Est-il plus intéressant d’acheter une ancienne longue-vue haut de gamme qu’un modèle récent de gamme moyenne ?

Principales caractéristiques techniques de longues-vues haut de gamme commercialisées il y a plus de vingt ans

Dans les années 1990 et au début des années 2000, le marché des longues-vues était largement dominé par Swarovski Optik, Kowa, Zeiss et Leica, et dans une moindre mesure par Optolyth, Nikon et Bushnell. La concurrence était donc relativement faible et certains modèles de grande qualité étaient largement répandus parmi les observateurs qui avaient alors les moyens de les acquérir, comme la Leica APO Televid 77, la Swarovski Habicht AT 80 HD, la Zeiss DiaScope 85 T*FL (première version, au corps argenté) et la Kowa TSN-883 (on pourrait également rajouter à cette liste la Nikon Fieldscope ED 82 et l’Optolyth TBS 80 GA). Nous vous rappelons ci-dessous leurs principales caractéristiques techniques (quand nous avons pu les trouver). 

On peut encore trouver des longues-vues haut de gamme lancées dans les années 1990

Longue-vue Leica APO Televid 77 vendue dans la rubrique des petites annonces d’Ornithomedia.com. Source : Ornithomedia.com

Les longues-vues vues haut de gamme lancées dans les années 1990, comme la Leica APO Televid 77, la Swarovski Habicht AT 80 HD, la Zeiss DiaScope 85 T*FL ou la Kowa TSN-883, ne sont plus commercialisées depuis longtemps, mais elles sont encore parfois proposées dans les petites annonces de sites web spécialisés (voir notre rubrique dédiée sur Ornithomedia.com) et de magazines/revues papier consacrés à l’ornithologie. On peut également ajouter à cette liste la Nikon Monarch 82 HD, qu’on peut avoir neuve à 1500 euros, avec le zoom 20X60, et un peu plus cher avec le 30X60. Le champ de vision n’est pas très large, ni la profondeur de champ, mais le piqué du zoom est très bon jusqu’à fond.
Pour un débutant ou une personne ayant un budget contraint mais souhaitant acquérir un modèle de qualité, la question se pose : est-il plus intéressant d’acheter l’un de ces modèles, dont les prix sont désormais beaucoup plus accessibles qu’autrefois, qu’une longue-vue moderne de milieu de gamme, comme celles de Kite, d’Olivon, de Svbony, de Hawke, de Celestron, de Meopta, de Vortex ou d’Opticron (entre autres) ? En effet, les performances de ces dernières se sont beaucoup rapprochées de celles des produits des meilleurs fabricants, avec des prix nettement inférieurs.

Des longues-vues anciennes mais aux qualités optiques reconnues

La Leica APO Televid 77, la Swarovski Habicht AT 80 HD, la Zeiss DiaScope 85 T*FL et la Kowa TSN-883 étaient réputées pour leurs qualités optiques durant leurs années de commercialisation car elles incorporent des verres spéciaux qui optimisent le taux de transmission de la lumière, augmentent le contraste des images et réduisent les aberrations chromatiques (lire Pourquoi choisir des longues-vues équipées de verres spéciaux ?). Leur appellation varie selon les fabricants : APO (pour Apochromatisme) pour Leica, FL (pour Fluorite) pour Zeiss ou HD (pour Haute Définition) pour Swarovski (lire La longue-vue Zeiss Diascope 85 T* FL et deux rivales).

Longue-vue Swarovski Habicht AT 80 HD vendue dans la rubrique des petites annonces d’Ornithomedia.com. Source : Ornithomedia.com

On trouve peu de tests comparant les performances (contraste, luminosité et netteté) de ces « vieilles » longues-vues haut de gamme avec celles de modèles modernes récents de la gamme moyenne, dont les prix sont comparables (moins de 1 500 euros) (lire Test de 23 modèles de longues-vues par la National Audubon Society), mais plusieurs possesseurs (ou anciens possesseurs) d’anciennes Leica, Swarovski ou Zeiss , qui ont eu la possibilité, par exemple lors de sorties sur le terrain, d’essayer ces nouveaux produits et qui ont posté ensuite des messages sur des forums en ligne, comme ceux de Birdforum ou d’Ornithomedia, n’ont pas trouvé de « différences significatives ».
Sur le forum du site web Rokslide, un membre a rapporté qu’un ami qui avait pu comparer une ancienne Zeiss DiaScope 85 T*FL et la nouvelle Vortex de milieu de gamme qu’il venait d’acheter avait été déçu par les qualités optiques de cette dernière, notamment au niveau de la clarté de l’image. 
Par contre, bien entendu, les différences entre ces anciennes longues-vues et les produits haut de gamme actuels, comme la Swarovski ATX 85, la Zeiss Victory Harpia 85, la Leica APO-Televid 82, la Kowa TSN-88 PROMINAR ou la Kite KSP 80 HD, sont réelles, mais elles ne sont pas spectaculaires : par exemple, sur Birdforum, un utilisateur a trouvé que l’écart entre la qualité des images de sa Swarovski Habicht AT 80 HD (achetée en 2001) et d’une plus récente Swarovski ATM 80 était « subtil ».  
Du fait de leurs performances et si elles sont en bon état, leur valeur à la vente reste relativement stable au cours des années (faible dévaluation). 
Toutefois, sur notre page Facebook, Schwane Feldi nous a transmis les nuances suivantes sur deux de ces modèles :

• la Leica APO Televid 77 a un excellent zoom, mais le revêtement de sa lentille frontale a tendance à se dégrader et le pas de vis du sabot à s’abîmer, et les couleurs des images ont une dominante verte (ce qui peut engendrer des erreurs à la lecture des bagues, notamment sur le bleu).  
• Les images transmises par la Zeiss DiaScope 85 T*FL ont une dominante chaude qui peut perturber certains utilisateurs.

