Pour passer les nuits d’hiver, les oiseaux doivent trouver assez à manger pour maintenir leur température interne et repérer un abri pour limiter leurs pertes de chaleur et être à l’abri des prédateurs. C’est encore plus vrai pour les petits oiseaux, qui sont désavantagés par leur rapport élevé entre leur surface corporelle et leur volume. Certaines espèces entrent en hypothermie nocturne, comme la Mésange bleue (Cyanistes caeruleus) (lire Les adaptations des mésanges pour résister au froid et à la bise), tandis que d’autres gonflent leurs plumes pour mieux isoler leur corps ou encore dorment ensemble, comme le Corbeau freux (Corvus frugilegus) et la Corneille noire (C. corone), l’Orite à longue queue (Aegithalos caudatus), les moineaux (Passer sp.) ou les grimpereaux (Certhus sp.). Les dortoirs communs permettent aussi de réduire les risques de prédation (lire Les pré-dortoirs, dortoirs et post-dortoirs chez les oiseaux).

Mésanges bleues (Cyanistes caeruleus) mâles

Mésanges bleues (Cyanistes caeruleus) mâles dormant ensemble dans un nichoir en Furulund, dans la municipalité de Kävlinge (Suède), en janvier 2021.
Photographie : Fredrik Andreasson / Ornis Svecica

Les espèces appartenant à la famille des Paridés cherchent un abri nocturne, comme un arbuste ou un arbre au feuillage dense, un trou dans la neige (lire Des passereaux qui creusent des trous dans la neige ou qui nichent sur la glace) ou bien un nichoir (lire Installer un nichoir en novembre et le transformer en abri nocturne hivernal). En effet, ces derniers offrent une protection contre le vent et les intempéries, réduisent les pertes de chaleur et créent ainsi un microclimat. Bien que des Mésanges bicolores (Baeolophus bicolor) dormant en couple aient déjà été signalées, ainsi que des Mésanges noires (Periparus ater) se regroupant dans des arbres dans l’Himalaya, les Paridés dorment normalement seuls. Par exemple, une étude allemande consacrée à l’utilisation hivernale de nichoirs entre 1969 à 1975 a révélé que sur 13 095 Mésanges charbonnières (Parus major) et sur 1 379 Mésanges bleues suivies, aucune ne partageait leur dortoir. Toutefois, des observations isolées semblent laisser penser qu’il existe des exceptions : par exemple, Blume (1971) avait observé deux Mésanges charbonnières dormant ensemble dans une cavité naturelle à Gladenbach (Allemagne), et Isenmann (1987) avait découvert un mâle et une femelle de Mésanges bleues dans un nichoir en hiver à Montpellier (Hérault)

Dans un article publié en 2024 dans la revue Ornis Svecica, Fredrik Andreasson a décrit l’observation de deux Mésanges bleues mâles dormant ensemble lors d’un contrôle nocturne d’un nichoir le 26 janvier 2021 à Furulund, dans la municipalité de Kävlinge (Suède). Elles ont été retrouvées au même endroit les 28 et 30 janvier. Par contre, les 7 et 11 février, il n’y avait plus qu’un oiseau. À la mi-janvier, le passage d’une petite vague de froid pourrait avoir stimulé ce comportement très rare dans cette famille.

Étant donné que des espèces apparentées, comme les Orites à longue queue et buissonnière (Psaltriparus minimus), se perchent les unes à côté des autres sur des branches la nuit pour se tenir chaud, il est intéressant de se demander pourquoi ce comportement est pratiquement absent chez les Paridés. Cela pourrait s’expliquer par leur comportement territorial, d’autant plus qu’un nichoir pourra être utilisé au cours de la saison de reproduction à venir. Il se pourrait également que ces passereaux supportent mal de dormir dans un endroit confiné, où les transmissions de maladies et de parasites sont par ailleurs possibles.

Mésange bleue (Cyanistes caeruleus) inspectant un nichoir en novembre 2022.
Source : Pbrafwildlife

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