Le Cygne de Bewick (Cygnus columbianus bewickii) ressemble au Cygne chanteur (C. cygnus) mais il est un peu moins grand (115 à 127 cm de long contre 140 à 160 cm), son cou est proportionnellement plus court et il y a moins de jaune sur son bec (lire La couleur du bec du Cygne de Bewick serait liée au sexe et à la taille). Il niche dans la toundra arctique russe, de la péninsule de Kanin, dans l’oblast d’Arkhangelsk, au district autonome de la Tchoukotka, en Sibérie orientale.

Aires de reproduction et d'hivernage du Cygne de Bewick et voies de migration des trois populations

Aires de reproduction (en rouge) et d’hivernage (en bleu) du Cygne de Bewick (Cygnus columbianus bewickii) et voies de migration des trois populations.
Carte : Ornithomedia.com d’après Sergey Volkov

Il existe trois populations qui suivent des voies de migration différentes :

  • la ​​première, qui se reproduit à l’ouest des monts Oural, hiverne dans le nord-est et le nord-ouest de l’Europe, principalement aux Pays-Bas, en Grande-Bretagne et au Danemark.
  • La seconde, qui niche à l’est des monts Oural, hiverne de l’est de la Méditerranée à la mer Caspienne, en passant par la mer Noire. 
  • La troisième, qui est la plus importante, niche en Sibérie orientale (à l’est de la péninsule de Yamal) et hiverne en Chine, au Japon (lire Observer les oiseaux sur Hokkaido en hiver) et en Corée du Sud.

En France, c’est un hivernant peu commun, avec un peu plus de 200 oiseaux chaque année, la Camargue (Bouches-du-Rhône) (lire Où observer les oiseaux en Camargue ?), le lac du Der (Marne/Haute-Marne) (lire Où observer les oiseaux remarquables en hiver autour du lac du Der-Chantecoq ?) et les réservoirs aubois (lire Observer les oiseaux sur les lacs d’Orient, d’Auzon-Temple et Amance) constituant les principaux sites d’hivernage hexagonaux.

Si la taille et l’évolution de la population de la population de Cygnes de Bewick hivernant en Europe du Nord-Est et du Nord-Ouest ont été bien étudiées depuis la seconde moitié du XXe siècle (20 149 oiseaux comptés en janvier 2015, un chiffre en déclin par rapport au résultat de janvier 1995), on en sait beaucoup moins sur celle qui passe la mauvaise saison de l’est de la Méditerranée à la mer Caspienne, qui était estimée à 1 000 à 1 500 individus au tournant à la fin du XXe siècle. Dans un article publié en 2024 dans la revue Wildfowl, des ornithologues ont présenté les résultats du premier recensement international de cette population (International Bewick’s Swan Census ou IBSC) réalisé en janvier 2020. Ils ont également pris en compte les données collectées par Wetlands International dans le cadre du recensement international des oiseaux d’eau (International Waterbird Census ou IWC) effectué chaque année à la mi-janvier pour établir l’évolution des effectifs hivernants.

Ces comptages ont montré une augmentation significative au cours des deux dernières décennies de la taille de la population de Cygnes de Bewick nichant dans le nord-ouest de la Sibérie et hivernant de l’est de la Méditerranée à la mer Caspienne : 6 819 oiseaux ont ainsi été recensés pendant l’IBSC et 9 111 oiseaux (+/- 4 300) ont été notés en moyenne chaque hiver entre 2018 et 2022 lors de l’IWC, avec un pic de 13 775 individus atteint en 2019. Un recensement aérien réalisé en 2020 du delta de la Volga, situé au nord de la mer Caspienne, une vaste zone humide rarement couverte en raison des difficultés logistiques pour s’y rendre en plein hiver, a permis de compter environ 551 Cygnes de Bewick.

Des variations annuelles importantes ont été constatés lors des comptages de l’IWC à partir de 2017, mais les raisons de ces fluctuations restent inconnues. L’analyse des tendances suggère toutefois une lente augmentation entre 2000 et 2015, suivie d’une progression rapide entre 2015 et 2017, puis d’un faible déclin entre 2017 et 2022. Étant donné que les résultats obtenus lors de l’IBSC et l’IWC ont régulièrement dépassé les 6 000 individus au cours des cinq dernières années, les auteurs proposent une nouvelle estimation de la taille de cette population, qui serait comprise entre 6 000 et 13 000 Cygnes de Bewick en attendant que de nouveaux comptages complets soient réalisés sur l’ensemble de la région concernée.

Cygnes de Bewick (Cygnus columbianus bewickii) dans le delta du Danube (Roumanie) en décembre 2015.
Source : Wardstone99

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