Le Guillemot du Japon (Synthliboramphus wumizusume) est un petit oiseau marin mesurant de 24 à 26 cm de long. Il ressemble au Guillemot à cou blanc (S. antiquus), qui est également présent dans une grande partie de son aire de répartition (lire Un visiteur exceptionnel venu du Pacifique : un Guillemot à cou blanc découvert sur la côte andalouse en mai 2023). L’adulte en plumage nuptial a les sourcils et la nuque blanche, le front, une huppe, les joues, les côtés et l’arrière du cou noirs (de fines plumes blanches sont également visibles à l’arrière du cou), le dos et le dessus des ailes gris sombre, l’avant du cou et le dessous blancs et une queue courte et arrondie noire dessus et blanche dessous. Les pattes et les doigts sont gris jaunâtre et le bec est court, épais et gris bleuâtre. L’adulte en hiver n’a pas de huppe noire ni de fines plumes blanches à l’arrière du cou, et il présente davantage de blanc sur les cotés de la tête. Le juvénile ressemble à l’adulte en hiver, mais il est plus brun sur le dessus.

Guillemot du Japon (Synthliboramphus wumizusume) dans son nid

Guillemot du Japon (Synthliboramphus wumizusume) nicheur en Corée du Sud.
Photographie : Korean National Institute of Biological Resources / Wikimedia Commons

Il niche localement sur des petites îles rocheuses au large du Japon et de la Corée du Sud, et peut-être aussi à l’extrémité sud-est de la Russie. Il hiverne en mer, principalement le long des côtes des îles de Honshū et de Kyūshū, atteignant au nord les îles Kouriles et Sakhaline et les eaux de la région administrative de Primorsky (Russie), et au sud la Chine et Taïwan.

Il se nourrit principalement de petits crustacés et poissons pélagiques. Il niche dans les crevasses rocheuses, dans les tas de pierres et parmi les touffes de graminées des îles  inhabitées. C’est l’un des alcidés les plus rares du monde, avec une population globale estimée à moins de 10 000 adultes et probablement en baisse en raison des activités humaines et des prédateurs (rongeurs et chats) : il est donc considéré comme vulnérable par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature. Toutefois, du fait de sa discrétion et de l’inaccessibilité de ses sites de nidification, ses effectifs exacts sont difficiles à déterminer.

En mars et en avril 2023, des ornithologues japonais ont effectué des visites de la petite île rocheuse d’Hahakojima (quatre hectares), située au large de Nagasaki, afin de vérifier si elle pouvait accueillir une éventuelle colonie inconnue. Ses côtes sont composées de falaises et d’éboulis rocheux offrant de nombreux sites de nidification potentiels, tandis qu’une végétation arbustive sur ses pentes et son sommet. Un îlot basaltique et abrupt, appelé rocher d’Ozumo, est situé à 200 mètres.

Les biologistes ont repéré en mars à l’aide de canaux pneumatiques et de projecteurs des rassemblements nocturnes de Guillemots du Japon dans les eaux baignant Hahakojima et Ozumo, ce qui constitue un indicateur fiable de reproduction pour cette espèce. Des recherches ont donc été menées en avril le long des falaises accessibles de l’île pour confirmer la nidification, et les cadavres, amas de plumes, œufs détruits et prédateurs ont été notés. Il n’a pas été possible de débarquer sur le rocher d’Ozumo.

Situation de l'île d'Hahakojima (Japon)

Situation de l’île d’Hahakojima (Japon).
Carte : Ornithomedia.com

Ils ont dénombré 129 Guillemots du Japon en mer et découvert 18 nids actifs dans des crevasses rocheuses (sept avec un adulte couvant et onze avec des œufs laissés sans surveillance). Ils ont également trouvé 22 œufs cassés et observé un Corbeau à gros bec (Corvus macrorhynchos) avec un œuf dans le bec.

Des recherches supplémentaires seront nécessaires pour évaluer plus précisément la population nicheuse de cette île, et des mesures devront être prises pour tenter de réduire les impacts de la prédation par les corvidés. Ces résultats sont en tout cas encourageants et devraient stimuler l’effort de recherche sur d’autres îles rocheuses potentiellement favorables. Il y a en effet au moins 971 îles et îlots dans la préfecture de Nagasaki, dont la plupart sont inhabités et semblables à Hahakojima. Par conséquent, d’autres colonies inconnues de Guillemots du japon pourraient être découvertes, même si une seule a été trouvée jusqu’à présent en dehors d’Hahakojima, sur l’île Hanagurijima, dans l’archipel des Danjo.

Ces sont des pêcheurs qui avaient noté la présence la nuit de nombreux « petits oiseaux » la nuit autour d’Hahakojima et du rocher d’Ozumo, et il serait donc utile de les consulter pour trouver d’autres colonies potentielles.

En 2017, 41 colonies de Guillemots du Japon  étaient connues dans le monde, dont seulement 25 étaient actives. La plus grande importante, celle de l’île de Biro, située dans la préfecture de Miyazaki, accueille 2 000 couples reproducteurs.

Guillemots du Japon (Synthliboramphus wumizusume) au large de la préfecture d’Iwate (Japon) en juillet 2020.
Source : Shoko Tanoi

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