Une ronde de passereaux est un groupe composé d’au moins deux espèces d’oiseaux se nourrissant et se déplaçant ensemble dans un secteur de manière concordante et pendant une durée variable. Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer ce comportement, les deux principales étant une efficacité accrue dans la recherche de nourriture et une diminution du risque de prédation, notamment par les rapaces, grâce à une augmentation de la vigilance collective (lire Les rondes d’oiseaux).

Dans les forêts tempérées et subtropicales, ces rassemblements mixtes se forment en automne et surtout en hiver, lorsque les ressources alimentaires diminuent et/ou que les territoires de reproduction n’ont plus besoin d’être défendus. La baisse des températures constitue en effet un stimulus de la formation de rondes dans les régions où la saisonnalité est claire, ces regroupements constituant une adaptation pour surmonter ces conditions. Des espèces ayant les mêmes régimes alimentaires, par exemple des insectivores, peuvent alors prospecter ensemble une zone donnée, par exemple un bois ou en ensemble de jardins, surmontant alors leur compétition pour la recherche de proies et les risques de conflits, ces inconvénients étant probablement compensés par l’augmentation des chances de trouver des aliments, alors que ceux-ci deviennent plus rares. Certains participants modifient aussi leurs techniques de nourrissage : par exemple, ceux qui ont l’habitude de se nourrir dans la canopée de la forêt se mettent à explorer les strates basses de la végétation, et vice-versa. Cette adaptation est aussi favorisée par un élargissement du spectre alimentaire en dehors de la période de nidification, les oiseaux strictement insectivores mangeant alors également des graines. Ces changements sont enfin imposés par une plus forte concentration d’oiseaux (une dizaine en moyenne dans les régions tempérées). 

La composition des troupes mixtes varie selon les régions et des habitats. Elle comprend généralement des espèces « meneuses », qui en forment le noyau et qui sont à l’origine de la formation des groupes et du choix des directions, et des oiseaux qui les rejoignent, qui sont appelés des « suiveurs ». En Europe, les rondes sont en général constituées de plusieurs espèces de mésanges, en particulier de Mésanges bleues (Cyanistes caeruleus),  charbonnières (Parus major), nonnette (Poecile palustris), noire (Periparus ater) et huppée (Lophophanes cristatus), mais aussi d’Orites à longue queue (Aegithalos caudatus), de Sittelles torchepots (Sitta europaea), de Grimpereaux des jardins (Certhia brachydactyla), de Pics épeichettes (Dendrocopos minor), de Roitelets huppés (Regulus regulus) et à triple-bandeau (R. ignicapilla) et de Pouillots véloces (Phylloscopus collybita). 
 
Depuis une trentaine d’années, une nouvelle espèce originaire de Sibérie est de plus en plus souvent observée dans ces rondes en Europe de l’Ouest, le Pouillot à grands sourcils (Phylloscopus inornatus) : en effet, le nombre d’observations automnales a fortement augmenté dans l’ouest du continent, et des oiseaux hivernent désormais dans nos parcs, jardins et bois (lire Le Pouillot à grands sourcils, un nouveau visiteur hivernal de nos parcs et jardins ?). Dans les données publiées sur les plateformes collaboratives (voir une sélection d’observations récentes en France), les observateurs précisent qu’ils ont généralement repéré le Pouillot à grands sourcils grâce à ses cris de contact typiques, des « tsu ii » sonores et pénétrant lire Identifier les pouillots originaires de Sibérie), mais aussi souvent en inspectant les troupes de mésanges, de Roitelets huppés et de Pouillots véloces : repérer ces rondes constitue donc désormais un moyen d’augmenter ses chances de trouver un éventuel Pouillot à grands sourcils.

Pouillot à grands sourcils (Phylloscopus inornatus) et Mésanges bleues (Cyanistes caeruleus) dans un bouleau dans le sud de la Suède en octobre 2022.
Source : Måns Karlsson

Réagir à notre article

Réagissez à cet article en publiant un commentaire