Le Manchot de Magellan (Spheniscus magellanicus) est un oiseau marin de taille moyenne (de 70 à 76 cm de long) au plumage noir et blanc : son dos est gris-noirâtre, son ventre est blanchâtre, et deux bandes noires sont visibles sur sa poitrine. Les deux sexes ont semblables, mais le mâle est légèrement plus grand et son bec est un peu plus épais. Il niche en colonies dans des terriers le long des côtes (plages, dunes, falaises d’argile, etc.) le long des côtes de l’Amérique du Sud. Sur la côte atlantique, la colonie la plus septentrionale se trouve sur l’îlot Redondo, en Argentine, tandis que sur la côte pacifique, l’île Cachagua est le site de nidification le plus nordique. Au sud, l’espèce atteint les îles Diego Ramirez au Chili et les Malouines (Grande-Bretagne) (lire Observer les oiseaux dans les Malouines, des îles australes battues par les vents).

Les Manchots de Magellan hivernent en mer, au large du Chili, du Pérou, du Brésil, de l’Uruguay, de l’Argentine et du Pérou. La population mondiale serait comprise entre 1,1 et 1,6 million de couples, répartis en 50 colonies, la plus grande étant (et de loin) celle de la réserve provinciale de Punta Tombo (Argentine), mais l’espèce est en déclin à cause de la pollution, de la surpêche, de la mortalité accidentelle dans les filets, de la collecte illégale des œufs, des dérangements causés par le tourisme et sûrement du réchauffement des eaux : elle est ainsi désormais considérée comme étant quasi-menacée (lire À propos des Manchots de Magellan qui s’échouent au Brésil).

La découverte d’un nouveau site de nidification constitue donc une bonne nouvelle : par exemple, alors qu’ils étudiaient les Gorfous sauteurs (Eudyptes chrysocome) de l’Isla de los Estados, en Terre de Feu argentine, des biologistes de la Wildlife Conservation Society ont annoncé le 20 janvier 2020 avoir trouvé une nouvelle colonie de Manchots de Magellan sur cette île (lire Découverte d’une nouvelle colonie de Manchots de Magellan en Argentine).

Situation de l’Aire Marine et Côtière Protégée Francisco Coloane (Chili).
Carte : Ornithomedia.com

Les sites de reproduction ont été principalement étudiés en Argentine, mais beaucoup moins dans la région de Magallanes, à l’extrémité sud du Chili. En 2022 et en 2023, un inventaire des colonies de Manchots de Magellan a été mené entre les mois d’octobre et de février dans l’Aire Marine et Côtière Protégée Francisco Coloane, située dans le détroit de Magellan, dans le cadre du projet Microbiome, étudiant le rôle des microorganismes comme bioindicateurs de la santé de l’écosystème aquatique dans un scénario de réchauffement climatique.

Six colonies inconnues des scientifiques (mais pas des communautés locales) ont été trouvées sur les îlots Rupert et Tuckers et les îles James et Monmouth. Les habitats occupés étaient variés, allant de secteurs couverts de mousses, d’herbes et de buissons à des zones densément boisées. Les effectifs de ces colonies n’ont pas été évalués, à l’exception de celle de l’un des îlots Tuckers, où 2 2218 couples ont été comptés en 2024, mais ils semblent très variables.

Ces découvertes constituent une bonne nouvelle pour l’espèce dans cette partie du Chili, mais la population totale régionale de Manchots de Magellan pourrait en fait avoir peu évolué depuis une dizaines d’années, des oiseaux se déplaçant d’une île à une autre : par exemple, alors que le nombre de couples sur les îles Monmouth et James était resté faible et stable entre  2007 et 2013, une augmentation de 28,4 % a été constatée sur l’île Rupert sur la même période. L’érosion des sols pourrait entraîner l’abandon de certains secteurs ouverts en faveur d’autres plus boisés, au sol plus stable. 

Les Manchots de Magellan peuvent être considérés comme des « ingénieurs de l’écosystème », entraînant un enrichissement du sol par un apport d’azote via leurs excréments, tandis que leurs terriers abandonnés servent de refuges à de petits animaux. 

Récemment, la taille de certaines colonies septentrionales a diminué à cause de la succession de vagues de chaleur extrême et d’une mortalité accrue des femelles, une tendance qui devrait se poursuivre avec le changement climatique : cette espèce pourrait ainsi trouver un refuge à l’extrémité sud du continent sud-américain.  

Manchots de Magellan (Spheniscus magellanicus) nicheurs sur l’Isla Magdalena, dans la partie chilienne du détroit de Magellan, en 2023.
Source : Lartundo

Réagir à notre article

Réagissez à cet article en publiant un commentaire