La Buse féroce (Buteo rufinus) est une grande espèce du genre Buteo aux longues ailes, dont la silhouette est similaire à celle de la Buse pattue (Buteo lagopus) (lire Comment distinguer les Buses pattue et variable ?). Il existe au moins trois formes de plumage (lire La phase des oiseaux, un terme à bannir) : pâle (la plus fréquente dans le Paléarctique occidental), brun-roux et sombre. Dans tous les plumages, la tache carpienne (au niveau du poignet) est nette sous l’aile, la base de la « main » (= rémiges primaires) est blanc pur dessous, le bord postérieur de l’aile est noirâtre et la queue est roussâtre sans barre chez l’adulte. Les oiseaux clairs et brun-roux ont la tête et la poitrine pâles contrastant avec le bas-ventre et les « culottes » brun sombre. Le juvénile a la queue gris-beige avec de fines barres grises et son iris est pâle, et le bord postérieur de ses ailes est diffusément sombre. L’immature (subadulte) présente à la fois des caractéristiques des plumages juvénile et adulte.

La distinction entre les Buses féroce et variable (B. buteo) n’est pas toujours évidente du fait la variabilité des plumages, de l’existence de différentes formes et d’hybrides, notamment entre les Buses variable et du Maghreb (B. b. cirtensis) (lire Le stationnement prolongé d’une Buse féroce dans le département de la Marne en 2022).

Répartition des couples de Buses féroces à Chypre

Répartition des couples de Buses féroces (Buteo rufinus) à Chypre en 2021. 
Carte : Ornithomedia.com d’après Nicolaos I. Kassinis et Iris Charalambidou

L’aire de répartition principale de la Buse féroce se situe en Asie, de la Turquie à l’Himalaya et à l’Inde, et de l’est des monts Oural (Russie) au Proche et au Moyen-Orient (pays du golfe Persique, Syrie, Liban et Israël). Sur notre continent, la population est répartie entre la Russie, l’Ukraine, les Balkans et les pays d’Europe centrale, où l’espèce est en progression, atteignant désormais la Hongrie et la Slovaquie (L’expansion importante de la Buse féroce en Europe centrale). Les oiseaux européens et russes hivernent en Afrique, mais certains sont sédentaires.  

Sur Chypre, le premier nid a été trouvé en 1992, et il y avait 34 couples en 2005, dont 80 % dans le sud-ouest de l’île. Depuis, sa population a continué à augmenter, atteignant 63 couples en 2012 et plus de 70 en 2015, sa présence s’étendant vers l’est et dans les zones montagneuses centrales (lire Séjour ornithologique à Chypre du 14 au 23 avril 2017). En 2017, 80 couples ont été recensés, et ce chiffre a dépassé les 115 en 2021 selon un article publié en 2022 dans le journal Ornithologischer Beobachter.

Toujours d’après ce dernier, le régime alimentaire varié de la Buse féroce, la déprise agricole, qui a favorisé ses principales proies (petites mammifères, oiseaux et reptiles) et diminué les perturbations d’origine anthropique durant la période de reproduction (les cas de nidification sur les arbres ont progressé de 3 % depuis 2005), même si l’espèce est plutôt tolérante à la présence humaine, les quasi-extinctions du Grand Corbeau (Corvus corax) et du Vautour fauve (Gyps fulvus), qui ont augmenté le nombre de sites de nidification disponibles, et enfin le réchauffement climatique, qui a permis la colonisation de secteurs au-dessus de 800 mètres d’altitude et contribué à rendre les reptiles disponibles plus tôt dans la saison, seraient les principaux facteurs de progression.

Sur l’île, l’espèce coexiste avec l’Aigle de Bonelli (Aquila fasciata), dont la population est estimée à environ 40 couples du côté chypriote et à une dizaine dans la partie occupée par la Turquie. Ils partagent utilisent les mêmes zones pour la nidification et l’alimentation, même la compétition est faible, le second chassant principalement les oiseaux et nichant plutôt sur les arbres, alors que la Buse féroce se nourrit surtout de mammifères (70 % de ses proies) et construit plutôt son aire sur les falaises. Le Rat noir (Rattus rattus) et les reptiles sont des proies communes et abondantes. 

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