Le Traquet isabelle (Oenanthe isabellina) ressemble au mâle adulte en plumage automnal, à la femelle adulte et à l’oiseau de premier hiver du Traquet motteux (O. oenanthe), mais il est en moyenne un peu plus grand, avec une posture souvent plus droite, et des ailes et une queue proportionnellement un peu plus courtes. Le dessus est brun sable. Les couvertures et les scapulaires semblent de la même couleur que le dos, tandis que les rémiges primaires sont plus sombres. L’alule (la plume du poignet) est noire et contraste bien avec le reste de l’aile (lire Comment distinguer les Traquets isabelle et motteux ?).

Il niche dans les steppes et les semi-déserts, souvent parsemés de rochers. Son nid est placé dans une cavité (dans des terriers de rongeurs ou de guêpiers par exemple). Il se tient souvent au sol, où il court rapidement et se tient souvent très droit sur une petite hauteur. Son régime alimentaire est composé majoritairement d’insectes, avec quelques graines en complément. C’est un passereau migrateur.

Aire de nidification du Traquet isabelle en Europe

Aire de nidification du Traquet isabelle (Oenanthe isabellina) en Europe et emplacements (points rouges) des secteurs récemment colonisés en Moldavie.
Carte : Ornithomedia.com d’après Le Guide Ornitho

Il se reproduit du nord-est de la Grèce au nord-est de la Chine en passant par la Turquie, le Moyen-Orient, le sud de la Russie et de l’Ukraine et l’Asie centrale, et il hiverne en Afrique, dans la péninsule Arabique et dans le sud de l’Asie.

La république de Moldavie est située au nord-ouest de la mer Noire, entre la Roumanie et l’Ukraine, et dans un article publié en 2024 dans la revue Land, on apprend qu’aucun cas de nidification confirmé de cette espèce n’était connu jusqu’en 2021, quand un juvénile a été découvert près d’un adulte le 5 juin près de Beșalma, dans la région autonome de Gagaouzie. Entre 2021 et 2024, principalement dans le cadre du programme national de suivi des oiseaux nicheurs communs, quinze sites occupés ont été trouvés dans les districts de Căușeni, de Cahul, de Ștefan Vodă, de Taraclia, de Basarabeasca et d’Anenii Noi et en Gagaouzie. Les couples étaient installés dans les steppes sèches de Bugeac, principalement sur des pentes surpâturées parsemées d’arbustes et d’arbres comme l’Olivier de Bohême (Elaeagnus angustifolia), qui leur fournissent une ombre essentielle durant l’après-midi et leur servent de perchoirs. Étant donné les surfaces d’habitats favorables dans le pays et la densité actuelle connue, la population totale réelle pourrait compter au moins plusieurs dizaines de couples. 

Le Traquet isabelle aurait colonisé la Moldavie à partir de l’Ukraine ou de la Roumanie, et son installation permettrait de relier ces deux populations. Depuis les années 1960, son aire de répartition s’est étendue vers l’Ouest, atteignant successivement la Crimée (lire La Crimée : des steppes, des lagunes, des montagnes et des oiseaux), la Grèce, la Bulgarie et la Roumanie (lire Le delta du Danube et la Dobroudja du 27 juillet au 14 août 2003). En Ukraine, son aire de répartition s’est considérablement étendue vers le nord en raison d’une intense désertification causée par l’agriculture intensive, qui pourrait avoir entraîné une augmentation du nombre de spermophiles (Spermophilus sp.), avec lesquels il vit en symbiose (lire Les relations étroites entre le Traquet isabelle et certains rongeurs). Depuis les années 1980, il colonise aussi le sud de la Russie en raison d’une déforestation croissante.

Les auteurs ont développé un modèle de distribution à l’aide du logiciel MaxEnt, qui utilise les variables climatiques et environnementales des sites de présence connus de l’espèce pour prédire sa probable répartition future : étant donné la trajectoire actuelle du changement climatique, le Traquet isabelle devrait continuer à coloniser de nouveaux territoires dans le nord de la Moldavie. 

Traquet isabelle (Oenanthe isabellina) construisant son nid sur un plateau des Balkans, non loin de la mer Noire. 
Source : Birds Captured

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