La Grande Outarde ou Outarde barbue (Otis tarda) est un oiseau massif aux fortes pattes. Le mâle adulte est nettement plus grand et plus lourd que la femelle, et peut peser jusqu’à 18 kg. Le mâle adulte est roussâtre barré de noir dessus, sa tête et son cou sont gris, de grandes plumes blanches et raides ornent les deux côtés de son bec, une large bande pectorale rousse surmonte le ventre blanc et ses ailes, sont blanc, gris et noir, et sont terminées par des extrémités noires. Lors de la parade nuptiale, il soulève les plumes blanches des ailes et de la queue, envoie sa tête en arrière, gonfle une poche située sur le devant du cou et dresse ses longues moustaches. La femelle a un plumage plus terne : brun roussâtre sur le dessus du corps, blanche dessous, avec le cou entièrement gris. Le juvénile ressemble à la femelle adulte, mais il a la tête et le cou plus chamoisés et ses parties supérieures sont moins distinctement barrées.

Situations d'Araoua et de Tleta-Rissana (Maroc)

Situations d’Araoua et de Tleta Rissana, les deux plus importants sites de nidification de la Grande Outarde (Otis tarda) au Maroc.
Carte : Ornithomedia.com

Elle niche dans les steppes, prairies et cultures  de façon fragmentée du sud du Royaume-Uni (lire Ces Grandes Outardes anglaises qui traversent la Manche), de la péninsule ibérique et du nord du Maroc à la Chine et à la Mongolie, en passant par l’Europe centrale (programme de réintroduction en Allemagne) et orientale, la Russie et l’Asie centrale. Trois sous-espèces sont reconnues : Otis tarda dybowski et O. t. korejewy en Asie, et O. t. tarda dans le reste de l’aire répartition. 

Au Maroc, la Grande Outarde est une espèce rare et menacée qui ne survit plus actuellement que dans deux secteurs de la région de Tanger, Araoua et Tleta Rissana, où moins de 50 oiseaux avaient été comptés en 2015, contre près de 100 au tournant du XXIe siècle. Les principales menaces identifiées sont les collisions avec les infrastructures, notamment les lignes électriques, l’intensification de l’agriculture, la chasse illégale (ou braconnage) et différentes formes de perturbations telles que la fragmentation de l’habitat.

Un comptage partiel a été effectué les 3 et 4 mars 2024 par trois observateurs de l’Agence Nationale des Eaux et Forêts (ANEF), de l’Institut Scientifique de Rabat) et du GREPOM/BirdLife Maroc : les objectifs étaient de revisiter un site où deux femelles avaient été observées en 2023, après presque deux décennies sans observation, et de la recenser dans l’une des places de parade (lek) les plus importantes du pays. 

Aucun oiseau n’a été noté le 3 mars dans le premier secteur, qui est situé à l’extrémité sud de l’aire de répartition de l’espèce dans le pays, mais de belles observations de mâles et de femelles ont été effectuées dans le second lieu, situé plus au nord. Ce résultat encourageant semble confirmer le bilan du recensement national effectué en 2023 et qui montrait que la population marocaine de Grandes Outardes avait augmenté pour se stabiliser autour de 70 oiseaux.

Afin de préserver l’espèce dans le pays, une stratégie de conservation et un Plan d’Action pour les dix prochaines années ont été élaborés en 2016 par le Haut-Commissariat aux Eaux et Forêts et à la Lutte Contre la Désertification et le Centre de Coopération pour la Méditerranée, en collaboration avec des experts de la commission de l’Union International pour la Conservation de la Nature et du GREPOM/BirdLife Maroc.

Six axes d’intervention ont été identifiés : mettre en place des capacités de surveillance, réduire au minimum les collisions avec les infrastructures, sécuriser l’habitat des sites-clés (les deux principaux sites de parade notamment), renforcer la sensibilisation du public, mener des activités de recherche et de suivi et utiliser des mécanismes de financement durable pour pouvoir implémenter ces mesures.

Grandes Outardes (Otis tarda) filmées au Maroc.
Source : Morocco Wild

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