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Hivernage d’un spectaculaire hybride de Harle huppé et de Harle piette au Kamtchatka (Russie)
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Harle huppé (Mergus serrator) femelle et mâle hybride Harle huppé x Harle piette (Mergellus albellus) dans la baie d’Avatcha, au sud-est de la péninsule du Kamtchatka (Russie) en mars 2024.
Photographie : Yu. B. Artyukhin / Русский орнитологический журнал
L’hybridation chez les oiseaux se produit généralement entre deux espèces apparentées appartenant au même genre. Les croisements entre espèces issues de genres différents sont particulièrement intéressants car ils révèlent ou confirment les liens de parenté entre ces derniers. C’est le cas des genres Bucephala, Mergus, Lophodytes et Mergellus, qui sont composés de canards plongeurs nichant dans des cavités (lire Le Harle couronné serait en train de devenir un concurrent du Canard carolin pour l’utilisation des nichoirs) : les hybrides entre ces différentes espèces ne sont donc pas exceptionnels, même s’ils sont peu fréquents (lire Un probable mâle hybride de Garrot à à œil d’or et de Harle piette dans l’Yonne en janvier 2022).
Le Harle huppé (Mergus serrator) mesure de 52 à 58 cm de long et possède un long bec effilé rouge. Le mâle en plumage nuptial a la tête noire avec des reflets verts, une double huppe, un collier blanc , une poitrine roussâtre tachetée de noir, des ailes blanc et noir et des flancs grisâtres. La femelle adulte et le jeune a ma tête brun clair, la gorge blanchâtre et le reste du corps grisâtre. Il niche au sol sur les îles et les rivages maritimes, ainsi que le long des rives des lacs et des plans d’eau dans la toundra et dans la taïga, et il hiverne en mer (lire Observer les oiseaux en hiver le long du golfe de Fos). Il se reproduit en Amérique du Nord, dans le nord de l’Europe et et en Russie et hiverne le long des côtes d’Amérique du Nord, d’Europe et d’Asie de l’Est.
Le Harle piette (Mergellus albellus) est le plus petit des harles, avec une longueur de 38 à 44 cm. Le mâle en plumage nuptial est presque tout blanc et huppé, avec quelques zones noires (masque, dos, et côtés du cou). La femelle et le jeune ont la tête marron et les joues blanches, tandis que le reste du corps est grisâtre. Il se nourrit principalement de poissons, qu’il saisit avec son bec dentelé, mais il peut aussi avaler des proies plus durs comme les écrevisses grâce à son gésier à la paroi épaisse. Il niche dans les cavités des arbres (et dans les nichoirs mis à sa disposition) de la Scandinavie (lire Des Harles piettes nicheurs dans un habitat atypique le long de la côte norvégienne) à la Sibérie orientale en passant par l’Asie centrale, avec une petite population au Bélarus (lire Voyage ornithologique au Bélarus en mai 2009). C’est un hivernant peu commun en France (moins de 500 oiseaux en moyenne, mais les effectifs peuvent augmenter lors des vagues de froid).
![]() Situation de la péninsule du Kamtchatka (Russie). |
Yu. B. Artyukhin a présenté en 2024 dans le Journal Ornithologique de Russie (Русский орнитологический журнал) l’observation durant deux hivers consécutifs d’un spectaculaire mâle hybride de Harle piette et de Harle huppé parmi des Harles huppés dans la péninsule du Kamtchatka (Russie) (lire Séjour ornithologique au Kamtchatka en juin-juillet 2006 : première partie) : dans la baie d’Avatcha en février et en mars 2023, et sur la rive occidentale de la péninsule de Signalny du 28 décembre 2023 au 15 mars 2024. Son plumage présentait un mélange des caractéristiques des deux espèces, avec des ailes blanches et noires et des flancs gris comme le Harle huppé, mais avec un cou blanc et l’avant des flancs blanc délimité par deux traits noirs, rappelant plutôt le Harle piette. Le dessin de sa tête était original, avec un large masque noir-vert et une huppe blanche et noire. Son bec orangé était plus court et plus épais que celui du Harle huppé. Malgré une taille inférieure, il courtisait assidûment les femelles de Harle huppé, les poursuivant en courant à la surface de l’eau et éloignant les mâles de cette espèce.
Les hybrides connus entre ces deux espèces semblent très rares, ou en tout cas peu documentés : une photo, a priori prise en Grande-Bretagne, a été publiée sur Pinterest (voir la photo), et plusieurs clichés d’un individu prises au Japon en décembre 2024 (voir les photos).
Harles huppés (Mergus serrator) mâles paradant en Amérique du Nord en mai 2023.
Source : Rob Curtis
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Compléments
Dans la galerie d’Ornithomedia.com
Source
Yu. B. Artyukhin (2024). Гибрид лутка и длинноносого крохаля Mergellus albellus × Mergus serrator второй год подряд зимовал в Авачинской губе на юго-востоке Камчатки. Русский орнитологический журнал. Volume : 33. Numéro : 2418. Pages : 2141-2143. cyberleninka.ru
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