Le Pédionome errant (Pedionomus torquatus) mesure de 15 à 19 cm de long, avec une envergure de 28 à 36 cm. Par sa silhouette trapue, ses ailes courtes et arrondies et son plumage marqué de brun, de blanc et de noir, il ressemble superficiellement aux turnix (lire Chercher le Turnix d’Andalousie au Maroc), et comme chez ces derniers, la femelle est plus grande et plus coloré que le mâle. Le mâle adulte a une calotte et une nuque brun clair marquées de noir et de blanc, une face blanchâtre striée de brun-noir sur les joues et les couvertures auriculaires, la poitrine, les flancs et les couvertures sous-caudales orange-chamois avec des croissants brun-noir à blanc et les parties supérieures brun clair vermiculées de brun-noir et de blanc. Le dessous de l’aile est gris clair. Le plumage de la femelle adulte est plus contrasté et se distingue principalement par un large collier noir tacheté de blanc et une bande rousse sur la poitrine. Le juvénile ressemble beaucoup au mâle adulte, mais il est plus fortement marqué de noir et de brun-noir. Son bec et ses pattes sont jaunes. 
 
Il émet principalement un roucoulement grave, creux et résonnant, mais aussi des cris variés (« chuck, chuck », « pie-pie-pie « , etc.) pour communiquer avec les poussins. 

Écoutez ci-dessous un enregistrement du chant d’un Pédionome errant réalisé par Frank Lambert près de Deniliquin, dans la Nouvelle-Galles du Sud (Australie), le 14 octobre 2015 (source : Xeno-Canto). :

Il niche dans les prairies naturelles semi-arides composées de touffes d’herbes courtes (moins de 5 cm de hauteur) séparées par des zones dénudées dans le centre-nord de l’État de Victoria, le sud de la Nouvelle-Galles du Sud (région de Riverina), l’est de l’Australie-Méridionale et le centre-ouest du Queensland. L’espèce a également été historiquement observée dans le sud-est de l’Australie-Méridionale, l’est de la Nouvelle-Galles du Sud et le sud-est du Queensland, mais il est possible qu’elle n’y soit plus présente. Ses effectifs ont fortement décliné depuis l’arrivée des Européens aux XVIIe et XVIIIe siècles, du fait de la transformation de leur habitat (mise en culture ou reboisement), de l’impact du surpâturage ou du sous-pâturage (après les périodes de pluie), de l’invasion de plantes invasives, de l’usage d’insecticides, de la modification des régimes d’incendies et de la prédation par les chats et les renards introduits, son habitude de nicher au sol et sa faible capacité de vol en faisant une proie facile.

Il s’agit désormais d’une espèce en danger critique, avec une population actuelle qui serait inférieure à 1 000 adultes, contre plus de 5 000 il y a une quinzaine d’années, même si elle est difficile à évaluer du fait de sa discrétion et des fluctuations annuelles, qui dépendent notamment des conditions climatiques, et en particulier du niveau des précipitations.  

Situation de Melbourne (Australie)

Situation de Melbourne (Australie).
Carte : Ornithomedia.com 

L’Intelligence Artificielle (IA) est un outil puissant, dont les applications sont déjà nombreuses et variées dans notre vie quotidienne, mais aussi et surtout dans le domaine de la science, y compris en ornithologie. Grâce à des modèles d’apprentissage automatique, elle peut être utilisée pour identifier les oiseaux à partir d’images et/ou d’enregistrements, avec une précision de validation qui peut être très élevée en fonction de l’algorithme et de la quantité de données ayant servi à « entraîner » le système. Cette technologie est par exemple de plus en plus souvent incorporées dans les applications pour smartphones (lire Applications pour smartphones pour l’identification des oiseaux – Seconde partie).

L’IA a un potentiel important dans les projets de détection et donc de conservation d’espèces rares et difficiles à observer, comme le Pédionome errant, et elle a permis d’obtenir des résultats remarquables : grâce à son utilisation, cet oiseau a ainsi été redécouvert récemment dans les plaines volcaniques à l’ouest de Melbourne, dans l’État de Victoria, après plus de trente ans d’absence, en tout cas apparente. Les roucoulement caractéristiques ont été automatiquement détectés dans des dizaines de milliers d’heures d’enregistrement de l’environnement sonore de la zone d’étude.

Ce dispositif de reconnaissance a été développé par le Museums Victoria Research Institute (MVRI) et la Queensland University of Technology, et il restera en en place jusqu’à la fin de l’année 2026. Karen Rowe, conservatrice responsable de l’ornithologie au sein du MVRI, a déclaré que cette technologie avait « révolutionné » les efforts visant rechercher le Pédionome errant, dont l’aire de répartition et le statut restent encore mal connus. 

Chris Hartnett, coordinateur du programme des espèces menacées pour le zoo de Victoria, a déclaré que cette découverte (et les éventuelles autres à venir) pourrait aider à sauver l’espèce de l’extinction. Les propriétaires fonciers concernés vont en effet être contactés pour tenter de prendre des mesures de gestion adaptées.  

Par ailleurs,, un programme national d’élevage du Pédionome errant a été mis en place dans le zoo de Werribee Open Range, dans l’État de Victoria.

Documentaire présentant le système de reconnaissance automatique du Pédionome errant (Pedionomus torquatus) dans l’État de Victoria (Australie).
Source : Museums Victoria

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