Le Goéland leucophée (Larus michahellis) a une envergure de 120 à 140 cm. L’adulte en plumage nuptial a les parties inférieures blanches et le dos et le dessus d’un gris légèrement plus sombre que le Goéland argenté (L. argentatus) (lire Un outil pour identifier les Laridés adultes : la « Kodak Gray Scale »), dont il se distingue généralement par les pattes jaunes et non pas roses et la plus grande étendue de noir à l’extrémité du dessus de l’aile. Le plumage adulte est acquis au cours de la quatrième année. Il niche en colonies le long des côtes (falaises, dunes, lagunes, marais, salines, villes, etc.) de l’océan Atlantique, du sud de la Bretagne au sud du Maroc, et en Méditerranée, ainsi que localement le long des grands cours d’eau et sur les grands plans de l’intérieur des terres. C’est un oiseau opportuniste, globalement stable ou en progression, qui peut être erratique ou sédentaire.  

Aires de répartition des Goélands leucophée (Larus michahellis michahellis) et cantabrique (L. michahellis lusitanius)

Aires de répartition des Goélands leucophée (Larus michahellis michahellis) (en rouge) et cantabrique (L. michahellis lusitanius) (en jaune).
Carte : Ornithomedia.com

Comme c’est le cas de nombreuses espèces d’oiseaux, il existe une variabilité de la morphologie et des dimensions entre les différentes populations du Goéland leucophée. Dans un article publié en 2023 dans la revue Ardeola, des ornithologues espagnols ont présenté les résultats de leur analyse des différences de la taille du corps des individus des colonies ibériques méditerranéennes et atlantiques, des études antérieures ayant suggéré que les oiseaux de la sous-espèce atlantique ibérique, appelée aussi Goéland cantabrique (L. m. lusitanius), étaient plus petits que les oiseaux méditerranéens (lire Goéland cantabrique : présentation, identification et observation en France). Cependant, ces analyses étaient basées sur des échantillonsréduits ou ne tenaient pas compte du dimorphisme sexuel.

Les auteurs ont pris en compte un grand échantillon (plus de 1 500 adultes), distinguant les mâles et les femelles, provenant de neuf sites différents de chaque région (côtes atlantiques et méditerranéennes espagnoles), et leurs résultats ont révélé une différence médiane de 7 %, les goélands méditerranéens ayant des pattes (tarses) et la tête (crâne + bec) plus longs et le bec plus épais. Cette différence interrégionale était encore plus significative au niveau de la masse corporelle, les goélands méditerranéens étant 11 % (pour les mâles) et 20 % (pour les femelles) plus lourds que les goélands cantabriques et atlantiques.

Ils ont aussi constaté que les individus des populations méditerranéennes avaient des ailes plus longues. Après avoir écarté d’autres facteurs, les auteurs ont suggéré que cette allométrie au niveau des ailes pourrait être liée à la sédentarité des Goélands leucophées cantabriques et atlantiques, alors que les oiseaux méditerranéens effectuent de plus grands déplacements.

Ils émettent aussi l’hypothèse que la plus grande taille de ces derniers pourrait les aider à mieux rivaliser pour la recherche de nourriture avec les oiseaux sédentaires vivant le long des côtes atlantiques, lorsqu’ils les visitent lors de leurs mouvements migratoires. 

Par ailleurs, les femelles des deux populations ont des ailes proportionnellement plus longues que celles des mâles, une différence qui pourrait permettre aux premières de parcourir de plus longues distances pour la recherche de nourriture ou de visiter différents types d’habitats, évitant ainsi une compétition alimentaire directe avec les mâles plus grands.

Goélands cantabriques (Larus michahellis lusitanius) de deuxième année (bagués) à Ciboure (Pyrénées-Atlantiques) le 17 avril 2015.
Source : Francky Recoquillon

Réagir à notre article

Réagissez à cet article en publiant un commentaire