orientalis) sur son nid construit sous le toit d’un hangar dans un camp militaire abandonné près du village de Prokrovka (Russie) le 17 juin 2022.
Photographie : D. A. Belyaev / Ecosystem Transformation

La Tourterelle orientale niche du sud-ouest de l’Oural à l’île de  Sakhaline (Russie), au sud de l’Inde et à la péninsule indochinoise, jusqu’à 4 000 mètres d’altitude. Les populations les plus septentrionales sont migratrices et hivernent au sud de l’Himalaya, parfois jusqu’au Sri Lanka et au centre de la Thaïlande, alors qu’elles sont sédentaires dans les régions subtropicales et tropicales. Dans cette vaste aire de répartition, six sous-espèces sont actuellement reconnues, S. o. meena étant celle ayant l’aire de reproduction la plus occidentale (du sud-ouest de la Sibérie à l’Iran, Afghanistan, Cachemire et Népal).

Elle se reproduit dans des habitats boisés variés, plus ou moins denses, des forêts montagnardes de conifères aux boisements le long des cours d’eau. Au début du XXIe siècle, des cas de nidification ont été notés dans des parcs et des jardins de l’agglomération d’Oussouriisk, dans l’Extrême-Orient russe. En 2019, pour la première fois, un nid contenant deux petits a été trouvé dans une étable abandonnée dans le village de Novonikolsk. En 2022, cette tendance s’est confirmée, et neuf nids ont été trouvés sur des baraquements ou des hangars dans deux anciens camps militaires du district d’Oussouriisk. Ils étaient non seulement faits avec des brindilles, comme c’est typiquement le cas chez cette espèce, mais aussi avec des tiges d’armoises (Artemisia sp.), comme dans les nids de Pigeons des rochers (Columba rupestris), qui se reproduisent également dans le secteur.

Il s’agit des premiers cas confirmés de nidification de Tourterelles orientales sur des bâtiments, même si Wada (1994) avait indiqué que cette espèce nichait occasionnellement sur des immeubles au Japon (aucun nid n’y a été observé toutefois). Il s’agirait d’un changement dans son comportement, qui se rapprocherait donc des installations humaines, dans un premier temps pour s’y nourrir (lire Un possible début de formation d’une population férale de Tourterelles orientales en Tchéquie), et désormais pour y nicher.

Plusieurs espèces de Columbidés nichent depuis longtemps sur des bâtiments dans les villes et les villages, comme le Pigeon biset (Columba livia), les Tourterelles turque (Streptopelia decaocto) et maillée (Spilopelia senegalensis) (lire Premier cas de nidification de la Tourterelle maillée en Grèce), et dans une moindre mesure le Pigeon ramier (Columba palumbus), grâce à leur flexibilité et leur tolérance envers la présence humaine. Par contre, la Tourterelle des bois (Streptopelia turtur) continue pour le moment de nicher exclusivement sur les arbres, même si cela peut être dans les zones urbaines (lire Une intéressante tentative de création d’une population sédentaire de Tourterelles des bois en Grande-Bretagne).

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