Le Vautour chaugoun (Gyps bengalensis) est la plus petite espèce du genre Gyps, avec une longueur de 75 à 93 cm et une envergure de 1,92 à 2,6 mètres. L’adulte a la collerette, le croupion et les couvertures sous-alaires blanchâtres, qui contrastent avec le reste du plumage noirâtre. Sa tête est teintée de rose et son bec est grisâtre. Le juvénile est en grande partie brun sombre et n’acquiert son plumage définitif qu’au bout de quatre à cinq ans.

Il niche en colonie sur de grands arbres, souvent à proximité d’habitations humaines. Son aire de répartition actuelle s’étend de l’est du Pakistan à la péninsule indochinoise, mais sa population s’est effondrée depuis les années 1980. Alors qu’en 1985, il était considéré comme le plus abondant des grands rapaces du monde, avec une population de plusieurs millions d’individus, celle-ci s’est effondrée depuis une trentaine d’années à cause de l’usage du diclofénac, un produit vétérinaire utilisé pour soigner le bétail mais mortel pour les rapaces (lire Un espoir pour les vautours du sous-continent indien). On ne compterait plus que de 4 000 à 6 000 adultes actuellement, principalement concentrés en Inde et au Népal. Une petite population isolée de 70 individus subsiste au Cambodge : elle a échappé à l’extinction grâce à l’interdiction du diclofénac en 2019, mais elle reste exposée à l’usage des pesticides et à la diminution du nombre d’ongulés sauvages.

Situation de la chaîne de Phou Kiou (Laos)

Situation de la chaîne de Phou Kiou (Laos).
Carte : Ornithomedia.com

Cette espèce ne nichant qu’à partir de cinq ans, l’inversion de son déclin dans ce pays prendra du temps. Une station de nourrissage a été installée dès 2004 dans le sanctuaire de Siem Pang (lire Bonne nouvelle concernant la population du très rare Ibis de Davison), et depuis 2020, elle est alimentée chaque semaine. Trois espèces de nécrophages la visitent régulièrement : les Vautours à long bec (Gyps tenuirostris), royal (Sarcogyps calvus) et chaugoun (lire Observer les vautours et les aigles dans la décharge de Jor Beed). Bien que ce dernier soit le plus « commun », avec une moyenne mensuelle de 48 oiseaux comptés en 2022, seuls une ou deux aires y sont recensées.

Afin de tenter de savoir où ces oiseaux se reproduisent, un adulte et un immature ont été capturés et équipés de balises GPS en mars 2020, ce qui a permis de découvrir qu’ils provenaient de la chaîne boisée peu élevée (altitude de moins de 300 mètres) de Phou Kiou, situées dans le sud du parc national de Xe Pian, dans la province de Champasak (Laos), à seulement 2 km du sanctuaire de Siem Pang.

Un recensement mené sur place a permis de trouver deux aires actives et trois petits en avril 2020, six aires actives et quatre jeunes en avril 2022, et quinze nids occupés et neuf poussins en avril 2023. Il est possible que d’autres nids soient passés inaperçus.

Cette nouvelle, annoncée en 2024 dans le Cambodian Journal of Natural History, est importante et encourageante car il s’agit semble-t-il de la première colonie de Vautours chaugouns découverte au Laos. La conservation de la forêt est indispensable pour assurer l’avenir de ce site de nidification, or des coupes ont été observées dans les environs. D’autre part, on ne sait pas si le diclofénac ou d’autres produits toxiques sont encore utilisés au Laos.

Vautours chaugouns (Gyps bengalensis) adulte et jeune dans leur aire en Inde.
Source : Soar Excursions

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