Les pies-grièches (famille des Laniidés) sont des passereaux de taille moyenne à longue queue et au bec assez fort, comprimé latéralement et à la mandibule supérieure légèrement crochue. Elles ont un régime carnivore assez varié : gros invertébrés (araignées, coléoptères, hyménoptères, orthoptères, etc.) (lire Les Pies-grièches migratrices semblent éviter de manger le tube digestif des orthoptères), micromammifères (campagnols notamment), reptiles (surtout lézards), batraciens et petits oiseaux. Elles chassent leurs proies à l’affût depuis un perchoir. Une fois capturées, elles sont empalées vivantes ou déjà mortes sur des épines ou des crochets d’arbustes ou d’arbres, ou même sur des fils barbelés ou des extrémités de grillages, afin de les démembrer plus facilement ou de les stocker afin de les manger plus tard (généralement dans les 24 heures), notamment lors de la période de nourrissage des petits (lire Les pies-grièches mâles empalent mieux que les femelles). Le nom de genre Lanius des pies-grièches signifie justement « boucher » ou « sacrificateur » en latin (lire La Pie-grièche grise, le boucher de l’avifaune européenne). Les lieux où les victimes sont dépecées sont appelés des lardoirs. Ils sont fréquemment situés près des nids et peuvent également servir à déchirer des matériaux servant à confectionner ces derniers.

Colin écaillé (Callipepla squamata) tué

Colin écaillé (Callipepla squamata) tué par une Pie-grièche migratrice (Lanius ludovicianus) dans l’État de Coahuila (Mexique) en janvier 2016.
Photographie : Alexander Peña-Peniche et al / The Wilson Journal of Ornithology

La Pie-grièche migratrice (Lanius ludovicianus) est une espèce nord-américaine vivant du sud du Canada au Mexique : elle est répandue, mais certaines populations ou sous-espèces sont en déclin ou menacées (lire Faut-il élever et lâcher des Pies-grièches à poitrine rose en France ?).  Elle vit dans des habitats variés, y compris dans les zones urbaines, pourvues que celles-ci soient suffisamment riches en proies et en arbustes, en haies et en zones de chasse dégagées : une population en croissance vit par exemple dans l’agglomération de Tucson en Arizona (États-Unis). Toutefois, les chats et les collisions avec les véhicules et les vitres constituent des menaces sérieuses dans les secteurs résidentiels.

La Pie-grièche migratrice capture une grande variété de proies, principalement des invertébrés, mais aussi des petits mammifères, des lézards, des amphibiens et des oiseaux (parulines, roselins, troglodytes, etc.), parfois d’une taille relativement grande, comme la Tourterelle triste (Zenaida macroura). 

Dans un article paru en décembre 2023 dans le Wilson Journal of Ornithology, des ornithologues ont décrit deux cas de prédation de Pies-grièches migratrices sur des Colins écaillés (Callipepla squamata), des gallinacés mesurant de 22 à 29 cm de long. En janvier 2016, dans le ranch Valle Colombia, situé dans le nord de l’État de Coahuila (Mexique), ils ont observé un individu se nourrissant au sol d’un colin récemment tué et décapité, tandis que son aile droite était empalée sur arbuste (Neltuma glandulosa). Le même mois, ils ont été témoins d’une attaque réussie sur l’un des ces gallinacés.

Cette proie, qui pèse en moyenne près de quatre fois le poids moyen d’une Pie-grièche migratrice, est la plus grosse jamais décrite pour cette espèce. Ces cas de prédation inhabituels pourraient être liés à une disponibilité limitée des proies provoquée par des précipitations inférieures à la moyenne et par des températures extrêmement basses durant l’hiver 2015-2016.

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