Des champs de vision plus étroits que ceux des oculaires modernes

L’un des points faibles des longues-vues haut de gamme lancées il y a plus de vingt ans est la relative étroitesse du champ de vision de leurs oculaires : en effet, les zooms modernes ont beaucoup évolué sur ce point, se rapprochant des performances de celles des oculaires fixes à champ large (W pour « Wide ») : par exemple, le champ de vision du zoom 20x-60x de la Leica APO Televid 77 est compris entre 20 et 34 m à 1 000 m, contre 28 à 41 m pour l’oculaire 25-50x de l’actuelle Leica APO-Televid 82; or un champ de vision large est préférable pour pratiquer la digiscopie (lire Qu’est-ce que la digiscopie ?). Une solution pour contourner cette faiblesse est d’acheter un ancien oculaire fixe à champ large, comme le 32xW de Leica, qui était considéré comme l’un des meilleurs du marché.
On peut aussi combiner une ancienne longue-vue haut de gamme et un oculaire moderne : cela serait par exemple possible avec les produits de Swarovski, en dehors de la gamme spécifique ATX/STX. On peut ainsi fixer en théorie les oculaires modernes 20x-60x, 25x-50x et 30xw de la série Swarovski ATS/ATM, qui sont plus performants (meilleure transmission de lumière, neutralité accrue des couleurs, contraste plus fort et champ de vision plus large), sur la Habicht AT 80 HD.

Des longues-vues parfois plus lourdes ou plus encombrantes que les modèles récents

Les longues de gamme moyenne de conception récente, comme la Bresser Pirsch 80 + zoom 20x-60x de seconde génération, sont souvent plus compactes et plus légères que des modèles anciens haut de gamme. Source : Bresser

Les anciennes longues-vues haut de gamme sont parfois plus lourdes que les modèles actuels dont le diamètre d’objectif est comparable : par exemple, la Leica APO Televid 77 équipée du zoom 20x-60x pèse 1 695 grammes et la Kowa TSN-883 + zoom 20x-60x pèse 1 890 grammes. Ce « surpoids » est dû aux matériaux utilisés pour leur construction, les alliages actuels de magnésium et d’aluminium permettant un allègement. En contrepartie, ces anciennes longues-vues sont très solides : la Leica APO Televid 77 était ainsi considérée comme la plus robuste du marché.
Certaines longues-vues anciennes sont également plus « encombrantes » que les modèles modernes : c’est particulièrement le cas la Swarovski Habicht AT 80 HD (longueur de 41 cm) et de la Leica APO Televid 77 (longueur de 42 cm).

Les éléments en faveur d’une longue-vue récente de gamme moyenne

Bien que les anciennes longues-vues haut de gamme aient beaucoup de qualités, plusieurs arguments plaident en faveur du choix d’un modèle récent de gamme moyenne :

• elles bénéficient d’une garantie qui peut être parfois très efficace et longue (par exemple 30 ans pour les modèles de Kite Optics), ce qui est important en cas de problème ou de défaut constaté.
• Leurs performances optiques peuvent être très bonnes pour un prix très abordable, parfois s’approchant de celles de modèles haut de gamme (lire Un comparatif américain de 16 longues-vues très instructif).
• Leurs oculaires sont de conception plus moderne (large champ de vision). 

Des éléments à prendre en compte si l’on veut acquérir une longue-vue haut de gamme d’occasion

Longue-vue Zeiss DiaScope 85 T*FL vendue dans la rubrique des petites annonces d’Ornithomedia.com. Source : Ornithomedia.com

Voici en résumé des éléments utiles à prendre en compte si l’on veut acheter une ancienne longue-vue haut de gamme :

• vérifiez que l’exemplaire vendu est en bon état, en particulier que ses lentilles (oculaires et objectifs) ne sont ni rayées ou tachées.
• Essayez de la tester sur le terrain chez le vendeur, par temps nuageux (un temps ensoleillé peut cacher certains défauts optiques). Testez aussi si possible la ou les longue(s)-vue(s) récente(s) de gamme moyenne qui vous intéresse également (ou en tout cas lisez les avis et tests disponibles sur Internet ou dans la littérature).
• Le prix doit être attractif et tenir compte de l’âge du modèle. On peut considérer que 1 000 euros est une limite raisonnable.
• Entre deux annonces équivalentes, choisissez celle dont le produit vendu est encore sous garantie (fabricant ou revendeur).

Une vidéo réalisée avec une Leica APO Televid 77 et un Canon EOS 5D Mark II

La vidéo ci-dessous montre les résultats d’une vidéo réalisée avec une longue-vue Leica APO Televid 77, un Canon 5D Mark II et un adaptateur Kowa TSN-PA2c.

Pinson du Nord (Fringilla montifringilla) filmé avec une longue-vue Leica APO Televid 77, un Canon 5D Mark II et un adaptateur Kowa TSN-PA2c.
Source : Odong21mv

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