Le Phaéton à bec jaune (Phaethon lepturus) est un oiseau marin mesurant de 38 à 40 cm de long (sans compter ses deux rectrices centrales mesurant plus de 33 cm) et dont l’envergure est comprise entre 89 et 96 cm. Son plumage est entièrement blanc, à l’exception d’une bande noire au niveau des yeux et de zones de la même couleur sur les rémiges primaires et sur les scapulaires. Le rachis des rectrices centrales est également sombre. Son bec est jaunâtre. Le juvénile et l’immature sont blancs striés de gris-noir sur la tête, les ailes, le dos et la queue, leur bec est gris-bleu avec la pointe noire, et ils ne possèdent pas les longues rectrices de l’adulte.

Sa population mondiale est estimée à 400 000 individus et il n’est pas considéré comme menacé par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), toutefois son statut exact est mal connu et il serait en fait probablement en déclin à l’échelle mondiale selon Birdlife International, la principale menace étant la prédation par des mammifères introduits.

Il se reproduit sur le littoral rocheux et les îlots de plusieurs îles et archipels des océans Indien, Pacifique et Atlantique (il atteint au nord les Bermudes), ainsi que dans la mer des Caraïbes. Six sous-espèces sont reconnues. Le Phaéton à bec jaune est une espèce accidentelle très rare dans le Paléarctique occidental, le Cap-Vert étant certainement le meilleur secteur pour avoir une chance de l’observer (lire Première nidification confirmée en 2024 du Phaéton à bec jaune dans l’archipel du Cap-Vert et dans le Paléarctique occidental). 

Situation de l'îlot de Kurehdhoo, dans l'atoll de Lhaviyani (Maldives)

Situation de l’îlot de Kurehdhoo, dans l’atoll de Lhaviyani (Maldives).
Carte : Ornithomedia.com

Les îles Maldives se situent à la limite nord de l’aire de répartition de l’espèce dans l’océan Indien, et la sous-espèce nominale du Phaéton à bec jaune y est nicheuse. Dans un article  publiée en 2024 dans la revue Marine Ornithology, trois biologistes ont annoncé la découverte en juillet 2023 d’une importante colonie sur l’îlot de Kurehdhoo, dans l’atoll de Lhaviyani : au moins 800 adultes nicheurs (entre 128 et 202 nids) ont été comptés sur cet atoll de 43 hectares, où a été construit en 1988 le Kuredu Resort, l’un des plus importants complexes hôteliers du pays, mais où subsistent d’importantes surfaces de végétation naturelle.

Un peu plus de la moitié des nids étaient placés entre les racines de Pandanus tectorius, de 9 à 15 % entre celles de Figuiers des banians (Ficus benghalensis), de 19 à 20 % sous des hibiscus (Hibiscus sp.) et de 12 à 13 % sous des Maniocs bord de mer (Scaevola taccada).

En janvier 2024, les 50 poussins les plus âgés ont été bagués. Le taux de survie des jeunes semblait globalement élevé, même si des échecs de nidification ont été constatés, probablement à cause du manque de nourriture et de la prédation par des crabes et des rats. Les adultes ne sont généralement pas attaqués par ces rongeurs, mais leurs nids peuvent être visités, puis abandonnés. Les auteurs précisent par ailleurs qu’ils ont aussi repéré une demi-douzaine de terriers de Puffins de Baillon (Puffinus bailloni) dans une zone boisée.

La colonie de Phaétons à bec jaune de Kurehdhoo constitue désormais la plus grande colonie connue dans le nord de l’océan Indien : l’espèce ne se reproduit en effet pas sur les îles Laquedives, Amindivi et Minicoy, et moins de dix couples sont connus dans l’archipel des Chagos. Dans l’est de l’océan Indien, le dernier recensement a permis de compter 45 couples nicheurs sur les îles Cocos (ou Keeling), tandis que dans l’ouest, des colonies importantes existent sur l’atoll d’Aldabra (environ 2 500 couples) et sur les îles de la Réunion (lire Où observer les oiseaux sur l’île de la Réunion ?) et de Maurice (lire Où observer les oiseaux sur l’île Maurice ?).

La présence d’une colonie de Phaétons à bec jaune sur  Kurehdhoo est probablement le résultat de la quasi élimination des rats au cours des quatorze dernières années et d’une colonisation à partir d’autres populations insulaires. Cet oiseau marin a une longue durée de vie, et le rétablissement complet de l’espèce prendra probablement du temps.

La présence d’un important complexe hôtelier ne semble pas avoir d’impact négatif sur la nidification du Phaéton à bec jaune, et l’existence de la colonie pourrait même constituer un argument touristique, comme c’est le cas aux Seychelles (lire Observer les oiseaux sur l’île Cousin).

Des études supplémentaires seraient utiles pour mieux connaître la taille de la population, le phénomène de dispersion des juvéniles entre les îles et les atolls et les zones de pêche, afin de définir de nouvelles zones marines protégées. L’élimination quasi totale des rats sur Kurehdhoo a également permis le retour du Puffin de Baillon.

Phaéton à bec jaune (Phaethon lepturus) sur l’atoll de Baa, dans les Maldives. 
Source : Brilliant Destination

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