La Nyctale ou Chouette de Tengmalm (Aegolius funereus) est un petit rapace nocturne (21 à 28 cm de long) aux yeux jaunes, au dessus brun tacheté de blanc, au dessous blanchâtre barré de brun, et avec une tête proportionnellement assez grosse ornée de deux disques faciaux blancs. Le juvénile est brun chocolat. Elle vit dans les forêts de feuillus, de résineux ou mixtes, de moyenne montagne et de la taïga. Son aire de répartition s’étend en Amérique du Nord, en Europe centrale et du Nord et dans le nord de l’Asie.

Son régime alimentaire est constitué principalement de petits mammifères. C’est une espèce cavicole qui niche dans les cavités des arbres, très majoritairement creusées par le Pic noir (Dryocopus martius) en Europe, mais elle utilise aussi les nichoirs disposés à son intention. Dès la fin de l’hiver, de février à mai, le mâle émet un chant doux répétitif, principalement vers la fin du crépuscule et très tôt le matin. Son taux de reproduction varie fortement d’une année sur l’autre en fonction des populations de rongeurs : en cas d’abondance alimentaire, les femelles peuvent entreprendre une seconde nichée avec le même mâle ou avec un nouveau partenaire (lire Nidification record de la Chouette de Tengmalm dans le Haut-Jura en 2017). Par contre, en cas de disette, le nombre de jeunes diminue, et les oiseaux peuvent déserter un secteur donné (lire La situation de la Chouette de Tengmalm à la frontière franco-suisse en 2007).

Aire (partielle) de nidification de la Nyctale de Tengmalm (Aegolius funereus) en Amérique du Nord

Aire (partielle) de nidification de la Nyctale de Tengmalm (Aegolius funereus) en Amérique du Nord et arrivée d’oiseaux aux États-Unis, durant l’hiver 2024-2025.
Carte : Ornithomedia.com

En Amérique du Nord, son succès de nidification est étroitement lié aux populations de Campagnols de Gapper (Clethrionomys gapperi) dans la forêt boréale canadienne. Quand les effectifs de ces micromammifères s’effondrent, du fait d’une diminution de la quantité de pignons (graines de conifères), principalement de Pin blanc (Pinus strobus), disponibles, les nyctales sont obligées en automne et en hiver de s’aventurer plus au sud que lors qu’une année normale. Ces irruptions se produisent en moyenne tous les quatre ans (elles ont été notées en 1984, 1988, 1992, 1996, 2000 et 2004). Ces mouvements soudains, liés à un manque de nourriture, sont observés chez d’autres oiseaux boréaux (lire Les irruptions automnales des Sittelles à poitrine blanche auraient lieu tous les deux ans).

L’hiver 2024-2025 semble être l’une de ces années « irruptives » dans le nord des États-Unis, et plus particulièrement dans le Minnesota et au Michigan, le long de la frontière canadienne. En effet, un grand nombre d’oiseaux ont été observés en janvier 2025 le long du lac Supérieur, et une partie de ces oiseaux pourrait poursuivre leur trajet plus au sud, dans le Wisconsin. Cette arrivée importante avait été précédée par une hausse des données durant l’automne 2024 dans l’est de la péninsule supérieure, située au nord du Michigan, selon le site web du Michigan Sea Grant, un programme de l’université du Michigan : un nombre record d’individus avait en effet été capturé et bagué autour du Whitefish Point, un endroit où le lac Supérieur est particulièrement étroit.  

Selon Ryan Brady, biologiste au Wisconsin Department of Natural Resources, il s’agirait de l’une des plus grandes irruptions de Nyctales de Tengmalm au Minnesota depuis plusieurs décennies, avec par exemple des dizaines d’oiseaux déjà observés au nord de Duluth (lire La ville de Duluth dans le Minnesota devient la « capitale mondiale des engoulevents » en août et en septembre). Elles sont particulièrement faciles à voir car elles sont affamées et donc actives même en pleine journée. Certaines d’entre elles pourraient se rapprocher des mangeoires dans les jardins, dont les graines attirent les rongeurs (souris, campagnols et écureuils). On peut également les repérer grâce aux rassemblements bruyants de mésanges qui réagissent vivement à leur présence.   

Cet hiver semble aussi être favorable, mais dans une moindre mesure, à l’arrivée de Chouettes lapones (Strix nebulosa) dans la région des Grands Lacs, une espèce plus grande et plus rare, qui chasse dans des endroits plus dégagés (clairières, bords de routes et de pistes, prairies et marais) et qui est plutôt active à l’aube et au crépuscule. Le Michigan Sea Grant conseille de la rechercher cet hiver entre Riverside et Scenic Drive et dans les secteurs de Munuscong Potholes et de Hessel.

Le Wildwoods Wildlife Rehabilitation (Minnesota) indique avoir déjà reçu cet hiver un nombre inhabituellement élevé de Chouettes lapones et de Nyctales de Tengmalm blessées, principalement suite à des collisions sur les routes, par rapport aux années précédentes.

Au Minnesota, le Sax-Zim Bog est l’une des meilleures zones pour chercher en hiver la Nyctale de Tengmalm et la Chouette lapone (lire Le Sax-Zim bog, un bout de taïga aux États-Unis) : de nombreux observateurs s’y sont rendus ou prévoient d’ailleurs de s’y rendre en ce mois de janvier 2025. 

Reportage sur l’irruption de Nyctales de Tengmalm (Aegolius funereus) au Minnesota (États-Unis) en janvier 2025.
Source : Northern News Now

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