Brèves
En dehors de la période de nidification, l’Aigle impérial est surtout un « voleur » et un charognard
L’Aigle impérial (Aquila heliaca) est un grand rapace, avec une envergure comprise entre 180 et 210 cm. Il ressemble à l’Aigle royal (A. chrysaetos), mais il est plus petit, ses ailes sont plus rectangulaires et sa queue est plus courte. Ses ailes sont tenues pratiquement à l’horizontale lors du vol plané, alors qu’elles sont tenues en formant un « V » ouvert chez l’Aigle royal. L’adulte typique est brun-noir, avec une nuque jaune-crème, deux zones blanches sur les épaules et une queue grise avec une large bande terminale noire. Le juvénile est très clair, brun clair ou sable, son dos est rayé de brun et ses rémiges, ses rectrices et ses couvertures sus-alaires sont noirâtres avec leurs extrémités blanchâtres (lire Identification d’un Aigle impérial immature en Camargue gardoise durant l’automne 2018). Le plumage adulte est acquis en cinq ans environ, avec des plumages intermédiaires bigarrés de clair et de sombre, liés à la pousse graduelle de plumes foncées.
Il se reproduit dans des zones ouvertes (steppes, cultures, etc.) parsemées d’arbres ou comprenant d’autres supports de nidification, comme les pylônes, et il hiverne dans des zones de cultures, steppiques ou de marais. Son aire de répartition s’étend de l’Europe centrale à la Sibérie orientale et de la Turquie et à l’ouest du Kazakhstan. La limite occidentale de son aire de répartition atteint l’Autriche (lire Où observer les oiseaux dans la partie autrichienne du lac de Neusiedl ?), la Hongrie, la Slovaquie (lire Étudier, observer et protéger l’Aigle impérial en Slovaquie) et la Tchéquie (lire 2022 a été une année record pour la nidification de l’Aigle impérial en Tchéquie).
Situation du lac du Der-Chantecoq (Marne/Haute-Marne), où un Aigle impérial (Aquila heliaca) adulte est régulièrement observé depuis l’hiver 2023-2024. |
Dans ses territoires de nidification, il chasse différentes proies, le Spermophile ou Souslik d’Europe (Spermophilus citellus) représentant par exemple près de la moitié (44,2 %) du total des animaux capturés en Bulgarie selon une étude menée en Bulgarie basée sur une collecte de données entre 1998 et 2022. Les Léporidés (lièvres et lapins), les hérissons (Erinaceus sp.), les Corvidés, les goélands (Larus sp.), la Cigogne blanche (Ciconia ciconia) et divers reptiles (lézards et tortues) complètent le régime.
En dehors de la période de reproduction, les Aigles impériaux non territoriaux, les immatures et les juvéniles ont un comportement alimentaire bien différent, la recherche de charognes, et surtout le cleptoparasitisme (ou kleptoparasitisme), qui consiste à se nourrir au dépens d’individus de la même ou d’une autre espèce, représentant près de 80 % des techniques de chasse utilisées en Bulgarie (lire L’Aigle impérial pratique volontiers le cleptoparasitisme). Le taux de réussite moyen était de 54 %. Les juvéniles pratiquent assez rarement le cleptoparasitisme, contrairement aux immatures et adultes, des résultats qui sont différents de ceux d’autre étude menée sur l’Aigle ibérique (Aquila adalberti).
Les juvéniles étant moins expérimentés, et certainement aussi moins puissants (muscles pectoraux moins développés) que les individus plus âgés, ils essaient moins souvent de voler des proies à d’autres rapaces, recourant exclusivement à la recherche d’animaux morts. Pour les adultes non territoriaux, le cleptoparasitisme constitue par contre un mode de recherche de nourriture peu coûteux et très rentable, alors que sur leurs sites de nidification, ils n’ont pas assez de temps disponible pour rester posés ou planer pendant des heures pour attendre l’occasion propice de voler une proie à un autre prédateur.
En Bulgarie, si au printemps et en été, le Spermophile d’Europe domine dans le régime alimentaire de l’Aigle impérial, il compense en automne et en hiver l’absence de ce rongeur en se nourrissant de charognes, de Pigeons bisets (Columba livia), de Lièvres d’Europe (Lepus europaeus) et de petits rongeurs. Toutefois, en hiver, en raison de la détérioration des conditions météorologiques, le succès de la chasse est plus plus faible. Des résultats similaires ont été trouvés pour d’autres grands prédateurs, comme le Pygargue à queue blanche (Haliaeetus albicilla).
Ces résultats obtenus en Bulgarie sont intéressants à comparer avec le comportement de l’Aigle impérial adulte qui a séjourné durant l’hiver 2023-2024 autour du lac du Der-Chantecoq (Marne/Haute-Marne) (lire Où observer les oiseaux remarquables du lac du Der-Chantecoq en hiver ?), et où il est à nouveau observé régulièrement durant cet automne 2024 : s’il a été vu mangeant des cadavres d’oiseaux (canards et foulques), il n’hésite pas à voler des proies à une espèce pourtant bien plus grosse, le Pygargue à queue blanche, à proximité duquel il est souvent noté.
Aigle impérial (Aquila heliaca) adulte se nourrissant probablement d’une charogne près d’Həsənsu (Azerbaïdjan) en février 2018.
Source : Abdin Abbasov
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Compléments
Dans la rubrique Observations d’Ornithomedia
Aigle impérial (Aquila heliaca)
Dans la galerie d’Ornithomedia.com
Aigle impérial (Aquila heliaca)
Source
Dimitar Demerdzhiev, Ivaylo Angelov et Dobromir Dobrev (2022). Foraging Patterns of Non-Territorial Eastern Imperial Eagle (Aquila heliaca): A Case of Successful Adaptation. Divesrité. Volume : 14. Numéro : 12. www.mdpi.com
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