L’Outarde canepetière (Tetrax tetrax) mesure de 40 à 45 cm de longueur pour une envergure de 80 à 90 cm. Chez les deux sexes, les parties supérieures du corps sont brun-marron à beige, finement vermiculées, contrastant avec le blanc pur du ventre, de la poitrine et des rémiges. L’extrémité des rémiges primaires externes et des grandes couvertures primaires est noire. En plumage nuptial, le mâle adulte présente un motif noir et blanc sur la tête et le cou. Le chant, émis au printemps par le mâle, est un « prrrit » bref et sec lancé plusieurs fois par minute.

Elle niche dans les steppes semi-arides, les pâtures, les vignobles et les cultures de céréales et de luzerne et elle hiverne dans les grandes étendues ouvertes. 

Outarde canepetière (Tetrax tetrax)

Outarde canepetière (Tetrax tetrax) sur la pointe du Grouin du Sud (Manche), au nord de la baie du Mont-Saint-Michel, le 27 janvier 2025 (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Michel Keroux

Son aire de répartition discontinue s’étend du Maroc et du sud-ouest de l’Europe à l’Asie centrale, et deux sous-espèces sont reconnues : T. t. tetrax en Afrique du Nord, en France et dans la péninsule ibérique, et T. t. orientalis de la Sardaigne (lire Où observer les oiseaux en Sardaigne ?) au Kazakhstan. Elle était autrefois bien plus répandue, mais suite à un déclin important au cours des XIXe et XXe siècles, causé principalement par l’intensification de l’agriculture, la transformation de son habitat steppique et la chasse, il ne reste plus que deux noyaux de populations : un centré sur le Maroc, la péninsule ibérique, la France, la Sardaigne et l’Italie, et l’autre sur la Russie et le Kazakhstan, jusqu’aux monts Altaï. 

En France, sa population est réduite et en déclin, avec 2 450 mâles chanteurs comptés en 2020, répartis dans deux populations principales : une migratrice (327 mâles), localisée dans quelques plaines cultivées de Nouvelle-Aquitaine et du Centre-Val-de-Loire, et une sédentaire (2 123 mâles) subsistant en Occitanie (jachères et secteurs viticoles, principalement dans le Gard et l’Hérault) et en Provence-Alpes-Côte-d’Azur (principalement dans la plaine de la Crau, dans le département des Bouches-du-Rhône). Il existe également des populations isolées dans la vallée du Rhône, localisées dans des aérodromes (lire Observer les oiseaux de l’aérodrome d’Avignon-Pujaut).

En hiver, des Outardes canepetières (de 1 911 à  2571 comptées en janvier 2016) hivernent dans l’hexagone, principalement dans la plaine de la Crau (lire Les populations hivernantes d’Outardes canepetières et de Gangas catas dans la Crau), dans les Costières du Gard, dans les aéroports de Béziers (lire Observer les  oiseaux dans les environs de Portiragnes) et de Montpellier (Hérault) et dans la basse plaine du Vidourle (Hérault). En dehors de ces zones, elle est très rare : l’observation le 27 janvier 2025 par Michel Leroux d’un individu sur la pointe du Grouin du Sud, au nord de la baie du Mont-Saint-Michel, est donc remarquable (lire Où observer les oiseaux dans la baie du Mont-Saint-Michel ?).

Comme nous l’avons évoqué plus haut, la seule population reproductrice connue du continent africain se trouve au Maroc (entre Asilah et Tanger et sur le plateau d’Adarouch), où elle est très menacée. L’espèce considérée comme éteinte en Tunisie, et elle a disparu en tant que nicheuse et hivernante en Algérie dans les années 1990. Dans ce dernier pays, les prospections ont été arrêtées et aucune nouvelle observation n’avait donc été reportée depuis. Entre août 2023 et janvier 2024, plusieurs ornithologues ont mené des recherches en suivant le protocole de l’échantillonnage fréquentiel progressif (contacts visuels ou auditifs obtenus depuis plusieurs points pendant un temps donné) dans le marais de la Macta et autour du lac Télamine, deux secteurs situés dans le nord-ouest du pays correspondant à son aire de répartition historique. Ils ont également recueilli des données à partir d’enquêtes auprès des résidents locaux, des agriculteurs et des chasseurs. Leurs résultats ont été présentés dans un article publié en 2024 dans la revue Zoology and Ecology.

Situation du marais de la Macta (Algérie)

Situation du marais de la Macta (Algérie).
Source : Ornithomedia.com

L’espèce n’a pas été notée autour du lac Télamine, mais elle a été contactée à plusieurs reprises durant la période d’étude dans le marais de la Macta : deux groupes, totalisant 27 individus, ont été observés dans les steppes à salicornes (Sarcocornia et Salicornia sp.) et à Soudes ligneuses (Suaeda vera) et les champs de luzerne et de légumineuses. Les agriculteurs et les chasseurs ont confirmé que l’espèce avait disparu après les années 1980, mais ils ont indiqué qu’un groupe composé de 70 individus (dont 15 juvéniles) avait été découvert dans un champ de luzerne en juin 2013 et que plus de 100 oiseaux avaient été comptés en novembre 2016.

Ces résultats semblent montrer que l’espèce est de retour en Algérie, au moins dans le marais de Macta, après plus de trente ans d’absence : ses effectifs y sont variables selon les années et les saisons, les chiffres les plus importants étant obtenus en hiver, quand les individus sédentaires (et donc probablement nicheurs) sont rejoints par des migrateurs. Leur nombre diminue tout au long de la saison de reproduction, en raison des phénomènes de la dispersion postnuptiale et de la migration partielle.   

Le marais de la Macta est une zone humide d’importance internationale de 44 500 hectares inscrite sur la liste de Ramsar, mais elle fait face à un nombre croissant de menaces anthropiques et naturelles, qui s’aggravent d’année en année, les plus importantes étant l’assèchement à cause des prélèvements agricoles et des sécheresses répétées, le surpâturage, la pose de clôtures, le braconnage, les incendies et les pollutions diverses. 

Outardes canepetières (Tetrax tetrax) hivernantes en Azerbaïdjan  en novembre 2014.
Source : Film Studio Aves

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