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La population totale de Pinsons bleus de Grande Canarie a dépassé les 400 individus dans la nature

Pinson de Grande Canarie (Fringilla polatzeki) mâle dans la pinède de La Cumbre, sur l’île de Grande Canarie (Espagne).
Photographie : Luis M. Carrascal / MNCN
Le Pinson bleu (Fringilla teydea) est un passereau endémique des îles Canaries (Espagne). Deux sous-espèce étaient jusqu’ présent reconnues, F. t. teydea sur l’île de Tenerife et F. f. polatzeki (du nom de l’ornithologue Johann Polatzek qui l’avait décrite en 1900) sur l’île de la Grande Canarie. Contrairement à la sous-espèce nominale qui est commune dans les forêts de Pins des Canaries (Pinus canariensis) de Tenerife, le Pinson bleu de Grande Canarie est très rare et localisé, la majorité des couples étant concentrée dans quelques forêts humides et mâtures (composées de pins dont la hauteur moyenne dépasse les 15 mètres) dans le sud-ouest de l’île (pinèdes d’Inagua, d’Ojeda et de Pajonales), à une altitude supérieure à 1 100 mètres. Une petite population a également été découverte en 2008 à La Cumbre, dans le centre de la Grande Canarie.
![]() Situation de l’île de Grande Canarie, dans l’archipel des Canaries (Espagne). |
La sous-espèce F. f. polatzeki a récemment été élevée au rang d’espèce à part entière (lire Le Pinson bleu de Grande Canarie devrait être élevé au rang d’espèce) en se basant sur son plumage particulier (le mâle a notamment des barres alaires blanches et pas bleu clair), sa taille légèrement inférieure, son chant et son ADN mitochondrial distincts et ses caractéristiques biologiques (la date moyenne de ponte et la fréquence d’une seconde couvée diffèrent de celles du Pinson bleu).
Un plan de conservation avait été lancé en 2013 par le gouvernement des îles Canaries : il comprenait notamment le renforcement du noyau de population de pinède de La Cumbre via des lâchers de juvéniles élevés un moment en captivité ou libérés directement. Au total, 194 oiseaux ont été relâchés entre 2010 et 2019 après avoir été bagués et pour certains, équipés de radio-émetteurs. Des aliments (graines et vers de farine) ont été mis à leur disposition durant trois semaines après leur libération pour faciliter leur installation. Quelques oiseaux sont morts peu après leur lâcher suite à des attaques d’Éperviers d’Europe (Accipiter nisus). Le taux de survie hivernal et le succès de la reproduction de cette population renforcée ont été étudiés un an après leur libération, et ils étaient comparables à ceux de la population originelle de La Inaga.
Selon l’European Breeding Bird Atlas 2 publié en 2020, ces mesures semblaient commencer à porter leurs fruits et le statut de ce passereau semblait s’améliorer. La densité dans la pinède de La Inagua a ainsi augmenté depuis 2008, passant de moins de huit individus par km² (il faut préciser qu’un incendie avait ravagé le secteur en 2007, divisant alors la population par deux) à près de seize par km² en 2016. Dans la forêt de La Cumbre, la population est passée de deux couples en 2008 à près de 70 oiseaux en 2018 (soit entre trois et quatre oiseaux par km²), démontrant ainsi a priori l’efficacité des mesures de renforcement menées dans ce secteur (lire La population de Pinsons bleus de Grande Canarie semble augmenter peu à peu).
![]() Vue de la pinède de La Cumbre, sur l’île de Grande Canarie (Espagne). |
Selon un article publié en 2024 dans le Journal of Ornithology, les oiseaux relâchés semblent s’être bien établis dans la pinède de La Cumbre, et tous ont finalement présenté un comportement reproducteur, même si une partie d’entre eux est repartie dans le secteur d’origine (La Inaga). Par ailleurs, le taux de survie des juvéniles ayant au préalable élevés en captivité est significativement plus élevé que celui des pinsons capturés dans la nature et libérés tout de suite après. Illera et al. (2023) ont constaté que les jeunes nés dans la forêt de La Cumbre et issus du programme renforcement semblaient viables, compte tenu notamment de leur succès de reproduction, de leur condition corporelle, de leur diversité génétique et de leur taux de consanguinité. En conséquence, cette opération est pour le moment un succès et 29 couples ont été comptés en 2019 dans cette pinède. Par ailleurs, cette dernière étant située à une altitude plus élevée que celle d’Inagua, cette seconde population pourrait être moins exposée aux effets du réchauffement climatique.
La taille totale de la population de Pinsons bleu de Grande Canarie est désormais estimée à 430 oiseaux, qui reste encore restreinte à une très petite zone de 60 km², ce qui en fait toujours le passereau forestier le plus rare du Paléarctique occidental. Il est donc toujours considéré comme en danger par l’Union International pour la Conservation de la Nature.
Pinsons de Grande Canarie (Fringilla polatzeki) mâle adulte et juvénile sur l’île de Grande Canarie (Espagne) en octobre 2022.
Source : Asociación SOS Pinzón Azul
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Compléments
Ouvrages recommandés
- European Breeding Bird Atlas 2: Distribution, Abundance and Change (2020) de Verena Keller et al
- rion Birdwatchers’ Guide to Portugal and Madeira de H. Costa, C.C. Moore et G. Elias
- A Birdwatchers’ Guide to the Canary Islands de David Collins et Tony Clarke
- Field Guide to the Birds of the Atlantic Islands de Tony Clarke
Sources
- A. Delgado, V. Suárez, D. González, D. et al. (2024). Establishment success of the reinforced population of Gran Canaria Blue Chaffinch Fringilla polatzeki. Journla of Ornitholy. Volume : 165. Pages : 1051–1062. link.springer.com
- MNCN (2024). La nueva población de pinzón azul de Gran Canaria es genéticamente viable y se ha multiplicado por 14 en 9 años. www.mncn.csic.es
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