Les interactions entre les fourmis et l’avifaune peuvent être négatives, par exemple lorsque des espèces invasives diminuent le nombre de proies disponibles et/ou réduisent le succès de la nidification de certains oiseaux (lire Certaines fourmis invasives constituent-elles une menace pour les oiseaux nicheurs ?), ou bien positives, par exemple en facilitant la capture des petits animaux dans les forêts tropicales (lire Ces oiseaux qui suivent les fourmis légionnaires pour se nourrir) ou en éliminant des parasites (Observation d’une Buse variable pratiquant le formicage en Belgique).  Ils peuvent aussi entrer en compétition pour les sites de nidification ou de dortoir hivernal (voir le cas d’une boîte à lettres). Il existe aussi parfois des cas de « colocations » (lire Des exemples de “colocations” entre des mésanges et des fourmis).

Rhizomorphes du champignon Armillariella mellea

Rhizomorphes du champignon Armillariella mellea.
Photographie : Beentree / Wikimedia Commons

Certaines espèces d’oiseaux nichent dans des arbres défendus par des fourmis, mais comment font-elles pour les éloigner ? Dans les forêts sèches du Costa Rica, l’Oriole à dos rayé (Icterus pustulatus) et le Platyrhynque (ou Bec-plat) jaune-olive (Tolmomyias sulphurescens) construisent préférentiellement leur nid dans des acacias protégés par les fourmis du genre Pseudomyrmex, et ils utilisent comme matériau des rhizomorphes fongiques, c’est-à-dire des agrégats d’hyphes, les organes de propagation des champignons.

Dans un article publié en 2024 dans le journal Animal Behavior, des biologistes ont voulu vérifier si ces rhizomorphes modifiaient le comportement des fourmis, mais aussi si l’eau augmentait les propriétés répulsives du matériau utilisé, les deux espèces d’oiseaux nichant pendant la saison des pluies. Pour cela, ils ont noté le comportement des fourmis en contact avec des filaments fongiques secs et humides, et ils ont constaté qu’après les avoir touché, elles étaient très perturbées (toilettage accru, enroulement de l’abdomen, mouvements erratiques, etc.) et semblaient intoxiquées. L’eau n’a pas semblé améliorer les propriétés répulsives  des rhizomorphes.

Ces résultats semblent indiquer que ces fibres fongiques dissuaderaient les fourmis d’entrer dans les nids de l’Oriole à dos rayé et du Platyrhynque jaune-olive. D’autres observations seraient nécessaires pour vérifier si elles ont un effet répulsif sur d’autres hyménoptères sociaux, comme les guêpes.

Cette étude rappelle que plusieurs espèces d’oiseaux placent des plantes aromatiques dans leurs nids pour repousser ou tuer les ectoparasites (lire Certains oiseaux utilisent leurs connaissances en botanique pour construire leur nid).

Réagir à notre article

Réagissez à cet article en publiant un commentaire