L’Engoulevent à collier roux (Caprimulgus ruficollis) ressemble à l’Engoulevent d’Europe (C. europaeus), mais il est un peu plus grand, son collier, sa gorge et haut de sa poitrine sont ocre-roux, le bord d’attaque (= avant) de ses ailes n’est pas sombre, les extrémités des plumes de ses couvertures alaires sont pâles, formant plusieurs barres de même épaisseur, et ses rémiges primaires et secondaires sont marquées de roux. Les deux sexes possèdent des taches blanches sur les ailes et aux coins de la queue, celles du mâle étant plus nettes.

Il niche dans des paysages ouverts variés peu accidentés, aux arbres et aux arbustes dispersés et au sol souvent sablonneux, dans l’est, le centre et le sud de l’Espagne, dans l’est, le centre et le sud du Portugal et dans le nord du Maghreb et il hiverne dans l’ouest de l’Afrique tropicale (de la Mauritanie au Liberia). Il a probablement disparu de France au XIXe siècle (lire Observation d’un Engoulevent à collier roux en Camargue en avril 2024 : retour sur une espèce disparue de France).

Situation du parc national de Doñana (Andalousie)

Situation du parc national de Doñana (Andalousie).
Carte : Ornithomedia.com

En 2015, un Engoulevent à collier roux adulte avec une mandibule de fourmi incrustée dans le doigt médian de l’une de ses pattes avait été observé dans le sud de l’Espagne, et en 2021, un autre individu, avec une tête de fourmi incrustée dans un doigt médian, avait été trouvé. Suite à ces données, des ornithologues espagnols ont procédé à une inspection systématique des pattes de tous les engoulevent capturés durant trois saisons de nidification (2021-2023) dans le parc national de Doñana (Andalousie) dans le cadre d’un suivi à long terme de cette espèce dans cette zone humide, afin d’évaluer la fréquence et la gravité des blessures de leurs doigts.

Sur les 369 adultes capturés, trois avaient entre un et trois doigts amputés. Sur l’un de ces oiseaux, une mandibule de fourmi encore attachée a été trouvée : elle mesurait 2,3 mm de longueur, était de couleur brun foncé et se terminait par une bifurcation, et appartenait à une fourmi légionnaire du genre Dorylus, qui est originaire du Mali et de Guinée, deux pays où ces engoulevents passent l’hiver. Par ailleurs, une tête entière de fourmi appartenant à l’espèce Messor barbarus, présente dans la péninsule ibérique, était encore attachée à la patte d’un juvénile.

Ces adultes ont sûrement été attaqués par ces insectes lors de leur hivernage en Afrique tropicale, lorsqu’ils se sont posés au sol, sur une litière de feuilles. Les fourmis légionnaires du genre Dorylus sont en effet des prédateurs agressifs et opportunistes, qui n’hésitent pas à attaquer les oiseaux et les mammifères qu’elles rencontrent (lire Ces oiseaux qui suivent les fourmis légionnaires pour se nourrir).

Des doigts manquants ou endommagés par des fourmis ont été observés chez d’autres espèces d’oiseaux migrateurs et sédentaires : ainsi, en 1974, dix des 343 Martins-pêcheurs pie (Ceryle rudis) d’une colonie installée sur la rive kenyane du lac Victoria présentaient des traces de morsures.

La fréquence des blessures infligées aux Engoulevents à collier roux par les fourmi semble être négligeable, mais elle pourrait être sous-estimée si seuls ceux qui parviennent à survivre à celles-ci migrent avec succès et reviennent dans la péninsule ibérique. La perte d’un ou de plusieurs doigts n’altère peut-être t pas les fonctions vitales des engoulevents, mais elle pourrait être gênante, leur doigt médian leur servant probablement de peigne pour éliminer les parasites lors du lissage de leurs plumes ou pour l’entretien des vibrisses situées de chaque côté de leur bec. Les amputations multiples pourraient finalement empêcher leur locomotion, et les lésions cutanées pourraient causer des infections.

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