L’Aigle ibérique (Aquila adalberti) est un rapace dont l’aire de répartition est actuellement limitée à la péninsule ibérique (il nichait aussi autrefois au Maroc). L’adulte est marron sombre, sa nuque est beige et ses « épaules » (les scapulaires) sont blanchâtres, comme le bord d’attaque des ailes. La femelle adulte est plus grande (+ 10 %) que le mâle (lire Pourquoi les femelles de rapaces sont-elles généralement plus grandes que les mâles ?) et son plumage est presque identique (elle présente en moyenne davantage de blanc sur les ailes, surtout durant la période nuptiale). Le juvénile est brun rougeâtre ou orangé. L’espèce acquiert son allure définitive au cours de sa sixième année, et il existe quatre types de plumages intermédiaires.

Depuis la fin du XIXe siècle et durant les soixante premières années du XXe siècle, cette espèce a connu une réduction spectaculaire de ses effectifs, essentiellement en raison des persécutions humaines directes (tirs et empoisonnements), de l’épidémie de myxomatose des années 1950 qui a décimé les populations de Lapins de garenne (Oryctolagus cuniculus), sa principale proie, et des électrocutions suite à l’installation de lignes à haute tension à partir des années 1960 et 1970. En 1974, on ne comptait plus que 38 couples dans le sud-ouest de l’Espagne, et l’espèce avait disparu du Maroc et du Portugal.

Aigle ibérique (Aquila adalberti), probablement de 3ème année

 

Aigle ibérique (Aquila adalberti) probablement de troisième année en Estrémadure (Espagne) en mai 2018 (cliquez sur la photo pour l’agrandir).
Photographie : Marc Fasol / Sa galerie de photos

Suite à la mise en place de différentes mesures de conservation, la population a augmenté régulièrement, atteignant 196 couples en 2004, 365 en 2012, 407 en 2013, 500 en 2016 et 536 en 2017. Grâce au maintien et à l’augmentation des aides du programme européen LIFE, au travail coordonné des administrations espagnoles, des associations non gouvernementales (SEO/Birdlife, WWF, Adenex et Ecologistas en Acción notamment) et des propriétaires fonciers,  sans oublier les efforts de recherche menés par les institutions scientifiques, dont le Consejo Superior de Investigaciones Científicas, la progression du nombre de couples s’est poursuivie et a même accéléré.

Selon un article publié en décembre 2024 sur le site web du journal El Confidencial, la population espagnole a ainsi atteint 821 couples en 2021, les communautés autonomes de Castille-La Manche (près de 50 % du total), d’Estrémadure, de Castille-et-León et d’Andalousie regroupant la grande majorité de la population. Dans la Communauté de Madrid, il y a une centaine de couples, soit un quadruplement depuis 2000 (lire La spectaculaire progression de la population d’Aigles ibériques dans la province de Madrid).

Au Portugal, où l’espèce était considérée comme éteinte dans les années 1980, la progression est plus lente. Un premier cas confirmé de nidification a été découvert en 2003 dans les environs du Parque Natural do Tejo Internacional, le long de la frontière espagnole. Depuis, la population a augmenté lentement pour atteindre 11 couples en 2013. En 2017, 15 couples ont été recensés, répartis dans les Zones de protection Spéciales de Tejo Internacional, Erges e Ponsul, de Moura, Mourão et Barrancos, de Castro Verde et de Vale do Guadiana. En 2020, 24 couples ont été comptés dans le pays (lire Le nombre de couples d’Aigles ibériques a doublé au Portugal depuis 2013), mais en 2021, seuls 20 couples ont été trouvés.
 
L’Union International pour la Conservation de la Nature a changé le statut de l’espèce, qui est passé de « en danger » à  « vulnérable ». Malgré cette tendance très positive, elle reste fragile et les mesures de conservation doivent être maintenues. Les principales causes de mortalité sont l’électrocution (près de 73 % des causes non naturelles de mortalité), l’empoisonnement (13 %) et des tirs illégaux (5 %). Les dérangements et l’urbanisation croissante constituent aussi des menaces. En outre, selon des biologistes de la réserve naturelle Valle de Iruelas, située dans le sud de la communauté de Castille-et-León, qui accueille un couple d’Aigles ibériques, l’espèce aurait modifié son régime alimentaire depuis l’épidémie de myxomatose et serait devenue davantage charognarde (lire L’Aigle impérial peut assez fréquemment se comporter comme un voleur) : elle dépendrait de plus en plus des charniers et serait en compétition croissante avec les nombreux vautours.

En France, l’espèce est très occasionnelle, mais le nombre de données devrait logiquement progresser dans le futur, notamment  en Occitanie (voir une synthèse d’observations récentes en France).

Couple d’Aigles ibériques (Aquila adalberti) mangeant un lapin en Espagne.
Source : Jesus giraldo gutiérrez del olmo

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