L’archipel des Galápagos (Équateur) est composé de 127 îles d’origine volcanique, dont les principales sont Isabela, San Cristóbal, Fernandina, Santa Cruz, Santiago, Española et Floreana. Parmi les oiseaux nicheurs, de 26 à 33 (selon les sources) sont endémiques (lire Séjour ornithologique dans les îles Galápagos du 23 avril au 5 mai 2006).

C’est le cas du Râle des Galápagos (Laterallus spilonota), qui pourrait être reclassé dans le genre Creciscus pour plus de cohérence (lire Proposition d’une nouvelle classification de la famille des Rallidés). Mesurant environ 15 cm de long, l’adulte a la tête et le dessous gris moyen, les parties supérieures et les flancs bruns, et de petites taches blanches sont visibles sur le dessus et l’arrière du corps. Le bec arqué et les pattes sont noirâtres et l’iris est rouge sombre. Le juvénile a un corps principalement brun foncé. Il vit dans les zones denses de fougères, d’arbustes et de plantes herbacées sur les hauteurs des îles Pinta, Fernandina, Isabela, Santa Cruz et Santiago. Il vole mal et niche au sol, ce qui le rend vulnérable aux chats et aux rats. Par ailleurs, les chèvres introduites ont dégradé son habitat. C’est donc une espèce vulnérable, avec une population estimée comprise entre 3 300 et 6 700 adultes selon Birdlife International.

Situation des îles Galápagos (Équateur)

Situation de l’archipel des Galápagos (Équateur).
Carte : Ornithomedia.com

Le Râle des Galápagos n’a pas été réobservé sur l’île Floreana depuis sa découverte en 1835 par Charles Darwin. Lors de leur dernière mission annuelle de surveillance des oiseaux terrestres de l’île, des scientifiques et des gardes forestiers de la Fundación Charles Darwin (FCD) ont observé cet oiseau insaisissable à trois endroits différents dans une prairie envahie par les goyaviers. Ces observations ont été confirmées par six enregistrements et par une photographie. Ces sites sont surveillés chaque année depuis 2015 dans le cadre des recherches menées pour retrouver les douze espèces disparues de Floreana.

Selon Birgit Fessl, chercheuse à la FCD, deux explications sont possibles : soit le Râle des Galápagos a recolonisé Floreana à partir des îles voisines, soit il n’y a jamais vraiment disparu mais est resté inaperçu en raison d’une très faible population. La deuxième hypothèse serait selon elle la plus probable, car cette espèce ne vole pas très bien. Précisons néanmoins qu’elle avait été aussi réobservée en 2022 sur l’île Pinzón suite à l’éradication réussie des rats en 2012.

Cette redécouverte constitue en tout cas une avancée significative dans le projet de restauration de la faune et de la flore de Floreana, où le Râle des Galápagos avait été identifié comme l’une des espèces à réintroduire. Elle intervient près d’un an après la campagne d’éradication à grande échelle des chats et des rats lancée à la fin de l’année 2023 par la Dirección del Parque Nacional Galápagos et par la Fundación Jocotoco, avec le soutien d’Island Conservation et d’autres partenaires. Les prochaines étapes consisteront à effectuer des analyses génétiques afin de déterminer si la population de Râles des Galápagos de Floreana provient des îles voisines ou si elle est restée inaperçue pendant près de deux siècles.

D’autres signes prometteurs ont été constatés sur Floreana depuis le début de cette campagne d’éradication, comme le retour de la Tourterelle des Galápagos (Zenaida galapagoensis).  

Quoi qu’il en soit, cette découverte constitue une étape majeure dans les efforts continus de sauvegarde de la biodiversité des îles Galápagos, où les nouvelles ne sont toutefois pas toujours aussi bonnes : le Moucherolle de San Cristóbal (Pyrocephalus dubius) n’a ainsi pas été revu sur l’île de San Cristóbal depuis 1987 (lire Le Moucherolle de San Cristóbal est le premier oiseau endémique des Galápagos à disparaître).

Râle des Galápagos (Laterallus spilonota).
Source : AndresTravels

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