La copulation de certains oiseaux avec des objets sexuels vivants ou inanimés de substitution a été observée chez de nombreuses espèces, mais elle est encore mal comprise. Elle serait plus fréquente au début de la saison de reproduction et dans le cas où le nombre de mâles dépasse celui des femelles sexuellement réceptives. Dans un article publié en 2025 dans la revue Ecology and Evolution, deux ornithologues ont présenté quatre cas de copulation de substitution chez le Merle noir (Turdus merula) et trois chez la Grive litorne (T. pilaris) observés lors d’une étude menée dans un parc urbain à Szczecin (Pologne) entre 1997 et 2024 : chaque année depuis 2000, plus de 90 % de la population de Merles noirs a été baguée pendant la saison de reproduction (de mars à août), permettant de connaître l’âge exact de la plupart des individus suivis.  

Des Merles noirs et des Grives litornes ont été vus essayant de copuler avec des oisillons de leur propre espèce, de la mousse et des brindilles. Ces tentatives étaient effectuées par des adultes ou de jeunes immatures sexuellement. Etant donné que le nombre moyen de copulations par couple de Merles noirs lors d’un cycle de reproduction dans la zone d’étude était de 24, ces comportements semblent très rares chez ce passereau, ainsi que probablement également chez la Grive litorne. 

Ces copulations de substitution ont été observées en juin et en juillet, donc plusieurs mois après le début de la période de reproduction du Merle noir constatée à à Szczecin, qui a lieu principalement en mars. Par ailleurs, au sein de la population étudiée, aucun déséquilibre entre les nombres de mâles et de femelles n’a été constaté; toutefois, trois copulations de substitution ont été observées chez des adultes en fin de la saison de reproduction, lorsque la plupart des femelles ne sont plus sexuellement réceptives.

Ces comportements atypiques pourraient s’expliquer par une « immaturité » du système reproducteur chez les jeunes individus, par un niveau de stress ou d’excitation élevé et/ou par une absence de partenaire sexuel disponible. Chez les juvéniles, ces fausses copulations pourraient également leur permettre de s’entraîner pour être « prêts » quand ils auront l’âge et l’opportunité de s’accoupler. Chez les adultes, elles serviraient enfin à expulser des spermatozoïdes de qualité inférieure, améliorant ainsi la qualité de l’éjaculat ultérieur.  

Réagir à notre article

Réagissez à cet article en publiant un commentaire